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Henri Laborit

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.
Henri Laborit
Henri Laborit en 1991

Henri Laborit, Hanoï (Indochine), 21 novembre 1914 – 18 mai 1995, était un médecin chirurgien et philosophe en biologie comportementale.


La légende des comportements, 1994

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Il [l'inconscient] est d'abord l'ensemble des faits mémorisés et ayant atteint un automatisme fragmentaire suffisamment efficace pour qu'il soit possible d'utiliser chacun des fragments dans une construction d'ensemble toujours nouvelle. Chaque fragment demeure un processus conscient aussi longtemps qu'il n'a pas trouvé de place stable dans le stock des réseaux neuronaux en interrelation associative. Lorsqu'il l'a trouvée, il passe dans le domaine inconscient pour être utilisé dans une structure originale consciente à l'organisation de laquelle il contribue. C'est pourquoi l'on peut dire que la conscience se bâtit de seconde en seconde sur l'inconscient qui s'accumule, et « n'est jamais ni tout à fait la même ni tout à fait une autre », comme la femme dont rêvait Paul Verlaine, cette « femme qui m'aime et me comprend », expression consciente d'un désir narcissique inconscient.

Et c'est en cela que l'inconscient représente un instrument redoutable. Indispensable à l'être conscient, son danger réside non pas tant dans son contenu refoulé que dans ce qui au contraire, conforme au principe de réalité autorisé, souvent même récompensé, a été mémorisé et ne sera jamais plus remis en question parce que l'on ignore jusqu'à sa présence, ce qui est, évidemment, le propre de l'inconscient.

Ainsi, ce n'est pas l'inconscient refoulé qui empêche de croire à notre liberté, mais au contraire cet inconscient autorisé, d'autant plus riche qu'il est récompensé par le principe culturel de réalité et qu'il se fixe définitivement dans un discours logique capable de lui fournir l'accoutrement de la Vérité.

L'individu construit ainsi ce qu'il est convenu d'appeler sa personnalité, construction qui se fige de plus en plus avec les années, sur un bric-à-brac de jugements de valeur, un amoncellement de préjugés indispensables à sa survie dans le cadre culturel où il est né et a grandi, fondations rigides, automatiques et inconscientes de son être conscient. Si une seule pierre de cet édifice est endommagée, l'ensemble de sa construction consciente risque de s'écrouler. L'angoisse qui en résulte exige, pour être apaisée, d'être traitée par l'action, et celle-ci ne reculera ni devant le meurtre ou le suicide, ni devant la guerre, ni devant le génocide.


La vie antérieure, 1989

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Quand on a passé 40 ans de sa vie à observer les faits biologiques et quand la biologie générale vous a conduit pas à pas vers l'étude du système nerveux puis vers celle des comportements, un certain scepticisme vous envahit à l'égard de toute relation d'une expérience vécue, exprimée dans un langage conscient. La seule certitude que nous pouvons en retirer, c'est que toute pensée, tout jugement nous concernant ou concernant ceux que nous avons rencontrés sur notre route, toute analyse logique de notre vécu n'exprime que nos désirs inconscients, nos automatismes culturels, la recherche le plus souvent d'une valorisation de nous-mêmes à nos yeux et à ceux de nos contemporains. Parmi les relations qui s'établissent à chaque instant entre notre système nerveux et le monde qui nous entoure, nous en isolons préférentiellement certaines, sur lesquelles se fixe notre attention. Elles deviennent pour nous signifiantes parce qu'elles répondent ou s'opposent à nos élans pulsionnels, canalisés par les apprentissages socioculturels auxquels nous sommes soumis depuis notre naissance.


La colombe assassinée, 1983

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Les individus qui constituent un ensemble humain ne sont pas isolés entre eux et l'ensemble qu'ils constituent n'est pas isolé non plus des autres ensembles humains qui peuplent le monde. Si le monde matériel auquel s'ajoutent la faune et la flore dans un espace géo-climatique donné constitue une partie de l'environnement humain, les autres hommes sont sans doute pour un individu le premier environnement, le plus essentiel. Les relations qui s'établissent entre les individus ne sont pas aléatoires mais résultent de l'activité de leur système nerveux. Or, toutes les actions d'un organisme par l'intermédiaire de son système nerveux n'ont qu'un but, celui de maintenir la structure de cet organisme, son équilibre biologique, c'est-à-dire de réaliser son plaisir. La seule raison d'être d'un être est d'être. Ce qu'il est convenu d'appeler la pensée chez l'homme ne sert qu'à rendre plus efficace l'action.


