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Victoire F. (discussion | contributions)
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PM : Il n'est pas invité à un bal
PM : Il n'est pas invité à un bal

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&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;'''''Après le bal'''''

Les flambeaux pâlissaient, et l'élégante foule,
Désertant les salons comme une eau qui s'écoule.
De la fin des plaisirs a donné le signal.
Et vous êtes partie, encore fraîche et rieuse,
Mais oubliant, hélas ! peut-être dédaigneuse,
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Votre joli bouquet de bal.

Moi, je l'ai recueilli.
D'une main attentive
Je l'ai mis rafraîchir dans une eau pure et vive.
Après l'avoir couvert d'un long baiser brûlant.
Et j'ai vu chaque fleur, sur sa tige flétrie.
Reprendre son éclat et renaître à la vie
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Comme par un enchantement.

[...]
Ce bouquet dérobé, qu'il m'eût été plus doux
De l'obtenir d'un cœur touché de ma constance,
Comme un symbole heureux de joie et d'espérance
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Que l'on reçoit à deux genoux !
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PM : Bientôt le jeune officier dut quitter Montoii'e pour aller en garnison à Vendôme.
PM : Bientôt le jeune officier dut quitter Montoii'e pour aller en garnison à Vendôme.

{{Citation|citation=<poem>
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;''''Son retour''''''

Je souffrais en silence,
Maudissant son absence
Si tardive à finir ;
Je la voyais en rêve.
Mais mon bonheur s'achève,
Elle va revenir.

Tout s'embellit, se dore,
S'anime et se colore
De ce rayon d'espoir.
Caché dans la verdure,
Le gai ruisseau murmure :
Tu vas bientôt la voir !...
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PM : "En janvier 1939, fut enfin accordé le consentement si ardemment attendu." Poème d'avril 39
PM : "En janvier 1939, fut enfin accordé le consentement si ardemment attendu." Poème d'avril 39

{{Citation|citation=<poem>
Veux-tu nous faire une existence
Fraîche comme un beau jour d'avril.
Et que jamais ne recommence
Pour nous la douleur de l'exil ?

Dis-moi, veux-tu que loin du monde
Injuste, méchant et pervers.
Nos jours s'écoulent, comme l'onde
D'un ruisseau, sous des arbres verts ?

Viens avec moi dans ma patrie,
Où le soleil sourit toujours,
Douce compagne de ma vie,
Là, nous passerons d'heureux jours.

Et ne crains pas que je regrette
De n'entendre plus le clairon,
De ne plus voir mon épaulette
Briller au front d'un escadron ;

De ne pouvoir plus ceindre encore
Le reluisant sabre d'acier
Qui vient, avec un bruit sonore,
Battre les flancs de mon coursier.

Ah, sans regret je saurai dire
Aux armes mes derniers adieux,
Car ma gloire est dans ton sourire
Et mon bonheur est dans tes yeux.

Tout près du torrent qui s'épanche,
Non loin du Rhône aux grandes eaux.
Nous avons une maison blanche
Qui s'élève au pied des coteaux.

Tu ne seras pas châtelaine ;
Elle n'a ni donjon ni tour,
Mais elle domine la plaine
Et les villages d'alentour.

Mais dans cet asile modeste
Avec nous viendra le plaisir,
Et puis l'amour fera le reste,
Car l'amour sait tout embellir.
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PM : Après la naissance de son aîné Fernand le {{Date-|6 août 1840}}.

{{Citation|citation=<poem>

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PM : "Un peu plus tard Félix écrivit la jolie romance intitulée « Le Rêve » (musique de madame Magnin). Il ne faisait que traduire en vers une page de prose com- posée par Louise."

{{Citation|citation=<poem>
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;''''Le Rêve''''''

Mon bien-aimé, j'ai fait un rêve
Que je veux te conter tout bas;
Viens sur le sable de la grève,
L'écho ne nous entendra pas.

Tu partais pour un long voyage ;
Moi, sous la forme d'un nuage.
Je nageais dans l'éther serein
À mes flancs portant ta pensée.
Je suivais ta marche pressée,
Et donnais l'ombre à ton chemin.

