« Vladimir Nabokov » : différence entre les versions
m clean up, remplacement: oeu → œu (14) avec AWB |
|||
Ligne 16 : | Ligne 16 : | ||
{{Réf Article|titre=Le Mot|auteur=Vladimir Nabokov|publication=Le Magazine Littéraire|traducteur=Bernard Kreise|numéro=495|date=Mars 2010|page=11}} |
{{Réf Article|titre=Le Mot|auteur=Vladimir Nabokov|publication=Le Magazine Littéraire|traducteur=Bernard Kreise|numéro=495|date=Mars 2010|page=11}} |
||
{{citation|citation=Après avoir enlacé un instant mes épaules de ses ailes gorge-de-pigeon, l'ange proféra un seul mot, et dans sa voix je reconnus toutes les voix que j'avais aimées et qui s'étaient tues. Le mot qu'il prononça était si beau que dans un soupir je fermai les yeux et baissai plus encore la tête. Ce fut comme un parfum et un tintement qui s'écoulèrent dans mes veines, ce fut comme le soleil qui se levait dans mon cerveau, et les vallées innombrables de ma conscience reprirent, répétèrent cette sonorité lumineuse et paradisiaque. Je m'en emplis ; elle battais dans mes tempes en un réseau subtil, elle tremblait comme l'humidité sur mes cils, elle soufflait en un froid délicieux à travers mes cheveux, elle baignait mon |
{{citation|citation=Après avoir enlacé un instant mes épaules de ses ailes gorge-de-pigeon, l'ange proféra un seul mot, et dans sa voix je reconnus toutes les voix que j'avais aimées et qui s'étaient tues. Le mot qu'il prononça était si beau que dans un soupir je fermai les yeux et baissai plus encore la tête. Ce fut comme un parfum et un tintement qui s'écoulèrent dans mes veines, ce fut comme le soleil qui se levait dans mon cerveau, et les vallées innombrables de ma conscience reprirent, répétèrent cette sonorité lumineuse et paradisiaque. Je m'en emplis ; elle battais dans mes tempes en un réseau subtil, elle tremblait comme l'humidité sur mes cils, elle soufflait en un froid délicieux à travers mes cheveux, elle baignait mon cœur d'une chaleur divine.}} |
||
{{Réf Article|titre=Le Mot|auteur=Vladimir Nabokov|publication=Le Magazine Littéraire|traducteur=Bernard Kreise|numéro=495|date=Mars 2010|page=11}} |
{{Réf Article|titre=Le Mot|auteur=Vladimir Nabokov|publication=Le Magazine Littéraire|traducteur=Bernard Kreise|numéro=495|date=Mars 2010|page=11}} |
||
Ligne 44 : | Ligne 44 : | ||
|commentaire= |
|commentaire= |
||
}} |
}} |
||
{{citation|citation=Avec un bref mugissement destiné à simuler la tendresse il posa un bécot sur son front, qui était aussi froid que du fromage blanc.}} |
{{citation|citation=Avec un bref mugissement destiné à simuler la tendresse il posa un bécot sur son front, qui était aussi froid que du fromage blanc.}} |
||
Ligne 51 : | Ligne 50 : | ||
=== ''Littératures'', 1941-1958 === |
=== ''Littératures'', 1941-1958 === |
||
Vladimir Nabokov a enseigné la littérature européenne de 1941 à 1958. Ces cours qu'il a professé dans plusieurs universités américaines se trouvent réunis dans ''Littératures''. |
Vladimir Nabokov a enseigné la littérature européenne de 1941 à 1958. Ces cours qu'il a professé dans plusieurs universités américaines se trouvent réunis dans ''Littératures''. |
||
''' Bons lecteurs et bons écrivains ''' |
''' Bons lecteurs et bons écrivains ''' |
||
{{citation|citation=Nous ne devrions jamais perdre de vue que toute |
{{citation|citation=Nous ne devrions jamais perdre de vue que toute œuvre d'art est, toujours, création d'un monde nouveau, en sorte que la première chose à faire est d'étudier ce monde nouveau d'aussi près que possible, en l'abordant comme quelque chose de flambant neuf, n'ayant aucun lien évident avec les mondes que nous connaissons déjà. Et lorsque ce nouveau monde aura été étudié de près, et seulement alors nous examinerons ses liens avec d'autres mondes, d'autres branches du savoir.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Hélène Pasquier|année=2010|année d'origine=1980|page=35|collection=Bouquins|partie=Littératures I|section=Bons lecteurs et bons écrivains}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Hélène Pasquier|année=2010|année d'origine=1980|page=35|collection=Bouquins|partie=Littératures I|section=Bons lecteurs et bons écrivains}} |
