David Ben Gourion

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David Ben Gourion en 1959.

David Ben Gourion (en hébreu : דוד בן - גוריון et en arabe : ﺩﺍﻓﻴﺪ ﺑﻦ ﻏﻮﺭﻳﻮﻥ), à l’origine David Grün, est un homme politique israélien né le 16 octobre 1886 à Płońsk et mort le 1er décembre 1973 à Sde Boker. Fondateur de l’État d’Israël, il en fut le Premier ministre de 1948 à 1953 et de 1955 à 1963.

Citations sur David Ben Gourion[modifier]

Un homme arpentait fiévreusement cette pièce spartiate, les mains derrière le dos, les yeux baissés, la tête projetée en avant, comme prête à charger. L’homme ressemblait à Ben Gourion comme deux gouttes d’eau, mais ce ne pouvait pas être lui : dès le jardin d’enfant, tout le monde en Israël savait de quoi il avait l’air et aurait pu le reconnaître les yeux fermés. Mais comme il n’y avait pas encore la télévision, il me paraissait évident que le Père de la Nation était un géant dont la tête atteignait les nuages, tandis que cet imposteur était courtaud et rondouillard – on aurait dit une femme enceinte – de moins d'un mètre soixante.

J’étais stupéfait. Presque vexé.
Pourtant, pendant les deux ou trois minutes de silence qui me parurent une éternité, le dos toujours contre la porte, je dévisageais ce curieux petit bonhomme magnétique, puissamment charpenté, tenant à la fois du patriarche montagnard coriace et du vieux nain énergique, faisant nerveusement les cent pas, les mains croisées dans le dos, sa grosse tête en avant comme s’il se préparait à enfoncer une muraille d’un coup de bélier, perdu dans ses pensées, très loin, ne prenant même pas la peine de signaler qu’il savait que quelqu’un, quelque chose, un infime grain de poussière, avait atterri dans son bureau. David Ben Gourion avait soixante-quinze ans à cette époque, et moi, une vingtaine d’années.

  • Amos Oz est reçu chez Ben Gourion (p. 706-719).
  • Une histoire d’amour et de ténèbres, Amos Oz (trad. Sylvie Cohen), éd. Gallimard, coll. « Folio 4265 », 2004  (ISBN 978-2-07-031855-1), p. 711


L’observation d’Isaiah Berlin était cruelle, mais juste : Ben Gourion, malgré Platon et Spinoza, n’était pas un intellectuel. Loin de là. À mon sens, c’était un paysan visionnaire. Il y avait chez lui quelque chose de primitif, d’un autre âge. Une spontanéité biblique, une volonté pareille à un rayon laser. Dans sa jeunesse, à Plonsk, en Pologne orientale, il était mû par deux idées fixes : les Juifs devaient rétablir leur patrie sur la Terre d’Israël, et il était celui qui devait les guider. Il n’en a jamais dévié. Il y a subordonné toute chose. C’était un homme honnête et féroce, et comme la plupart des idéalistes, le prix à payer lui importait peu. Ou peut-être avait-il à cette question une réponse toute prête : ça coûtera ce que ça coûtera.
  • Une histoire d’amour et de ténèbres, Amos Oz (trad. Sylvie Cohen), éd. Gallimard, coll. « Folio 4265 », 2004  (ISBN 978-2-07-031855-1), p. 717-718