Suspendant ta course lointaine.
Tu t'arrêtais à la fontaine
Aux bords verdoyants et fleuris ;
Et moi, soudain, trois fois heureuse,
Je devenais l'onde amoureuse,
Baignant tes pieds endoloris.

Puis, le ciel s'étant voilé d'ombre.
Tu rencontrais, près du bois sombre,
Un ennemi provocateur ;
J'étais alors ta bonne épée,
Prompte, fidèle et bien trempée,
Ma pointe allait le mordre au cœur.

Mon bien-aimé, voilà mon rêve,
Ma bouche te l'a dit tout bas,
Viens en mes bras pour qu'il s'achève,
L'écho ne nous entendra pas.
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{{Citation|citation=<poem>
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PM : "Lors de la naissance de son fils aîné, Félix exprima d'une façon charmante les sentiments délicats et tendres d'un jeune homme étonné d'être père pour la première fois. Il ose à peine toucher le nouveau-né, il reste plongé dans une contemplation délicieuse"
PM : "Lors de la naissance de son fils aîné, Félix exprima d'une façon charmante les sentiments délicats et tendres d'un jeune homme étonné d'être père pour la première fois. Il ose à peine toucher le nouveau-né, il reste plongé dans une contemplation délicieuse"

{{Citation|citation=<poem>
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;''''À la mère de mon enfant''''''
Mère, petite mère!... oh, comme à ton oreille
Ce mot harmonieux paraîtra bien plus doux.
Lorsqu'il s'échaipera de la bouche vermeille
De ton petit Fernand, assis sur tes genoux.

[...]
Mais dans ce livre blanc toi seule encor sais lire ;
Tu lis dans son regard, tu lis dans son sourire,
O mère, ainsi que Dieu lit dans le fond du cœur.

Oh, quelle poésie et pure et sans mélange
Doit rayonner pour toi sur ce visage d'ange
Qui pour les autres yeux n'exprime rien encor !
Et dans les sons confus de sa voix enfantine.
Langage bégayé que toi seule devines.
Quelle douce harmonie et quel céleste accord !

Dis-moi ce que tout bas son haleine murmure,
Lorsque sur tes genoux tu berces son sommeil ;
Sans doute, quand vers lui tu penches ta figure,
Ton oreille recueille un son qui vient du ciel.

Dis-moi ce que son œil, miroir de sa jeune àme,
Reflète de divin, de pur et d'enivrant ;
Dis-moi ce qu'en ton cœur et de mère et de femme
Verse de volupté ce sourire d'enfant.

Oh, dis-moi tout cela, je saurai te comprendre,
Dis-moi tout ton bonheur, je t'en prie à genoux,
Car je te porte envie et, si j'étais moins tendre,
Et si je t'aimais moins, j'en deviendrais jaloux.
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Pontivy, octobre 1840.


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15 avril 1849
15 avril 1849

{{Citation|citation=<poem>
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;''''Vivre libre ou mourir''''''

Républicains, la lutte recommence !
Déjà voyez tous nos blancs ennemis
Insolemment déployer sur la France
Leur labarum semé de fleurs de lis.
Cet étendard est celui de l'Église ;
Le nôtre, amis, drapeau de l'avenir.
Déploie au vent cette noble devise :
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Vivre libre ou mourir !

Pour comprimer la foi socialiste,
Le pouvoir fait un inutile effort ;
Debout, toujours, la foi sainte résiste,
Bravant les fers et l'exil et la mort.
La vérité cesse d'être incomprise,
Flambeau sacré, rien ne peut la ternir ;
À sa clarté nous lisons la devise :
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Vivre libre ou mourir !

Vous oubliez, ministres en démence.
Qu'un jour le peuple a reconquis ses droits !
Ce que son bras pèse dans la balance.
Vous l'apprendrez, ô jongleurs maladroits ;
Car aujourd'hui, non, rien ne le divise,
Comme un seul homme on le voit accourir,
Sous le drapeau qui porte pour devise :
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Vivre libre ou mourir !