[...],si dans l'espace contenant des objets et des êtres gratifiants, dans le territoire, se trouvent également d'autres individus cherchant à se gratifier avec les mêmes objets et les mêmes êtres, il en résultera l'établissement, par la lutte, des hiérarchies ; en haut de la hiérarchie, le dominant qui peut se gratifier sera moins agressif, sera tolérant et l'expérimentation montre qu'il est en équilibre biologique, que sa cortisolémie est normale, et que l'ensemble de son système endocrinien fonctionne harmonieusement, du moins aussi longtemps que sa dominance ne sera pas contestée et lorsque sera passée la période d'établissement de la dominance. Le dominé, au contraire, mettant en jeu le système inhibiteur de l'action pour éviter les punitions infligées par les dominants, fait l'expérience de l'angoisse dont nous avons schématisé plus haut les mécanismes et les conséquences.Chez l'homme, les langages ont permis d'institutionnaliser les règles de la dominance. Celles-ci se sont établies successivement au départ sur la force, la force physique, puis, à travers la production de marchandises, sur la propriété des moyens de production et d'échange, celle du capital que ces productions permettaient d'accumuler, et puis, dans une dernières étape d'évolution historique et dans toutes les civilisations industrielles contemporaines, sur le degré d'abstraction atteint dans l'information professionnelle. Suivant ce degré d'abstraction, surtout celle qu'utilisent la physique et les mathématiques, l'individu ou le groupe seront d'autant plus capables de réaliser des machines de plus en plus sophistiquées, de plus en plus efficaces, pour la production d'objets ; cette production va permettre l'établissement de dominance des groupes, des États et des ensembles d'États. [...] Le rôle de l'homme dans un tel système est essentiellement celui de découvrir des machines de plus en plus efficaces, d'utiliser l'information technique de plus en plus élaborée et l'on comprend, dans ce cas, que ceux qui n'y ont pas eu accès soient défavorisés sur le plan de leur vie quotidienne, de leur salaire, de leur dominance hiérarchique, et enfin, ce qui est peut-être le plus important, de l'image idéale qu'ils se font d'eux-mêmes.


C'est par l'intermédiaire de l'agressivité prédatrice que la grande coulée d'énergie photonique solaire passe à travers la biosphère et coule au sein des individus et des espèces. C'est elle qui établit l'harmonie des systèmes écologiques dans toutes les régions de la planète et c'est parce que l'homme ne s'y est pas intégralement soumis qu'il est en train de détruire cette biosphère.


L'utilisation des mass media, qui, paraît-il, « informent », ne permet à l'information que de s'écouler toujours dans un seul sens, du pouvoir vers les masses. Le seule différence entre l'Est et l'Ouest consiste en ce que, dans le premier cas, il s'agit d'un pouvoir dogmatique, qui n'a pour imposer son discours que la coercition et le crime d'État sur une vaste échelle, alors que, dans le second, l'argent permet de réaliser, de façon subtile et inapparente, l'automatisation robotique des motivations, de créer des envies, de manipuler affectivement l'opinion sans que la finalité du système apparaisse jamais au grand jour. Ceux-là mêmes qui sont chargés d'informer le font le plus souvent à travers les propres verres déformants de leur affectivité et de leur intérêt narcissique et promotionnel.


Pourquoi, dans l'enchaînement si complexe des systèmes écologiques de la biosphère, toute vie est-elle dépendante d'une autre vie qu'elle détruit ? Pourquoi toute vie se nourrit-elle d'une autre vie qu'elle mortifie ? Pourquoi la souffrance et la mort des individus d'une espèce sont-elles indispensables à la vie de ceux d'une autre ? Pourquoi cette planète n'a-t-elle toujours été qu'un immense charnier, où la vie et la mort sont si étroitement entremêlées, qu'en dehors de notre propre mort, toutes les autres nous paraissent appartenir à un processus normal ? Pourquoi acceptons-nous de voir le loup manger l'agneau, le gros poisson manger le petit, l'oiseau manger le grain et, par le chasseur, la colombe assassinée ? Mais aussi, pourquoi vivre et pourquoi mourir ? Univers de mon cœur, tu m'exaspères !


Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici que cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change.


Éloge de la fuite, 1976

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Imaginaire, fonction spécifiquement humaine qui permet à l'Homme, contrairement aux autres espèces animales, d'ajouter de l'information, de transformer le monde qui l'entoure. Imaginaire, seul mécanisme de fuite, d'évitement de l'aliénation environnementale, sociologique en particulier, utilisé aussi bien par de drogué, le psychotique, que par le créateur artistique ou scientifique. Imaginaire dont l'antagonisme fonctionnel avec les automatismes et les pulsions, phénomènes inconscients [Cerveau système 1], est sans doute à l'origine du phénomène de conscience.


L'Amour. Avec ce mot on explique tout, on pardonne tout, on valide tout, parce que l'on ne cherche jamais à savoir ce qu'il contient. [.] Il couvre d'un voile prétendument désintéressé, voire transcendant, la recherche de la dominance et le prétendu instinct de propriété. C'est un mot qui ment à longueur de journée et ce mensonge est accepté, la larme à l’œil, sans discussion, par tous les hommes. Celui qui oserait le mettre à nu, [.], n'est pas considéré comme lucide, mais comme cynique.


Le racisme est une théorie biologiquement sans fondement au stade où est parvenue l'espèce humaine, mais dont on comprend la généralisation par la nécessité, à tous les niveaux d'organisation, de la défense des structures périmées.


