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{{citation|citation=Quand nous reverrons-nous ? Quand le goût terreux de tes lèvres viendra-t-il à nouveau frôler l'anxiété de mon esprit ? La terre est comme un tourbillon de lèvres mortelles. La vie creuse devant nous le gouffre de toutes les caresses qui ont manqué. Qu'avons-nous à faire auprès de nous de cet ange qui n'a pas su se montrer ?}} |
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{{Réf Livre|titre=L'Ombilic des Limbes suivi du Pèse-nerfs et autres textes|auteur=[[Antonin Artaud]]|éditeur=Gallimard|collection=Poésie/Gallimard|année=1956|partie=L'Art et la Mort|section=« ''Qui au sein...'' »|page=135}} |
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==== [[Robert Desnos]], ''Deuil pour deuil'', 1924 ==== |
==== [[Robert Desnos]], ''Deuil pour deuil'', 1924 ==== |
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{{citation|citation=J'ai livré des combats aux vampires de marbre blanc mais, malgré mes discours astucieux, je fus toujours seul en réalité dans le cabanon capitonné où je m'évertuais à faire naître le feu du choc de ma cervelle dure contre les murs moelleux à souhait de me faire regretter les hanches imaginaires.}} |
{{citation|citation=J'ai livré des combats aux vampires de marbre blanc mais, malgré mes discours astucieux, je fus toujours seul en réalité dans le cabanon capitonné où je m'évertuais à faire naître le feu du choc de ma cervelle dure contre les murs moelleux à souhait de me faire regretter les hanches imaginaires.}} |
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{{citation|citation=Certains pays rocailleux, oubliés dans la putréfaction de la genèse, loin, loin derrière l'horizon du possible, voient ainsi naître un homme doué de méchanceté exceptionnelle. Dolman dépassait de beaucoup le plus mauvais : sa mère, prise comme une omelette de pieuse frayeur, était morte avant sa naissance. Son père, un brave pêcheur sans personnalité particulière, se sachant dénué de solides raisons de croire à sa paternité, partit en haussant les épaules vers l'Orient, sans marquer le moindre regret et sans laisser de testament.}}{{Réf Article|titre=Dolman le maléfique|auteur=[[Joyce Mansour]]|publication=La Brèche|numéro=1|date=Octobre 1961|page=46}} |
{{citation|citation=Certains pays rocailleux, oubliés dans la putréfaction de la genèse, loin, loin derrière l'horizon du possible, voient ainsi naître un homme doué de méchanceté exceptionnelle. Dolman dépassait de beaucoup le plus mauvais : sa mère, prise comme une omelette de pieuse frayeur, était morte avant sa naissance. Son père, un brave pêcheur sans personnalité particulière, se sachant dénué de solides raisons de croire à sa paternité, partit en haussant les épaules vers l'Orient, sans marquer le moindre regret et sans laisser de testament.}}{{Réf Article|titre=Dolman le maléfique|auteur=[[Joyce Mansour]]|publication=La Brèche|numéro=1|date=Octobre 1961|page=46}} |
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==== [[André Pieyre de Mandiargues]], ''La Marge'', 1967 ==== |
==== [[André Pieyre de Mandiargues]], ''La Marge'', 1967 ==== |
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{{Citation|citation=Sur la place du Théâtre il est lancé en vertu de la loi de jet qui régit les corpuscules soumis à une poussée au débouché d'un orifice étroit. Quelques pas l'ont dégagé de la cohue. Dans l'espace ouvert devant lui, il ralentit sa marche, hésite à traverser l'asphalte où des taxis s'arrêtent qui au coin d'Escudillers débarquent des putains. Mis en commun, déjà il ne l'est plus, non, et sans plaisir il s'aperçoit qu'il recommence à se distinguer, et que rentre dans une existence particulière ce Sigismond Pons dont il aurait abandonné la défroque au courant de la foule avec aussi peu de regret que pour un chapeau marqué d'initiales que le torrent trimbale. Malencontreusement dirigés comme il faut bien s'avouer qu'ils sont, les quarante et un ans de ce fichu voyeur ou témoin se recomposent derrière lui comme une chaîne de bactéries entre les plaques du microscope, comme dans la visée du télescope la queue d'une comète.}} |
{{Citation|citation=Sur la place du Théâtre il est lancé en vertu de la loi de jet qui régit les corpuscules soumis à une poussée au débouché d'un orifice étroit. Quelques pas l'ont dégagé de la cohue. Dans l'espace ouvert devant lui, il ralentit sa marche, hésite à traverser l'asphalte où des taxis s'arrêtent qui au coin d'Escudillers débarquent des putains. Mis en commun, déjà il ne l'est plus, non, et sans plaisir il s'aperçoit qu'il recommence à se distinguer, et que rentre dans une existence particulière ce Sigismond Pons dont il aurait abandonné la défroque au courant de la foule avec aussi peu de regret que pour un chapeau marqué d'initiales que le torrent trimbale. Malencontreusement dirigés comme il faut bien s'avouer qu'ils sont, les quarante et un ans de ce fichu voyeur ou témoin se recomposent derrière lui comme une chaîne de bactéries entre les plaques du microscope, comme dans la visée du télescope la queue d'une comète.}} |
Version du 9 avril 2014 à 13:49
Autres projets:
Antonin Artaud
Quand nous reverrons-nous ? Quand le goût terreux de tes lèvres viendra-t-il à nouveau frôler l'anxiété de mon esprit ? La terre est comme un tourbillon de lèvres mortelles. La vie creuse devant nous le gouffre de toutes les caresses qui ont manqué. Qu'avons-nous à faire auprès de nous de cet ange qui n'a pas su se montrer ?
