« Marcel Proust » : différence entre les versions

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Pour les articles homonymes, voir Proust. 

Portrait de Marcel Proust, 1900

Valentin Louis Georges Eugène Marcel Proust (10 juillet 187118 novembre 1922) est un écrivain français célèbre pour avoir écrit À la recherche du temps perdu.

Citations

À la recherche du temps perdu

Du côté de chez Swann

Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je m’endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait ; je voulais poser le volume que je croyais avoir encore dans les mains et souffler ma lumière ; je n’avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier ; il me semblait que j’étais moi-même ce dont parlait l’ouvrage : une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles Quint. Cette croyance survivait pendant quelques secondes à mon réveil ; elle ne choquait pas ma raison mais pesait comme des écailles sur mes yeux et les empêchait de se rendre compte que le bougeoir n’était plus allumé.


Tâchez de garder toujours un morceau de ciel au-dessus de votre vie, (…)


(…) il n'y a guère que le sadisme qui donne un fondement dans la vie à l'esthétique du mélodrame.


Les êtres nous sont d'habitude si indifférents que, quand nous avons mis dans l'un d'eux de telles possibilités de souffrance et de joie pour nous, il nous semble appartenir à un autre univers, il s'entoure de poésie, il fait de notre vie comme une étendue émouvante où il sera plus ou moins rapproché de nous.


Les lieux que nous avons connus n’appartiennent pas qu’au monde de l’espace où nous les situons pour plus de facilité. Ils n’étaient qu’une mince tranche au milieu d’impressions contiguës qui formaient notre vie d’alors ; le souvenir d’une certaine image n’est que le regret d’un certain instant ; et les maisons, les routes, les avenues, sont fugitives, hélas ! comme les années.


À l'ombre des jeunes filles en fleurs

(…) les modes changent étant nées elles-mêmes du besoin de changement
  • À la recherche du temps perdu, Marcel Proust, éd. Gallimard, 1919, t. 3, partie À l'ombre des jeunes filles en fleurs (1), p. 10 (texte intégral sur Wikisource)


(…) momentanément éclipsé, mon passé ne projetait plus devant moi cette ombre de lui-même que nous appelons notre avenir.
  • À la recherche du temps perdu (1919), Marcel Proust, éd. Gallimard, coll. « Pléiade », 1988, t. II, partie À l'ombre des jeunes filles en fleurs, p. 172 (texte intégral sur Wikisource)


Sauf chez quelques illettrés du peuple et du monde, pour qui la différence des genres est lettre morte, ce qui rapproche, ce n’est pas la communauté des opinions, c’est la consanguinité des esprits.
  • À la recherche du temps perdu (1919), Marcel Proust, éd. Gallimard, 1919, t. 3, partie À l'ombre des jeunes filles en fleurs (1), p. 13 (texte intégral sur Wikisource)


Le Côté de Guermantes

Un artiste n’a pas besoin d’exprimer directement sa pensée dans son ouvrage pour que celui-ci en reflète la qualité ; on a même pu dire que la louange la plus haute de Dieu est dans la négation de l’athée qui trouve la création assez parfaite pour se passer d’un créateur.


Albertine disparue

Laissons les jolies femmes aux hommes sans imagination.
  • « Albertine disparue », dans À la recherche du temps perdu, vol. 15, Marcel Proust, éd. Gallimard, 1946-1947, chap. 1 (« Le chagrin et l'oubli »), p. 33 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


Nous n'arrivons pas à changer les choses suivant notre désir, mais peu à peu notre désir change.
  • « Albertine disparue », dans À la recherche du temps perdu, vol. 15, Marcel Proust, éd. Gallimard, 1946-1947, chap. 1 (« Le chagrin et l'oubli »), p. 47 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


Il y a dans notre âme des choses auxquelles nous ne savons pas combien nous tenons. Ou bien, si nous vivons sans elles, c'est parce que nous remettons de jour en jour, par peur d'échouer ou de souffrir, d'entrer en leur possession.
  • « Albertine disparue », chap. 1 (« Le chagrin et l'oubli »), dans À la recherche du temps perdu, Marcel Proust, éd. Gallimard, 1925, t. XIII, p. 57


La force qui fait le plus de fois le tour de la terre en une seconde, ce n'est pas l'électricité, c'est la douleur.
  • « Albertine disparue », dans À la recherche du temps perdu, vol. 15, Marcel Proust, éd. Gallimard, 1946-1947, chap. 1 (« Le chagrin et l'oubli »), p. 70 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


L'art n'est pas seul à mettre du charme et du mystère dans les choses les plus insignifiantes ; ce même pouvoir de les mettre en rapport intime avec nous, est dévolu aussi à la douleur.
  • « Albertine disparue », dans À la recherche du temps perdu, vol. 15, Marcel Proust, éd. Gallimard, 1946-1947, chap. 1 (« Le chagrin et l'oubli »), p. 97 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


