Rafaële Germain

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Rafaële Germain (1976) est une écrivaine québécoise connue pour avoir écrit le roman Soutien-gorge rose et veston noir.

Soutien-gorge rose et veston noir (2004)[modifier]

On peut voir ça comme quelque chose de très post-moderne, genre, je le sais que c'est cucul et inutile, et je me marie justement pour ça. C'est comme acheter une lampe vraiment laide au marché aux puces, parce que, en fait, elle est tellement kitch que ça fait cool.
-Non, a répliqué Antoine. Personne se marie au deuxième degré. Ce serait comme faire un enfant au deuxième degré. Ridicule.

  • Soutien-gorge rose et veston noir (2004), Rafaële Germain, éd. Libre Expression, 2004  (ISBN 2-7648-0143-2), p. 15
Manifeste du célibat

Nous, Chloé Cinq-Mars, Antoine Bertrand et Juliette Beauchemin, voulons :

- Être et demeurer célibataires.
- Redonner ses lettres de noblesse au célibat.
- Être parfaitement et joyeusement autosuffisants.
- Rejeter la dictature que l'amour exerce sur nos sociétés oisives et comblées.
- Propager la bonne nouvelle qu'il n'est pas nécessaire d'être en couple pour être heureux.
- Honorer régulièrement la mémoire de Casanova.
- Défendre le célibataire, ses droits et son estime personnelle.

Ça allait jusque-là, mais Juliette s'est ensuite un peu emportée et avait ajouté :

- Acquérir l'usine de Guinness de Dublin.
- Fourrer avec Johnny Depp.

  • Soutien-gorge rose et veston noir (2004), Rafaële Germain, éd. Libre Expression, 2004  (ISBN 2-7648-0143-2), p. 18-19
Je ne vois pas d'autres explications pour justifier toute la peine que vous vous donnez à complexifier vos amours, a répondu mon père. Il faut toujours que l'autre ne soit pas au courant de votre affection, ensuite il faut se faire la cour sans en avoir l'air, vous faites l'amour à des gens que vous n'aimez pas et vous entretenez des relations platoniques avec ceux que vous aimez... je te dis, Chloé, vous êtes une drôle de génération.
  • Soutien-gorge rose et veston noir (2004), Rafaële Germain, éd. Libre Expression, 2004  (ISBN 2-7648-0143-2), p. 111


Pouvais-je vraiment lui dire que je m'étais morfondue comme une idiote, lorgnant mon vibrateur dix fois par jour sans jamais l'utiliser, de peur de penser à lui au moment crucial?
  • Soutien-gorge rose et veston noir (2004), Rafaële Germain, éd. Libre Expression, 2004  (ISBN 2-7648-0143-2), p. 141
Une nuit, seulement, j'avais rêvé à de longs et tendres baisers, à des étreintes avec juste ce qu'il faut de retenue enivrante et je m'étais réveillée à l'aube, avec son image – j'étais allée marcher seule sur la plage et j'avais essayé de comprendre tout cela, mais je m'étais retrouvée avec les mêmes réponses qui n'étaient pas: j'aimais Simon, je rêvais à Antoine, je ne savais pas ce que je voulais.
  • Soutien-gorge rose et veston noir (2004), Rafaële Germain, éd. Libre Expression, 2004  (ISBN 2-7648-0143-2), p. 382-383
J'avais décidé que je ne voulais plus être la petite fille gâtée qui rêve à ce qu'elle ne peut pas avoir, précisément parce qu'elle ne peut l'avoir- j'étais une femme responsable, à l'aube de la trentaine, et j'avais passé dix jours idylliques avec un homme merveilleux: il n'était pas question que je foute tout cela en l'air à cause de désirs d'adolescente. Je voulais être heureuse, et j'avais cru deviner que le bonheur, maintenant n'était plus cette chose facile et mouvante qui allait et venait au grès des bières et des amitiés, sans qu'on ait à y penser. Le bonheur se méritait - c'était une œuvre qui se travaillait, et je voulais réussir la mienne.
  • Soutien-gorge rose et veston noir (2004), Rafaële Germain, éd. Libre Expression, 2004  (ISBN 2-7648-0143-2), p. 385


Je n'arrivais pas dormir, et je pensais à cette idée d'espoir fragile que Juliette avait insufflée dans sa toile – je pensais au mien, à ce que j'espérais, moi, et je me répétais que c'était le bonheur, ce bonheur que j'avais vu comme le Saint-Graal, comme une course au trésor, mais aussi comme une tâche gratifiante à accomplir. C'était ridicule, ai-je pensé. On ne pouvait pas espérer le bonheur comme d'autres espèrent un bon rendement de leur compagnie à la fin de l'année ou une amélioration de leur handicap au golf. Je ne pouvais pas courrir après un bonheur fabriqué auprès de Simon quand j'étais heureuse, tout à fait simplement, de me retrouver au retaurent, un Lundi, avec Antoine.
  • Soutien-gorge rose et veston noir (2004), Rafaële Germain, éd. Libre Expression, 2004  (ISBN 2-7648-0143-2), p. 392


« Ça fait huit ans que je t'aime. Que j'aime juste toi. Au complet. Et je suis trop conne pour me l'admettre. Huit ans, Antoine.»
  • Soutien-gorge rose et veston noir (2004), Rafaële Germain, éd. Libre Expression, 2004  (ISBN 2-7648-0143-2), p. 434


Un présent infini (2016)[modifier]

Il faisait remarquer que nous (les vieux) avions eu de la chance de vivre notre adolescence au temps où les farces plates se faisaient de vive voix. Les subtiles facéties des ados d'aujourd'hui risquent de les suivre pour toujours, à moins qu'ils ne prennent la décision de devenir politiciens dès leur tendre enfance et restent donc sur leurs gardes — mais pourquoi feraient-ils attention ? Si tout le monde regarde tout le monde, pourquoi craindre d'en montrer trop ? Je te tiens par la barbichette, tu me tiens par la barbichette, nous pouvons dormir tranquilles, à côté de nos écrans éveillés.


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