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{{personnage|Irénée}} : Faire rire ! Devenir un roi du rire ! C’est moins effrayant que d’être guillotiné, mais c’est aussi infamant. |
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{{personnage|Irénée}} : Des gens vont dîner, avec leur femme ou leur maîtresse. Et vers neuf heures du soir, ils se disent : “Ah, maintenant qu’on est repu, et qu’on a fait les choses sérieuses de la journée, où allons nous trouver un spectacle qui ne nous fera pas penser, qui ne nous posera aucun problème et qui nous secouera un peu les boyaux, afin de nous faciliter la digestion ?” |
{{personnage|Irénée}} : Des gens vont dîner, avec leur femme ou leur maîtresse. Et vers neuf heures du soir, ils se disent : “Ah, maintenant qu’on est repu, et qu’on a fait les choses sérieuses de la journée, où allons nous trouver un spectacle qui ne nous fera pas penser, qui ne nous posera aucun problème et qui nous secouera un peu les boyaux, afin de nous faciliter la digestion ?” |
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{{personnage|Françoise}} : Allons donc ! Vous exagérez tout… |
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Version du 22 novembre 2007 à 15:55
Marcel Pagnol est un écrivain, dramaturge, cinéaste et académicien français, né le 28 février 1895 à Aubagne et mort le 18 avril 1974 à Paris.
Romans
La Gloire de mon père, 1957
- La Gloire de mon père, Marcel Pagnol, éd. Livre de poche, 1967, p. 29 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- La Gloire de mon père, Marcel Pagnol, éd. Livre de poche, 1967, p. 98 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Mon père expliquait à ma mère que, dans la société future, tous les châteaux seraient des hôpitaux, tous les murs seraient abattus, et tous les chemins tracés au cordeau.
« Alors, dit-elle, tu veux recommencer la révolution ?
— Ce n'est pas une révolution qu'il faut faire. Révolution, c'est un mot mal choisi, parce que ça veut dire un tour complet. Par conséquent, ceux qui sont en haut descendent jusqu'en bas, mais ensuite ils remontent à leur place primitive… et tout recommence. Ces murs injustes n'ont pas été faits sous l'Ancien Régime : non seulement notre République les tolère, mais c'est elle qui les a construits ! »
J'adorais ces conférences politico-sociales de mon père, que j'interprétais à ma façon, et je me demandais pourquoi le président de la République n'avait jamais pensé à l'appeler, tout au moins pendant les vacances, car il eût fait en trois semaines le bonheur de l'humanité.
- La Gloire de mon père, Marcel Pagnol, éd. Livre de poche, 1967, p. 135 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Mon père parlait aussitôt d'une autre bande qui s'appelait « les jézuites » ; c'étaient d'horribles « tartruffes », qui creusaient des « galeries » sous les pieds de tout le monde. Alors, l'oncle Jules s'enflammait, et le sommait de lui rendre tout de suite « le milliard des congrégations ». Mais mon père, qui pourtant ne tenait pas à l'argent, répondait avec force : « Jamais ! Jamais on ne vous rendra tant de richesses, arrachées sur des lits de mort à des agonisants terrorisés ! ».
- La Gloire de mon père, Marcel Pagnol, éd. Livre de poche, 1967, p. 195-197 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- La Gloire de mon père, Marcel Pagnol, éd. Livre de poche, 1967, p. 198 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Le Château de ma mère, 1957
- Le Château de ma mère, Marcel Pagnol, éd. Fallois, 1988 (ISBN 2-877-06051-9), p. 189 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
d'inoubliables chagrins.
- Le Château de ma mère, Marcel Pagnol, éd. Fallois, 1988 (ISBN 2-877-06051-9), p. 215 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Théâtre
Les Marchands de gloire, 1925
- « Les Marchands de gloire » (1925), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte IV, scène 2, p. 123 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Les Marchands de gloire » (1925), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte V, scène 4, p. 151 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Berludeau : Les deux mille francs, il les vaut.
Bachelet : Les appointements de deux députés !
Berludeau : Pour deux députés, c'est déjà trop. Mais pour un homme utile, c'est tout juste assez.
- « Les Marchands de gloire » (1925), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte V, scène 5, p. 153 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Jazz, 1926
- « Jazz » (1926), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte I, scène 6, p. 204 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Jazz » (1926), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte II, scène 8, p. 224 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Jazz » (1926), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte II, scène 8, p. 225 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Jazz » (1926), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte III, scène 5, p. 243 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Jazz » (1926), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte III, scène 5, p. 243 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Topaze, 1926
- « Topaze » (1926), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte I, scène 5, p. 347 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Topaze » (1926), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte I, scène 5, p. 347 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Topaze » (1926), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte II, scène 6, p. 396 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Topaze » (1926), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte IV, scène 4, p. 452 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Topaze » (1926), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte IV, scène 4, p. 453 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Topaze » (1926), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte IV, scène 4, p. 453 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Topaze » (1926), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte IV, scène 4, p. 454 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Topaze » (1926), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte IV, scène 4, p. 455 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Marius, 1926
César : Eh bien, pour la dixième fois, je vais te l'expliquer, le picon-citron-curaçao. (Il s'installe derrière le comptoir.) Approche-toi ! (Marius s'avance, et va suivre de près l'opération. César prend un grand verre, une carafe et trois bouteilles. Tout en parlant, il compose le breuvage.) Tu mets d'abord un tiers de curaçao. Fais attention : un tout petit tiers. Bon. Maintenant, un tiers de citron. Un peu plus gros. Bon. Ensuite, un BON tiers de Picon. Regarde la couleur. Regarde comme c'est joli. Et à la fin, un grand tiers d'eau. Voila.