- L'Ombilic des Limbes suivi du Pèse-nerfs et autres textes, Antonin Artaud, éd. Gallimard, coll. « Poésie/Gallimard », 1956, partie L'Art et la Mort, « Qui au sein... », p. 135
Robert Desnos, Deuil pour deuil, 1924
J'ai livré des combats aux vampires de marbre blanc mais, malgré mes discours astucieux, je fus toujours seul en réalité dans le cabanon capitonné où je m'évertuais à faire naître le feu du choc de ma cervelle dure contre les murs moelleux à souhait de me faire regretter les hanches imaginaires.
- La liberté ou l'amour ! suivi de Deuil pour deuil (1924), Robert Desnos, éd. Gallimard, 1962 (ISBN 978-2-07-027695-0), p. 122
Là-bas, d'autres gouttes d'eau connaissent la compagnie des poissons (qui dira l'extraordinaire importance des poissons en poésie ? ils évoquent le feu et l'eau et ce sont eux que regrettent les gouttes dans les conduites de plomb de la cité).)
- La liberté ou l'amour ! suivi de Deuil pour deuil (1924), Robert Desnos, éd. Gallimard, 1962 (ISBN 978-2-07-027695-0), p. 143
Joyce Mansour, Dolman le maléfique, 1961
Certains pays rocailleux, oubliés dans la putréfaction de la genèse, loin, loin derrière l'horizon du possible, voient ainsi naître un homme doué de méchanceté exceptionnelle. Dolman dépassait de beaucoup le plus mauvais : sa mère, prise comme une omelette de pieuse frayeur, était morte avant sa naissance. Son père, un brave pêcheur sans personnalité particulière, se sachant dénué de solides raisons de croire à sa paternité, partit en haussant les épaules vers l'Orient, sans marquer le moindre regret et sans laisser de testament.
- « Dolman le maléfique », Joyce Mansour, La Brèche, nº 1, Octobre 1961, p. 46
André Pieyre de Mandiargues, La Marge, 1967
Sur la place du Théâtre il est lancé en vertu de la loi de jet qui régit les corpuscules soumis à une poussée au débouché d'un orifice étroit. Quelques pas l'ont dégagé de la cohue. Dans l'espace ouvert devant lui, il ralentit sa marche, hésite à traverser l'asphalte où des taxis s'arrêtent qui au coin d'Escudillers débarquent des putains. Mis en commun, déjà il ne l'est plus, non, et sans plaisir il s'aperçoit qu'il recommence à se distinguer, et que rentre dans une existence particulière ce Sigismond Pons dont il aurait abandonné la défroque au courant de la foule avec aussi peu de regret que pour un chapeau marqué d'initiales que le torrent trimbale. Malencontreusement dirigés comme il faut bien s'avouer qu'ils sont, les quarante et un ans de ce fichu voyeur ou témoin se recomposent derrière lui comme une chaîne de bactéries entre les plaques du microscope, comme dans la visée du télescope la queue d'une comète.
- La Marge, André Pieyre de Mandiargues, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1967 (ISBN 2-07-037294-4), chap. II, p. 56
Psychanalyse
Alberto Eiguer, Le Pervers narcissique et son complice, 1989
Le Champ de la perversion narcissique
Si le pervers de caractère utilise un discours revendicatif irritant, le pervers narcissique sait créer un élan positif envers lui, en prenant soin de se présenter en victime, sans le dire, sans culpabiliser à la lumière du jour. Il suscite parfois un éveil surmoïque chez l'autre, qui sera pris de regrets ou même de peur, mais cela se passe à bas bruit et même d'une manière totalement inconsciente pour lui.
- Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989 (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, Différences avec le sadisme, p. 9