Vie

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L'Arbre de VieRaphaël Toussaint (2009).

La vie est une activité spontanée propre aux êtres organisés, qui se manifeste par les fonctions de nutrition et de reproduction, auxquelles s’ajoutent chez certains êtres les fonctions de relation, et chez l’homme la raison et le libre arbitre. Par extension elle désigne toutes activités vivantes de l’homme. La vie s'est développée sur la planète Terre. La vie née ailleurs que sur Terre est la vie extraterrestre.

Cinéma[modifier]

Robert Zemeckis, Forrest Gump, 1994[modifier]

Forrest Gump : Maman disait toujours : La vie c'est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber.
  • (en) Forrest Gump: Mama always said life was like a box of chocolates, you never know what you're gonna get.
  • Tom Hanks, Forrest Gump (1994), écrit par Robert Zemeckis


Ecrits[modifier]

François Cheng[modifier]

Chers amis, au cours de mes précédentes méditations, nous avons pu voir que la vie a imposé la mort corporelle comme une de ses propres lois, cela afin que la vie soit vie, qu'elle soit en devenir. La mort n'étant que la cessation d'un certain état de la vie, elle n'existerait pas si n'existait la vie. La mort corporelle, inéluctable, révèle paradoxalement la vie comme le principe absolu. Il n'y a qu'une seule aventure, celle de la vie. Cette aventure, rien ne peut plus faire qu'elle ne soit advenue dans l'univers et qu'elle ne se poursuive.


Rappelons-nous la phrase de Jankélévitch : « Si la vie est éphémère, le fait d’avoir vécu une vie éphémère est un fait éternel. »


Jean Clair[modifier]

Par la pauvre action, obstinément poursuivie, de quelques dessins, de quelques vers remémorés, ou de quelques cours, la vie nue, la vie biologique, l’existence commune aux être vivants, la vie-sans-la-personne à laquelle le camp les avait réduits, susceptible donc d’être ôtée à tout moment comme elle le fut dans le monde concentrationnaire, n’a pas réussi à prévaloir sur l’habitus de la vie dans sa dimension de rapport à autrui, la vie en société, la vie comme façon réfléchie de vivre et de se comporter, dans la vie et dans la mort, avec ses semblables. Pour reprendre la distinction introduite par Aristote, la zoé n’a pas prévalu sur le bios, pas plus que le Cronos n’a triomphé de Mnémosyne.


Pierre Desproges[modifier]

Moralement, de très nombreuses personnes parviennent cependant à supporter assez bien la vie en s'agitant pour oublier, c'est ainsi que certains sont champions de course à pied, président de la République, alcooliques ou chœurs de l'armée rouge. Autant d'occupations qui ne débouchent évidemment sur rien d'autre que sur la mort, mais qui peuvent apporter chez le malade une euphorie passagère, ou même permanente, chez les imbéciles notamment.
  • Vivons heureux en attendant la mort, Pierre Desproges, éd. Seuil, 1983  (ISBN 2020320428), chap. prélude, p. 14


François Mitterrand[modifier]

. On veut que sa vie soit belle, et réussie. Et la vie c'est comme un chemin qu'on a devant soi. On imagine, à vingt ans, que si cette route a 100 kilomètres de long, comme le parcours va être beau. Et puis, à la veille de mourir, on se rend compte qu'on a fait 150 mètres. Mais, il vaut mieux les avoir fait, que de s'être arrêté au bas du fossé.
  • François Mitterrand et Jean-Pierre Elkabbach, François Mitterrand : Conversations avec un président - Partie IV « En général les inquisiteurs sont des lâches… », Marie-Ève Chamard, Philippe Kieffer, France 2, 3 mai 2003


Vladimir Nabokov[modifier]