Marius : Et ça fait quatre tiers.
César : Exactement. J'espère que cette fois, tu as compris. (Il boit une gorgée du mélange)
Marius : Dans un verre, il n'y a que trois tiers.
César : Mais, imbécile, ça dépend de la grosseur des tiers !
Marius : Eh non, ça ne dépend pas. Même dans un arrosoir, on ne peut mettre que trois tiers.
César (triomphant) : Alors, explique-moi comment j'en ai mis quatre dans ce verre !
Marius : Ça, c'est de l'Arithmétique.
- Marius, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1988 (ISBN 2-87706-056-X), acte I, scène 2, p. 27-28
— (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Marius, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1988 (ISBN 2-87706-056-X), acte I, scène 4, p. 48 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Marius, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1988 (ISBN 2-87706-056-X), acte I, scène 9, p. 79 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- César triche à la manille en indiquant à son partenaire que Panisse, son adversaire, coupe à cœur.
- Marius, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1988 (ISBN 2-87706-056-X), acte III, scène 1, p. 154 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Marius, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1988 (ISBN 2-87706-056-X), acte III, scène 2, p. 155 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Marius, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1988 (ISBN 2-87706-056-X), acte III, scène 5, p. 163 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Marius, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1988 (ISBN 2-87706-056-X), acte IV, scène 4, p. 195 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Fanny, 1931
- « Fanny » (1931), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte I, scène 3, p. 623 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Fanny » (1931), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte I, scène 7, p. 626 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Fanny » (1931), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte I, scène 8, p. 627 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Fanny » (1931), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), premier tableau, acte I, scène 9, p. 634 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Fanny » (1931), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), deuxième tableau, acte I, scène 4, p. 655 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Claudine : Et encore, c'était un garçon !
- « Fanny » (1931), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), deuxième tableau, acte I, scène 7, p. 666 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- « Fanny » (1931), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte II, scène 3, p. 672 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
César, 1936
- César, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1988 (ISBN 2-87706-058-6), p. 31 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- César, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1988 (ISBN 2-87706-058-6), p. 84 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
César : (Avec force) Ce secret, je ne peux pas vous le dire. (Avec moins de force) Enfin, je ne peux pas vous le dire à la terrasse.
Escartefigue : Rentrons alors…
César : Je ne peux pas vous le dire à tous à la fois, et si vite que ça. Parce qu'un secret, ce n'est pas quelque chose qui ne se raconte pas. Mais c'est une chose qu'on se raconte à voix basse, et séparément.
- César, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1988 (ISBN 2-87706-058-6), p. 103 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- César, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1988 (ISBN 2-87706-058-6), p. 117 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- César, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1988 (ISBN 2-87706-058-6), p. 141 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- César, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1988 (ISBN 2-87706-058-6), p. 191 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
César : J'ai une question grave à vous poser. Est-ce que vraiment je suis coléreux? Est-ce que tout ne viendrait pas d'une tendance maladive à me mettre en colère?
Escartefigue :Tu as dit maladif?! Par conséquent ça regarde le docteur. Allons docteur, réponds-lui.
César : Pourquoi ne veux-tu pas me répondre Félix?
Escartefigue : Mon cher, je ne suis pas bon juge. Depuis soixante ans que tu es au monde, tu dois bien savoir ce que tu es.
César : Ca ne veux rien dire. On peut être au monde sans savoir ce que l'on est. Il y en a bien qui sont cocus et qui ne le savent pas.
Escartefigue : Oui, à moins que leurs amis ne le leurs rappellent dix fois par jour.
César : Qu'est-ce que tu racontes, Félix. C'est la première fois que je t'en parle depuis une semaine.
- César, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1988 (ISBN 2-87706-058-6), p. 199 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
César : [...] Et vous dites que je suis coléreux ?
M. Brun : Il n'est certainement pas coléreux. Et il nous le prouve.
(Tous éclatent d'un rire joyeux.)