On désire être compris, parce qu'on désire être aimé, et on désire être aimé parce qu'on aime. La compréhension des autres est indifférente et leur amour importun.
  • « Albertine disparue », dans À la recherche du temps perdu, vol. 15, Marcel Proust, éd. Gallimard, 1946-1947, chap. 1 (« Le chagrin et l'oubli »), p. 100 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


Le regret est un amplificateur du désir.
  • « Albertine disparue », dans À la recherche du temps perdu, vol. 15, Marcel Proust, éd. Gallimard, 1946-1947, chap. 1 (« Le chagrin et l'oubli »), p. 110 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


La douleur est un aussi puissant modificateur de la réalité qu'est l'ivresse.
  • « Albertine disparue », dans À la recherche du temps perdu, vol. 15, Marcel Proust, éd. Gallimard, 1946-1947, chap. 1 (« Le chagrin et l'oubli »), p. 126 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


Les homosexuels seraient les meilleurs maris du monde s'ils ne jouaient pas la comédie d'aimer les femmes.
  • « Albertine disparue », dans À la recherche du temps perdu, vol. 15, Marcel Proust, éd. Gallimard, 1946-1947, chap. 4 (« Nouvel aspect de Robert de Saint-Loup »), p. 320 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


Sodome et Gomorrhe

On peut quelquefois retrouver un être, mais non abolir le temps.

La Prisonnière

On se souvient d’une atmosphère parce que des jeunes filles y ont souri.


Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d’eux voit, que chacun d’eux est.


Le Temps retrouvé

Une heure n’est pas qu’une heure, c’est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats.
En réalité, chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même.


Correspondance

Je crois, contrairement à la mode de quelques-uns de nos contemporains, qu'on peut se faire une très haute idée de la littérature, et sourire avec bonhomie. Je ne crois donc pas vous fâcher en vous racontant que ma femme de chambre, qui est d'une ignorance invraisemblable (...), mais qui est remplie de dons extraordinaires, a eu dernièrement (...) à me lire haut quelques pages des Nourritures. Dès le lendemain, tout ce qu'elle avait à me dire de désagréable ou d'ironique, elle me le disait dans une forme que je ne saurais appeler "pastichée" des Nourritures terrestres, car je me fais du pastiche une idée plus littéraire, et elle serait incapable d'en faire un, mais enfin, qui prouvait combien elle avait été frappée.
  • Lettre de Proust à Gide.
  • Autour de la Recherche, Lettres., Pierre Assouline (Ed), éd. Ed. Complexe, 1988, p. 61-62


Quelle audace de décréter que je ne connais pas l'église de Moret. Je connais son portrait par Sisley qui est la plus belle chose qu'il ait faite !
  • Lettre au duc de Guiche.


Citations sur Proust

Cette phrase […] étourdissante dans ses parenthèses qui la soutenaient en l’air comme des ballons, vertigineuse par sa longueur, […] vous engainait dans un réseau d’incidentes si emmêlées qu’on se serait laissé engourdir par sa musique, si l’on n'avait été sollicité soudain par quelque pensée d'une profondeur inouïe…
  • Le Visiteur du soir : Marcel Proust, Paul Morand, éd. La Palatine, 1949, p. 11


A la recherche du temps perdu n’est pas trop long. Il est même si bon que j’en prendrais bien cinq cents pages de plus. (…) Chaque lecteur y trouve de quoi se satisfaire : celui-ci les réflexions sur la mémoire, celui-là sur l’amour, cet autre sur la vieillesse. C’est un palace d’excellente tenue avec jacuzzi, masseur, room service.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 19


[Proust] a découvert, puis admis la contradiction entre le dire et le faire. Les hommes sont autres qu'ils ne le disent. Et après ? Cette autre idée de soi est un élément du moi, sa part idéaliste, qui cherche à excuser ses petitesses réalistes. Ce livre nous donne une impression d'immense indulgence. Il y a sur la lune une mer de la Sérénité, A la recherche du temps perdu est la mer de l'Indulgence. Les hommes sont imparfaits, mais ce sont les hommes. Comme tout grand roman, A la recherche du temps perdu n'est pas moraliste. Il comprend tout. Il admet tout. L'homme n'est pas un ennemi.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 23.


A la recherche du temps perdu n'est pas un roman hâtif, et c'est sa qualité. Proust est un entrepreneur texan qui ne quitte pas ses hectares sans en avoir sucé le maximum de pétrole. Et ses personnages, grands derricks noirs, se dressent à perte de vue dans nos imaginations.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 26-27.


Signature


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