Je me souviens d'un dessin où l'on voyait un ramoneur, qui tombait du toit d'un haut immeuble, remarquer en passant une faute d'orthographe sur une enseigne et se demander, tout en poursuivant sa chute, pourquoi personne n'avait pensé à la corriger. En un sens, nous faisons tous le même plongeon mortel, du haut de l'étage supérieur de notre naissance jusqu'aux dalles plates du cimetière, et en compagnie d'une immortelle Alice au pays des merveilles, nous nous étonnons de ce que nous voyons défiler sur les murs.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, L'Art de la littérature et le bon sens, p. 486


George Sand[modifier]

La vie est une longue blessure qui s’endort rarement et ne se guérit jamais.
  • 23 février 1845 George Sand à Bocage
  • Correspondance, George Sand, éd. Classiques Garnier, 1964, t. VI, p. 807


Jean-Pierre Claris de Florian[modifier]

Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte,
Sans songer seulement à demander sa route,
Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi,
Faire un tiers du chemin jusqu'à près de midi ;
Voir sur sa tête alors amasser les nuages,
Dans un sable mouvant précipiter ses pas,
Courir, en essuyant orages sur orages,
Vers un but incertain où l'on n'arrive pas ;
Détrompé vers le soir, chercher une retraite;
Arriver haletant, se coucher, s'endormir ;
On appelle cela naître, vivre et mourir.
La volonté de Dieu soit Faite !

  • « Le Voyage », dans Œuvres, Florian, éd. Firmin-Didot, 1865, p. 121


Romain Gary[modifier]

Les gens tiennent à la vie plus qu'à n'importe quoi, c'est même marrant quand on pense à toutes les belles choses qu'il y a dans le monde.
  • La Vie devant soi (1975), Romain Gary (Émile Ajar), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1982  (ISBN 2070373622), p. 57


Renée Vivien[modifier]

Devant l’effroi de l’Immensité Mystérieuse, il ne survivait plus en moi que l’instinct du rut, aussi puissant chez quelques-uns que l’instinct de la conservation. C’était la Vie, la laideur et la grossièreté de la Vie, qui bramaient en moi une protestation féroce contre l’Anéantissement…
  • La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, La Dame à la louve, p. 18


Victor Hugo[modifier]

Nais, grandis, rêve, souffre, aime, vis, vieillis, tombe.
  • Les Contemplations, Victor Hugo, éd. Hachette, 1858, t. 1, p. 285


Etienne Pavillon[modifier]

La vie est peu de chose, et sa fin n'est terrible
Qu'à ceux qui n'ont jamais osé la méditer ;
Rien ne doit être moins sensible
Que la perte d'un bien qu'on ne peut regretter.

  • Œuvres, Etienne Pavillon, éd. Henri du Sauzée, 1720, p. 186


Henri de Régnier[modifier]

Et je l’ai entendue ainsi pleurer ou rire,
Lasse ou sonore,
Triste ou ravie,
Et j’ai fermé les yeux pour écouter la Vie.

  • « Odelette VIII », dans Les jeux rustiques et divins, Henri de Régnier, éd. Mercure de France, 1897, p. 250


René Char[modifier]

Ma convoitise est infinie. Rien ne m'obsède que la vie.
  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie LE POEME PULVERISE (1945-1947), Le Météore du 13 août, p. 203


Eugène Guillevic[modifier]

Qu'elle soit longue, au moins,
Cette vie qu'il faut vivre.

Car difficile
Est la leçon.


Marcel Bénabou[modifier]

A quoi tu penses ?
Je pense que « se réveiller la nuit et habituer ses yeux à la pénombre » pourrait être une définition de la vie.

  • « A quoi tu penses ? », Hervé Le Tellier, dans Anthologie de l'OuLiPo, Marcel Bénabou et Paul Fournel (dir.), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 2009, p. 357


Robert Desnos[modifier]

Faiseurs d’épitaphes, marbriers, orateurs funèbres, marchands de couronnes, toute votre engeance funéraire est impuissante à briser le vol souverain de ma vie projetée, sans raison et sans but, plus loin que les fins de mondes, les Josaphat’s Kermesses et les biographies.