||
Ligne 61 : | Ligne 59 : | ||
''' [[Gustave Flaubert]] (1821-1880) — Madame Bovary (1856) ''' |
''' [[Gustave Flaubert]] (1821-1880) — Madame Bovary (1856) ''' |
||
{{citation|citation=Le livre traite de l'adultère et il contient des situations et des allusions qui ont choqué le régime prude et philistin de Napoléon III. Le roman a même été cité en justice pour obscénité. Imaginez un peu cela. Comme si l' |
{{citation|citation=Le livre traite de l'adultère et il contient des situations et des allusions qui ont choqué le régime prude et philistin de Napoléon III. Le roman a même été cité en justice pour obscénité. Imaginez un peu cela. Comme si l'œuvre d'un artiste pouvait jamais être obscène. Je suis heureux de vous dire que [[Gustave Flaubert|Flaubert]] a gagné son procès.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Hélène Pasquier|année=2010|année d'origine=1980|page=192|collection=Bouquins|partie=Littératures I|section=[[Gustave Flaubert]] (1821-1880) — Madame Bovary (1856)}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Hélène Pasquier|année=2010|année d'origine=1980|page=192|collection=Bouquins|partie=Littératures I|section=[[Gustave Flaubert]] (1821-1880) — Madame Bovary (1856)}} |
||
Ligne 68 : | Ligne 66 : | ||
''' [[Marcel Proust]] (1871-1922) — Du côté de chez Swann (1913) ''' |
''' [[Marcel Proust]] (1871-1922) — Du côté de chez Swann (1913) ''' |
||
{{citation|citation=[[Jean Cocteau]] a appelé l' |
{{citation|citation=[[Jean Cocteau]] a appelé l'œuvre « une miniature géante, pleine de mirages, de jardins surimposés, de parties jouées entre l'espace et le temps ».}} |
||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Hélène Pasquier|année=2010|année d'origine=1980|page=287|collection=Bouquins|partie=Littératures I|section=[[Marcel Proust]] (1871-1922) — Du côté de chez Swann (1913)}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Hélène Pasquier|année=2010|année d'origine=1980|page=287|collection=Bouquins|partie=Littératures I|section=[[Marcel Proust]] (1871-1922) — Du côté de chez Swann (1913)}} |
||
Ligne 85 : | Ligne 83 : | ||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Hélène Pasquier|année=2010|année d'origine=1980|page=486|collection=Bouquins|partie=Littératures I|section=L'Art de la littérature et le bon sens}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Hélène Pasquier|année=2010|année d'origine=1980|page=486|collection=Bouquins|partie=Littératures I|section=L'Art de la littérature et le bon sens}} |
||
{{citation|citation=Les fous ne sont fous que parce qu'ils ont profondément et imprudemment démantelé un monde familier, mais n'ont pas le pouvoir – ou ont perdu le pouvoir – d'en créer un nouveau aussi harmonieux que l'ancien. L'artiste, lui, désassemble ce qu'il choisit de désassembler, et, ce faisant, a conscience du fait que quelque chose en lui a conscience du résultat final. Lorsqu'il examine son chef-d' |
{{citation|citation=Les fous ne sont fous que parce qu'ils ont profondément et imprudemment démantelé un monde familier, mais n'ont pas le pouvoir – ou ont perdu le pouvoir – d'en créer un nouveau aussi harmonieux que l'ancien. L'artiste, lui, désassemble ce qu'il choisit de désassembler, et, ce faisant, a conscience du fait que quelque chose en lui a conscience du résultat final. Lorsqu'il examine son chef-d'œuvre terminé, il sait que, malgré l'inconsciente opération mentale qui a accompagné le grand saut créateur, ce résultat final est l'achèvement d'un plan défini, qui était contenu dans le choc initial.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Hélène Pasquier|année=2010|année d'origine=1980|page=491|collection=Bouquins|partie=Littératures I|section=L'Art de la littérature et le bon sens}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Hélène Pasquier|année=2010|année d'origine=1980|page=491|collection=Bouquins|partie=Littératures I|section=L'Art de la littérature et le bon sens}} |
||
Ligne 92 : | Ligne 90 : | ||
''' Nikolaï Gogol (1809-1852) — « Le manteau » (1842) ''' |
''' Nikolaï Gogol (1809-1852) — « Le manteau » (1842) ''' |
||