Ne sachant pas qu'il existe dans un milieu différent de lui, [l'enfant] va mémoriser [...] l'odeur de la mère, la voix de la mère, la chaleur, le visage de la mère. Il s'agit sans doute là d'un processus analogue à celui de "l'empreinte" décrit par K. Lorenz chez ses oies. En résumé, des réflexes conditionnés établissent des rapports entre une récompense, l'assouvissement d'un besoin fondamental et les stimuli sensoriels d'origine externe qui les accompagnent. Lorsque vers le huitième ou dixième mois, son action progressive sur le milieu lui fera prendre conscience de son existence distincte du milieu qui l'entoure, il va découvrir sa mère, source de toute récompense [...]. Cet objet gratifiant n'appartient pas qu'à lui seul, mais au père, aux frères et aux soeurs. [L'enfant] comprendra d'un seul coup qu'il peut perdre en partie sa gratification et découvrira l'œdipe, la jalousie et l'amour malheureux.


Être heureux, c'est à la fois être capable de désirer, capable d'éprouver du plaisir à la satisfaction du désir et du bien-être lorsqu'il est satisfait, en attendant le retour du désir pour recommencer.


C'est une banalité de dire que c'est en définitive un choix de civilisation devant lequel se trouve aujourd'hui placée l'espèce humaine. Il semble curieux de me voir ici parler de choix. En réalité, il est certain qu'il ne s'agira pas de choix. Il s'agira, compte tenu d'un accès à la connaissance, d'une certaine conscience diffuse de ce vers quoi nous mènent nos comportements anciens, de la compréhension tardive des mécanismes qui les gouvernent, d'une nouvelle pression de nécessité à laquelle nous devrons obéir si l'espèce doit survivre. Il ne s'agit même pas de savoir s'il est bel et bon que l'espèce survive, nous ne savons même pas si elle survivra. Mais il paraît certain que si elle doit survivre, sa survie implique une transformation profonde du comportement humain. Et cette transformation n'est possible que si l'ensemble des hommes prend connaissance des mécanismes qui les font penser, juger et agir.
Si certains seulement sont informés, ils se heurteront toujours au mur compact du désir de dominance de ceux qui ne le sont pas et ils ne devront leur salut individuel et leur tranquillité pendant leur éphémère passage dans le monde des vivants, qu'à la fuite, loin des compétitions hiérarchiques et des dominances, à moins qu'ils ne soient, malgré eux, entraînés dans les tueries intraspécifiques que ces dernières ne cessent de faire naître à travers le monde.


C'est un lieu commun que de dire que la Science a tué la Foi, qu'elle a tué les anciens Dieux. Il est exact de dire qu'elle a remplacé la Foi dans la thérapeutique de l'angoisse. L'homme attend d'elle qu'elle le rende immortel, dans ce monde et non dans l'autre. Mais la déception est proche car la Science vit dans le siècle et si elle résout certains problèmes matériels de l'Homme, elle n'apporte pas de solution à sa destinée. [.] Elle ne donne pas de "sens à la vie". Elle se contente de l'organiser. Ou, si elle lui donne un sens, c'est de n'en avoir aucun, d'être un processus hasardeux et hautement improbable.


Beaucoup de chrétiens aujourd'hui se rallient à la doctrine marxiste. [Car] depuis les temps anciens [.], l'établissement ecclésiastique a signé des concordats successifs avec le pouvoir lorsqu'il n'a pas pu l'exercer lui-même. Il s'est rallié aux dominants de toutes les époques, alors que le Christ s'est promené à travers le monde en ralliant autour de lui les faibles et les dominés.


[.] l'angoisse est née de l'impossibilité d'agir. Tant que mes jambes me permettent de fuir, tant que mes bras me permettent de combattre, tant que l'expérience que j'ai du monde me permet de savoir ce que je peux craindre ou désirer, nulle crainte : je puis agir. Mais lorsque le monde des hommes me contraint à observer ses lois, lorsque mon désir brise son front contre le mode des interdits, lorsque mes mains et mes jambes se trouvent emprisonnées dans les fers implacables des préjugés et des cultures, alors je frissonne, je gémis et je pleure. [.] Je m'enferme au faîte de mon clocher où, la tête dans les nuages, je fabrique l'art, la science et la folie


Les conflits entre pulsions instinctuelles (sexuelles en particulier) et interdits socioculturels (le sur-moi freudien) sont une des premières sources d'angoisse. Or, il est important de souligner que dès la naissance l'individu se trouve pris dans un cadre socioculturel dont le but essentiel est de lui créer des automatismes d'action et de pensée indispensables au maintien de la structure hiérarchique de la société à laquelle il appartient. Les automatismes de pensée constituent l'ensemble des jugements de valeur et des préjugés d'une société et d'une époque. Mais qui dit automatismes dit inconscience et nous sommes en effet inconscients du déterminisme socioculturel de la presque totalité de nos jugements. Comme nous sommes également inconscients de la signification biologique de nos pulsions, le conflit entre les deux demeure le plus souvent dans le domaine de l'inconscient.


