Émotion

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L' Émotion est une « conduite réactive, réflexe, involontaire vécue simultanément au niveau du corps d'une manière plus ou moins violente et affectivement sur le mode du plaisir ou de la douleur ». (source CNRTL)


Dans la littérature et la philosophie[modifier]

Gabriele D'Annunzio, Le Feu, 1900[modifier]

Ils se turent quelques minutes, absorbés par le tourbillon intérieur qui ébranlait leur être jusqu’aux racines, comme pour les arracher. Des Jardins, les effluves descendaient autour d’eux et nageaient comme des huiles sur l’eau qui, çà et là, portait dans ses plis le lustre du vieux bronze. Il y avait dans l’air comme un reflet épars du faste d’autrefois, et leurs yeux le percevaient de la même façon que, en contemplant les palais noircis par les siècles, ils avaient, dans l’harmonie des marbres durables, retrouvé la note éteinte de l’or.
  • Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 21


Robert Desnos[modifier]

Il la déshabilla lui-même, mettant à détacher chaque vêtement une lenteur sage et fertile en émotion.
  • La liberté ou l'amour ! (1927), Robert Desnos, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1962  (ISBN 978-2-07-027695-0), III. Tout ce qu'on voit est d'or, p. 28


Renée Dunan[modifier]

— L'émotion la plus âpre est-elle sexuelle ou autre ? Est-elle de surprise et de défaite, ou de défense et de triomphe ? Voilà le problème secrètement posé à illustrer.
— Très bien. Nous passerons en revue la sensibilité humaine entière...
— Eh oui ! Rappelons nos vingt ans et...
— J'acquiesce.


Jean-Jacques Rousseau[modifier]

En approchant du bosquet, j'aperçus, non sans une émotion secrète, vos signes d'intelligences, vos sourires mutuels, et le coloris de tes joues prendre un nouvel éclat. En y entrant, je vis avec surprise ta cousine s'approcher de moi, et, d'un air plaisamment suppliant, me demander un baiser.
  • Julie ou La nouvelle Héloïse (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Garnier-Flammarion, coll. « GF Flammarion », 1967  (ISBN 2-08-070148-7), partie I, Lettre XIV à Julie, p. 34


Vincent van Gogh[modifier]

[...] n'oublions pas que les petites émotions sont les grands capitaines de nos vies et qu'à celles-ci nous obéissons sans le savoir.
  • Lettres à son frère Théo, Vincent Van Gogh, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1988, p. 517


Psychologie[modifier]

Henri Wallon[modifier]

Émotion et automatisme sont étroitement associés.
  • L'enfant turbulent, Henri Wallon, éd. PUF, 1984, partie II_ Les syndromes psycho-moteurs, chap. III_ Syndromes d'automatisme émotivo-moteur, p. 258


Se développant sur un autre plan, l'émotion n'en est pas moins, entre l'automatisme et l'action objective, un moment de l'évolution psychique. Elle fait le trait d'union entre le mouvement, qui lui préexiste, et la conscience, qu'elle inaugure. Des incitations actuellement sans issues développent un éréthisme, dont la charges accumulée doit exploser, fût-ce en se transformant.
  • L'enfant turbulent, Dr H. Wallon, éd. PUF, 1984, partie II_ Les syndromes psycho-moteurs, chap. III_ Syndromes d'automatisme émotivo-moteur, p. 258


Utile ou nocive, l'intervention des fonctions neurovégétatives dans les émotions est reconnue de tous. Pour les uns, elles sont ce qui en alimente l'énergie; pour les autres, ce qui risque d'enrayer le développement des automatismes opportuns en s'y mêlant. par les uns et par les autres les émotions sont identifiées avec l'action sur le monde extérieur. Les réactions viscérales et toniques n'y joueraient qu'un rôle subsidiaire ou perturbateur. C'est ce postulat commun que résulte la contradiction.
  • La vie mentale, Dr H. Wallon, éd. Éditions sociales, 1982, partie III, chap. L'émotion, forme spéciale d'activité, p. 206


Les émotions sont une force nouvelle d'activité qui ne saurait être confondue avec les automatismes à objectif extérieur.
  • La vie mentale, Dr H. Wallon, éd. Éditions sociales, 1982, partie III, chap. L'émotion, forme spéciale d'activité, p. 207


Par suite des circonstances ou de leur tempérament, leurs tendances affectives l'emportent d'habitude sur le contrôle intellectuel. Or la vie affective présente certaines particularités essentielles que doit connaître quiconque peut-être en rapport avec eux. Suivant, l'expression proposée par Freud, il y a "ambivalence" dans tout sentiment, c'est-à-dire qu'il est à la fois lui-même et son contraire.
  • La vie mentale, Dr H. Wallon, éd. Éditions sociales, 1982, chap. Les sentiments et leur ambivalence, p. 320


Par exemple, l'amour ne peut pas se développer sans développer simultanément des germes de haine, qui opèrent en sourdine ou se manifestent par épisode et qui peuvent même servir de stimulant à l'amour. Le besoin de faire souffrir, souvent avec raffinement, est un trait inévitable de l'amour, de même que des sentiments intermittents de vive hostilité et d'intolérance. Il n'est pas exceptionnel que le sentiment induit finisse par prendre la place du sentiment initiale; la haine la place de l'amour ou inversement.
  • La vie mentale, Dr H. Wallon, éd. Éditions sociales, 1982, chap. Les sentiments et leur ambivalence, p. 320


Le meilleur moyen de réprimer une émotion, c'est de s'en représenter avec précision les motifs ou l'objet, de s'en donner le spectacle, ou seulement de se livrer à une méditation quelconque. L'émoi de la peur ou de la colère tombe quand le sujet s'efforce d'en définir les causes. Une souffrance physique que nous prenons à tâche de traduire en image perd quelque chose de son aiguillon organique. La souffrance morale que nous arrivons à nous raconter cesse d'être lancinante et intolérante. Faire de sa douleur un poème ou un roman était pour Goethe un moyen de s'y soustraire.
  • La vie mentale, Dr H. Wallon, éd. Éditions sociales, 1982, p. 221


Toutes les émotions : plaisir, joie, colère, angoisse, peur, timidité, peuvent-être ramenées à la manière dont le tonus se forme, se consomme ou se conserve.
  • La vie mentale, Dr H. Wallon, éd. Éditions sociales, 1982, p. 209