Aller au contenu

Léon Blum

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.
Version datée du 5 janvier 2022 à 00:55 par Anthere (discussion | contributions) (removed Category:Militant des droits de l'homme using HotCat)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Léon Blum (1927).

Léon Blum (9 avril 1872 - 30 mars 1950) est un homme politique socialiste français, dirigeant de la Section française pour l'Internationale ouvrière (SFIO) et président du Conseil, c'est-à-dire chef du gouvernement français, en 1936, 1938 et 1946. Il a marqué l'histoire politique française pour avoir refusé l'adhésion des socialistes à la IIIe Internationale communiste en 1920 et pour avoir été le président du Conseil du Front populaire en 1936.

Entretiens

[modifier]
On change d’optique quand on devient chef du gouvernement.
  • Propos rapportés par Charles de Gaulle dans ses Mémoires.


Pour être socialiste, 1919

[modifier]
On est socialiste à partir du moment où l'on a considéré ce fait essentiel : le patronat et le salariat s'engendrant l'un l'autre et s'opposant l'un à l'autre, à partir du moment où l'on se refuse à accepter ce fait comme nécessaire et éternel, à partir du moment où l'on a cessé de dire : « Bah ! c'est l'ordre des choses ; il en a toujours été ainsi, et nous n'y changerons rien », à partir du moment où l'on a senti que ce soi-disant ordre des choses était en contradiction flagrante avec la volonté de justice, d'égalité, de solidarité qui vit en nous.


Nouvelles conversations de Goethe avec Eckermann, 1901

[modifier]
Toute société qui prétend assurer aux hommes la liberté, doit commencer par leur garantir l'existence.


L'abnégation, la charité résultent le plus souvent d'un défaut de vie personnelle.


Stendhal et le Beylisme, 1914

[modifier]
Réaliser dans l’âge d’homme les rêves de la jeunesse, c’est ainsi qu’un poète a défini le bonheur.


Du mariage, 1907

[modifier]
Les jeunes filles quitteront l'abri de la famille le jour où elles se sentiront de force à voler seules. [...] Elles n'auront rien d'altéré dans leurs façons ni dans leur visage ; il n'y aura rien de flétri dans la pureté de leur regard. Ce qui altère ou dégrade, c'est la crainte ou la conscience de la faute. Mais, en suivant l'impulsion de leur nature, les filles ne heurteront plus ni l'opinion, ni la tendresse protectrice de ceux qui les aiment, ni les principes artificiellement introduits dans leur conscience. La liberté de l'instinct ne gâtera donc pas la fraicheur de leur jeunesse. Elles reviendront de chez leur amant avec autant de naturel qu'elles reviennent à présent du cours ou de prendre le thé chez une amie.


Le goût que les femmes ressentiront [...] pour l'ignorance des garçons, les hommes ne sont pas sans l'éprouver pour l'innocence des filles.


Sans doute on a des enfants quand on en veut, mais en a-t-on quand on préfère n’en pas avoir, ou quand il serait dangereux qu’on en eût ?


Une femme regarde toujours un homme comme un homme, et réciproquement. [...] Avoir connaissance de la contrariété des sexes, c'est nécessairement en être troublé.


Que redoute-t-on quand un homme fixe sa vie avant d'avoir « jeté sa gourme » et « mené la vie de garçon » ? [...] On craint que la solidité du mariage ne résiste pas au déchainement subit de l'instinct viril. Juste crainte, mais qui n'est pas moins fondée [...] pour la femme que pour l'homme.


À vingt ans, l'enfant déforme les femmes, à trente ans il les conserve, et je crois bien qu'à quarante il les rajeunit.


Je n’ai jamais discerné ce que l’inceste a de proprement repoussant, et sans rechercher pour quelles raisons l’inceste, toléré ou prescrit dans certaines sociétés, est tenu pour un crime dans la nôtre, je note simplement qu’il est naturel et fréquent d’aimer d’amour son frère ou sa sœur. Mais, si cela est naturel, je conviens que ce n’est point nécessaire.


Procès de Riom, 1942

[modifier]

Contexte

[modifier]

Léon Blum est accusé d'être responsable de la défaite de la France en 1940 par le gouvernement de Vichy, pour des raisons principalement antisémites.

Citations

[modifier]
Je ne suis pas sorti souvent de mon cabinet ministériel pendant la durée de mon Ministère, mais chaque fois que j’en suis sorti, que j’ai traversé la grande banlieue parisienne et que j’ai vu les routes couvertes de ces théories de « tacots », de « motos », de tandems, avec des couples d’ouvriers vêtus de « pull-over » assortis et qui montraient une espèce de coquetterie naturelle et simple, tout cela me donne le sentiment que, par l'organisation du travail et du loisir, j'avais malgré tout apporté une espèce d'embellie, d'éclaircie dans des vies difficiles, obscures ; qu'on ne les avait pas seulement arrachés au cabaret, qu'on ne leur avait pas seulement donné plus de facilité pour la vie de famille, mais qu'on leur avait ouvert une perspective d’avenir, qu'on avait créé chez eux un espoir.
  • L'Œuvre de Léon Blum, Léon Blum, éd. Albin Michel, 1945, t. 2, partie La prison et le procès, audience du 11 mars 1942, interrogatoire de M. Léon Blum, p. 289 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


À l'échelle humaine, 1941

[modifier]
À l'issue d'une longue guerre nationale, la victoire bouleverse comme la défaite.