{{citation|citation=Vous commencerez par l'alphabet, les labiales, les linguales, les dentales, les lettres qui bourdonnent, frelon, bourdon et mouche tsé-tsé. Une des voyelles vous fera dire : « Euh ! » Vous vous sentirez mentalement courbatu et endolori après votre première déclinaison de pronoms personnels. Je ne vois pourtant pas d'autre façon d'accéder à Gogol (ou d'ailleurs à n'importe quel autre écrivain russe). Comme toutes les grandes réussites littéraires, son |
{{citation|citation=Vous commencerez par l'alphabet, les labiales, les linguales, les dentales, les lettres qui bourdonnent, frelon, bourdon et mouche tsé-tsé. Une des voyelles vous fera dire : « Euh ! » Vous vous sentirez mentalement courbatu et endolori après votre première déclinaison de pronoms personnels. Je ne vois pourtant pas d'autre façon d'accéder à Gogol (ou d'ailleurs à n'importe quel autre écrivain russe). Comme toutes les grandes réussites littéraires, son œuvre est un phénomène de langage et non d'idées.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Marie-Odile Fortier-Masek|année=2010|année d'origine=1980|page=602|collection=Bouquins|partie=Littératures II|section=Nikolaï Gogol (1809-1852) — « Le manteau » (1842)}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Marie-Odile Fortier-Masek|année=2010|année d'origine=1980|page=602|collection=Bouquins|partie=Littératures II|section=Nikolaï Gogol (1809-1852) — « Le manteau » (1842)}} |
||
Ligne 99 : | Ligne 97 : | ||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Marie-Odile Fortier-Masek|année=2010|année d'origine=1980|page=607|collection=Bouquins|partie=Littératures II|section=Ivan Tourguéniev (1818-1883)}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Marie-Odile Fortier-Masek|année=2010|année d'origine=1980|page=607|collection=Bouquins|partie=Littératures II|section=Ivan Tourguéniev (1818-1883)}} |
||
{{citation|citation=Avant d'aller en Allemagne, Roudine avait étudié à l'université de Moscou. Un de ses amis nous parle ainsi de leur jeunesse : « Une demi-douzaine de jeunes gens, une seule et unique chandelle de suif [...], le thé le meilleur marché, de vieux biscuits secs [...], mais nos regards flamboient, nos joues sont empourprées, notre |
{{citation|citation=Avant d'aller en Allemagne, Roudine avait étudié à l'université de Moscou. Un de ses amis nous parle ainsi de leur jeunesse : « Une demi-douzaine de jeunes gens, une seule et unique chandelle de suif [...], le thé le meilleur marché, de vieux biscuits secs [...], mais nos regards flamboient, nos joues sont empourprées, notre cœur bat [...] et nous parlons de Dieu, de la Vérité, de l'Avenir et l'Humanité, de la Poésie – nous disons parfois des sottises, mais qu'importe ! »}} |
||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Marie-Odile Fortier-Masek|année=2010|année d'origine=1980|page=607|collection=Bouquins|partie=Littératures II|section=Ivan Tourguéniev (1818-1883)}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Marie-Odile Fortier-Masek|année=2010|année d'origine=1980|page=607|collection=Bouquins|partie=Littératures II|section=Ivan Tourguéniev (1818-1883)}} |
||
Ligne 139 : | Ligne 137 : | ||
== D'autres auteurs le concernant == |
== D'autres auteurs le concernant == |
||
{{citation|citation=<poem>Tu aimes l'art parce que tu goûtes encore l'aventure, le jeu, les dieux, rire et jouir. Tu aimes l'art parce qu'il t'innocente du cauchemar collectif, révèle ton âme comme foyer vivant d'énergie et de désir vrais, cibles et flèches érotiques. Tu aimes l'art parce que tu hais la mort et d'ailleurs n'y crois pas, le problème du temps se résolvant en épiphanies dans ta solitude pensive. |
{{citation|citation=<poem>Tu aimes l'art parce que tu goûtes encore l'aventure, le jeu, les dieux, rire et jouir. Tu aimes l'art parce qu'il t'innocente du cauchemar collectif, révèle ton âme comme foyer vivant d'énergie et de désir vrais, cibles et flèches érotiques. Tu aimes l'art parce que tu hais la mort et d'ailleurs n'y crois pas, le problème du temps se résolvant en épiphanies dans ta solitude pensive. |
||
