Amants

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Joyce Mansour[modifier]

« Tu aurais pu attendre de me mettre en terre avant de me narguer comme ça, tous les jours à l'heure de la sieste. Moi qui n'ai jamais regardé un autre homme que ton père », disait-elle quand je me levais précipitamment sans entamer le dessert pour appeler l'ascenseur, répondre au téléphone, fermer la fenêtre, m'habiller, me déshabiller, m'agiter enfin en attendant l'arrivée bruyante de mon amant. La vieille se plaignait mais, le moment venu, c'était toujours elle qui ouvrait la porte à Arnaud. Bégayante, la langue alourdie par une épaisse couche de honte, ma mère aux jambes de crapaud et sexe à grosses mailles ne pouvait s'empêcher de le saluer avec le cérémonial dû à un roi. « Elle se surpasse, ta vieille », dit Arnaud le jour où elle lui offrit spontanément là, dans l'entrée, sous la lampe en fer forgé et le portrait du général, la pipe et les pantoufles de mon père. Geste qui n'empêcha nullement celui-ci de se promener, vêtu seulement des cuisses poilues de sa brune compagne drapées artistiquement autour de son cou et, de son éternelle cigarette, vite allumée, salement éteinte, jamais posée sans intention de faire mal, nu sous les yeux horrifiés de ma mère.
  • « Infiniment... sur le gazon », Joyce Mansour, La Brèche, nº 4, Février 1963, p. 62


Anaïs Nin[modifier]

Ce n'est pas pour faire du mal que je permets à mon amant de dormir dans le lit de mon mari. C'est parce que je n'ai aucun sens du sacré. Si Henry avait été lui-même plus audacieux, j'aurais fait prendre un somnifère à Hugo et j'aurais dormi avec lui. Mais il était trop timoré, même pour me voler un baiser. Ce n'est que lorsque Hugo fut parti qu'il me jeta sur les feuilles de lierre au fond du jardin.
  • Henry et June — Les cahiers secrets (1986), Anaïs Nin (trad. Béatrice Commengé), éd. Stock, 2007  (ISBN 978-2-234-05990-0), Août (1932), p. 280