Christian Bobin, La lenteur qui fleurit, 2011[modifier]

Vivre, c’est une poussière d’or au bout des doigts, une chanson bleue aux lèvres d’une nourrice, le livre du clavier tempéré de Bach qui s’ouvre à l’envers et toutes les notes qui roulent comme des billes dans la chambre. Vivre, c’est aller faire ses courses et croiser un ange qui ne sait pas son nom, ouvrir un livre et se trouver soudain dans une forêt au pied de vitraux vert émeraude, regarder par la fenêtre et voir passer les disparus, les trop sensibles. Vivre est un trapèze. Les dogmes et les savoirs sont des filets qui amortissent la chute. La grâce est plus grande sans eux.


Hippolyte Taine, Voyage en Italie, 1866[modifier]

Le seul moyen efficace de supporter la vie, c'est d'oublier la vie.


Jean-Jacques Rousseau, Julie ou La nouvelle Héloïse, 1761[modifier]

[...] pourquoi serait-il permis de se guérir de la goutte et non de la vie ? L'une et l'autre ne nous viennent-elles pas de la même main ? S'il est pénible de mourir, qu'est-ce à dire ? Les drogues font-elles plaisir à prendre ?
  • Julie ou La nouvelle Héloïse (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Garnier-Flammarion, coll. « GF Flammarion », 1967  (ISBN 2-08-070148-7), partie III, Lettre XXI à Milord Edouard, p. 283


Guy de Maupassant, Une vie, 1883[modifier]

La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on le croit.
  • Ultime phrase du roman inspirée par Flaubert dans une lettre adressée à Maupassant en 1878 : « Les choses ne sont jamais ni aussi mauvaises ni aussi bonnes qu’on croit ».


Renée Dunan, La Culotte en jersey de soi, 1923[modifier]

Des mâles encore fussent présents si le destin n'avait pas, en quelque coin perdu de la planète, aboli traîtreusement la vie en eux.


La flamme des alcools passa dans les corps, incendia les prunelles, porta au centre des vies frémissantes son ardeur et ses énergies.


Julien Green, Léviathan, 1929[modifier]

Rien n'est plus délicieux que ces premières journées d'automne où l'air agité de puissants remous semble une mer invisible dont les vagues se brisent dans les arbres, tandis que le soleil, dominant cette fureur et ce tumulte, accorde à la moindre fleur l'ombre qu'elle fera tourner à son pied jusqu'au soir. De ce calme et de cette frénésie résulte une impression où la force se mêle à une douceur que le langage humain ne peut rendre. C'est un repos sans langueur, une excitation que ne suit aucune lassitude ; le sang coule plus joyeux et plus libre, le cœur se passionne pour cette vie qui le fait battre. A ceux qui ne connaissent pas le bonheur, la nature dans ces moments généreux leur en apporte avec les odeurs des bois et les cris des oiseaux, avec les chants du feuillage et toutes ces choses où palpite l'enfance.


Marguerite Yourcenar, Alexis ou le Traité du Vain Combat, 1929[modifier]

La vie est quelque chose de plus que la poésie ; elle est quelque chose de plus que la physiologie, et même que la morale, à laquelle j'ai cru si longtemps. Elle est tout cela et bien davantage encore : elle est la vie. Elle est notre seul bien et notre seule malédiction. Nous vivons, Monique ; chacun de nous a sa vie particulière, unique, déterminée par tout le passé, sur lequel nous ne pouvons rien, et déterminant à son tour, si peu que ce soit, tout l'avenir. Sa vie. Sa vie qui n'est qu'à lui-même, qui ne sera pas deux fois, et qu'il n'est pas toujours sûr de comprendre tout à fait. Et ce que je dis là de la vie tout entière, je pourrais le dire de chaque moment d'une vie. Les autres voient notre présence, nos gestes, la façon dont les mots se forment sur nos lèvres ; seuls, nous voyons notre vie. Cela est étrange : nous la voyons, nous nous étonnons qu'elle soit ainsi, et nous ne pouvons la changer. Même lorsque nous la jugeons, nous lui appartenons encore ; notre approbation ou notre blâme en fait partie ; c'est toujours elle qui se reflète elle-même. Car il n'y a rien d'autre ; le monde, pour chacun de nous, n'existe que dans la mesure où il confine à notre vie.


