« Bernard Maris » : différence entre les versions
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'''{{w|Bernard Maris}}''' est un économiste, écrivain et journaliste français, né le 23 septembre 1946 à Toulouse (Haute-Garonne) et assassiné le 7 janvier 2015 à Paris lors de l'attentat au siège du journal ''[[w:|Charlie Hebdo]]''. |
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|citation=Pour comprendre la vie, les économistes ne cessent d'en chasser le sel, l'amour, le désir, la violence, la peur, l'effroi, au nom de la rationalité des comportements. Ils traquent pour la détruire cette émotion qui abolit la chaîne causale. |
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|citation=Tout, dans l'économie, est fait pour briser les liens qui pouvaient unir les individus à leur famille, leurs géniteurs, des proches. |
|citation=Tout, dans l'économie, est fait pour briser les liens qui pouvaient unir les individus à leur famille, leurs géniteurs, des proches. Houellebecq conte ce processus d'individualisation, d'atomisation des sociétés, qui, déjà, avait fasciné Marx. L'économie libérale brise tout ce qui est collectif : l'équipe au travail, la famille, le couple. En ce sens, la libération sexuelle relève d'une explosion de l'individualisme et a pour effet la destruction de ces communautés intermédiaires, les dernières à séparer l'individu du marché. C'est dans ''[[w:Les Particules élémentaires|Les Particules élémentaires]]'' notamment qu'est décrite – poétisée serait plus juste – cette détestable tendance à l'atomisation sociale. |
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|citation=On retrouve ici la fonction fondamentale de l'argent, selon [[w:Georg Simmel|Georg Simmel]] : l'argent est ce qui permet de ne plus regarder les hommes dans le yeux. Et nous ne les regardons plus jamais, les yeux vissés sur nos ordinateurs ou nos Smartphones, attentifs à préserver notre solitude égoïste. Chacun pour soi. Tout dans la guerre. Tout dans cette guerre économique permanente qui est la toile de fond des romans de Houellebecq depuis [[w:Extension du domaine de la lutte|''Extension du domaine de la lutte'']] et qui est devenu un état de nature. |
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|citation=Promenez-vous dans le Mirail de Toulouse, conçu par un imbécile du nom de [[w:Georges Candilis|Candilis]], qui a fabriqué ex-nihilo une zone sauvage et de non-droit, et observez la [[w:Gare du Musée d'Orsay|gare d'Orsay]] à Paris, architecture utilitaire puisque destinée à des trains... Vous comprendrez toute l'horreur architecturale conçue par les créateurs des années cinquante. Ces gens ont délibérément souillé l'espace vital des humains. |
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|citation=La fin de ''[[w:La Carte et le Territoire|La Carte et le Territoire]]'' offre un éloge de l'artisanat préindustriel, marqué au sceau du christianisme médiéval, emprunté à [[w:William Morris|William Morris]]. Les travailleurs sont vraiment libres. La conception et l'exécution ne sont plus distinctes. |
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Version du 29 octobre 2016 à 21:58
Bernard Maris est un économiste, écrivain et journaliste français, né le 23 septembre 1946 à Toulouse (Haute-Garonne) et assassiné le 7 janvier 2015 à Paris lors de l'attentat au siège du journal Charlie Hebdo.
Houellebecq économiste, 2014
Et si on aimait la France, 2015
J'ai négligé mon pays. Je l'ai négligé comme une évidence. Et j'ouvre les yeux sur ceux qui lui ravissent… ce que vous voulez. Son âme, sa beauté. le salaud au sens de Sartre qui construit dans la Somme la « ferme des mille vaches » ; les salauds qui la conchient de bretelles, de rond-points, de promotions immobilières, de supermarchés, de zones industrielles, d'immensités pavillonnaires parsemées de rues aux noms d'arbres, filles de tristesse d'architectes couverts par leurs maquereaux de promoteurs qui la bétonnent et la goudronnent ; les veules édiles qui laissent quelques rues occupées par des idiots en prière, à qui j'envoie les Dupont-Dupond de Tintin au pays de l'or noir pour leur botter le cul ; ceux qui arrachent ses vêtements, l'éducation, la connaissance, la langue, la République, la sociale, le peuple dans la ville, l'égalité, la laïcité, l'intelligence, le rire…
- Et si on aimait la France (2015), Bernard Maris, éd. Fayard, coll. « Pluriel », 2016 (ISBN 978-2-818-50502-1), p. 26, 27
Malgré tout, ils ne parviennent pas à masquer de leur burqa couleur d'argent cette « madone », selon de Gaulle, cette « femme » pour Michelet. Disons que j'ai envie de démasquer les prétendants et de dire à ma Pénélope : « Attention, poupée, regarde ceux qui sont autour de toi et ce qu'ils veulent faire… »
Qu'est-ce que la France sans la grandeur ? Oui la douce, oui : mais qu'est-ce que la France sans la beauté ?
