Jean-François Revel

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Jean-François Revel en 1999

Jean-François Revel, de son vrai nom Jean-François Ricard, né à Marseille le 19 janvier 1924 et mort au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), le 30 avril 2006, est un philosophe, écrivain et journaliste français.

Pourquoi des philosophes, 1957[modifier]

Certes, toute discipline tend, et doit tendre, à se constituer une terminologie, à s’y enfermer, et à n’accepter la discussion que dans le cadre de cette terminologie. Mais la question est de savoir si la philosophie n’est pas précisément la seule discipline où cette attitude ne se justifie pas. Un physicien a le droit de refuser de répondre à la question d’un esprit mal informé, car sa terminologie est liée aux conditions fondamentales de sa science, et il peut la justifier scientifiquement. Mais la complication et la difficulté de la philosophie ne devraient pas être d’un ordre qui rende impossible une réponse à une question simple ou même simplsite, mais d’un ordre qui rende au contraire plus facile cette réponse. En physique, le simplisme c’est l’incompétence, et l’incompétence fait que les questions sont nulles et non avenues. Mais il n’existe pas, il ne peut pas exister, d’incompétence philosophique. Nulle question n’est philosophiquement sans objet. Si elle l’est, il doit être facile de le monter, ce qui encore philosopher.
  • Pourquoi des philosophes, Jean-François Revel, éd. Jean-Jacques Pauvert, coll. « Libertés », 1957, p. 10


Philosopher n’est pas régner sur les connaissances du reste du genre humain comme un lointain propriétaire terrien sur des domaines qu’il administre nonchalamment et ne visite jamais.
  • Pourquoi des philosophes, Jean-François Revel, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 50


Sa méthode consiste à énoncer d’abord ce qui est à prouver ; puis à formuler la même idée de cinq ou six manières à peine différentes, en se bornant à juxtaposer les phrases les unes à la suite des autres. Enfin, au début de la dernière phrase du paragraphe, qui répète la première et toutes les autres, il écrit simplement le mot « donc ».
  • Pourquoi des philosophes, Jean-François Revel, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 59


Sartre est le seul auteur philosophique du XXe siècle dont on puisse dire qu’il ne doit sa réputation qu’à son talent, et qui d’ailleurs ait une réputation. Le seul dont on soit sûr qu’il aurait fait de la philosophie, ou l’équivalent de sa philosophie, même si l’Université n’avait pas existé.
  • Pourquoi des philosophes, Jean-François Revel, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 63


Les philosophes n’ont pas pour habitude de sous-estimer leur talent. À en croire chacun d’entre eux, l’humanité ne commence vraiment à penser qu’avec lui..
  • Pourquoi des philosophes, Jean-François Revel, éd. Jean-Jacques Pauvert, coll. « Libertés », 1957, p. 71


Le problème consiste donc à se demander pourquoi une idée qui, en langage normal, est une banalité ou une stupidité, se transforme, par la vertu de son insertion dans la psychologie, en une importante découverte qui exige le concours de plusieurs savants assistés de leurs élèves.
  • Pourquoi des philosophes, Jean-François Revel, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 78


Ni Marx ni Jésus, 1970[modifier]

Tous les courants révolutionnaires […] présentent cette caractéristique qu’une fraction des bénéficiaires de l’ordre régnant se détache de l’ensemble de sa classe et la trahit de l’intérieur.
  • Ni Marx ni Jésus : de la seconde révolution américaine à la seconde révolution mondiale, Jean-François Revel, éd. Robert Laffont, 1970, p. 21


Agir, c’est se déterminer en fonction de la réalité et non point selon des possibilités qui en sont absentes. Sans doute cette réalité est-elle parfois médiocrement réjouissante, mais dans l’instant donné c’est précisément à cette médiocrité qu’il faut parfois savoir faire face.
  • Ni Marx ni Jésus : de la seconde révolution américaine à la seconde révolution mondiale, Jean-François Revel, éd. Robert Laffont, 1970, p. 55


[…] en politique ce n’est rien décider que de se décider en fonction ou en faveur de ce qui n’a aucune chance d’arriver. En d’autres termes, une solution politique réalisable offre toujours des inconvénients. Si donc on l’écarte sous ce prétexte, on n’en retiendra jamais aucune.
  • Ni Marx ni Jésus : de la seconde révolution américaine à la seconde révolution mondiale, Jean-François Revel, éd. Robert Laffont, 1970, p. 56


[…] l’excommunication dédaigneuse de toute forme de capitalisme évolutif, de la révolution industrielle et du progrès technique, au nom d’un socialisme de placard, équivaut à choisir le sous-développement pour ne pas réviser un dogme.
  • Ni Marx ni Jésus : de la seconde révolution américaine à la seconde révolution mondiale, Jean-François Revel, éd. Robert Laffont, 1970, p. 57-58


En général, malheureusement, les qualités requises pour conquérir le pouvoir et pour le garder n’ont presque aucun rapport avec celles qui sont nécessaires pour l’exercer avec compétence et impartialité.
  • Ni Marx ni Jésus : de la seconde révolution américaine à la seconde révolution mondiale, Jean-François Revel, éd. Robert Laffont, 1970, p. 68