Pour raviver du Lion les blessures.
Lancez sur lui tous vos traits à la fois !
Le fier Lion méprise vos piqûres,
N'espérez pas le réduire aux abois.
Dans vos filets, s'il tomba par surprise,
D'effroi bientôt il vous fera pâlir,
En rugissant son antique devise :
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Vivre libre ou mourir !
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Avril 1849. Sur l'air du ''Dieu des bonnes gens''. Après la révolution

{{Citation|citation=<poem>
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;''''Courage et foi''''''

Sur les pontons un prolétaire,
Courbé sous le poids des malheurs,
En songeant à sa vieille mère
Sentait ses yeux mouillés de pleurs.
Soudain, de sa lèvre pâlie
S'échappe ce cri plein de foi :
Liberté, rêve de ma vie.
Il est doux de souffrir pour toi.

Quand j'entendis la fusillade,
Ô Liberté, rempli d'espoir,
Je montai sur la barricade,
Afin de mieux t'apercevoir.
Blessé, pas une main amie,
Hélas, ne s'étendit vers moi.
Liberté, rêve de ma vie.
Il est doux de souffrir pour toi.

On me garrotte, on m'emprisonne,
On m'exile sans jugement.
Plus tard, l'espérance rayonne,
La France nomme un président.
Il avait promis l'amnistie,
Hélas, il mentait comme un roi.
Liberté, rêve de ma vie,
Il est doux de souffrir pour toi.

Une fièvre ardente me mine,
Bientôt je ne souffrirai plus.
Voilà que la brise marine
S'élève, on sonne l'angélus.
C'est le glas de mon agonie ;
Ô Mort ! Je te vois sans effroi.
Liberté, rêve de ma vie,
Il est doux de mourir pour toi.
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Air nouveau de madame Laure Magnin. PM : "Le 15 mai, une première émeute fut aisément réprimée ; on emprisonna Blanqui, Barbes et Raspail. Mais lorsque le Gouvernement licencia brusquement les ateliers nationaux, les ouvriers abandonnés sans ressources, s'insurgèrent. Ce mouvement dura trois jours (du 23 au 26 juin). Les ouvriers ne furent vaincus qu'après une lutte sanglante."


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Refrain d'une chanson
Refrain d'une chanson

{{Citation|citation=<poem>
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;''''Le Mineur''''''

Enfant conçu dans le délire
D'un mutuel et saint amour,
Pour lui commence le martyre
Avant d'avoir reçu le jour,
Et, dès le ventre de sa mère,
Déjà marqué d'un sceau fatal,
Il trouve au bout de sa carrière
La froide morgue ou l'hôpital.

Travaille, travaille, travaille !
Loin du soleil qui luit si beau,
Travaille, travaille, travaille !
Dans la mine, sombre tombeau.

Hélas ! le jour de sa naissance
Sa mère n'osa le bénir ;
On la vit pleurer en silence :
Elle songeait à l'avenir.
À son premier cri dans ce monde,
Il n'eut, pour apaiser sa faim.
Rien qu'une mamelle inféconde
Où sa bouche s'attache en vain.
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Travaille, etc..

Le père, au retour de l'ouvrage,
Prend l'enfant dans ses bras nerveux,
Et dit à sa femme :
Courage ! Je travaillerai comme deux.
La pauvre mère que déchire
La maladie et les douleurs,
À répondu par un sourire
Encor plus triste que ses pleurs.
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Travaille, etc..

O puissance de la nature !
L'enfant croît dans ce triste lieu,
Comme une plante sans culture
Qui pousse à la grâce de Dieu.
Sa faible main soulève à peine
La pioche et la pince de fer,
Que le père avec lui l'emmène :
Ils se plongent dans leur enfer.
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Travaille, etc..

Dans les entrailles d'une mine,
Séjour à la tombe pareil,
Là travaille l'homme-machine,
Manquant dair pur et de soleil.
Enseveli dans sa retraite.
Il fouille du matin au soir
Et, de temps à autre, l'on jette
À sa faim un peu de pain noir.
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Travaille, etc..

Il grandit, nouveau sacrifice !
Il entend l'appel du tambour ;
L'État le prend pour le service.
Sors de ces lieux, affreux séjour,
Où ton corps chétif se déforme,
Allons, conscrit, redresse-toi !
Tu vas revêtir l'uniforme
Et devenir soldat du Roi.
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Travaille, etc..

