Leonardo Castellani

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Leonardo Castellani

Leonardo Castellani né le 16 novembre 1899 à Reconquista, dans la province de Santa Fe, et mort le 15 mars 1981 à Buenos Aires, était un prêtre, romancier, poète, essayiste, philosophe et théologien argentin.

Le Verbe dans le sang[modifier]

Le désespoir est le sentiment profond que vivre ne paie pas le coût de vivre, que toute l'affaire ne vaut rien et qu'il ne s'agit, en définitive, que d'une grosse tromperie ; et ce sentiment est la conséquence fatale de la conviction qu'il n'existe aucune autre vie.

  • Le Verbe dans le sang, Leonardo Castellani (trad. Érick Audouard), éd. PGDR, 2017  (ISBN 978-2-36371-217-2), p. 57


Saint Gilbert du Bon Sens, toi qui fus sur terre le sens commun hors-la-loi et la sagesse qui dansait libre et dionysiaque,
Gilberto Chesterton, toi qui pour être encore plus grand-breton que la Grande-Bretagne portais le nom d'un bourg de Cambridge-County,
Falstaff dévot, toi qui eus vocation d'apprendre le catéchisme illustré aux Anglais
En leur démontrant par là-même que Dieu n'avait pas précisément intérêt à leur laisser l'empire du monde
(et sans avoir d'objection per se contre leur bacon frit, leur steak argentin, leur golf et leur bridge, et encore moins contre la liberté et la joie),
Sinon le souci d'offrir à tous, coûte que coûte, l'empire du ciel,
Avec la croix cachée de Thomas More au prix du marché
Et un peu plus de lumière sous la peau…
Gargantua des lettres, Titan subtil, Robin des Bois des pubs et Sherlock Holmes prêcheur,
Plus exquis que Rabelais, trop brutal pour Benvenuto et la moniale Hrotsvita,
Toi qui pouvais réciter tout Shakespeare et la Bible itou en dialecte cockney à l'envers, dans l'ordre et dans le désordre,
Toi qui jamais ne pus résister à la tentation de l'espièglerie et du whisky glacé,
Saint Gilbert qui es au ciel entre saint Simon le Fou, Marie Stuart et le Bembo,
Saint Gilbert du Bon Sens, souviens-toi de nous face au trône de l'Éternelle Sagesse,
Et rends-lui grâce de t'avoir fait naître à notre époque,
À notre sale, sale, bien sale époque.

  • Le Verbe dans le sang, Leonardo Castellani (trad. Érick Audouard), éd. PGDR, 2017  (ISBN 978-2-36371-217-2), p. 71, 72


L'homme est essentiellement un chercheur de chaînes ; et ne parlons pas des femmes. C'est pourquoi nous aimons tant le bruit des chaînes brisées. Afin d'en chercher d'autres. Serments d'amour, contrats conjugaux, vœux religieux, promesses de fidélité éternelle, discipline militaire, élaboration des lois, chartes et constitutions, loyauté au chef, dévouement envers l'ami, dépendance à la terre natale, etc., partout où l'homme trouve une chaîne qui le libère de sa versatilité et de sa contingence essentielle, qui l'attache à quelque chose de permanent comme un naufragé à un mât de bateau, c'est là qu'il se sent noble et heureux. Mieux, c'est là qu'il se sent libre.

  • Le Verbe dans le sang, Leonardo Castellani (trad. Érick Audouard), éd. PGDR, 2017  (ISBN 978-2-36371-217-2), p. 151


Les socialistes sont les spécialistes de cette sorte de révolutions incarnées par la Révolution française. Nous ne les battrons jamais sur ce terrain, pour la bonne et simple raison qu'ils les ont inventées. Nous autres sommes spécialistes en restaurations et en régénérations ; lesquelles ne se font effectivement qu'avec son propre sang. Jésus-Christ n'a rien révolutionné ; personne ne se rendit compte qu'il avait existé dans la maison du gouvernement — je veux dire dans la palais de Tibère, à Capri. Jésus-Christ a régénéré l'humanité et « restauré toutes choses au ciel et sur la terre » comme dit saint Paul, in proprio sanguine, sans changer aucun gouvernement et sans s'appuyer sur les instruments temporels de pouvoir — ce qui est l'objet d'une révolution et qui la définit. Alors ne le mêlons pas à des choses auxquelles il ne voulut pas se mêler.

  • Le Verbe dans le sang, Leonardo Castellani (trad. Érick Audouard), éd. PGDR, 2017  (ISBN 978-2-36371-217-2), p. 159


Si l'on définit le nationalisme comme l'amour de la patrie, alors rien ne lui est manifestement opposable : il s'agit d'une vertu, pour autant que le terme patrie (ce qui ressort du père) et le terme amour (l'inclination rationnelle) soient bien compris. Si on le définit comme idolâtrie irrationnelle et sauvage de ce qui nous est propre, à l'image des divers racismes et autres impérialismes qui ont marqué l'histoire, cela n'est pas moins manifestement répréhensible : il s'agit d'une application vicieuse à une chose créée de sentiments absolus qui, pour être conformes à leur principe, sont tenus de s'orienter vers le divin.

  • Le Verbe dans le sang, Leonardo Castellani (trad. Érick Audouard), éd. PGDR, 2017  (ISBN 978-2-36371-217-2), p. 175


Maintenant, si l'on définit le nationalisme comme le mouvement qui résiste au mouvement actuel de l'internationalisme, cette définition, bien que négative, se révèle exacte. Alors que l'internationalisme actuel est un idéal, et comme nous le verrons, un idéal religieux, le nationalisme est une réalité, et une réalité naturelle. C'est pourquoi notre définition est — de fait — positive ; le négatif vient de l'internationalisme qui nie ou rejette la réalité des nationalités existantes au profit d'une grande nationalité future à construire. Suppression des frontières et confédérations des nations — à savoir l'État mondial, « The World State » comme l'appelle Wells.

  • Le Verbe dans le sang, Leonardo Castellani (trad. Érick Audouard), éd. PGDR, 2017  (ISBN 978-2-36371-217-2), p. 176


Credo de l'incroyant

Je crois au Néant tout-puissant d'où sortirent le Ciel et la Terre,
Et en l'Homo sapiens, son fils unique, roi et seigneur,
Qui fut conçu par évolution de la guenon et du singe.
Il naquit de la sainte Matière,
Lutta dans la noirceur du Moyen Âge,
Souffrit l'Inquisition et fut mis au bûcher.
Il tomba dans la misère,
Il inventa la science.
Il est parvenu jusqu'à l'ère de l'intelligence et de la démocratie,
Et le voilà sur le point de créer le paradis sur terre.
Je crois à la libre pensée,
À la civilisation de la machine,
À la confraternité humaine,
À l'inexistence du péché,
Au progrès inévitable,
À l'amélioration du corps,
Et à la vie confortable.
Amen.

  • Le Verbe dans le sang, Leonardo Castellani (trad. Érick Audouard), éd. PGDR, 2017  (ISBN 978-2-36371-217-2), p. 211


« La vérité vous rendra libre », a dit le Christ. Les libéraux inversent cette relation. Ils mettent la liberté au début, au-dessus — en bas, et partout. Ce ne sont pas toujours de mauvaises personnes, voyez-vous. Parfois, ce sont même de braves garçons, sympathiques et bien intentionnés. Malheureusement, ils sont aussi très confus.

  • Le Verbe dans le sang, Leonardo Castellani (trad. Érick Audouard), éd. PGDR, 2017  (ISBN 978-2-36371-217-2), p. 218


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