Le Regain démocratique, 1992[modifier]

D’où le seul sentiment, chez (les gens de l’État), qui fasse l’unanimité de tous les partis et dans tous les pays : la haine farouche qu’ils nourrissent pour ce qu’ils nomment avec horreur : "l’individualisme". Ce mot désigne pour eux le cauchemar suprême, le soupçon qu’il subsiste quelque part un fragment de l’esprit humain qui échapperait à la sphère politique, au collectif, au communautaire, au domaine public : le leur.
  • Le Regain démocratique, Jean-François Revel, éd. Fayard, 1992, p. 50


La Grande Parade, 2000[modifier]

Il n’y a plus aujourd’hui que diverses façons de pratiquer le capitalisme, avec plus ou moins de marché, de propriété privée, d’impôts et de redistribution. Aussi la correction des vices de fonctionnement du libéralisme ne saurait-elle venir que du libéralisme même.
  • La Grande Parade – Essai sur la survie de l’utopie socialiste, Jean-François Revel, éd. Plon, 2000, p. 46


Le libéralisme n’a jamais été une idéologie, j’entends n’est pas une théorie se fondant sur des concepts antérieurs à toute expérience, ni un dogme invariable et indépendant du cours des choses ou des résultats de l’action. Ce n’est qu’un ensemble d’observations, portant sur des faits qui se sont déjà produits.
  • La Grande Parade – Essai sur la survie de l’utopie socialiste, Jean-François Revel, éd. Plon, 2000, p. 63


Aucune des justifications avancées depuis 1917 en faveur du communisme réel n’a résisté à l’expérience ; aucun des objectifs qu’il se targuait d’atteindre n’a été atteint : ni la liberté, ni la prospérité, ni l’égalité, ni la paix. Si bien qu’il a disparu, sous le poids de ses propres vices plus que sous les coups de ses adversaires. Et pourtant, il n’a peut-être jamais été aussi farouchement protégé par autant de censeurs aussi dénués de scrupules que depuis son naufrage.
  • La Grande Parade – Essai sur la survie de l’utopie socialiste, Jean-François Revel, éd. Plon, 2000, p. 87


[…] l’argument selon lequel le communisme serait démocratique parce qu’il a contribué à la lutte antifasciste n’est pas plus recevable que celui qui consisterait à dire que le nazisme fut démocratique parce qu’il a participé à la lutte contre le stalinisme.
  • La Grande Parade – Essai sur la survie de l’utopie socialiste, Jean-François Revel, éd. Plon, 2000, p. 94


Être assassiné par Pol Pot est-il moins grave que d’être assassiné par Hitler ? Il n’y a pas lieu d’établir de distinction entre les victimes des totalitarismes "noir" ou "rouge". Le totalitarisme nazi n’a pas fait mystère de ses intentions : il entendait éliminer la démocratie, régner par la force et développer tout un système de persécutions raciales. On nous dit que les communistes avaient un idéal. Je suis presque enclin à trouver cela encore pire. Parce que cela signifie qu’on a délibérément trompé des millions d’hommes. Parce qu’on ajoute ainsi aux crimes le mensonge le plus abject.
  • La Grande Parade – Essai sur la survie de l’utopie socialiste, Jean-François Revel, éd. Plon, 2000, p. 108


Journal, 2000[modifier]

Dans la mise en place du système d'immunisation actuellement établi par la gauche pour s'épargner d'avoir à se pencher sur son passé, l'omniprésence de l'injure « fasciste » joue un rôle important. Elle tend à imposer peu à peu comme une tautologie banale que le fascisme est le seul régime idéologico-politique qui ait jamais piétiné l'intégrité et la dignité de la personne humaine.
  • Les Plats de saison – Journal de l'année 2000, Jean-François Revel, éd. Seuil, 2001, p. 228-229


L'Obsession anti-américaine, 2002[modifier]

[…] cette suicidaire ingénuité n'autorise en aucun cas les Européens à brandir un prétendu déclin du sens des libertés dans les États-Unis d'Amérique, comme si le danger « fasciste » existait de façon prépondérante aux États-Unis, pays qui, en deux cent vingt ans, n'a pas connu la moindre dictature, alors que l'Europe les a collectionnées.
  • L'Obsession anti-américaine – Son fonctionnement, ses causes, ses inconséquences, Jean-François Revel, éd. Plon, 2002, p. 106


[…] Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, un film qui n'est ni plus ni moins qu'une suite de clips "branchés" dans le style publicitaire, manquant lamentablement de contenu social ou intellectuel.
  • L'Obsession anti-américaine – Son fonctionnement, ses causes, ses inconséquences, Jean-François Revel, éd. Plon, 2002, p. 188


[…] l'hyperterrorisme emprunte à notre civilisation moderne ses moyens technologiques pour tenter de l'abattre et de la remplacer par une civilisation archaïque mondiale qui serait, elle, pour le coup, génératrice de pauvreté et qui serait la négation même de toutes nos valeurs.
  • L'Obsession anti-américaine – Son fonctionnement, ses causes, ses inconséquences, Jean-François Revel, éd. Plon, 2002, p. 225


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