Je pleurai à l'idée que la vie fût si simple, et serait si facile si nous étions nous-mêmes assez simples pour l'accepter.


Nous croyons à tort que la vie nous transforme : elle nous use et ce qu'elle use en nous, ce sont les choses apprises.


William Faulkner, Tandis que j'agonise, 1930[modifier]

Je me rappelais que mon père avait coutume de dire que le but de la vie c'est de se préparer à rester mort très longtemps.
  • Tandis que j'agonise (1930), William Faulkner (trad. Maurice-Edgar Coindreau), éd. Gallimard, coll. « Du monde entier », 1966, p. 183


André Breton, L'Amour fou, 1937[modifier]

Nul plus haut enseignement artistique ne me paraît pouvoir être reçu que du cristal. L'œuvre d'art, au même titre d'ailleurs que tel fragment de la vie humaine considérée dans sa signification la plus grave, me paraît dénuée de valeur si elle ne présente pas la dureté, la rigidité, la régularité, le lustre sur toutes ses faces extérieures, intérieures, du cristal.


La vie est lente et l'homme ne sait guère la jouer. Les possibilités d'atteindre l'être susceptible de l'aider à la jouer, de lui donner tout son sens, se perdent dans la carte des astres. Qui m'accompagne, qui me précède cette nuit encore une fois ? Demain reste fait de déterminations bon gré mal gré acceptées sans tenir compte de ces boucles charmantes, de ces chevilles pareilles à des boucles. Il serait temps encore de reculer.


Tandis que, comme en rêve, on étale toujours devant nous d'autres parterres, vous vous penchez longuement sur ces fleurs enveloppées d'ombre comme si c'était moins pour les respirer que pour leur ravir leur secret et un tel geste, à lui seul, est la plus émouvante réponse que vous puissiez faire à cette question que je ne vous pose pas. Cette profusion de richesses à nos pieds ne peut manquer de s'interpréter comme un luxe d'avances que me fait à travers elle, plus encore nécessairement à travers vous, la vie. Et d'ailleurs, vous si blonde, physiquement si attirante au crépuscule du matin, c'est trop peu dire qu'ajouter que vous ne faites qu'un avec cet épanouissement même.


Que le don absolu d'un être à un autre, qui ne peut exister sans sa réciprocité, soit aux yeux de tous la seule passerelle naturelle et surnaturelle jetée sur la vie.


L'amour réciproque, tel que je l'envisage, est un dispositif de miroirs qui me renvoient, sous les mille angles que peut prendre pour moi l'inconnu, l'image fidèle de celle que j'aime, toujours plus surprenante de divination de mon propre désir et plus dorée de vie.


C'est par-dessus les têtes, puis entre elles, une pluie de flèches empoisonnées, si serrées que bientôt à ne plus se voir. L'égoïsme odieux s'emmure en toute hâte dans une tour sans fenêtres. L'attraction est rompue, la beauté même du visage aimé se dérobe, un vent de cendres emporte tout, la poursuite de la vie est compromise. Est-il besoin de dire que ces instants sont comptés, qu'ils sont à la merci d'un signe d'intelligence du cœur – un mouvement involontaire de détente, un geste familier – pour prendre fin sans laisser la moindre trace. Vénus, parce qu'elle a voulu intervenir dans la guerre des hommes, est blessée à la main, c'est-à-dire paralysée momentanément dans son action même. Au-delà elle redevient elle-même et revêt sa ceinture magique.


