Roger Martin du Gard
Roger Martin du Gard (1881 – 1958) était un écrivain français.
Les Thibault, 1922-1937
[modifier]Le Pénitencier, 1922
[modifier]- Antoine à Jacques.
- Les Thibault (1922), Roger Martin du Gard, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1972, t. 2 Le Pénitencier, partie I, chap. VIII, p. 213
L'été 1914 (1936)
[modifier]sur le bourgeois
[modifier]- Propos évoquant une communauté internationale d'exilés socialistes et communistes à Genève.
- Les Thibault (1936), Roger Martin du Gard, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1980, t. Ⅲ, L'été 1914, chap. ⅩⅣ, p. 132-133
Sur les causes de la guerre mondiale
[modifier]Jacques regardait fixement son frère :
« Est-ce possible qu'à Paris vous n'ayez pas encore la moindre notion de ce qui se passe depuis trois semaines ? Tous ces présages qui s'accumulent !… Il ne s'agit plus d'une petite guerre dans les Balkans : c'est toute l'Europe, cette fois, qui va droit à une guerre ! Et vous continuez à vivre, sans vous douter de rien ?
- Les Thibault (1936), Roger Martin du Gard, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1980, t. Ⅲ, L'été 1914, chap. ⅩⅤ, p. 138
— Sais-tu seulement qu'il y a, dans le monde, douze millions de travailleurs organisés ? », dit-il d'une voix lente, tandis que son front se couvrait de sueur. « Sais-tu que le mouvement socialiste international a derrière lui quinze ans de combats, d'efforts, de solidarité, de progression ininterrompue ? Qu'il y a, aujourd'hui, d'importants groupes socialistes dans tous les parlements d'Europe ? Que ces douze millions de partisans sont répartis sur plus de vingt pays différents ? Plus de vingt partis socialistes, qui forment, d'un bout à l'autre du monde, une immense chaîne, une seule masse fraternelle ?… Et que leur idée dominante, le nœud du pacte, c'est la haine du militarisme, la résolution acharnée de lutter contre la guerre, quelle qu'elle soit, d'où qu'elle vienne ? — parce que la guerre, c'est toujours une manœuvre capitaliste, dont le peuple…
— Monsieur est servi », dit Léon en ouvrant la porte.
Jacques, interrompu, s'épongea le front et regagna son fauteuil. Puis, dès que le domestique eut disparu, il murmura en guise de conclusion:
— Maintenant, Antoine, peut-être comprends-tu mieux ce que je suis venu faire en France…
- Les Thibault (1936), Roger Martin du Gard, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1980, t. Ⅲ, L'été 1914, chap. ⅩⅤ, p. 156
Sur les grèves ouvrières et manifestations socialistes en Russie
[modifier]« À Pétersboug, lundi, cent quarante mille grévistes… Cent quarante mille… Dans plusieurs quartier, l'état de siège… Téléphones coupés, plus de tramways… Cavalerie de la Garde… On a appelé quatre régiments complets, avec mitrailleuses… Des régiments de cosaques, des détachements de…»
[…]
« Mais la police, les généraux ne peuvent rien… […] Émeutes après émeutes… le gouvernement avait distribué, pour Poincaré, des drapeaux français : les femmes en ont fait des drapeaux rouges. Charges à cheval, fusillades… J'ai vu une bataille dans le quartier Viborg… Terrible… Une autre, gare de Varsovie… Une autre, faubourg de Stagara-Derevnia [Staraïa-Derevnia ?]… Une autre, en pleine nuit, dans les…»
[…]
« Les grévistes n'ont pas d'armes… Des pavés, des bouteilles, des bidons de pétrole… Pour arrêter les charges ils foutent le feu aux maisons… J'ai vu brûler le pont Semsonievsky… Toute la nuit, partout, ça brûle… Des centaines de morts… Des centaines, des centaines d'arrestations… Tout le monde suspect… Nos journaux sont interdits depuis dimanche… Nos rédacteurs, en prison… C'est la révolution… Il était temps : sans révolution, ce serait la guerre… Ton Poincaré, il a fait du mal chez nous, beaucoup de mal…»
- Les Thibault (1936), Roger Martin du Gard, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1980, t. Ⅲ, L'été 1914, chap. ⅩⅩⅦ, p. 267
L'Action française
[modifier]- Les Thibault (1936), Roger Martin du Gard, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1980, t. Ⅲ, L'été 1914, chap. ⅩⅩⅧ, p. 269-270