Embrasse ton père et ta mère.
Puis sous les drapeaux prends ton rang ;
Va donc, enfant du prolétaire.
Tu n'as pas d'or, donne ton sang !
Car, vois-tu bien, l'or seul exempte
D'avoir du courage et du cœur.
Celui qui possède une rente
N'a pas besoin d'autre valeur.
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Travaille, etc..

Du riche ayant payé la dette,
Tu reviens, las de guerroyer ;
Mais la mort, hôtesse muette,
S'est assise au pauvre foyer.
Ta mère n'est plus et ton père
Gît sur une paille en fumier ;
Bientôt il meurt.
Pour qu'on l'enterre.
Tu donnes ton écu dernier.
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Travaille, etc..

Doux miracle de la jeunesse !
L'amour a fait battre ton cœur.
Et, même au sein de la détresse,
Il te fait rêver au bonheur.
Hàte-loi, prends une compagne.
Soi heureux avant de mourir.
Car le mal du mineur te gagne...
Il ne fait pas longtemps souffrir.

Travaille, travaille, travaille !
Loin du soleil qui luit si beau.
Travaille, travaille, travaille !
Dans la mine, sombre tombeau.
</poem>}}
Inédite par PM. Mars 1851


https://archive.org/stream/s11cahiersdelaqui10pg#page/n510/mode/1up
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Version du 19 janvier 2021 à 18:50

Félix Milliet en 1870.

Félix Milliet, né le à Valence et mort le dans le 5e arrondissement de Paris, est un militant républicain, poète et chansonnier français.

Poèmes attribuées à Félix Milliet

J'aime ta chevelure
Dont la noire parure
Se sépare en bandeaux,
Puis doucement s'arrange
Autour de ton front d'ange
En gracieux anneaux.

De tes seize ans parée
Et de joie enivrée,
Lorsque tu viens au bal,
J'aime la rose blanche
Dont la tige se penche
Sur ton front virginal.

Paul Milliet : "Ceux qui ont observé les tableaux et les gravures de cette époque [1838], se souviennent de ces jeunes flUes à l'air naïf, coiffées de bandeaux plats, avec accroche-cœurs. Au bal, elles portaient une fleur plantée au sommet de la tête et retombant sur le front."

Oh ! c'est qu'elle était là, la jeune demoiselle,
    Assise au bord du Loir,
Son album à la main, dessinant la tourelle,
    Du gothique manoir.

Paul Milliet : Il "raconte une joute sur l'eau à laquelle il avait pris part. Ses yeux se tournaient souvent vers le rivage."

Lorsqu'au milieu des jeux, des ris, des danses folles,
Les hommes, à l'envi, vers toi se presseront,
Ton oreille entendra de bien douces paroles,
Qui feront de plaisir rougir ton jeune front.

Alors songe parfois que, loin de cette fête.
Loin de tout le bonheur que le monde promet,
Il est un cœur aimant, une âme de poète,
Qui te chante tout bas et t'adore en secret.

PM : Il n'est pas invité à un bal

Eh bien! je t'aime ainsi, pâle et triste relique,
Quand je tourne vers toi mon œil mélancolique,
Il s'échappe un soupir de mon cœur oppressé ;
Une larme, parfois, vient mouiller ma paupière.
C'est que je songe alors à ta splendeur première,
    À ton éclat trop tôt passé.

C'est que je vois en toi la plus fidèle image
De nos illusions, des rêves du bel âge,
De ces beaux songes d'or que l'on fait à vingt ans,
Brillants comme tes fleurs, comme elles éphémères,
Et qu'on voit s'envoler, hélas ! tristes chimères,
    Sur l'aile froide des autans.

Plus je l'aime, ô mon Dieu ! plus je suis misérable.
Dans son brillant chemin je passe inaperçu ;
En vain je la supplie, elle est inexorable,
Et ce que j'ai souffert pourtant elle l'a su.

Tout bonheur ici-bas repose sur le sable ;
Mon espoir du matin chaque soir est déçu ;
De ses refus amers la cruelle m'accable,
Et j'aurai tout donné sans avoir rien reçu.

Je demandais si peu pour chérir l'existence,
Si peu pour être heureux ; une ombre d'espérance.
Un seul mot de pitié... qui n'est venu jamais !