Virginia Woolf, Les Vagues, 1952[modifier]

Par secousses intermittentes, brusques comme les bonds d'un tigre, la vie émerge faisant palpiter sa crête sombre sur la mer. Voilà à quoi nous sommes attachés ; voilà à quoi nous sommes liés, tels des corps humains à des chevaux sauvages. Et pourtant nous avons inventé des procédés pour colmater les crevasses et masquer ces fissures.


Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964[modifier]

Plus absurde est la vie, moins supportable la mort.


Albert Caraco, Post Mortem, 1968[modifier]

Les êtres nobles aiment rarement la vie, ils lui préfèrent les raisons de vivre, et ceux qui se contentent de la vie sont toujours des ignobles. La vie qu'a-t-elle de si désirable, lorsqu'elle n'est sublime ?


Les êtres nobles aiment rarement la vie, ils lui préfèrent les raisons de vivre, et ceux qui se contentent de la vie sont toujours des ignobles.


Robert Lalonde, Le diable en personne, 1989[modifier]

La vie est un conte de fées qui perd ses pouvoirs magiques lorsque nous grandissons.


Amélie Nothomb, Le Sabotage amoureux, 1993[modifier]

Grâce à l'ennemi, ce sinistre accident qu'est la vie devient une épopée.


Tonino Benacquista, Le serrurier volant, 2006[modifier]

Jour après jour, il sculptait sa vie avec la patience de l'artisan qui sait que dans les objets les plus simples on trouve aussi de la belle ouvrage.
  • Le serrurier volant, Tonino Benacquista, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2009, p. 10


Qui avait décrété qu'il fallait choisir entre l'exaltation et la mort lente ? Qui s'était à ce point pris pour Dieu en affirmant que Dieu vomissait les tièdes ?
  • Le serrurier volant, Tonino Benacquista, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2009, p. 10


Benoîte Groult, La Touche étoile, 2006[modifier]

Quand on s'éloigne d'une côte en bateau, on la découvre soudain différemment. Les criques, les caps, les plages forment peu à peu un ensemble qui n'est pas la somme de ses composantes. L'âge aussi est une manière de s'éloigner : on commence à percevoir sa vie comme un tout, qui n'est pas forcément la juxtaposition des événements qui l'ont constituée.


Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit, 2008[modifier]

Ce n’était pas une vie ; on existait, et c’est tout.
Le fait de se réveiller le matin relevait du miracle, et la nuit, lorsqu’on s’apprêtait à dormir, on se demandait s’il n’était pas raisonnable de fermer les yeux pour de bon, convaincus d’avoir fait le tour des choses et qu’elles ne valaient pas la peine que l’on s’attardât dessus. Les jours se ressemblaient désespérément ; ils n’apportaient jamais rien, ne faisaient, en partant, que nous déposséder de nos rares illusions qui pendouillaient au bout de notre nez, semblables aux carottes qui font avancer les baudets.
En ces années 1930, la misère et les épidémies décimaient les familles et le cheptel avec une incroyable perversité, contraignant les rescapés à l’exode, sinon à la clochardisation. Nos rares parents ne donnaient plus signe de vie. Quant aux loques qui se silhouettaient au loin, nous étions certains qu’elles ne faisaient que passer en coup de vent, le sentier qui traînait ses ornières jusqu’à notre gourbi était en passe de s’effacer.
Mon père n’en avait cure.
  • Ce que le jour doit à la nuit, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2008, p. 12


Anne F. Garréta, Eros mélancolique, 2009[modifier]

Toute vie est de nature essentiellement digressive. La continuité y est l’exception, la discontinuité la règle : dormir, se nourrir, faire les mouvements de la marche, s’habiller, se laver, rien de tout cela n’a de lien sauf arbitraire avec rien d’autre, rien n’est compatible avec l’unité d’un accomplissement. Et la pensée, quelles que soient les illusions qu’on peut nourrir parfois à son sujet, est d’une discontinuité intrinsèque multipliée de celle des actes du corps, qui presque toujours se produisent sans intervention.
  • Eros mélancolique, Anne F. Garréta et J. Roubaud, éd. Grasset, 2008, p. 52


