August von Kageneck

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.
Cette page est une ébauche. N'hésitez pas à la modifier en ajoutant des citations admissibles !

Le comte August von Kageneck, né le 31 août 1922 à Lieser en Rhénanie et mort le 13 décembre 2004 à Bad Oldesloe dans la région de Lübeck, est un journaliste et écrivain allemand. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il a été officier de panzers puis instructeur dans une école de blindés.

De la croix de fer à la potence ː Roland von Hoesslin, un officier allemand résistant à Hitler, 2004[modifier]

Ils sont quatre dans l’étroit habitacle de la voiture pénitentiaire. Quatre hommes dans la trentaine, muets, serrés les uns contre les autres, quatre condamnés à mort aux costumes sombres. Leur calme trahit un certain détachement, et leur physionomie leur origine. Tous appartiennent à un milieu aisé. L’un d’eux, Roland von Hoesslin, commandait il y a encore peu de temps un bataillon et portait la croix de fer de chevalier obtenue dans les combats en Afrique du Nord, avant d’être expulsé de l’armée pour avoir participé, comme ses autres camarades d’infortune, au complot du colonel von Stauffenberg.

  • De la croix de fer à la potence, August von Kageneck, éd. Perrin, 2004  (ISBN 2-262-01942-8), p. 12


On m’a destitué de mes honneurs d’officier ; le succès et les fées ont parlé contre moi. Mais l’Histoire, incorruptible, aura le dernier mot. Peut-être ai-je commis une erreur, peut-être me suis-je égaré, mais je n’ai pas d’autre ambition que de faire mon devoir ; mon honneur d’officier est peut-être souillé mais mon honneur personnel reste intact. La certitude de la clémence de Dieu est si grande que je suis tout à fait serein. Il nous faut maintenant nous séparer. J’avance sur un sentier rocailleux et en me retournant vous devenez de plus en plus petits ; une brume me voile le regard mais nos cœurs restent unis dans l’amour. Eternellement.

  • 12 octobre 1944 : lettre de Roland von Hoesslin
  • De la croix de fer à la potence, August von Kageneck, éd. Perrin, 2004  (ISBN 2-262-01942-8), p. 182


Si un jour, d’aventure, quelques-uns d’entre vous sont réunis autour d’une table et si vous pensez à moi, allez chercher une bonne bouteille à la cave et videz-là au salut de ma mémoire. J’espère que vous rirez bien des marottes de votre Marquis et de la mort extravagante qu’il s’est choisie. Advienne que pourra, la vie était belle. Pour toujours, votre Roland.

  • 12 octobre 1944 : lettre de Roland von Hoesslin
  • De la croix de fer à la potence, August von Kageneck, éd. Perrin, 2004  (ISBN 2-262-01942-8), p. 182


Chers parents, aujourd’hui, le tribunal du Peuple m’a condamné à mort. Ma vie s’éteindra dans quelques minutes. Je ne crains pas la mort… Dieu m'a donné la paix et le calme céleste. Mon esprit est déjà ailleurs… Mon frère, ma sœur… resserrez les liens autour de nos parents. Merci à tous ceux qui m’ont fait du bien. Merci surtout pour la vie que vous m’avez donnée. Elle fut belle. Je vous embrasse pour la dernière fois, Roland.

  • 13 octobre 1944 : lettre de Roland von Hoesslin, quelques instants avant son exécution
  • De la croix de fer à la potence, August von Kageneck, éd. Perrin, 2004  (ISBN 2-262-01942-8), p. 182


Cette lettre ne peut plus t’atteindre. Pourquoi ne pas poursuivre notre dialogue, même si ton corps n’est plus là et que tu n’es plus visible à mes yeux. Mon âme continue à te chercher. Peut-être existe-t-il un lieu où les âmes peuvent se percevoir. Je te suis reconnaissante de nous avoir ouvert ton être durant les dernières semaines de ton existence. Quelles auraient été nos retrouvailles si tu nous avais été rendu ? Le fait que ce bonheur nous ait été ravi est la raison profonde de ma douleur. Je ne retiendrai que la chaleur de tes derniers mots qui m’incitent à poursuivre notre échange. Ton ironie et ta nature quelque peu secrète nous séparaient parfois. Tu n’as jamais voulu exprimer tes sentiments envers les autres mais ils existaient, je les ai vus dans l’éclat de tes yeux un certain jour où j’étais venu te voir à la clinique et où j’avais déposé une fleur sur le lit de l’un de tes camarades mourant. L’amour de la beauté qui t’animait trahissait une grande sensibilité. Tes yeux sont éteints maintenant mais, comme le disait Goethe, « capables de boire tout ce que peuvent contenir les paupières de la surabondance de l’univers ».

  • Lettre de la mère de Roland von Hoesslin, après son exécution, le 10 décembre 1944
  • De la croix de fer à la potence, August von Kageneck, éd. Perrin, 2004  (ISBN 2-262-01942-8), p. 189


Vous pouvez également consulter les articles suivants sur les autres projets Wikimédia :