Il va sans dire alors que ces cours sont pour toi — comme d'ailleurs toute l' |
Il va sans dire alors que ces cours sont pour toi — comme d'ailleurs toute l'œuvre de Nabokov. Car véritables exercices de guerre défensive, ils retournent contre l'ennemi les armes mêmes que ce dernier entend liquider : raison, sensibilité, esprit critique, jouissance, luxe.</poem>|précisions=Cécile Guilbert préfaçant la réédition de 2010 des cours de littérature européenne de Vladimir Nabokov, professés entre 1941 et 1958 dans plusieurs universités américaines et réunis sous le titre ''Littératures''.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=VIII|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=VIII|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
||
Ligne 152 : | Ligne 150 : | ||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XV|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XV|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
||
{{citation|citation=Ce que Nabokov dispense à priori avec largesse à ses étudiants du haut de l'estrade de l'amphithéâtre Goldwin Smith, à partir de 1950, dans son célèbre cours 311-312 ? Pas moins que la crème de la littérature, les moyens critiques de la reconnaître et d'en jouir. Un ''don'' au sens du « talent » comme de l'« offrande », généreux et forcément aristocratique (''generosus'' signifie « noblesse d'extraction » et « bonté de |
{{citation|citation=Ce que Nabokov dispense à priori avec largesse à ses étudiants du haut de l'estrade de l'amphithéâtre Goldwin Smith, à partir de 1950, dans son célèbre cours 311-312 ? Pas moins que la crème de la littérature, les moyens critiques de la reconnaître et d'en jouir. Un ''don'' au sens du « talent » comme de l'« offrande », généreux et forcément aristocratique (''generosus'' signifie « noblesse d'extraction » et « bonté de cœur ») d'un art littéraire entendu comme dépense inutile autant que désintéressée, « luxe pur et simple » dont il affirme bien haut qu'il n'a « aucune espèce de valeur pratique, sauf pour la personne qui présente la particularité très spéciale de vouloir être professeur de lettres ». Luxe de la jouissance, de la gratuité et de la connaissance pures qui concerne tout autant l'art d'écrire que celui de lire.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XVIII|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XVIII|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
||
Ligne 164 : | Ligne 162 : | ||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XX|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XX|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
||
{{citation|citation=Le sel de l'histoire, bien sûr, c'est que toutes ces virulentes paroles sont prononcées devant un auditoire dont Nabokov ne doute pas une seconde qu'il appartient majoritairement au camp de la règle : spécimen de l' ''homo americanus'' abreuvés de stéréotypes et de slogans, esprits petits-bourgeois à qui il aime répéter que « Ph.D. » (doctorat) signifie « département de philistins », et dont il s'échine, quelques heures par semaine, à décrotter la tête, ouvrir les yeux, réveiller l'esprit critique. « Mon problème, attaque-t-il en piqué dans son cours sur [[Fedor Dostoïevski|Dostoïevski]], est que les lecteurs auxquels je m'adresse dans ces cours ou dans d'autres ne sont pas tous avertis. Je dirais qu'un bon tiers d'entre eux ignorent la différence entre la vraie et la pseudo-littérature, et que les |
{{citation|citation=Le sel de l'histoire, bien sûr, c'est que toutes ces virulentes paroles sont prononcées devant un auditoire dont Nabokov ne doute pas une seconde qu'il appartient majoritairement au camp de la règle : spécimen de l' ''homo americanus'' abreuvés de stéréotypes et de slogans, esprits petits-bourgeois à qui il aime répéter que « Ph.D. » (doctorat) signifie « département de philistins », et dont il s'échine, quelques heures par semaine, à décrotter la tête, ouvrir les yeux, réveiller l'esprit critique. « Mon problème, attaque-t-il en piqué dans son cours sur [[Fedor Dostoïevski|Dostoïevski]], est que les lecteurs auxquels je m'adresse dans ces cours ou dans d'autres ne sont pas tous avertis. Je dirais qu'un bon tiers d'entre eux ignorent la différence entre la vraie et la pseudo-littérature, et que les œuvres de Dostoïevski peuvent leur sembler plus importantes et d'un art plus achevé que nos ineptes romans historiques américains ou des fadaises telle que ''Tant qu'il y aura des hommes''... »|précisions=Point de vue de Vladimir Nabokov sur le philistinisme.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XXI|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XXI|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
