Adolescence

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L'adolescence est une phase de la vie humaine de transition entre l’enfance et l’âge adulte. La poussée hormonale de l'adolescence provoque une déstabilisation de l'équilibre de l'enfance qui a des conséquences sur tout le champ de la personnalité. Cette phase est marquée par des changements physiques (puberté puis fin de la croissance), affectifs (modification de la vie relationnelle), intellectuels (compréhension de la vie et de sa vie) et psychiques (recherche identitaire, acquisition progressive de l'autonomie).

Gustave Flaubert, Madame Bovary (1857)[modifier]

Dans l'adolescence, on aime les autres femmes parce qu'elles ressemblent plus ou moins à la première ; plus tard on les aime parce qu'elles diffèrent entre elles.
  • « Notes de voyages », dans Œuvres complètes, Gustave Flaubert, éd. L. Conard, 1910, t. 2, vol. 5, Notes diverses. Notes générales. — Lectures etc., p. 361


Stephen King[modifier]

Mais avec le lycée commençait le moment des choix irrévocables. Les portes se fermaient alors avec un petit déclic qu'on ne percevait distinctement que bien des années plus tard, lors de rêves amers.
  • Cujo, Stephen King (trad. Natalie Zimmermann), éd. J'Ai Lu, 1995  (ISBN 2-277-21590-2), p. 147


. Et peut-être, est-ce là ce qui fait le plus peur. Cette façon de ne pas arrêter d'un seul coup d'être un enfant, avec un gros boum ! comme un de ces ballons de clown qui explosent pour les besoins d'un gag. L'enfant qui est en soi fuit comme crève un pneu sans chambre : lentement.
  • Ça, Stephen King (trad. William Olivier Desmond), éd. Albin Michel, 1990  (ISBN 2-226-03454-4), t. 2, p. 79-80


Romain Rolland, Jean-Christophe (1904-1912)[modifier]

Par toute son éducation, et par tout ce qu'il voit et entend autour de lui, l'enfant absorbe une telle somme de mensonges et de sottises, mélangés aux vérités essentielles de la vie que le premier devoir de l'adolescent qui veut être un homme sain est de tout dégorger.
  • Jean-Christophe, Romain Rolland, éd. P. Ollendorff, 1906, vol. 4 (« La Révolte »), partie 1 (« Sables mouvants »), p. 35


Marcel Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs (1919)[modifier]

La caractéristique de l'âge ridicule que je traversais — âge nullement ingrat, très fécond — est qu'on n'y consulte pas l'intelligence et que les moindres attributs des êtres semblent faire partie indivisible de leur personnalité. Tout entouré de monstres et de dieux, on ne connaît guère le calme. Il n'y a presque pas un des gestes qu'on a faits alors qu'on ne voudrait plus tard pouvoir abolir. Mais ce qu'on devrait regretter au contraire c'est de ne plus posséder la spontanéité qui nous les faisait accomplir. Plus tard on voit les choses d'une façon plus pratique, en pleine conformité avec le reste de la société, mais l'adolescence est le seul temps où l'on ait appris quelque chose.
  • À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Marcel Proust, éd. NRF, 1920, t. 2, p. 30-31


François Mauriac, Le Désert de l'amour (1924)[modifier]

[…] la défaite d'un adolescent vient de ce qu'il se laisse persuader de sa misère.


Octavio Paz, Liberté sur parole (1958)[modifier]

Adolescence féroce : l'homme qui veut être et qui ne tient déjà plus dans ce corps étroit, étrangle l'enfant que nous sommes. (Après des années, qui je vais être et jamais ne serai, dévaste mon être, le chasse, dilapide les richesses, commerce avec la mort.)
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ? — Le figuier, p. 94


Michel Tournier, Le Roi des aulnes (1970)[modifier]

Abel Tiffauges :
L'enfant de douze ans a atteint un point d'équilibre et d'épanouissement insurpassable qui fait de lui le chef-d'œuvre de la création. Il est heureux, sûr de lui, confiant dans l'univers qui l'entoure et qui lui paraît parfaitement ordonné. Il est si beau de visage et de corps que toute beauté humaine n'est que le reflet plus ou moins lointain de cet âge. Et puis, c'est la catastrophe. Toutes les hideurs de la virilité – cette crasse velue, cette teinte cadavérique des chairs adultes, ces joues râpeuses, ce sexe d'âne démesuré, informe et puant – fondent ensemble sur le petit prince jeté à bas de son trône. Le voilà devenu un chien maigre, voûté et boutonneux, l'œil fuyant, buvant avec avidité les ordures du cinéma et du music-hall, bref un adolescent.
Le sens de l'évolution est clair. Le temps de la fleur est passé. Il faut devenir fruit, il faut devenir graine. Le piège matrimonial referme bientôt ses mâchoires sur le niais. Et le voilà attelé avec les autres au lourd charroi de la propagation de l'espèce, contraint d'apporter sa contribution à la grande diarrhée démographique dont l'humanité est en train de crever. Tristesse, indignation. Mais à quoi bon ? N'est-ce pas sur ce fumier que naîtront bientôt d'autres fleurs ?


Jean-Michel Michelena, C'est une grave erreur que d'avoir des ancêtres forbans (1975)[modifier]

L'adolescence est une emphase : elle est sensible à la bassesse — plus encore qu'à l'erreur.
  • C'est une grave erreur que d'avoir des ancêtres forbans, Jean-Michel Michelena, éd. Architypographies, 1975, p. 7


François Barcelo, La Tribu (1981)[modifier]

Dès qu'on quitte l'adolescence, on est censé devenir raisonnable et devenant raisonnable on admet que l'amour doit avoir des limites. Et on cesse ainsi d'aimer complètement.
  • La Tribu, François Barcelo, éd. Libre Expression, 1981  (ISBN 2-89111-088-9), p. 221


Robertson Davies, Le Manticore, 1989[modifier]

Caroline avait douze ans. Elle était à cet âge, entre enfance et nubilité, où les filles semblent avoir la sagesse qui ne repose sur aucune expérience et une certaine lucidité qu'elles ne retrouveront qu'après la ménopause.
  • Le Manticore, Robertson Davies (trad. Lisa Rosenbaum), éd. Payot, 1989, p. 142


Salvador Dalí, La vie secrète de Salvador Dalí, 1952[modifier]

L’adolescence est l’apparition des premiers poils.
  • La vie secrète de Salvador Dalí, Salvador Dalí, éd. La Table Ronde, 1952, p. 91


Psychologie[modifier]

Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli[modifier]

Perversions narcissiques

On désigne par [le terme de perversion transitoire] des pratiques perverses qui apparaissent pendant des périodes comme l'adolescence, lors de réorganisations ou de moments pathologiques : après des phases délirantes ou dissociatives, des moments d'errances et de passages, voire d'une thérapie... A l'adolescence, par exemple, la pulsion sexuelle, qui s'accompagne d'une quête objectale, représente un réel enjeu anti-narcissique : après la puberté, l'érotisme passe en effet de l'auto-érotisme à l'amour d'objet (sexuel), ce qui oblige l'adolescent à certaines « négociations » avec son narcissisme. De ce fait, la « perversion transitoire » peut représenter une régression à partir de points de fixation permettant de retrouver une omnipotence (déni de castration) (Ladame, 1992). [...] dans une autre logique, il est envisageable que la relation amoureuse puisse momentanément engager un fonctionnement pervers défensif contre le risque d'aliénation produit par le désir et l'investissement affectif de l'autre.
  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie IV. Perversions narcissiques, chap. 1. Pourquoi l'extension du terme ?, 1.1 Perversion « transitoire », p. 101


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