Félix Fénéon

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Félix Fénéon.

Félix Fénéon est un critique d'art, journaliste et directeur de revues français, né à Turin (Italie) le 22 juin 1861 et mort à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine, France) le 29 février 1944.

Nouvelles en trois lignes[modifier]

M. Abel Bonnard, de Villeneuve-Saint-Georges, qui jouait au billard, s'est crevé l'œil gauche en tombant sur sa queue.
  • Nouvelles en trois lignes (1948), Félix Fénéon, éd. Mercure de France, 1998, p. 12


Le Dunkerquois Scheid a tiré trois fois sur sa femme. Comme il la manquait toujours, il visa sa belle-mère : le coup porta. (Havas)
  • Nouvelles en trois lignes (1948), Félix Fénéon, éd. Mercure de France, 1998, p. 22


Jugeant sa fille (19 ans) trop peu austère, l'horloger stéphanois Jallat l'a tuée. Il est vrai qu'il lui reste onze autres enfants. (Havas)
  • Nouvelles en trois lignes (1948), Félix Fénéon, éd. Mercure de France, 1998, p. 34


C’est au cochonnet que l’apoplexie a terrassé M. André, 75 ans, de Levallois. Sa boule roulait encore qu’il n’était déjà plus.
  • Nouvelles en trois lignes (1948), Félix Fénéon, éd. Mercure de France, 1998, p. 39


Mme Olympe Fraisse conte que, dans le bois de Bordezac (Gard), un faune fit subir de merveilleux outrages à ses 66 ans.
  • Nouvelles en trois lignes (1948), Félix Fénéon, éd. Mercure de France, 1998, p. 43


Au lieu de 175 000 francs dans la caisse de réserve en dépôt chez le receveur des contributions directes de Sousse, rien.
  • Nouvelles en trois lignes (1948), Félix Fénéon, éd. Mercure de France, 1998, p. 13


Le mendiant septuagénaire Verniot, de Clichy, est mort de faim. Sa paillasse recèlait 2000 francs. Mais il ne faut pas généraliser.
  • Nouvelles en trois lignes (1948), Félix Fénéon, éd. Mercure de France, 1998, p. 41


Madame Fournier, Monsieur Voisin, Monsieur Serteuil se sont pendus. Neurasthénie, cancer, chômage.
  • Nouvelles en trois lignes (1948), Félix Fénéon, éd. Mercure de France, 1998, p. 41


Interrogatoire de Fénéon lors du procès des Trentes[modifier]

— Êtes vous un anarchiste, M. Fénéon ?
— Je suis un Bourguignon né à Turin.
— Vous étiez aussi l'ami intime d'un autre anarchiste étranger, Kampfmeyer?.
— Oh, intime, ces mots sont trop forts. Du reste, Kampfmeyer ne parlant qu'allemand, et moi le français, nos conversations ne pouvaient pas être bien dangereuses. (Rires.)
— À l'instruction, vous avez refusé de donner des renseignements sur Matha et sur Ortiz.
— Je me souciais de ne rien dire qui pût les compromettre. J'agirais de même à votre égard, monsieur le Président, si le cas se présentait.
— Il est établi que vous vous entouriez de Cohen et d'Ortiz.
— Pour entourer quelqu'un, il faut au moins trois personnes. (Explosion de rires.)
— On vous a vu causer avec des anarchistes derrière un réverbère.
— Pouvez-vous me dire, monsieur le Président, où ça se trouve derrière un réverbère ? (Rires forts et prolongés. Le président fait un rappel à l'ordre.)
— On a trouvé dans votre bureau, au ministère de la Guerre, onze détonateurs et un flacon de mercure. D'où venaient-ils ?
— Mon père était mort depuis peu de temps. C'est dans un seau à charbon qu'au moment du déménagement j'ai trouvé ces tubes que je ne savais pas être des détonateurs.
— Interrogée pendant l'instruction, votre mère a déclaré que votre père les avait trouvés dans la rue.
— Cela se peut bien.
— Cela ne se peut pas. On ne trouve pas de détonateurs dans la rue.
— Le juge d'instruction m'a demandé comment il se faisait qu'au lieu de les emporter au ministère, je n'eusse pas jeté ces tubes par la fenêtre. Cela démontre bien qu'on pouvait les trouver sur la voie publique. (Rires.)
— Votre père n'aurait pas gardé ces objets. Il était employé à la Banque de France et l'on ne voit pas ce qu'il pouvait en faire.
— Je ne pense pas en effet qu'il dût s'en servir, pas plus que son fils, qui était employé au ministère de la Guerre.
— Voici un flacon de mercure que l'on a trouvé également dans votre bureau. Le reconnaissez-vous ?
— C'est un flacon semblable, en effet. Je n'y attache pas l'ombre d'une importance.
— Vous savez que le mercure sert à confectionner un dangereux explosif, le fulminate de mercure].
— Il sert également à confectionner des thermomètres, baromètres, et autres instruments. (Rires)

  • Art et anarchie dans le Paris fin de siècle, Joan Halperin, Félix Fénéon, éd. Gallimard, 1991, p. 321-326


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