||
Ligne 172 : | Ligne 170 : | ||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XXII|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XXII|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
||
{{citation|citation=[...] « toute |
{{citation|citation=[...] « toute œuvre d'art est toujours création d'un monde nouveau », d'une « entité flambant neuve ». Car la prétendue « réalité », affirme-t-il dans son cours sur ''Don Quichotte'', est « l'épithète commune, l'émotion moyenne, l'apologie de la multitude, l'univers du plat bon sens ». A l'inverse, le matériau de base est un chaos auquel « l'auteur dit Va! et le monde vacille et entre en fusion ».}} |
||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XXIV|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XXIV|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
||
{{citation|citation=Ce « ronronnement suprême de plaisir produit par l'impact d'une pensée voluptueuse qui est une autre façon de définir l'art authentique », Nabokov le nomme aussi « frisson ». A cet égard, ne jamais oublier que le mot se dit en italien ''capriccio'', d'où « caprice », fantaisie, liberté. L'inspiration de l'écrivain ? Une « sorte de frisson spirituel », un « frisson de sauvage magie ». La lecture ? « S'il entend réellement baigner dans la magie d'un livre de génie, le lecteur avisé le lira non pas avec son |
{{citation|citation=Ce « ronronnement suprême de plaisir produit par l'impact d'une pensée voluptueuse qui est une autre façon de définir l'art authentique », Nabokov le nomme aussi « frisson ». A cet égard, ne jamais oublier que le mot se dit en italien ''capriccio'', d'où « caprice », fantaisie, liberté. L'inspiration de l'écrivain ? Une « sorte de frisson spirituel », un « frisson de sauvage magie ». La lecture ? « S'il entend réellement baigner dans la magie d'un livre de génie, le lecteur avisé le lira non pas avec son cœur, non pas avec son esprit, mais avec sa moelle épinière : c'est là que se produit le frisson révélateur... »}} |
||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XXX|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XXX|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
||
{{citation|citation=Attention, lenteur et patience sont nécessaires. « Un livre est une malle bourrée de quantité de choses, dit-il. A la douane, le préposé y fourrage négligemment pour la forme, mais le chercheur de trésors examine le moindre fils. » Ce n'est que par une longue fréquentation des |
{{citation|citation=Attention, lenteur et patience sont nécessaires. « Un livre est une malle bourrée de quantité de choses, dit-il. A la douane, le préposé y fourrage négligemment pour la forme, mais le chercheur de trésors examine le moindre fils. » Ce n'est que par une longue fréquentation des œuvres qu'on peut espérer en découvrir les secrets à travers les lieux, les personnes et les objets. « Assez curieusement, on ne peut pas lire un livre, assène Nabokov, on ne peut que le relire. Un bon lecteur, un lecteur actif et créateur est un re-lecteur. »}} |
||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XXX|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XXX|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
||
Ligne 184 : | Ligne 182 : | ||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XXXI|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XXXI|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}} |
||