Alexandre Najjar, Kadicha, 2011[modifier]

Le but de la vie est de nous rapprocher de ses secrets, et la folie en est le seul moyen ! [...]
  • Kadicha, Alexandre Najjar, éd. Plon, 2011, p. 213


Claude Luezior, Impatiences, 1995[modifier]

Et puis, il y a les gens de la rue. Ceux de tous les jours, ceux que vous croisez sans cesse. Ils ont la tristesse ou le soleil dans la tête. Ils ont le crâne rempli d'illusions et d'orages, la tête ficelée ou écorchée de mille diables. Ils ont l'outre de la vie en bandoulière, l'âpreté de la soif et la richesse de l'eau délivrée. Ils nous donnent ces images profondes, ces images nourries de tendresse et d'humanité.
  • Impatiences, Claude Luezior, éd. Buchet/Chastel, 1995, p. 109


Michel Déon, Un taxi mauve, 1973[modifier]

J'entends encore Jerry dire :
– Ah c'est bon de vivre !
A quoi elle ajouta :
– De vivre non ! de revivre oui.
Et Taubelman dans une minute d'exaltation cria presque :
– Ce n'est pas assez de vivre, ni même de revivre. Il faut vivre trois fois. Moi j'ai déjà vécu deux fois. Je vais vivre une troisième fois !


Théâtre[modifier]

William Shakespeare, The Tragedy of Macbeth, 1606[modifier]

Macbeth : La vie n'est qu'une ombre qui passe, un pauvre acteur
Qui s'agite et parade une heure, sur la scène,
Puis on ne l'entend plus. C'est un récit
Plein de bruit, de fureur, qu'un idiot raconte
Et qui n'a pas de sens.
  • (en) Life's but a walking shadow, a poor player
    That struts and frets his hour upon the stage,
    And then is heard no more. It is a tale
    Told by an idiot, full of sound and fury,
    Signifying nothing.
  • (en) The Oxford Shakespeare, The Complete works, William Shakespeare, éd. Oxford, 1998, acte V, scène 5, p. 998 (texte intégral sur Wikisource)


Jean Giraudoux, Amphitryon 38, 1929[modifier]

Alcmène à Amphitryon : [...] Moi qui mange avec moins de plaisir si tu te sers d'une cuiller quand j'ai une fourchette, lorsque tu respireras par des branchies et moi par des feuilles, lorsque tu parleras par un coassement et moi par des roulades, ô chéri, quel goût trouverai-je à la vie !


Médias[modifier]

Presse[modifier]

Charles-Augustin Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 1857[modifier]

Il n'était pas de ceux que la critique console de l'art, qu'un travail littéraire distrait ou occupe et qui sont capables d'étudier, même avec emportement, pour échapper à des passions qui cherchent encore leur proie et qui n'ont plus de sérieux objet. Lui, il n'a su que haïr la vie, du moment, pour parler son langage, qu'elle n'était plus la jeunesse sacrée. Il ne la concevait digne d'être vécue, il ne la supportait qu'entourée et revêtu d'un léger délire.
  • Le siècle du progrès — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992  (ISBN 2-7056-6179-4), partie Alfred de Musset, 11 mai 1857. Causeries du lundi, t. XIII, p. 108


Philosophie[modifier]

Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, 1885[modifier]

J'appelle État le lieu où sont tous ceux qui boivent du poison, qu'ils soient bons ou mauvais ; État, l'endroit où ils se perdent tous, les bons et les méchants ; État, le lieu où le lent suicide de tous s'appelle — «la vie».

  • Ainsi parlait Zarathoustra, Friedrich Nietzsche (trad. Georges-Arthur Goldschmidt), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1972  (ISBN 978-2-253-00675-6), partie I, chap. « De la nouvelle idole », p. 6


Friedrich Nietzsche, Par-delà bien et mal, 1886[modifier]

On a mal regardé la vie, quand on n'a pas aussi vu la main qui tue en gant de velours.