Les nombreux avertissements dispensés par les écologistes, le club de Rome, etc., ne sont guère plus que la constatation d'un fait : l'espèce humaine est en train de détruire la biosphère même si l'on discute l'extrapolation futuriste. À partir de ce fait, nous avons tenté de découvrir les mécanismes, ce que les groupes précédents ont oublié, faute sans doute d'avoir inclus dans leur recherche la biologie des comportements humains en situation sociale. La crise de l'énergie dont l'espèce a pris conscience à une date encore plus récente, constitue sans doute un facteur supplémentaire de ce faisceau qui représente une fois de plus la pression de nécessité à laquelle s'est soumise toute l'évolution. Peut-être l'espèce humaine sera-t-elle assez heureuse pour interpréter à temps cet ensemble d'événements et pour transformer sa structure de groupe et sa finalité de façon à échapper au désastre.


Toute occultation de l'information au profit des leaders, tout défaut de diffusion à l'ensemble national, toute insuffisance de généralisation culturelle exigée pour pouvoir exprimer un avis individuel ou par classes fonctionnelles et surtout toute information dirigée de haut en bas, d'instances de décision vers la base, ne peuvent aboutir à l'autogestion de l'ensemble national mais à une pseudo-démocratie, ou à un système bureaucratique. Aucun individu ou aucun groupe d'individus n'est autorisé à décider du bonheur de l'ensemble et s'ils invoquent l'ignorance de la masse à décider des actions efficaces pour elle, ce pourquoi ils en décident à sa place, c'est qu'ils ont mal rempli leur rôle de diffusion de ce que nous avons appelé l'information généralisée, s'étant limités le plus souvent à la diffusion de l'information spécialisée, professionnelle, celle exigée par la croissance, le profit et le maintien de leur domination.


On peut faire confiance aux sociétés contemporaines pour maintenir le plus longtemps qu'elles le pourront l'enseignement permettant de trouver un « débouché », ce terme remarquable qui sent la vinasse et dont les parents consciencieux ont plein la bouche. Tant que l'homme ne sera pas autre chose qu'un producteur de marchandises, il devra s'introduire dans un processus de production, tardivement s'il doit acquérir d'abord une connaissance abstraite de l'information professionnelle, très tôt si l'on utilise seulement ses mains. Mais tôt ou tard on peut lui souhaiter deux choses : premièrement que, quel que soit le travail qu'il effectue, il puisse lui trouver un certain intérêt, autre que hiérarchique, et pour cela qu'il ne soit pas trop parcellisé. Deuxièmement et surtout, que les méthodes de pensée qui auront modelé son système nerveux lui fassent découvrir autre chose, un autre intérêt à la vie que l'intérêt professionnel, purement technique.


L'objectivité de l'information, comme on dit, est une farce. Il suffit de constater la diversité d'appréciation d'un même fait banal, tel un accident de la circulation, par une dizaine de personnes ayant assisté à l'événement. En en faisant le récit chacune en réalité exprime ses désirs inconscients, ses jugements de valeur, ses automatismes socioculturels. Seule la diversité de l'information, la multiplicité de ses sources, peuvent espérer fournir aux individus le matériel indispensable au travail imaginatif et créateur. Tout endoctrinement facilité par l'ignorance de l'informé, ne lui présentant qu'un aspect des choses, tendant à lui imposer des automatismes de pensée et de comportement, occultant les opinions contraires en décrétant qu'elles sont erronées ou tentant de les présenter de telle sorte qu'elles perdent aussitôt toute cohérence face à la solution préparée par celui qui informe, individu ou institution, est l'expression d'un mépris profond de l'homme. C'est considérer qu'il est incapable de se faire une opinion personnelle parce qu'ignorant, ce qui est vrai, mais au lieu de combler son ignorance en lui fournissant des opinions et des informations différentes ou contraires, c'est le tromper que de ne lui montrer qu'un aspect des choses. C'est le considérer comme un sous-homme, c'est faire preuve d'un véritable racisme.


Nous entrons dans une ère où toutes les "valeurs" anciennes établies pour favoriser la dominance hiérarchique doivent s'effondrer. Les règles morales, les lois, le travail, la propriété, tous ces règlements de manœuvre qui sentent la caserne ou le camp de concentration ne résultent que de l'inconscience de l'homme ayant abouti à des structures socio-économiques imparfaites, où les dominances ont besoin de la police, de l'armée et de l'État pour se maintenir en place. Aussi longtemps que la coercition, toutes les coercitions persisteront, elles seront la preuve de l'imperfection du système social qui en a besoin pour subsister. Tant que des hommes voudront imposer leur vérité aux autres hommes, on ne sortira pas de l'inquisition, des procès staliniens, des morales, des polices, de la torture et de l'avilissement du cerveau humain par les préjugés les plus attristants dans l'inconscience de ses motivations préhominiennes.


Il faut propager au plus vite cette notion que l'homme "n'est" pas une force de travail mais une structure qui traite l'information et qui se trouve être également une source nouvelle d'information. Qu'une partie de celle-ci lui serve à transformer la matière et l'énergie et aboutisse à la création d'objets, que ceux-ci aient avant tout une valeur d'usage, avant d'avoir une valeur d'échange, cette dernière assurant d'abord le maintien de la dominance, est admissible. Mais que cette information que sécrète son cerveau imaginant lui serve exclusivement à produire des objets, des marchandises, c'est là qu'est l'erreur fondamentale qu'ont entretenue les idéologies socio-économiques contemporaines.


