Lecteur

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La LiseuseJean-Honoré Fragonard (XVIIIe siècle)

Un Lecteur est une personne qui lit à haute voix devant d’autres personnes ou seul un ouvrage.

Citations[modifier]

Nicolas Bouvier, Œuvres[modifier]

Les écrivains ne vivent pas des choses exceptionnelles. Simplement, ils font ce travail de recherche, de greffier, par lequel ils parviennent à convaincre le lecteur qu'il est beaucoup plus riche intérieurement et beaucoup plus intelligent qu'il ne le pensait. Ils lui font découvrir des territoires qu'il a en lui, mais qu'il a laissés en friche
  • L’auteur, lors d’un entretien
  • Œuvres, Nicolas Bouvier, éd. Gallimard, 2004  (ISBN 9 782070 770946), partie Routes et déroutes, p. 1301


Charles Dantzig, Dictionnaire égoïste de la littérature, 2005[modifier]

Il n’y a pas cinquante kilomètres carrés de notre pays qui n’aient vu naître un écrivain. C’est trop. Il ne reste plus de place pour les lecteurs.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 315


De même que des salauds peuvent aussi avoir du talent, de grands lecteurs sont des monstres. La littérature ne peut rien contre la perversité.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 478


Chacun a son écrivain protégé, maigrelette plante verte à laquelle la bourrasque des temps n'a laissé qu'une feuille et qu'il entretient avec affection, le couvrant de son petit engrais d'amour.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 631


Anne F. Garréta, La Décomposition, 1999[modifier]

La voici qui enfin s'approche, palpe, gourmande, le parallélépipède dont le succès public dûment claironné lui garantit des jouissances paisibles et des pâmoisons prudentes
  • La Décomposition, Anne F. Garréta, éd. Grasset (Le Livre de Poche), 1999, p. 220


Cécile Guilbert, Les ruses du professeur Nabokov, 2010[modifier]

[...] à l'opposé du philistin, à toutes les époques et dans tous les milieux, se dresse l'individu particulier, singulier, solitaire, spirituellement différent. Forcément rare et minoritaire, c'est l'artiste, mais aussi l'opposant politique, le dissident, le scissionniste, le résistant. C'est lexicalement parlant le libertin [En « fauconnerie, se dit de l'oiseau de proie qui s'écarte et ne revient pas » (Littré)], mais aussi l'excentrique, le décalé. Nul n'a été plus sensible que Nabokov à la fragilité de cette différence, de cette discordance toujours menacée, étouffée ou combattue. Pas seulement par la dictature mais par le ressentiment démocratique. Pas seulement par la censure mais par l'indifférence, l'insensibilité, voire la cruauté. « Quiconque dont l'esprit est assez fier pour ne pas se développer suivant un schéma invariable, dit-il, a en secret une bombe derrière la tête. » Mais aussi : « Plus l'individu est brillant, plus il est près du bûcher. Etranger rime toujours avec danger. »
Ce « brillant étranger » (suivez son regard) est bien sûr au premier chef le grand écrivain, mais aussi l'excellent lecteur communiquant avec lui dans la jouissance de l'art.

  • Cécile Guilbert préfaçant la réédition de 2010 des cours de littérature européenne de Vladimir Nabokov, professés entre 1941 et 1958 dans plusieurs universités américaines et réunis sous le titre Littératures.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXII


Attention, lenteur et patience sont nécessaires. « Un livre est une malle bourrée de quantité de choses, dit-il. A la douane, le préposé y fourrage négligemment pour la forme, mais le chercheur de trésors examine le moindre fils. » Ce n'est que par une longue fréquentation des œuvres qu'on peut espérer en découvrir les secrets à travers les lieux, les personnes et les objets. « Assez curieusement, on ne peut pas lire un livre, assène Nabokov, on ne peut que le relire. Un bon lecteur, un lecteur actif et créateur est un re-lecteur. »
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXX


Franz Kafka[modifier]

Nous avons besoin de livres qui agissent sur nous comme un malheur dont nous souffririons beaucoup, comme la mort de quelqu'un que nous aimerions plus que nous-mêmes, comme si nous étions proscrits,

condamnés à vivre dans des forêts loin de tous les hommes, comme un suicide - un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous.


Thierry Lenain, Pouce !, 1994[modifier]

Un livre renferme, une fois lu, trois histoires : l’histoire de l’auteur, celle du prescripteur, et celle du lecteur. Ces trois histoires peuvent se ressembler, jamais se confondre.
  • « Pouce ! », Thierry Lenain, Citrouille, nº 6, mai 1994, p. 39


Alberto Manguel, Pinocchio & Robinson — Pour une éthique de la lecture, 2005[modifier]

Le lecteur idéal ne reconstruit pas une histoire ; il la recrée. Le lecteur idéal ne suit pas une histoire : il y participe.


Montaigne, Les Essais, 1572-1592[modifier]

Lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre.


Vladimir Nabokov, Littératures, 1941-1958[modifier]

Le grand artiste gravit une pente vierge et, arrivé au sommet, au détour d'une corniche battue par les vents, qui croyez-vous qu'il rencontre ? Le lecteur haletant et heureux. Tous deux tombent spontanément dans les bras l'un de l'autre et demeurent unis à jamais si le livre vit à jamais.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, Bons lecteurs et bons écrivains, p. 36


Marc-Alain Ouaknin, Bibliothérapie — Lire c'est guérir, 1994[modifier]

Deux lecteurs pour le même texte produisent un « lire aux éclats » thérapeutique qui permet de faire jouer les idées et les mots.


Daniel Pennac, Comme un roman, 1992[modifier]

Les droits imprescriptibles du lecteur :
1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n’importe quoi.
6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n’importe où.
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire.


Carlos Ruiz Zafón, L'ombre du vent, 2004[modifier]

[...] rien ne marque autant un lecteur que le premier livre qui s'ouvre vraiment un chemin jusqu'à son cœur.
  • L'ombre du vent, Carlos Ruiz Zafón (trad. François Maspero), éd. Grasset, 2004, p. 14


George Sand[modifier]

Écoutez ; ma vie, c'est la vôtre ; car vous qui me lisez, vous n'êtes point lancés dans le fracas des intérêts de ce monde, autrement vous me repousseriez avec ennui. Vous êtes des rêveurs comme moi. Dès lors tout ce qui m'arrête en mon chemin vous a arrêtés aussi. Vous avez cherché, comme moi, à vous rendre raison de votre existence, et vous avez posé quelques conclusions. Comparez les miennes aux vôtres. Pesez et prononcez. La vérité ne sort que de l'examen.
  • Œuvres autobiographiques, George Sand, éd. La Pléiade, Gallimard, 1970, t. I, p. 27-28


Voir aussi[modifier]