{{citation|citation=<poem>En France, pour arriver jusqu'au roi, note [[Jules Michelet|Michelet]], il fallait se frayer un chemin à travers un mur de femmes. La maîtresse devint une sorte d'institution sociale ; à en croire la littérature, elle était exigeante et dangereuse, mais plus intéressante et plus agréable qu'une épouse : détail rituel du roman que ''Don Quichotte'' aurait accaparé. Dans la saison avancée de la décadence, la maîtresse devint une aguichante Lilith, l'éternel féminin en chemise de nuit en dentelles, exhalant des effluves de fatalité, de damnation et de mort. Lulu, l'a appelée Benjamin Franklin Wedekind. Molly, a dit [[James Joyce|Joyce]]. Circé, a dit Pound. Odette, a dit [[Marcel Proust|Proust]]. Et c'est dans ce |
{{citation|citation=<poem>En France, pour arriver jusqu'au roi, note [[Jules Michelet|Michelet]], il fallait se frayer un chemin à travers un mur de femmes. La maîtresse devint une sorte d'institution sociale ; à en croire la littérature, elle était exigeante et dangereuse, mais plus intéressante et plus agréable qu'une épouse : détail rituel du roman que ''Don Quichotte'' aurait accaparé. Dans la saison avancée de la décadence, la maîtresse devint une aguichante Lilith, l'éternel féminin en chemise de nuit en dentelles, exhalant des effluves de fatalité, de damnation et de mort. Lulu, l'a appelée Benjamin Franklin Wedekind. Molly, a dit [[James Joyce|Joyce]]. Circé, a dit Pound. Odette, a dit [[Marcel Proust|Proust]]. Et c'est dans ce chœur que Nabokov a choisi sa Lulu, Lolita, dont le véritable nom, Dolorès, était plus swinburnien, en l'associant, par alliage, à ses cousines Alice (Nabokov a traduit en russe Alice au pays des merveilles), la Rose de [[John Ruskin|Ruskin]] et l'Annabel Lee de [[Edgar Allan Poe|Poe]]. Mais elle avait pour aïeule Dulcinée du Toboso.</poem>|précisions=Guy Davenport préfaçant le tome III de ''Littératures''.}} |
||
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Hélène Pasquier|année=2010|année d'origine=1980|page=924|collection=Bouquins|partie=Littératures III|Préface de Guy Davenport}} |
{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|traducteur=Hélène Pasquier|année=2010|année d'origine=1980|page=924|collection=Bouquins|partie=Littératures III|Préface de Guy Davenport}} |
||
Version du 9 septembre 2016 à 20:16
Vladimir Nabokov (en russe Владимир Владимирович Набоков) est un romancier, poète et critique littéraire américain d'origine russe né à Saint-Pétersbourg le 23 avril 1899, mort à Montreux le 2 juillet 1977.
Citations propres à l'auteur
Le Mot, 1923
- Cette citation est extraite de la nouvelle Le Mot qui parut pour la première fois en langue française en 2010.
- « Le Mot », Vladimir Nabokov (trad. Bernard Kreise), Le Magazine Littéraire, nº 495, Mars 2010, p. 10
- « Le Mot », Vladimir Nabokov (trad. Bernard Kreise), Le Magazine Littéraire, nº 495, Mars 2010, p. 10
- A propos d'un ange.
- « Le Mot », Vladimir Nabokov (trad. Bernard Kreise), Le Magazine Littéraire, nº 495, Mars 2010, p. 11
- « Le Mot », Vladimir Nabokov (trad. Bernard Kreise), Le Magazine Littéraire, nº 495, Mars 2010, p. 11
- « Le Mot », Vladimir Nabokov (trad. Bernard Kreise), Le Magazine Littéraire, nº 495, Mars 2010, p. 11
- « Le Mot », Vladimir Nabokov (trad. Bernard Kreise), Le Magazine Littéraire, nº 495, Mars 2010, p. 11
L'Enchanteur, 1939
- L'Enchanteur (1939), Vladimir Nabokov (trad. Gilles Barbedette), éd. Seuil, coll. « Points », 1986, p. 16
- L'Enchanteur (1939), Vladimir Nabokov (trad. Gilles Barbedette), éd. Seuil, coll. « Points », 1986, p. 19
- L'Enchanteur (1939), Vladimir Nabokov (trad. Gilles Barbedette), éd. Seuil, coll. « Points », 1986, p. 21-22
- L'Enchanteur (1939), Vladimir Nabokov (trad. Gilles Barbedette), éd. Seuil, coll. « Points », 1986, p. 32-33
- L'Enchanteur (1939), Vladimir Nabokov (trad. Gilles Barbedette), éd. Seuil, coll. « Points », 1986, p. 41
- Citation choisie pour le 3 février 2012.
- L'Enchanteur (1939), Vladimir Nabokov (trad. Gilles Barbedette), éd. Seuil, coll. « Points », 1986, p. 52
Littératures, 1941-1958
Vladimir Nabokov a enseigné la littérature européenne de 1941 à 1958. Ces cours qu'il a professé dans plusieurs universités américaines se trouvent réunis dans Littératures.