L'agressivité détournée, 1970

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Comment espérer qu'un jour l'Homme que nous portons tous en nous puisse se dégager de l'animal que nous portons également si jamais on ne lui dit comment fonctionne cette admirable mécanique que représente son système nerveux ? Comment espérer voir disparaître l'agressivité destructrice, la haine, la violence et la guerre ? N'est-il pas indispensable de lui montrer combien aux yeux de la science peuvent paraître mesquins et ridicules les sentiments qu'on lui a appris à considérer souvent comme les plus nobles sans lui dire que c'est seulement parce qu'ils sont les plus utiles à la conservation des groupes et des classes sociales, alors que l'imagination créatrice, propriété fondamentale et caractéristique de son cerveau, n'est le plus souvent, c'est le moins qu'on puisse dire, absolument pas exigée pour faire un honnête homme et un bon citoyen ?
  • L’agressivité détournée : Introduction à une biologie du comportement social, Henri Laborit, éd. Union Générale d’Édition, coll. « 10/18 », 1970  (ISBN 2-264-00370-7), p. 8


[...] on peut dire qu'un individu est constitué d'une matrice biologique variable avec l'espèce à laquelle il appartient et dont les caractères structuraux lui sont donnés à la naissance. Cette matrice résume tout l'acquis génétique de l'espèce depuis les premières formes vivantes, toute l'expérience acquise par le phylum au cours de l'évolution. Mais cette matrice biologique en elle-même n'est pas grand-chose. C'est une feuille blanche, une cire vierge, et tout va dépendre de ce qui s'inscrira sur elle. L'existence des enfants-loups ou des enfants sauvages nous montre que cette matrice biologique humaine séparée de son milieu social est incapable de donner un homme. Elle est incapable de réinventer seule le langage, de réinventer toute l'expérience humaine depuis son origine, et qui fut transmise à travers les générations justement par les langages. L'enfant nouveau-né va apprendre des autres hommes cette expérience accumulée. [...] Ce qui va faire de cette matrice un individu humain, c'est ce que le monde physique sans doute, mais revu à travers le prisme de l'humanité, et ce que cette humanité elle-même, présente et passée, va inscrire sur elle. Nous ne sommes donc bien que les autres en tant qu'individu. Nous sommes les autres dans notre structure biologique, mélange insondable de tout le déterminisme génétique depuis les origines. Nous sommes aussi et surtout les autres dès nos premiers contacts avec le monde environnant. C'est pourquoi le milieu social dans lequel l'enfant naît a tant d'importance.
  • L’agressivité détournée : Introduction à une biologie du comportement social, Henri Laborit, éd. Union Générale d’Édition, coll. « 10/18 », 1970  (ISBN 2-264-00370-7), p. 134


L'homme imaginant, 1970

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..., car les choses se contentent d'être, elles ne sont ni vraies ni fausses, ni justes ni injustes, ni bonnes ni mauvaises, ni laides ni belles, en dehors des conditionnements du système nerveux humain qui les fait trouver telles. Les choses sont. Selon l'expérience que nous en avons, qui varie avec notre classe sociale, notre hérédité génétique, notre mémoire sémantique et personnelle, nous les classons hiérarchiquement dans une échelle de valeurs qui n'est que l'expression de nos déterminismes innombrables. Nos déterminisme sociaux sont dominants, car les sociétés, comme toutes les structures vivantes, ont tendance à maintenir l'état dans lequel elles se trouvent, pour préserver leur existence, en soumettant l'individu à leurs préjugés, leurs préceptes, leurs lois, leurs "valeurs". Un tel sujet est alors dit équilibré avec son milieu, état idéal car il ne sera à l'origine d'aucune révolte. Il n'aura même plus à penser, car la société lui aura créé dès l'enfance une batterie de réflexes conditionnés par des jugements de valeur, qui n'ont de valeur que pour le groupe social dans lequel il vit.
  • L’homme imaginant : essai de biologie politique, Henri Laborit, éd. Union Générale d’Édition, coll. « 10/18 », 1970  (ISBN 2-264-00882-2), Chapitre I - Biologie et politique, p. 16


Il faut toujours revenir aux questions fondamentales sous peine de s'égarer.
1°) Que fait l'homme sur la terre ? Il vit ou, plus précisément, il survit. Il croît et se multiplie, au même titre que toutes les espèces vivantes qui, à travers les âges de la terre, sont arrivées jusqu'à nous.
2°) Pour y parvenir, dans un perpétuel échange d'énergie avec son milieu, et par une régulation en rétroaction sur ce dernier, il a dû s'adapter à lui et adapter celui-ci à ses besoins.
3°) Il y a été aidé par un phénomène biologique particulier qui est sa faculté d'imagination ou, en d'autres termes, de restructuration originale de ses expériences acquises, ou transmises, à travers les générations par le langage.
4°) On peut donc admettre que cette adaptation, facteur de sa survie, sera d'autant meilleure que son expérience est plus vaste.
On peut en conclure que son but essentiel est la « connaissance » indispensable à sa survie.
  • L’homme imaginant : essai de biologie politique, Henri Laborit, éd. Union Générale d’Édition, coll. « 10/18 », 1970  (ISBN 2-264-00882-2), Chapitre III - L'« essence de l'Homme ». La notion de besoin, p. 42