Ai-je pu malgré moi mériter votre blâme ?
Un feu d'amour divin illuminait mon àme ;
Tout va s'éteindre ; adieu !... Comme je vous aimais !

PM : Bientôt le jeune officier dut quitter Montoii'e pour aller en garnison à Vendôme.

Vois-tu, si tu n'as pas, une fois en ta vie.
Éprouvé de l'amour la puissante magie.
Tu ne comprendras pas l'ineffable bonheur,
L'indicible plaisir qui vous remplit le cœur,
Le Dimanche à midi, quand, quittant la semaine,
On s'élance à cheval tout à travers la plaine,
Au galop, plein d'espoir, ivre d'amour. Souvent
Lorsque tombe la pluie et que souffle le vent,
Pour passer, ruisselant, sur un coursier qui fume
Et qui mâche en courant son mors blanchi d'écume,
Devant une fenêtre, où l'on verra soudain
Un rideau, soulevé par une blanche main.
Puis, vous apparaîtra le gracieux visage
D'une enfant aux yeux bleus qui, de votre passage
Inquiète, attendait le moment désiré,
Peut-être hélas trop lent à venir à son gré.
Tu ne comprendras pas l'ivresse, le délire,
La volupté qu'on a de penser, de se dire
Que votre ange adorée, en vous voyant ainsi,
Vous plaindra, puis tout bas murmurera : merci.
Car elle saura bien que c'est à cause d'elle
Que sur votre manteau la pluie à flots ruisselle,
Que c'est pour elle seule et pour voir ses beaux yeux,
Pour ouïr de sa voix le son mélodieux,
Pour voir son beau cou blanc, semé de veines bleues,
Qu'au galop vous avez parcouru quatre lieues.

PM : Il écrit à un ami.

Je voudrais que ma poésie
Fût harmonieuse et choisie,
Comme le chant du rossignol :
Alors mon ardente pensée,
Dans une strophe cadencée,
Jusque vers toi prendrait son vol.
Je voudrais que ma poésie
Fût harmonieuse et choisie.

Je voudrais, par un sortilège.
Avoir le pinceau du Corrège,
De l'Albane ou de Raphaël :
Ta beauté, lumineuse étoile,
Rayonnerait sur l'humble toile,
Son éclat serait immortel.
Je voudrais, — par un sortilège,
Avoir le pinceau du Corrège.

Je voudrais être un statuaire
Et, donnant ta forme à la pierre,
T'asseoir sur un haut piédestal,
Dans une ravissante pose ;
Puis, au socle de granit rose,
Buriner ton nom virginal.
Je voudrais être un statuaire
Pour donner ta forme à la pierre.

Je voudrais être, en mon ivresse,
Le sylphe léger, qui caresse
Ton beau front pendant le sommeil ;
Puis, le matin, quand ta paupière
Ouvre ses cils à la lumière,
Être un blanc rayon de soleil.
Je voudrais être, en mon ivresse,
Le sylphe heureux qui te caresse.

Mais hélas, je suis peu de chose,
Ni grand peintre, ni sylphe rose,
Ni poète à la lyre d'or.
Qu'importe, si tu veux me prendre
Tel que je suis, rêveur bien tendre.
Avec mon cœur pour tout trésor.
Mais hélas, je suis peu de chose,
Ni grand peintre, ni sylphe rose.

- Tout ça en 1838 -

Qu'elle ne puisse pas faire la différence
De son bonheur présent à son bonheur passé.
D'être un ormeau fidèle à cette tendre vigne
Qui de la soutenir vient de me trouver digne.
Oh, lorsqu'un nœud divin unira pour toujours
Et mon âme à ton âme et mes jours à tes jours,
Comme un fleuve aux flots d'or s'écouleront les heures.
Si tu veux, nous fuirons loin des tristes demeures,
Loin du bruit, de la foule, insupportable essaim,
Et nous irons ensemble, en nous donnant la main.
Promener lentement sur la verte colline,
Près de la vieille tour, d'où le regard domine
Le vallon calme et frais, sillonné par le Loir.
[...]
Je te dirai combien tristes étaient mes jours,
Avant que ta présence en vînt charmer le cours,
Comme péniblement s'écoula mon enfance,
Comment, bien jeune encor, je connus la souffrance,
Et plus tard, dans le monde où j'essayai mes pas,
Combien je rencontrai d'amertumes, hélas !
Du jour où je t'aimai, je te dirai mes craintes.
Puis mes éclairs d'espoir, mes soupirs et mes plaintes,
Et mes jours sans repos et mes nuits sans sommeil,
Et les vœux insensés que j'adressais au ciel.
Enfin tu m'entendras dire que je t'adore.
Te le dire cent fois, puis te le dire encore.

