François d'Assise

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L'extase de Saint François, Le Caravage, 1594

François d'Assise (en italien Francesco d'Assisi), né Giovanni di Pietro Bernardone à Assise (Italie) en 1181 ou 1182 et mort le 3 octobre 1226, est un religieux catholique italien, diacre et fondateur de l'ordre des frères mineurs (OFM, communément appelé Ordre franciscain)

Citations sur François d'Assise[modifier]

Christian Bobin[modifier]

Jusqu'ici, sa gaieté pouvait passer pour le privilège d'une jeunesse dorée, sûre de son avenir parce que maîtresse du monde. Or voici que cette humeur se maintient et s'accroît dans le noir d'une prison, loin des siens. C'est donc que cette joie venait d'ailleurs, de bien plus loin qu'une simple ivresse du monde. Il est dans cette prison comme Jonas dans le ventre de la baleine : plus rien de clair ne lui parvient. Alors il chante. Alors il trouve dans son chant plus qu'une lumière et plus qu'un monde : sa vraie maison, sa vraie nature et son vrai lieu.


En lui, François ne dit plus rien. Il chante toujours. Il chante de plus en plus. La prison de Pérouse, la maladie d'Assise et le rêve de Spolète : trois plaies discrètes par lesquelles s'en va le mauvais sang de l'ambition. Ne reste plus que cette gaieté à présent sans objet. Les amis, les filles, le jeu : il ne trouve plus cela assez joyeux. Il espère à présent une jouissance plus grande que celle d'être jeune et adoré sur terre.


Il va là où le chant ne manque jamais de souffle, là où le monde n'est plus qu'une seule note élémentaire tenue infiniment, une seule corde de lumière vibrant éternellement en tout, partout.


François Cheng[modifier]

J’ai eu le privilège de choisir, à un moment clé de ma vie, mon propre prénom. C’était en 1971, lors de ma naturalisation. À cette occasion, selon la loi française, le naturalisé a le droit d’opter pour un prénom autre que celui qu’il porte depuis sa naissance. S’est imposé à moi, sans que j’aie eu à réfléchir, le prénom François. Celui-ci, certes, a le don de signifier « français », ma nouvelle citoyenneté. Mais la raison la plus déterminante a été que, dix ans auparavant, en 1961, j’avais fait la rencontre du frère universel que tout l’occident connaît, et en qui tout être même venu de loin peut aussi se reconnaître : François d’Assise.


La nuit de lune à Assise demeurait cependant redoutable pour l’exilé venu d’Asie. À la vue de la campagne baignée de clarté lustrale, mon sentiment de solitude se transmuait en nostalgie du pays natal. C’est là que, une fois encore, la présence de François m’apparut secourable. Par-dessus mon épaule, sa voix résonna à mon oreille : « Ne sois pas accablé par la tristesse. Songe que cette lumière née de la nuit est dispensée partout et à nous. Elle ne cloisonne pas, elle élève ; elle ne sépare pas, elle réunit. » Et de m’inviter à voir plus loin que le ciel étoilé, à déceler la Présence des présences, qui nous donne à boire un lait autre que celui versé par la Voie lactée, le lait de compassion et de tendresse.


Sa bonté non plus n’est pas complaisance mièvre ni tolérance béate. Elle est d’une terrible exigence. Pour que la bonté soit réelle, il faut vaincre en soi, comme nous l’avons déjà dit, tout calcul, tout préjugé, toute répugnance, toute peur. Par ailleurs, François connaît le fond de la nature humaine : sa propension à l’égoïsme, à l’orgueil, à l’envie, à la domination dévastatrice, sa capacité à la méchanceté, à la trahison, à la perversion, à la cruauté sans limites. Lui-même a dû lutter sans relâche pour se surmonter. Combien savait-il que celui qui a opté pour la bonté se devait d’affronter le mal.


Nous sommes très nombreux aujourd’hui, et pas seulement en occident, à qualifier François de « grand saint », au risque de l’enfermer dans une image certes glorieuse, mais un temps soit peu convenue. Pour ma part, dès que j’ai appris à le mieux connaître, je l’ai intuitivement appelé « le Grand Vivant ». Je crois que cette appellation dépeint plus justement ce qui constitue sa singularité.


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