[...] ou l'humanité aura comme finalité essentielle de fuir l'ignorance et l'unidisciplinarité idéologique et technique, ou elle demeurera dans le chaos, la souffrance et le meurtre. L'ignorance et le conditionnement sont les vrais ennemis de l'homme, tant du prolétaire que du bourgeois. L'ignorance ne vient pas seulement de la difficulté que certains hommes rencontrent à s'instruire. Elle vient aussi du fait que l'homme ne cherche le plus souvent à connaître que ce qui satisfait ses désirs. Il cherche dans la connaissance la reconnaissance de ses pulsions primitives ou secondaires et interdites, une justification de ses jugements de valeur. Il ferme les yeux, atteint de photophobie quand la lumière de la vérité le frappe trop brusquement et éclaire les couches obscures de son inconscient. Il préfère l'alchimie à la chimie, le yoga à la physique moderne et la politique à la neuro-psycho-biologie.
  • L’homme imaginant : essai de biologie politique, Henri Laborit, éd. Union Générale d’Édition, coll. « 10/18 », 1970  (ISBN 2-264-00882-2), Chapitre VII - Étude critique des régimes socio-économiques contemporains, p. 76


Lorsque l'on pense au fait que chaque enfant qui naît est une page blanche, découpée dans le long parchemin enroulé du déterminisme génétique, mais fraîche et immacculée comme au premier jour du monde humain; lorsque l'on pense que ce qui s'inscrit très tôt sur elle, ce qui fait sa richesse et sa fragilité, c'est l'expérience acquise par l'humanité au cours des âges, et que cette expérience nous sommes seuls et tous responsables du contenu sémantique des caractères qui la transcrivent, nous sommes tentés de conclure qu'il y manque un chapitre, sans doute essentiel, à voir le monde des adultes, ce monde aveugle et déchaîné. Et c'est vrai qu'à l'héritage nous n'avons pas encore ajouté, ce que nous savons ou du moins croyons connaître de la Vie. Sur cette page blanche s'inscrivent, jour après jour, les lois physiques et les lois sociales, les règlements, les sens interdits, les feux rouges, les codes, les limitations de vitesse, mais rien, absolument rien, concernant la page elle-même, son origine, sa texture, ses filigranes, sa couleur et son utilité.
  • L’homme imaginant : essai de biologie politique, Henri Laborit, éd. Union Générale d’Édition, coll. « 10/18 », 1970  (ISBN 2-264-00882-2), Chapitre X - Naissance et rôle des sciences de la vie, p. 116,117


Ah! si les peuples sous-développés étaient indispensables à la survie des autres, il y a fort à penser que l'on s'occuperait d'eux plus activement. Mais si l'impérialisme mondial est prêt à faire des guerres locales pour conserver l'exploitation de certaines régions pétrolières, ou pour conserver le contrôle de certaines régions dont il considère qu'elles sont importantes à sa sécurité, il sait bien par contre qu'il peut continuer à vivre sans les populations qui les habitent. Si les classes dominantes nationales ne peuvent se passer de leur prolétariat national qui détient la force de travail, l'impérialisme international par contre n'a pas besoin du prolétariat misérable qui constitue les populations du tiers-monde. Autant dire qu'il considère faire œuvre charitable s'il ampute de quelques centimes le produit national, pour le livrer gratuitement pense-t-il à ces populations, alors qu'il retire de leur sol une richesse pourtant considérable. Pourquoi n'ont-elles pas d'ailleurs suivi une évolution technique semblable? C'est bien la preuve que ce sont des races inférieures, peu douées, et qui « méritent » le sort misérable qui est le leur. Même si cette opinion n'est pas toujours proférée, elle est toujours plus ou moins inconsciemment pensée. Elle résulte directement d'ailleurs de la notion de liberté humaine, l'homme libre étant seul responsable de son destin.
  • L’homme imaginant : essai de biologie politique, Henri Laborit, éd. Union Générale d’Édition, coll. « 10/18 », 1970  (ISBN 2-264-00882-2), Chapitre XIII - Et le tiers-monde?, p. 156,157


En effet, la cybernétique, nous l'avons dit, nous apprend que le milieu transforme l'homme et que l'homme transforme le milieu. Mais depuis des centaines de milliers d'années, la structure biologique de l'homme est restée à peu près la même. Ce qui a changé, c'est ce que sa mémoire est maintenant capable d'engrammer. Ce qui a changé, ce sont donc les éléments que son Imagination a à sa disposition et peut aujourd'hui manipuler. Mais les facteurs qui dirigent cette manipulation, nous commençons à peine à les entrevoir, à les isoler, à les comprendre, ce qui est nécessaire pour les diriger. [...] La toxicité d'un agent pharmacologique est complètement différente suivant qu'il est injecté à un animal isolé ou à un animal en groupe et suivant l'importance du groupe.
  • L’homme imaginant : essai de biologie politique, Henri Laborit, éd. Union Générale d’Édition, coll. « 10/18 », 1970  (ISBN 2-264-00882-2), Épilogue, p. 184