Bons lecteurs et bons écrivains
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, Bons lecteurs et bons écrivains, p. 35
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, Bons lecteurs et bons écrivains, p. 36
Gustave Flaubert (1821-1880) — Madame Bovary (1856)
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, Gustave Flaubert (1821-1880) — Madame Bovary (1856), p. 192
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, Gustave Flaubert (1821-1880) — Madame Bovary (1856), p. 193
Marcel Proust (1871-1922) — Du côté de chez Swann (1913)
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, Marcel Proust (1871-1922) — Du côté de chez Swann (1913), p. 287
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, Marcel Proust (1871-1922) — Du côté de chez Swann (1913), p. 287
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, Marcel Proust (1871-1922) — Du côté de chez Swann (1913), p. 292
L'Art de la littérature et le bon sens
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, L'Art de la littérature et le bon sens, p. 485
Je me souviens d'un dessin où l'on voyait un ramoneur, qui tombait du toit d'un haut immeuble, remarquer en passant une faute d'orthographe sur une enseigne et se demander, tout en poursuivant sa chute, pourquoi personne n'avait pensé à la corriger. En un sens, nous faisons tous le même plongeon mortel, du haut de l'étage supérieur de notre naissance jusqu'aux dalles plates du cimetière, et en compagnie d'une immortelle Alice au pays des merveilles, nous nous étonnons de ce que nous voyons défiler sur les murs. Cette capacité de s'étonner devant des petites choses en dépit du péril imminent, ces à-côtés de l'esprit, ces notes au bas des pages du livre de la vie, constituent les formes les plus hautes de la conscience, et c'est dans cet état d'esprit naïvement spéculatif, si différent du bon sens et de sa logique, que nous savons que le monde est bon.
Dans ce monde divinement absurde de l'esprit, les symboles mathématiques ne prospèrent pas. Leur mécanisme, quelque bien huilés qu'en soient les rouages, avec quelque application qu'ils singent les circonvolutions de nos rêves et les quanta de nos associations d'idées, ne peuvent jamais exprimer réellement ce qui est si profondément étranger à leur nature, considérant que rien n'enchante davantage un esprit créateur que d'accorder à un détail apparemment incongru la suprématie sur une généralisation apparemment dominante. De l'instant où l'on éjecte le bon sens en même temps que sa machine à calculer, les chiffres cessent de troubler l'esprit. Les statistiques retroussent leurs jupons et s'enfuient à toutes jambes.
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, L'Art de la littérature et le bon sens, p. 486
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, L'Art de la littérature et le bon sens, p. 491
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, L'Art de la littérature et le bon sens, p. 492
Nikolaï Gogol (1809-1852) — « Le manteau » (1842)
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures II, Nikolaï Gogol (1809-1852) — « Le manteau » (1842), p. 602
Ivan Tourguéniev (1818-1883)
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures II, Ivan Tourguéniev (1818-1883), p. 607
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures II, Ivan Tourguéniev (1818-1883), p. 607
Anton Tchekhov (1860-1904)
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures II, Anton Tchekhov (1860-1904), p. 826
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures II, Anton Tchekhov (1860-1904), p. 827
- In « La dame au petit chien » (1899).
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures II, Anton Tchekhov (1860-1904), p. 830
Des philistins et du philistinisme
Je me sers du terme « bourgeois » au sens où l'entend Flaubert, et non Marx. Pour Flaubert, « bourgeois » qualifie un état d'esprit et non l'état du portefeuille. Un bourgeois est un philistin suffisant, un vulgaire sentencieux.
On aura peu de chance de rencontrer un philistin dans une société très primitive, quoique, même là, on puisse certainement trouver des rudiments de philistinisme. Nous pouvons imaginer, par exemple, un cannibale qui préférerait que la tête humaine qu'il mange soit colorée avec art, tout comme le philistin américain préfère ses oranges orange, son saumon rose et son whisky jaune. Mais en général, le philistinisme présume un état de civilisation avancé dans lequel, au cours de siècles, certains traditions se sont accumulées au point d'empester.
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures II, p. 891
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures II, p. 893
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures II, p. 894
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures II, p. 896
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures II, p. 896
Lolita, 1955
- Lolita (1955), Vladimir Nabokov (trad. E. H. Kahane), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1959, p. 86
La Transparence des choses, 1972
- La Transparence des choses (1972), Vladimir Nabokov (trad. Donald Harper et Jean-Bernard Blandenier), éd. Arthème Fayard, coll. « Folio », 1979, p. 31
D'autres auteurs le concernant
Tu aimes l'art parce que tu goûtes encore l'aventure, le jeu, les dieux, rire et jouir. Tu aimes l'art parce qu'il t'innocente du cauchemar collectif, révèle ton âme comme foyer vivant d'énergie et de désir vrais, cibles et flèches érotiques. Tu aimes l'art parce que tu hais la mort et d'ailleurs n'y crois pas, le problème du temps se résolvant en épiphanies dans ta solitude pensive.
Il va sans dire alors que ces cours sont pour toi — comme d'ailleurs toute l'œuvre de Nabokov. Car véritables exercices de guerre défensive, ils retournent contre l'ennemi les armes mêmes que ce dernier entend liquider : raison, sensibilité, esprit critique, jouissance, luxe.