Ne perdons pas de vue qu’entre l’autorité pratiquement indispensable à tout gouvernement et la liberté légitimement revendiquée par les peuples et les individus, l’exacte mesure est bien malaisée à tracer et à garder. Ce problème est le plus ancien et le plus difficile de la politique.


Toute classe dirigeante qui ne peut maintenir sa cohésion qu’à la condition de ne pas agir, qui ne peut durer qu’à la condition de ne pas changer, qui n’est capable ni de s’adapter au cours des événements ni d’employer la force fraîche des générations montantes, est condamnée à disparaître de l’histoire.


Discours

[modifier]
Cette tactique des masses inconscientes, entraînées à leur insu par des avant-gardes, cette tactique de la conquête des pouvoirs publics par un coup de surprise en même temps que par un coup de force, mes amis et moi, nous l’admettons pas, nous ne pouvons pas l’admettre. Nous croyons qu’elle conduirait le prolétariat aux plus tragiques désillusions. Nous croyons que, dans l’état actuel de la société capitaliste, ce serait folie que de compter sur les masses inorganiques. Nous savons, en France, ce que sont les masses inorganiques. Nous savons derrière qui elles vont un jour, et derrière qui elles vont le lendemain. Nous savons que les masses inorganiques étaient un jour derrière Boulanger, et marchaient un autre jour derrière Clemenceau... Nous pensons que tout mouvement de prise du pouvoir s’appuierait sur l’espèce de passion instinctive, sur la violence moutonnière des masses profondes et inorganiques, reposerait sur un fondement bien fragile, et serait exposé à de bien dangereux retours. Nous ne savons pas avec qui seraient, le lendemain, les masses que vous auriez entraînées la veille. Nous pensons qu’elles manqueraient peut-être singulièrement de stoïcisme révolutionnaire.
  • Léon Blum, le 27 décembre 1920, au 18e congrès national de la SFIO, Tours, dans Les Grands discours socialistes français du XXe siècle, paru en 2007, Complexe, pp. 103-104.


L’unité du parti — on vous l’a dit hier, en des termes que je voudrais que vous [les futurs communistes] n’oubliiez pas — étant jusqu’à ce jour une unité synthétique, une unité harmonique, c’était une sorte de résultante de toutes les forces, et toutes les tendances intervenaient pour fixer et déterminer l’axe commun de l’action. Vous, ce n’est plus l’unité en ce sens que vous recherchez, c’est l’uniformité, l’homogénéité absolues. Vous ne voulez dans votre parti que des hommes disposés, non seulement à agir ensemble, mais encore prenant l’engagement de penser ensemble : votre doctrine est fixée une fois pour toutes ! Ne varietur ! Qui ne l’accepte pas, n’entre pas dans votre parti ; qui ne l’accepte plus devra en sortir.
  • Léon Blum, le 27 décembre 1920, au 18e congrès national de la SFIO, Tours, dans Les Grands discours socialistes français du XXe siècle, paru en 2007, Complexe, p. 92.


Nous sommes convaincus, jusqu'au fond de nous-mêmes, que, pendant que vous irez courir l'aventure, il faut que quelqu'un reste garder la vieille maison.
  • Léon Blum, le 27 décembre 1920, au 18e congrès national de la SFIO, Tours, dans Blum : discours politiques, paru en 1997, Imprimerie nationale, p. 101.


Les uns et les autres, même séparés, resteront des socialistes ; malgré tout, restons des frères qu'aura séparés une querelle cruelle, mais une querelle de famille, et qu'un foyer commun pourra encore réunir.
  • Léon Blum, le 27 décembre 1920, au 18e congrès national de la SFIO, Tours, dans Blum : discours politiques, paru en 1997, Imprimerie nationale, p. 101.


Nous admettons qu'il peut y avoir non seulement un droit, mais un devoir de ce qu'on appelle les races supérieures, revendiquant quelquefois pour elles un privilège quelque peu indu, d’attirer à elles les races qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation
  • Léon Blum, 9 juillet 1925, Débat sur le budget des Colonies à la Chambre des députés, dans Débats parlementaires, Assemblée, Session Ordinaire (30 juin-12 juillet 1925), paru J.O. p. 848.


Plaque commémorative de Léon Blum

[modifier]
Plaque commémorative à Jouy-en-Josas
Chaque siècle a sa tâche dont les autres ne sauraient s'acquitter pour lui. Il faut se mettre en harmonie avec les lois profondes de l'univers et non pas avec les préjugés et les habitudes qui en voilent le véritable sens. Il faut chercher ce qui est la vérité de notre caractère et de notre temps. Comme nos ancêtres l'ont fait eux aussi pour leur temps à eux. Il faut réaliser ce qui est juste dans notre moment de l'humanité. La vérité grandit et s'enrichit d'âge en âge mais il faut la recréer nous-mêmes. Nous ne la trouvons pas dans le testament de nos pères toute faite et prête à servir.


Vous pouvez également consulter les articles suivants sur les autres projets Wikimédia :