PM : "En janvier 1939, fut enfin accordé le consentement si ardemment attendu." Poème d'avril 39

Et mon àme s'arrête, en extase, ravie...
C'est que tu m'apparais auprès de son berceau,
Auprès de notre enfant dont le premier somûre
Fut pour toi, la première, ô mère au cœur divin.
Qui lui donnas le jour au prix d'un long martyre.
Et qui, pour le nourrir, donnes encor ton sein.
Alors d'un bonheur pur mon triste front s'éclaire,
Comme un sombre horizon aux rayons du soleil
Et je baise mon fils et je bénis sa mère.
Et j'adresse pour eux une prière au ciel.

PM : "Lors de la naissance de son fils aîné, Félix exprima d'une façon charmante les sentiments délicats et tendres d'un jeune homme étonné d'être père pour la première fois. Il ose à peine toucher le nouveau-né, il reste plongé dans une contemplation délicieuse"

[...]
Le peuple souffre, adoucissez sa peine,
    Chantez encore, ô Béranger.

N'êtes-vous pas la muse qui console ?
Des parias l'ange libérateur ?
De l'ouvrier n'êtes-vous pas l'idole ?
Ne sait-il pas tous vos refrains par cœur ?
Hélas ! en vain les pauvres prolétaires
D'un joug fatal voudraient se dégager,
Le capital les étreint dans ses serres !
    Chantez encore, ô Béranger.

La guerre sainte en Europe s'apprête ;
La liberté recrute ses soldats.
Partout l'esclave a relevé la tête
Et devant lui tremblent les potentats.
Contre les Rois, au signal de la France,
Voyez, voyez nos frères s'insurger !
Sonnez pour eux l'heure de délivrance,
    Chantez encore, ô Béranger.

ENVOI

Doux souvenir ! votre bouche indulgente
Daigna sourire à mes modestes vers,
Et votre voix m'a dit : jeune homme, chante,
Chiante au soleil et même dans les fers ;
Et j'ai rêvé, mais j'étais en délire,
De devenir un jour l'écho léger,
Vague et lointain de votre grande lyre.
    Chantez encore, ô Béranger.

15 avril 1849

Gloire aux martyrs, honte aux bourreau !
Voilà le cri du peuple en France.

Refrain d'une chanson

https://archive.org/stream/s11cahiersdelaqui10pg#page/n510/mode/1up

Citations sur Félix Milliet

Les chansons que voici sont l'œuvre d'un nouveau venu, après Désaugiers, après Émile Debraux, après Béranger, après le prolétaire P. Dupont. Trouvera-t-il à son tour une petite place au banquet ? Il a chanté d'abord pour lui, avec son cœur, et quand on chante ainsi, l'on chante pour tout le monde. Mon amitié indiscrète adressa un jour au juge suprême en matière de goût, à celui dont les vers sont les odes de la rue, à Déranger, une des productions de Félix Milliet, ayant, je crois, pour refrain : « Plus de chansons ! » Béranger répondit ainsi à cet envoi :

« La chanson de M. F. Milliet est très spirituelle et bien tournée ; j'engage ce jeune auteur à ne pas accorder crédit à son refrain. Qu'il fasse des chansons et beaucoup. »

Cet encouragement du maître a porté ses fruits; Félix Milliet a oublié son refrain ; il a chanté et voici ses œuvres. Populaires au fond de la province qu'il habite, elles le deviendront à Paris aussi, car un seul sentiment les a dictées : l'amour de la République, la foi dans notre immortelle devise : Liberté, Égalité, Fraternité.

Préface de Napoléon Gallois

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