Un idiot à Paris est un film français de Serge Korber sorti sur les écrans en 1967. Les dialogues sont signés Michel Audiard.
Monsieur Graffouillères, vous êtes un meneur ! Une grève-surprise ?… Bravo ! Trente tonnes de barbaque sur le carreau alors qu'on crève de faim à Chandernagor ?… Hourra ! Monsieur Graffouillères, vous êtes un meneur et vos p'tits camarades des inconscients ! Vous semblez oublier, en effet, mes amis, que vous n'êtes que des salariés, c'est-à-dire les êtres les plus vulnérables du monde capitaliste !… Des chômeurs en puissance ! Le chômage… Le chômage et son cortège de misères… Y avez-vous pensé ? Finie, la p'tite auto, finies les vacances au Crotoy, fini l'tiercé… C'est pourquoi, mes amis, si vous avez des revendications d'salaire à formuler, vous m'adressez une note écrite et j'la fous au panier, et on n'en parle plus. Nous sommes bien d'accord ?
Je suis ancien combattant, militant socialiste et bistrot. C'est te dire si, dans ma vie, j'en ai entendu des conneries. Mais des comme ça, jamais !
Ça commence bien, les fous sont lâchés ! J'vais vous dire un truc, moi : si j'étais les poulets… Les vioques, les infirmes, tous les mecs nases… À la poubelle !… Enfin, plus d'permis, quoi !… Et çui-là, il est pas beau ?!… Deutschland, ça m'étonne pas… Je vais vous dire autre chose : c'qui congestionne, c'est l'surplace. Un mec qui roule vite, même si y repasse un connard de temps en temps, c'est pas grave… Ça dégage. T'avance, toi, pédé !… Nederland, ça m'étonne pas… C'est pas un crime de voir ça ?… Et l'autre-là… À quoi qu'y pense… Affole-toi, eh, Viande-à-Pneu !… Peigne-moumoute ! Voyez-vous, monsieur, dès qu'on prend le volant, on est entouré que d'saloperies.
André Pousse,
Un idiot à Paris (
1967), écrit par
Michel Audiard
(Le HLM) C'est l'enfer conditionné. On y joue du pick-up, du transistor, de la télé. Quand on fait sonner le réveil, y'a le voisin du dessous qui crie « Entrez ! » On frappe au plafond, au mur… On est deux mille fous, plus qu'à Saint-Anne. Et pourtant, on a tout pour être heureux : le chauffage pulsé, des frigidaires, un parking réservé, mais pas de murs, des cloisons !… La nuit on entend grincer les cosy-corners. On entend la France qui se repeuple… On pense à la Chine… On voit des dragons au plafond.
Yves Robert,
Un idiot à Paris (
1967), écrit par
Michel Audiard
Je suis pas mendiant. J'ai jamais eu de sous de personne… Même quand je travaillais.
Tu m’aurais annoncé une vierge estampillée, une rosière de compétition, je t’aurais dit : "Goubi, attention !"... Mais là, connaissant le sujet, je te dis : "Mon fils, marie-toi !". Découragées par la vie chère, et dévalorisées par la pilule, la vertu et la fidélité ne se rencontrent plus que chez les transfuges du trottoir. Ces femmes-là n’ambitionnent plus qu’une seule position sociale, ayant épuisé toutes les autres. Marie-toi, tu ne seras jamais cocu.
J’ai eu deux garçons, je les ai mis tout bébés à l’Assistance Publique. C’est le meilleur collège de France, notre Oxford, notre Harvard. Je les ai récupérés à dix-huit ans admirablement formés pour les luttes de la vie. Maintenant c’est tout le portrait de leur père : cent pour cent cannibales.
Personne au monde n'empêchera les gens de parler dans ton dos. Le principal, c'est qu'ils se taisent quand tu te retournes.
Dany Carrel,
Un idiot à Paris (
1967), écrit par
Michel Audiard
Lucienne : La Fleur, tu m'convulses. Tu penses quand même pas quitter le métier ?… Une courageuse comme toi… Que je cite en exemple tout le temps.
La Fleur : Le métier qui nous fait la paire, ma pauvre Lucienne… Dévoré tout rond par la télé.
Lucienne : Elle fait tant de tort que ça, tu crois, la télé ?
La Fleur : Du tort ?… Mais l'homme de maintenant, dès qu'il sort de son bureau, c'est pour foncer devant son poste. Mais tout l'intéresse, ce con ! Tiens, pendant le tournoi des cinq nations, là comment y s'appelle, tu vois encore un client le samedi soir dans la rue ? Et puis quand c'est pas le rugby, c'est le vélo… Quand c'est pas le vélo, c'est Longchamp. Oh, non, hein, le micheton d'aujourd'hui, c'est plus avec nous autres qu'il s’envoie en l'air… C'est avec Couderc, Chapatte, et Zitrone.
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