Chant

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Le chant représente l'ensemble de la production de sons musicaux à l'aide de la voix.

Littérature[modifier]

Essai[modifier]

François Cheng, Assise. Une rencontre inattendue, 2012[modifier]

Un jour au jardin de Claire, j’étais seul à jouir, une fois de plus, de l’émouvant paysage ombrien, lorsque arriva un petit groupe. Deux jeunes filles qui se tenaient près du mur sur lequel est gravé le Cantique se mirent à en chanter tout le texte. Après qu’elles eurent fait entendre plusieurs couplets, irrépressiblement, je joignis à leurs voix cristallines la mienne, de basse-baryton. L’effet fut saisissant. L’air vibrait de mots magiques, et nous ne doutions pas que François fût là au milieu de nous, apaisé, heureux.


Poésie[modifier]

Jean Pellerin, Le bouquet inutile, 1923[modifier]

La grosse dame chante


Manger le pianiste ? Entrer dans le Pleyel ?
Que va faire la dame énorme? L'on murmure...
Elle racle sa gorge et bombe son armure :
La dame va chanter.

  • « Ode », Jean Pellerin, dans Anthologie de la poésie française du XXè siècle, Michel Décaudin (Ed.), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1983, p. 202


Prose poétique[modifier]

Robert Desnos, Pénalités de l'enfer, 1922[modifier]

Le criquet que j'avale chantera ma vie durant.
  • « Pénalités de l'enfer », Robert Desnos, Littérature Nouvelle Série, nº 4, Septembre 1922, p. 11


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958[modifier]

Couche de fougères

Mes yeux te tiennent suspendue comme la lune la marée embrasée. A tes pieds l'écume égorgée chante le chant de la nuit qui commence.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ? — Couche de fougères, p. 108


Roman[modifier]

Charles Robert Maturin, Melmoth — L'homme errant, 1820[modifier]

J'étais amateur de musique ; je chantais souvent involontairement pendant l'office ; ma voix était belle, et ma profonde mélancolie lui donnait une expression peu ordinaire : ils en profitèrent pour m'assurer que mes chants étaient comme inspirés.


Dominique Fernandez, Porporino ou les mystères de Naples, 1974[modifier]

Les sons, non plus simple vibration des atomes ébranlés dans l'espace, mais chaude matière et vivante émulsion, avaient l'épaisseur de la crème, la transparence de l'opale, le velouté du damas, le panache du jet. Les chanteurs non coupés se contentent de les souffler hors de leurs poumons d'où ils prennent leur vol en légères arabesques : moi je les sentais, comment dire ? remuer sous ma langue, mollir dans le suc des muqueuses, se colorer aux roseurs du palais, tiédir contre l'ivoire des dents, se gonfler enfin et s'épanouir à l'approche des lèvres.
  • Porporino ou les mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974  (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Gourmandise, p. 170


[...] la voix du castrat, étant par la force des choses son unique organe d'émission, se trouve tout imprégnée de cette sève qui n'a pas d'autre issue dans son corps. Elle draine avec elle outre l'air des poumons la lourdeur de ses membres, l'odeur de sa peau, la fécondité méconnue enfouie dans ses parties mortes.

  • Porporino ou les mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974  (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Gourmandise, p. 170


Feliciano, avec un talent musical plutôt moyen, était l'incarnation du chant érotisé. Dans sa voix, je sentais comme le contact d'une main, comme le frôlement d'une bouche — Dieu me pardonne, je sentais comme le don de sa chair, trouble et juteuse émanation de ce qu'il y avait de plus charmant dans son corps. Je finis par me taire, engourdi par cet épanchement liquoreux.
  • Porporino ou les mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974  (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ», Gourmandise, p. 171


Propos de moralistes[modifier]

Joseph Joubert, Pensées[modifier]

Tout bruit modulé n’est pas un chant, et toutes les voix qui exécutent de beaux airs ne chantent pas.


Galoppe d'Onquaire, Hommes et bêtes, 1862[modifier]

Qu'ont de commun, je vous prie, toutes ces afféteries de pose, geste, de modulations mignardes, tous ces gargarismes de trilles et de cadences vieillottes, tous ces ridicules tours de force de la glotte qui ne sont que les grossiers artifices d'une impuissance mal déguisée ? […] Quand vous aurez chanté toutes les fadeurs de Quinault compliqué de Dorat, est-ce que vous aurez chanté autre chose que les sottes inepties du cœur humain ?... Voyons, la main sur la conscience, chanteur que vous êtes, est-ce qu'à la sortie d'une soirée où vous avez affiché votre voix d'eunuque, vos minauderies de femme vaporeuse et votre chevelure de coiffeur, vous ne vous prenez pas à rougir de votre dégénérescence physique et morale ?
  • Hommes et bêtes, Jean Hyacinthe Adonis Galoppe (dit Galoppe d'Onquaire), éd. Amyot, 1862, p. 63


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