Biologie et structure, 1968

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La chose neuve de ces dernières années, c'est le remplacement de l'homme, pour les travaux manuels, par la machine. Libérant sa main, elle favorise son cerveau et c'est à notre avis là que réside le dernier chaînon actuel de l'évolution. Ce chaînon exige une refonte douloureuse de tout l'équilibre social, en commençant par le refonte de l'enseignement pour terminer sur celle de la vision du monde et de l'homme par lui-même qui doit se repenser. La discipline de base des économistes devrait être la thermodynamique. Celle de l'homo sapiens la logique mathématique, l'étude de la complexité croissante et des structures.


D'ailleurs, il paraît difficile de faire évoluer l'homme et les sociétés humaines plus vite que l'environnement matériel qui les entoure et qu'ils contribuent à transformer. La machine prend une importance grandissante dans la production des biens de consommation, à tel point que l'on peut se poser la question de savoir si on aura toujours besoin de l'ouvrier et du paysan. Il est évident que si les machines, dans ce cas, restaient la propriété de quelques-uns, la majorité des autres serait non seulement sans travail, mais sans possibilité de consommer. Par quelque moyen qu'on y parvienne, les machines devraient donc devenir la propriété non des travailleurs, puisque ceux-ci auraient disparu dans la forme où nous les connaissons aujourd'hui, mais de l'ensemble des hommes.


Ce qui manque, semble-t-il, à notre enseignement primaire et secondaire, ce n'est certes pas le contenu, mais la structure. Il ne s'agit pas d'apprendre le plus de choses possible si on ne sait pas comment elles sont reliées entre elles, dans l'espace et le temps, de la géographie à l'histoire, des mathématiques à Victor Hugo. Chaque chose apprise n'a aucun intérêt si elle ne s'inscrit pas dans un cadre plus vaste, par niveaux d'organisation et régulations intermédiaires, aussi bien dans le sens horizontal du présent, que vertical du passé et de l'avenir. Chaque heure passée, pour un enfant ou un adolescent assis sur un banc d'école, devrait commencer par définir la structure de ce qui va être dit et se terminer par la mise en place de ce qui a été dit dans les structures d'ensemble. Cet effort fournirait aux jeunes générations le sentiment indispensable de la relativité de toutes choses et les mathématiques, si décevantes pour beaucoup, deviendraient ainsi naturellement le langage précis permettant de décrire les relations.


Le drame de notre époque vient sans doute du fait que l'homme n'a jamais transformé si vite son environnement, en si peu de temps ; que les hommes qui ont été les ouvriers de cette transformation n'ont pu en tirer les conséquences générales, car ils n'ont pu adapter leur langage, fixé dans les années passées, aux structures nouvelles qu'ils ont fait naître. Leurs enfants ont hérité d'un monde nouveau et d'un langage inadapté à ce monde.


Pour beaucoup d'hommes modernes, l'action ne se conçoit que dans un cadre politique. Pendant longtemps les hommes ont délégué leur pouvoir d'organisation, de direction, aux plus forts, à ceux les mieux capables de les défendre, d'assurer la protection de leur activité rurale ou artisanale. La République ne changea pas grand-chose à cet état de fait, le vote reposant plus fréquemment le question de savoir qui dirige, alors que la génétique y pourvoyait antérieurement pour de nombreuses générations. Les beaux parleurs et les grands principes furent favorisés, la bourgeoisie également. L'économie moderne vint bouleverser les forces en présence, et faire prendre conscience aux travailleurs de leur signification et de leur puissance. On ne peut pourtant pas dire que fondamentalement il y ait quelque chose de changé, car dans une société d'homo faber, dite de consommation, ce que l'homme désire, c'est consommer, ce qu'il défend, c'est son droit à la consommation. Quel que soit le parti politique, de droite ou de gauche suivant la terminologie en usage, le moteur essentiel qui remue les masses, sous les mots vides ou trop pleins de justice sociale, d'humanisme nouveau, de démocratie, etc., c'est le désir de consommer plus largement, autant que d'autres, ou inversement le désir de conserver son niveau de consommation. La véritable lutte des classes, dans un sens comme dans l'autre, du communisme au conservatisme, c'est la lutte essentielle pour le bien-être matériel.