- César, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1988 (ISBN 2-87706-058-6), p. 201 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Fabien, 1956
- « Fabien » (1956), dans Œuvres complètes I : Théâtre, Marcel Pagnol, éd. de Fallois, 1995 (ISBN 2-87706-221-X), acte II, scène 1, p. 887 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Films
Le Schpountz, 1937-1938
- Fernand Charpin, Le Schpountz (1937-1938), écrit par Marcel Pagnol
- Fernandel, Le Schpountz (1937-1938), écrit par Marcel Pagnol
- Henri Poupon, Le Schpountz (1937-1938), écrit par Marcel Pagnol
Irénée : Faire rire ! Devenir un roi du rire ! C’est moins effrayant que d’être guillotiné, mais c’est aussi infamant.
Françoise : Pourquoi ?
Irénée : Des gens vont dîner, avec leur femme ou leur maîtresse. Et vers neuf heures du soir, ils se disent : “Ah, maintenant qu’on est repu, et qu’on a fait les choses sérieuses de la journée, où allons nous trouver un spectacle qui ne nous fera pas penser, qui ne nous posera aucun problème et qui nous secouera un peu les boyaux, afin de nous faciliter la digestion ?”
Françoise : Allons donc ! Vous exagérez tout…
Irénée : Oh non, car c’est même encore pire : ce qu’ils viennent chercher, quand ils vont voir un comique, c’est un homme qui leur permette de s’estimer davantage. Alors pour faire un comique, le maquilleur approfondit une ride, il augmente un petit défaut. Au lieu de corriger mon visage, au lieu d’essayer d’en faire un type d’homme supérieur, il le dégradera de son mieux, avec tout son art. Et si alors j’ai un grand succès de comique, cela voudra dire que dans toutes les salles de France, il ne se trouvera pas un homme, si bête et si laid qu’il soit, qui ne puisse pas se dire : “Ce soir je suis content, parce que j’ai vu – et j’ai montré à ma femme – quelqu’un de plus bête et de plus laid que moi.” (Un temps, il réfléchit.) Il y a cependant une espèce de gens auprès de qui je n’aurai aucun succès : les gens instruits, les professeurs, les médecins, les prêtres. Ceux-là, je ne les ferai pas rire, parce qu’ils ont l’âme assez haute pour être émus de pitié. Allez, Françoise, celui qui rit d’un autre homme, c’est qu’il se sent supérieur à lui. Celui qui fait rire tout le monde, c’est qu’il se montre inférieur à tous.
Françoise : Il se montre, peut-être, mais il ne l’est pas.
Irénée : Pourquoi ?
Françoise : Parce que l’acteur n’est pas l’homme. Vous avez vu Charlot sur l’écran qui recevait de grands coups de pied au derrière. Croyez-vous que dans la vie, M. Charlie Chaplin accepterait seulement une gifle ? Oh non! Il en donnerait plutôt… C’est un grand chef dans la vie, M. Chaplin.
Irénée : Alors, pourquoi s’abaisse-t-il à faire rire ?
Françoise : Quand on fait rire sur la scène ou sur l’écran, on ne s’abaisse pas, bien au contraire. Faire rire ceux qui rentrent des champs, avec leurs grandes mains tellement dures qu’ils ne peuvent plus les fermer; ceux qui sortent des bureaux avec leurs petites poitrines qui ne savent plus le goût de l’air. Ceux qui reviennent de l’usine, la tête basse, les ongles cassés, avec de l’huile noire dans les coupures de leurs doigts... Faire rire tous ceux qui mourront, faire rire tous ceux qui ont perdu leur mère, ou qui la perdront…
Irénée : Mais qui c’est ceux-là ?
Françoise : Tous… Ceux qui n’ont pas encore perdu la mère, la perdront un jour… Celui qui leur fait oublier un instant les petites misères… la fatigue, l’inquiétude et la mort ; celui qui fait rire des êtres qui ont tant de raisons de pleurer, celui-là leur donne la force de vivre, et on l’aime comme un bienfaiteur…
Irénée : Même si pour les faire rire il s’avilit devant leurs yeux ?
Françoise : S’il faut qu’il s’avilisse, et s’il y consent, le mérite est encore plus grand, puisqu’il sacrifie son orgueil pour alléger notre misère… On devrait dire saint Molière, on pourrait dire saint Charlot…
Irénée : Mais le rire, le rire… C’est une espèce de convulsion absurde et vulgaire…
Françoise : Non, non, ne dites pas de mal du rire. Il n’existe pas dans la nature; les arbres ne rient pas et les bêtes ne savent pas rire… les montagnes n’ont jamais ri… Il n’y a que les hommes qui rient Les hommes et même les tout petits enfants, ceux qui ne parlent pas encore… Le rire, c’est une chose humaine, une vertu qui n’appartient qu’aux hommes et que Dieu peut-être leur a donnée pour les consoler d’être intelligents.
- Fernandel, Orane Demazis, Le Schpountz (1937-1938), écrit par Marcel Pagnol
- Fernand Charpin, Le Schpountz (1937-1938), écrit par Marcel Pagnol
La Cinématurgie de Paris
- La Cinématurgie de Paris, Marcel Pagnol, éd. Pastorelly, 1980, p. 151
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