  • Par-delà le bien et le mal, Friedrich Nietzsche (trad. Henri Albert), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1991  (ISBN 978-2-253-05614-0), partie IV, chap. « Maximes et intermèdes », § 69, p. 152


Gaston Bachelard, L'Eau et les rêves, 1942[modifier]

La vie réelle se porte mieux si on lui donne ses justes vacances d'irréalité.
  • L'eau et les rêves — Essai sur l'imagination de la matière (1942), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1993  (ISBN 978-2-253-06100-7), partie II, chap. I Les eaux claires, les eaux printanières et les eaux courantes, les conditions objectives du narcissisme, les eaux amoureuses, p. 34


Psychanalyse[modifier]

Marthe Robert, La Révolution psychanalytique, 1964[modifier]

Éros et la mort

Thanatos a pour unique but de ramener toute matière vivante à l'état inorganique ; Éros, de son côté, travaille patiemment à rassembler des groupes de plus en plus étendus et à embrasser la vie dans sa totalité.
  • La révolution psychanalytique — La vie et l'œuvre de Freud (1964), Marthe Robert, éd. Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 1989  (ISBN 2-228-88109-0), 25. Éros et la mort, p. 358


Psychologie[modifier]

Mary Esther Harding, Les Mystères de la femme, 1953[modifier]

L'expérience pratique nous révèle que les rêves ou l'activité imaginative qui se manifestent dans l'inconscient de personnes de caractères fort différents présentent des caractéristiques générales comparables à celles du mythe, chez deux catégories d'individus. D'abord chez ceux dont la vie personnelle ne s'est jamais pleinement dégagée de ses origines inconscientes ou s'est trouvée absorbée dans l'élément collectif surgi des profondeurs de l'inconscient ; ensuite dans les rêves d'un tout autre genre d'individus dont les problèmes personnels ont déjà été éclairés soit par l'expérience de la vie elle-même, soit par l'analyse. Ce caractère général des rêves se trouve ainsi chez des individus dont le développement n'est en rien comparable : d'une part chez ceux qui ne sont pas encore parvenus à une vie individuelle dégagée du domaine collectif des images intérieures, d'autre part chez ceux qui ont complètement assimilé leurs problèmes personnels et qui parviennent à une conception plus large de la vie.
Pour ce qui est des individus qui ne sont pas en mesure de mener une vie personnelle satisfaisante et qui traînent encore dans une sorte de brouillard indistinct, le premier soin de l'analyse sera d'établir ce qui leur manque : un rapport personnel avec le monde.

  • Les Mystères de la femme (1953), Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 2-228-89431-1), chap. I. Les mythes et l'esprit moderne, p. 35


Dans les textes tantriques [...] il est dit que l'évolution de la conscience passe, grâce au croissant, de la région humide à la zone enflammée du soleil, et de là, à travers la région de l'air, à la pleine lune. Celui qui atteint la pleine lune « voit les trois périodes et a la vie longue », il est aux portes de la « grande libération ». Ces trois périodes sont le passé, le présent et l'avenir. Elles correspondent aux trois mondes des mythes de la lune : les enfers, la terre et les cieux. [...] en termes de psychologie, celui qui a atteint au royaume de la pleine lune a gagné la connaissance de l'inconscient qui est source, passé, origine ; il possède la puissance dans le monde présent, son regard pénètre l'avenir. En un sens il échappe au temps dont il transcende les limites. Il a acquis l'immortalité.
  • Les Mystères de la femme (1953), Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 2-228-89431-1), chap. XIV. Renaissance et immortalité, p. 317


Biologie[modifier]

James Altucher, Life Tastes Best When You Eat What You Kill, 2011[modifier]

  • La vie a meilleur goût quand vous mangez ce que vous tuez.
    • (en) Life Tastes Best When You Eat What You Kill


    Articles connexes[modifier]

    Liens externes[modifier]

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