- Cécile Guilbert préfaçant la réédition de 2010 des cours de littérature européenne de Vladimir Nabokov, professés entre 1941 et 1958 dans plusieurs universités américaines et réunis sous le titre Littératures.
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. VIII
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. X
« J'ai toujours eu un certain nombre de rôles en réserve au cas où ma muse me ferait défaut », assentit Nabokov avec son humour habituel à un interviewer de la BBC venu l'interroger quelques semaines avant sa mort, en 1977 : « En tête venait le lépidoptériste, explorateur de célèbres jungles. Ensuite il y avait le grand maître aux échecs, puis le champion de tennis au revers implacable, enfin le goal qui arrête un but historique, et pour finir, l'auteur d'une pile d'ouvrages inconnus : Feu pâle, Lolita, Ada, que découvrent et publient mes héritiers. »
Or, bizarrement, il a omis de cette malicieuse déclaration son rôle de professeur. Un rôle qu'il a pourtant joué pendant presque vingt ans. Un rôle exécuté avec le soin et la fougue qu'il propulsait dans tout ce qu'il entreprenait. Un rôle interprété avec tant d'originalité que tous ses spectateurs s'en souviennent encore. Un rôle qui, à l'instar des autres et les diffractant tous, a laissé de volumineuses traces imprimées dans lesquelles on le retrouve tout entier.
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XIV
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XV
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XVIII
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XIII
- Point de vue de Vladimir Nabokov sur le philistinisme.
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XIX
- Point de vue de Vladimir Nabokov sur le philistinisme.
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XX
- Point de vue de Vladimir Nabokov sur le philistinisme.
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXI
[...] toute règle possédant son exception, il lui arrive d'évoquer dans sa correspondance « 146 étudiants morts d'ennui et 4 enthousiastes ». Et au fond, c'est à ces quatre-là seulement qu'il s'adresse.
Car à l'opposé du philistin, à toutes les époques et dans tous les milieux, se dresse l'individu particulier, singulier, solitaire, spirituellement différent. Forcément rare et minoritaire, c'est l'artiste, mais aussi l'opposant politique, le dissident, le scissionniste, le résistant. C'est lexicalement parlant le libertin [En « fauconnerie, se dit de l'oiseau de proie qui s'écarte et ne revient pas » (Littré)], mais aussi l'excentrique, le décalé. Nul n'a été plus sensible que Nabokov à la fragilité de cette différence, de cette discordance toujours menacée, étouffée ou combattue. Pas seulement par la dictature mais par le ressentiment démocratique. Pas seulement par la censure mais par l'indifférence, l'insensibilité, voire la cruauté. « Quiconque dont l'esprit est assez fier pour ne pas se développer suivant un schéma invariable, dit-il, a en secret une bombe derrière la tête. » Mais aussi : « Plus l'individu est brillant, plus il est près du bûcher. Etranger rime toujours avec danger. »
Ce « brillant étranger » (suivez son regard) est bien sûr au premier chef le grand écrivain, mais aussi l'excellent lecteur communiquant avec lui dans la jouissance de l'art.
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXII
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXIV
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXX
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXX
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXXI
En France, pour arriver jusqu'au roi, note Michelet, il fallait se frayer un chemin à travers un mur de femmes. La maîtresse devint une sorte d'institution sociale ; à en croire la littérature, elle était exigeante et dangereuse, mais plus intéressante et plus agréable qu'une épouse : détail rituel du roman que Don Quichotte aurait accaparé. Dans la saison avancée de la décadence, la maîtresse devint une aguichante Lilith, l'éternel féminin en chemise de nuit en dentelles, exhalant des effluves de fatalité, de damnation et de mort. Lulu, l'a appelée Benjamin Franklin Wedekind. Molly, a dit Joyce. Circé, a dit Pound. Odette, a dit Proust. Et c'est dans ce chœur que Nabokov a choisi sa Lulu, Lolita, dont le véritable nom, Dolorès, était plus swinburnien, en l'associant, par alliage, à ses cousines Alice (Nabokov a traduit en russe Alice au pays des merveilles), la Rose de Ruskin et l'Annabel Lee de Poe. Mais elle avait pour aïeule Dulcinée du Toboso.
- Guy Davenport préfaçant le tome III de Littératures.
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures III, p. 924
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures III, p. 924