- Et si on aimait la France (2015), Bernard Maris, éd. Fayard, coll. « Pluriel », 2016 (ISBN 978-2-818-50502-1), p. 27
Quel historien s'interrogera un jour sur le carnage que fut l'enseignement en France des années 70 à nos jours ? J'en étais resté à mon modèle d'instituteur, et à la lettre de Camus au sien, Louis Germain, à qui il avait aussitôt pensé juste après sa mère en recevant son prix Nobel : « Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j'étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. » Je me doutais qu'ici où là les choses n'allaient pas très bien, qu'on n'arrivait plus à faire parler correctement ni à faire lire les enfants, encore moins à les « intégrer », pour jargonner comme un sociologue ou un homme politique…
- Et si on aimait la France (2015), Bernard Maris, éd. Fayard, coll. « Pluriel », 2016 (ISBN 978-2-818-50502-1), p. 30
Il faut aussi admettre que la France est un pays profondément chrétien, profondément marqué par le catholicisme — on ne canonise pas une Jeanne d'Arc pour rien —, même s'il n'a plus grand chose à voir avec sa haute tradition, et que précisément, la distance prise avec cette tradition peut lui rendre insupportable l'arrivée d'une religion, l'islam, dont les adeptes n'ont pas encore pris cette même distance.
- Et si on aimait la France (2015), Bernard Maris, éd. Fayard, coll. « Pluriel », 2016 (ISBN 978-2-818-50502-1), p. 69
Habitant le centre du monde, dans ce cadeau des dieux entre le monde de la Méditerranée et celui des barbares, comment les Français n'auraient-ils pas été condamnés à l'exceptionnel et à l'universel ? Quelle autre dimension que celle de l'univers pour accueillir leurs idées, leur rayonnement, et tout simplement leur génie ? Chartres, Versailles, la Révolution, la République et les droits de l'homme ne sont-ils pas inscrits il y a dix mille ans dans ce pays tempéré, équilibré, divers et serein ?
- Et si on aimait la France (2015), Bernard Maris, éd. Fayard, coll. « Pluriel », 2016 (ISBN 978-2-818-50502-1), p. 85
Pourquoi toujours raconter la fable de la France rurale ? L'imaginaire français a encore envie de croire à la France rurale. C'est un vieux pacte entre le pouvoir central et les régions, un vieux pacte qui se méfie des villes, des bourgeois, des intellectuels, des marchands. Entre le prince et le paysan se noue une très vieille stabilité que la ville remet en cause parfois : en 1789, en 1848, en 1870, en 1968… L'État a une dette envers ses paysans. Il les a forcés à rejoindre la France, une et indivisible… Comment peut-il ne plus les assister ?
- Et si on aimait la France (2015), Bernard Maris, éd. Fayard, coll. « Pluriel », 2016 (ISBN 978-2-818-50502-1), p. 88, 89
La banlieue est un désert urbanisé et habité, qui s'étale à l'infini, qui ne s'achève jamais, qui n'a ni centre ni périphérie, rien. Au-delà de la banlieue, il y a ce que les géographes appellent un « espace à dominante urbaine ». Un espace à dominante urbaine est encore moins qu'une banlieue qui est moins qu'une ville.
- Et si on aimait la France (2015), Bernard Maris, éd. Fayard, coll. « Pluriel », 2016 (ISBN 978-2-818-50502-1), p. 104
La géographie se bouleverse sous nos yeux. Nous ne pouvons pas ne pas voir comment le paysage de France se transforme de façon désastreuse. Il existait un lien très fort entre l'ordre éternel des champs, le nombre fabuleux de petits propriétaires qui ont modelé nos terroirs, et le refus de l'Histoire. Ce n'est plus vrai. Le nombre de communes ne bouge pas, mais celles-ci sont vides, comme leur église sans curé, leur école sans élèves, leur centre-ville sans bureau de poste ni bistrot. Le problème est que la coupure entre le rural et l'urbain a disparu. C'est l'incertain, l'interminable qui caractérise le paysage français.
- Et si on aimait la France (2015), Bernard Maris, éd. Fayard, coll. « Pluriel », 2016 (ISBN 978-2-818-50502-1), p. 106, 107
La Douce France, la France typée, si différenciée qu'un humoriste proposait de mettre les villes à la campagne, la France des banlieues et du centre, de la zone et des beaux quartiers, des paysans et des urbains, des ouvriers des cités prolétaires et des artisans des villes, qui savaient se fondre dans un peuple frondeur et factieux, cette France recouvre aujourd'hui de larges pans… de rien. De néant géographique. D'isolement et de solitude.
- Et si on aimait la France (2015), Bernard Maris, éd. Fayard, coll. « Pluriel », 2016 (ISBN 978-2-818-50502-1), p. 111
Zone euro
- « Crise », Bernard Maris, Charlie Hebdo (ISSN 1240-0068), nº 965, 15 décembre 2010, p. 10
Patrons
- « Pleurons sur les patrons », Bernard Maris, Charlie Hebdo (ISSN 1240-0068), nº 1175, 24 décembre 2014, p. 6