Du soleil à l'homme, 1963

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Il est certain en tout cas que, quel que soit l'objet de notre étude, nous ne l'aborderons jamais par des voies trop nombreuses et trop variées. Nous devons essayer, nous que le problème de la vie intéresse, de ne plus être exclusivement des spécialistes et, sachant que nous ne prendrons jamais qu'une connaissance partielle et humaine de ce phénomène essentiel, tenter du moins une synthèse aussi complète que possible des différents aspects connus sous lesquels il se présente: physique, chimique, physiologique, psychique, social, etc., à chaque niveau d'organisation de la matière vivante, des êtres les plus simples aux plus complexes. C'est alors que nous constaterons certaines relations, certains schémas généraux d'organisation qui demeurent, pour des « disciplines » variées et pour des échelons différents d'organisation. Ce sont eux qui nous permettront peut-être d'entrevoir certaines règles de ce jeu unique auquel nous nous trouvons contraints de participer.
  • Du soleil à l'homme - L'organisation énergétique des structures vivantes, Henri Laborit, éd. Masson et Cie, 1963, p. 13,14


Il faut apprendre avant tout à chaque homme le danger du langage. Une éducation sémantique précoce devrait être assurée dans toutes les couches sociales, dès l'enfance. Quand les hommes auront compris que le mot n'est pas l'objet, quand ils auront compris que des abstractions comme « liberté », « démocratie » ou autres slogans ne sont que des mots que chaque homme remplit d'une valeur affective différente, que chaque civilisation, chaque groupe humain, chaque homme a sa notion de liberté ou de démocratie et que dans ces conditions, sans un retour à une définition universelle, difficilement réalisable avec des mots, il n'est pas d'entente possible entre les hommes, un grand pas sera fait. Quand on aura appris aux enfants, à tous les enfants, que 1 et 1 ne font 2 que pour faciliter notre vie journalière, mais que 1 n'existe que comme cas particulier d'un ensemble, que 1 n'existe pas en dehors de l'homme qui le conçoit et que vouloir ajouter 1 à 1 est quelque chose d'impensable puisque deux objets identiques n'existent pas; Quand tous les enfants du monde auront compris que seules les analogies de structure peuvent être appréhendées par l'esprit humain, quand ils vivront vraiment la relativité de toutes choses, alors peut-être, le sectarisme, l'assassinat et l'exploitation de l'homme par l'homme disparaîtront-ils de notre planète.
  • Du soleil à l'homme - L'organisation énergétique des structures vivantes, Henri Laborit, éd. Masson et Cie, 1963, p. 100,101


Ainsi, essayer de donner aux mots un sens précis, en sachant qu'ils ne sont pas l'objet, mais qu'ils ne font que décrire momentanément un aspect trés limité, un aspect artificiellement isolé, d'une réalité inconnue, qu'ils ne sont qu'un symbole dont la valeur sémantique varie avec chaque individu, son hérédité, son expérience passée, son équilibre biologique du moment, nous rapproche d'un comportement plus scientifique. La science d'aujourd'hui, qui choisit d'ailleurs la formulation mathématique le plus souvent pour s'exprimer, est une science des relations et la philosophie qui en découle, une philosophie ouverte, sans cesse prête à modifier ses concepts avec le progrès de nos connaissances.
  • Du soleil à l'homme - L'organisation énergétique des structures vivantes, Henri Laborit, éd. Masson et Cie, 1963, p. 102


Dieu ne joue pas aux dés

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Il est toujours utile de savoir ce que les autres pensent de ce que nous pensons, en bien ou en mal, ne serait-ce que pour corriger l'orbite sur laquelle notre destin nous a placé. En ce sens, les critiques sont aussi utiles que les approbations, meme si les unes ou les autres ne sont pas toujours justifiées.
Au début le langage n'était sans doute pas absolument nécessaire. Mais, dès la fixation au sol au début du néolithique, la division du travail l'obligea à communiquer avec les autres individus composant le groupe. Le langage parlé, puis le langage écrit devinrent nécessaires dans un but très étroitement intéressé, la survie du groupe.
Qu'il était beau le temps de ma jeunesse, où l'atome (indivisible) était constitué d'un noyau, dans lequel compagnonnaient protons et neutrons, et d'électrons en orbite !
Cette tendance de l'homme à chercher la symétrie dans la nature, même si l'on s'aperçoit que cette symétrie est aujourd'hui en partie brisée, résulte du besoin qu'il éprouve de mettre un certain ordre dans l'univers, afin d'y agir plus efficacement.
Les organismes vivants, et, pour certains, le système nerveux et le cerveau qu'ils contiennent organisent les variations énergétiques auxquelles ils sont soumis de la part du milieu qui les entoure suivant un certain ordre déjà très élaboré.
Un discours logique dans l'ignorance complète de l'inconscient qui le porte a toujours trouvé des raisons, des alibis, des causes aux guerres, aux meurtres, aux génocides, aux tortures.
Il est plus facile de professer en paroles un humanisme de bon aloi, que de rendre service à son voisin de palier.
Une action humaine n'est jamais gratuite et quand on croit connaître les mécanismes fondamentaux des comportements humains, on peut toujours déceler un égoïsme biologique et trivial dans toute action en apparence désintéressée.
Un acide aminé ne peut remplir isolément les fonctions qu'assure l'ensemble des acides aminés participant à la fabrication d'une protéine.
  • Dieu ne joue pas aux dés, Henri Laborit, éd. Bernard Grasset, 1987  (ISBN 2-246-39801-0), chap. Le secret des secrets, p. 59


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