Jules de Goncourt

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Jules de Goncourt, né le 17 décembre 1830 à Paris où il est mort le 20 juin 1870, est un écrivain français. Il est le frère d'Edmond de Goncourt, avec lequel il collabora pour une partie de son œuvre.

Citations propres à l'auteur[modifier]

La plaie, la grande plaie moderne, c'est l'instruction. Toute mère moderne veut donner et, à force de se saigner aux quatre veines, donne à son enfant l'éducation qu'elle n'a pas eue. De cette folie générale, de cette manie, partout répandue dans la société, de jeter ses enfants par-dessus soi, de les porter au-dessus de son niveau, comme on porte les enfants au feu d'artifice, naît l'irrespect fatal des enfants pour les parents. Les fautes d'orthographe déconsidèrent, auprès de l'enfant qui a été au collège, le père et la mère... Et il arrive nécessairement que le fils ou la fille arrive à rougir de ses parents. Puis toutes les carrières s'encombrent et se bouchent par cette vulgarisation des aptitudes, des capacités. Un jour viendra où il n'y aura plus que des têtes, des plumes. Nous marchons à n'avoir plus de bras, les ouvrier ne faisant plus souche d'ouvrier, les laboureurs ne faisant plus souche de laboureurs, dans ce mouvement d'ascension de chacun vers la classe au-dessus de celle où il est né.


D'autres auteurs le concernant[modifier]

Vers 1870 deux frères écrivains, liés l'un à l'autre comme une âme en deux corps, abandonnèrent leur appartement parisien pour s'installer à Auteuil, qui était en ce temps-là en lisière de campagne. Neurasthéniques, anémiques, insomniaques, souffrant de gastralgie (leurs maux se déclinaient eux aussi au pluriel), ils s'éloignaient de la capitale pour échapper aux martyre de l'époque moderne : le bruit.
Pour l'un des deux frères, cependant, la vie à Auteuil ne fut marquée par aucune amélioration notable. Entre veille et sommeil, il envisageait d'écrire un roman qui eût le bruit pour objet. Soucieux de trouver une parade, le protagoniste changeait de maison, se réfugiait loin des villes, au cœur des forêts, s'engouffrait jusque dans les tombeaux des pyramides, et parce que nulle part il ne trouvait le silence, il finissait par se tuer ; pourtant, au fond même du sépulcre, la vermine occupée à sa besogne l'empêchait de dormir.
De toute évidence, le bruit (en tant que signe de chaos, de la démence) n'était pas au-dehors mais logeait en lui, d'où il eût été difficile de l'extirper. Ainsi Jules de Goncourt (car tel était son nom), croyant tantôt avoir débarqué sur l'île sonnante de Rabelais, tantôt être au centre de Rome, à l'heure matinale où les cloches de toutes les églises ébranlent de leur clameur la ville endormie, sombrait-il peu à peu dans une maladie incurable, sous le regard douloureux et angoissé de son frère Edmond, qui nous a laissé le journal de son agonie. Et dans l'intervalle entre deux séances de soins, en articulant les mots à la manière des enfants, avec l'obscure conscience que son heure ultime était arrivée, Jules commença à lire, à haute voix, les Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand.
Ce fut la dernière manie de sa vie.

  • « L'homme de la mort — Un drame à trois personnages », Giovanni Macchia, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 7


Derrière les livres des Goncourt et des autres maîtres de « l'écriture artiste », on devinait des êtres écorchés vifs par les sensations, sanguinolents, soumis à une épuisante autopsie mentale, habitués à se nourrir de fruits secs, voués au désolant labeur de l'écrivain qui observe, qui s'acharne à tout extraire de ses propres fibres pour le transcrire sur le papier.
  • « L'homme de la mort — La présence du prédécesseur », Giovanni Macchia, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 9


L'auteur des Martyrs, le descripteur des paysages lunaires américains, tenait sous le charme le Flaubert de Salammbô. Ce dernier infligeait à ses hôtes d'interminables séances de lecture de son roman carthaginois. Un livre, d'après Flaubert, ne pouvait être jugé que s'il était lu à haute voix. S'il n'était pas taillé en accord avec le souffle des poumons humains, ce livre ne valait rien.
  • Il est ici question de Jules de Goncourt et de ses derniers jours.
  • « L'homme de la mort — La présence du prédécesseur », Giovanni Macchia, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 9


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