Michael Ondaatje

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Michael Ondaatje

Michael Ondaatje, né le 12 septembre 1943 à Colombo au Sri Lanka, est un romancier et poète canadien. Il est surtout connu pour son roman L'Homme flambé sur lequel est basé le scénario du film à succès Le Patient anglais.

La Table des autres[modifier]

Il avait onze ans quand, ce soir-là, aussi neuf au monde qu'il pouvait l'être, il monta à bord du premier et unique navire de sa vie. On aurait dit qu'une ville s'était greffée à la côte, plus éclairée que n'importe quelle cité ou n'importe quel village. Il gravit la passerelle, le regard fixé sur le parcours de ses pieds — rien devant lui n'existait —, et il continua jusqu'à ce qu'il se retrouve face à la mer et au port plongés dans le noir. Dans le lointain se dessinaient les silhouettes d'autres bateaux dont les lumières s'allumaient. Seul, il respira toutes les odeurs, puis revint vers le bruit et la foule tournée vers la terre.
  • La Table des autres (2011), Michael Ondaatje (trad. Michel Lederer), éd. Édition de l'olivier, 2012  (ISBN 978-2-87929-818-4), p. 12


A bord de l'Oronsay, cependant, nous avions la chance d'échapper à tout ordre. Et je me réinventais au sein de ce monde apparemment imaginaire peuplé de démanteleurs de bateaux et de tailleurs, de passagers adultes qui, durant les festivités du soir, titubaient sous d'énormes masques de têtes d'animaux, tandis que certaines des femmes, à peine vêtues, dansaient, et que l'orchestre, Mr Mazappa au piano, jouait sur l'estrade, tous ses membres habillés de costumes exactement de la même prune.
  • La Table des autres (2011), Michael Ondaatje (trad. Michel Lederer), éd. Édition de l'olivier, 2012  (ISBN 978-2-87929-818-4), p. 20


En quittant la cabine d'Emily (et une telle intimité ne se renouvellerait pas), je savais que je serais toujours lié à elle par quelque rivière souterraine, ou filon de charbon ou d'argent — disons d'argent, car elle a toujours beaucoup compté pour moi. En mer Rouge, je suis sans doute tombé amoureux d'elle. Même si, quand je me suis arraché à elle, le magnétisme, quel qu'il soit, avait perdu sa force.
Combien de temps suis-je resté avec Emily dans ce qui m'avait paru un lit haut comme le ciel ? Quand nous nous étions revus, nous n'en avons pas reparlé. Elle ne se souvient peut-être même pas quel poids de chagrin elle m'a ôté ou a tenu, ni pendant combien de temps. Je n'avais jamais connu pareille étreinte, pareille odeur d'un bras émergeant du sommeil. Je n'avais jamais pleuré à côté de quelqu'un qui, aussi, m'excitait d'une manière mystérieuse. Pendant qu'elle baissait les yeux sur moi, il devait y avoir chez elle une certaine compréhension, ainsi que dans ses petits gestes pleins d'attention.
  • La Table des autres (2011), Michael Ondaatje (trad. Michel Lederer), éd. Édition de l'olivier, 2012  (ISBN 978-2-87929-818-4), p. 117


« Il faut que tu partes, maintenant », dit-elle, et elle se leva, se dirigea vers la salle de bains puis ferma la porte derrière elle.

Cœur brisé, Ô
merveille intemporelle
Quel petit
espace où être

  • La Table des autres (2011), Michael Ondaatje (trad. Michel Lederer), éd. Édition de l'olivier, 2012  (ISBN 978-2-87929-818-4), p. 118


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