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Curzio Malaparte

Curzio Malaparte, né sous le nom de Kurt-Erich Suckert le 9 juin 1898 à Prato en Toscane, mort le 19 juillet 1957 à Rome, est un écrivain, cinéaste, journaliste, correspondant de guerre et diplomate italien. Il est surtout connu en Europe pour deux ouvrages majeurs : Kaputt et La Peau.

Citations de l'auteur[modifier]

La Technique du coup d'État[modifier]

Parmi les dangers auxquels est exposé l’État moderne, un des plus graves est la vulnérabilité des Parlements. Tous les Parlements sans exception, sont plus ou moins vulnérables. L’erreur des démocraties parlementaires, c’est leur excessive confiance dans les conquêtes de la liberté, alors que rien n’est plus fragile dans l’Europe moderne. C’est une dangereuse illusion que de croire que le Parlement soit la meilleure défense de l’État contre une tentative bonapartiste, et qu’on puisse défendre la liberté par l’exercice de la liberté même, et par des mesures de police.

  • La Technique du coup d'État (1931), Curzio Malaparte (trad. Juliette Bertrand), éd. Grasset, 1948, p. 147


Dans la vie des peuples, au moment des grands malheurs, après les guerres, les invasions, les famines, il y a toujours un homme qui sort de la foule, qui impose sa volonté, son ambition, ses rancunes, et qui « se venge comme une femme », sur le peuple entier, de la liberté, de la puissance et du bonheur perdus.

  • La Technique du coup d'État (1931), Curzio Malaparte (trad. Juliette Bertrand), éd. Grasset, 1948, p. 218


La nature particulière de l’État moderne, la complexité et la délicatesse de ses fonctions, la gravité des problèmes politiques, économiques et sociaux qu’il est appelé à résoudre, en font le lieu géométrique des faiblesses et des inquiétudes des peuples, augmentant ainsi les difficultés à surmonter pour assurer sa défense. L’État moderne est plus exposé qu’on ne croit au danger révolutionnaire.

  • La Technique du coup d'État (1931), Curzio Malaparte (trad. Juliette Bertrand), éd. Grasset, 1948, p. 225


Le Compagnon de voyage[modifier]

Dans les premiers jours de septembre 1943, à l'extrême pointe de l'Italie, près du rocher de Scylla, en Calabre, un petite détachement de soldats italiens aux ordres d'un seul lieutenant veille sur une position isolée. Ils guettent le débarquement des forces alliées qui occupent déjà la Sicile. Leur attente n'est ni fébrile ni angoissée ; ils sont sereins, un peu tristes.
  • Incipit
  • Le Compagnon de voyage, Curzio Malaparte (trad. Carole Cavallera), éd. Quai Voltaire, 2009  (ISBN 978-2-7103-3090-5), p. 17


Le lieutenant tombe à son tour. « Si je meurs, ne me laisse pas ici », murmure l'officier à son ordonnance, le chasseur alpin Calusia (Calusia est le nom que se sont donné les chasseurs alpins de Bergame). C'est un Bergamasque puissant, au visage innocent et bon, qui balbutie en dialecte quand il est ému, et rougit. « Ne me laisse pas ici, Calusia, ramène-moi chez moi, à Naples. Chez ma mère. Palazzo Pigatelli, Monte di Dio, Naples… »
  • Le Compagnon de voyage, Curzio Malaparte (trad. Carole Cavallera), éd. Quai Voltaire, 2009  (ISBN 978-2-7103-3090-5), p. 25


« C'est pour ça que tu m'as obligée à remettre cet uniforme, marmonne-t-elle entre ses larmes, tu ne m'aimes pas, voilà, tu veux te débarrasser de moi parce que tu ne m'aimes pas.

— Je t'aime comme une sœur », répond Calusia.
Les pleurs de la jeune fille reprennent de plus belle.

  • Le Compagnon de voyage, Curzio Malaparte (trad. Carole Cavallera), éd. Quai Voltaire, 2009  (ISBN 978-2-7103-3090-5), p. 49


La voiture roule vite dans la campagne de Calabre dorée par l'automne, entre montagnes et mer, dans l'après-midi chaud et lumineux ; elle laisse derrière elle les maisons disséminées dans la verdure, les villages où la vie reprend peu à peu le rythme ancien des tâches quotidiennes.

Partout des traces de l'invasion et du désordre ; mais sur les visages des gens, hommes, femmes, enfants, on lit un courage paisible, une dignité naturelle, une espérance sans faille.

  • Le Compagnon de voyage, Curzio Malaparte (trad. Carole Cavallera), éd. Quai Voltaire, 2009  (ISBN 978-2-7103-3090-5), p. 55


Je suis un pauvre diable, comme vous, j'ai accompli loyalement mon devoir de soldat, ce n'est pas ma faute, ce n'est pas votre faute si nous avons perdu la guerre. Mais la guerre contre les voleurs, je ne veux pas la perdre, parce que ce sont eux les pires ennemis de l'Italie.
  • Le Compagnon de voyage, Curzio Malaparte (trad. Carole Cavallera), éd. Quai Voltaire, 2009  (ISBN 978-2-7103-3090-5), p. 74


Citations sur l'auteur[modifier]

Frédéric Beigbeder, Premier bilan après l'apocalypse, 2011[modifier]

La Peau de Malaparte est un tableau gothique, du Goya, du Jérôme Bosch (il y a même les naines de Vélasquez !), du Brueghel, du Francis Bacon. Malaparte exprime le point de vue des vaincus qui font semblant d'être libérés. Le peuple napolitain dans la Peau, c'est le Normand de juin 44 ou le Libyen en 2011. Si je veux comprendre ce qui se passe aujourd'hui, je dois lire un roman de 1949 qu se déroule à Naples en automne 1943. La Peau est un roman autobiographique, rabelaisien, surréaliste, absurde, grandiloquent. C'est ainsi qu'il se rend supportable. Car ce qu'il raconte est insoutenable.


J'ai lu La Peau à l'âge de 16 ans parce qu'un camarade de lycée me l'avait conseillé. Je venais de découvrir le Voyage au bout de la nuit et il m'avait dit que c'était la même chose en mieux parce que Malaparte parlait de la Seconde Guerre mondiale, plus proche de nous. Cette lecture me transforma.


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