« Andreï Makine » : différence entre les versions
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== ''Le testament français'', 1995== |
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|citation=Encore enfant, je devinais que ce sourire très singulier représentait pour chaque femme une étrange petite victoire. Oui, une éphémère revanche sur les espoirs déçus, sur la grossièreté des hommes, sur la rareté des choses belles et vraies dans ce monde. Si j'avais su le dire, à l'époque, j'aurais appelé cette façon de sourire « féminité »... Mais ma langue était alors trop concrète. Je me contentais d'examiner, dans nos albums de photos, les visages féminins et de |
|citation=Encore enfant, je devinais que ce sourire très singulier représentait pour chaque femme une étrange petite victoire. Oui, une éphémère revanche sur les espoirs déçus, sur la grossièreté des hommes, sur la rareté des choses belles et vraies dans ce monde. Si j'avais su le dire, à l'époque, j'aurais appelé cette façon de sourire « féminité »... Mais ma langue était alors trop concrète. Je me contentais d'examiner, dans nos albums de photos, les visages féminins et de retrouver ce reflet de beauté sur certains d'entre eux.<br /> |
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Car ces femmes savaient que pour être belles, il fallait, quelques secondes avant que le flash ne les aveugle, prononcer ces mystérieuses syllabes françaises dont peu connaissaient le sens : « pe-tite-pomme... » Comme par enchantement, la bouche, au lieu de s'étirer dans une béatitude enjouée ou de se crisper dans un rictus anxieux, formait ce gracieux arrondi. Le visage tout entier en demeurait transfiguré. |
Car ces femmes savaient que pour être belles, il fallait, quelques secondes avant que le flash ne les aveugle, prononcer ces mystérieuses syllabes françaises dont peu connaissaient le sens : « pe-tite-pomme... » Comme par enchantement, la bouche, au lieu de s'étirer dans une béatitude enjouée ou de se crisper dans un rictus anxieux, formait ce gracieux arrondi. Le visage tout entier en demeurait transfiguré. |
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Version du 3 mars 2016 à 21:46
Andreï Makine, né le 10 septembre 1957 à Krasnoïarsk, en Sibérie, est un écrivain d'origine russe et de langue française. Il a également publié des romans sous le pseudonyme de Gabriel Osmonde.
La fille d'un héros de l'Union soviétique, 1990
C'est ainsi que sa vie n'avait tenu qu'à cet éclat de miroir terni et aux doigts bleuis par le froid d'une ambulancière mince comme une adolescente. Il était couché dans ce champ printanier labouré par les chars, au milieu de centaines de capotes figées pendant la nuit en un monceau glacé. À gauche, d'un noir cratère, des poutres brisées hérissaient leurs pointes déchiquetées. Tout près, les roues enfoncées dans une tranchée à demi éboulée, un canon antichar se cabrait vers le ciel.
- Incipit
- La fille d'un héros de l'Union soviétique, Andreï Makine, éd. Robert Laffont, 1990 (ISBN 2-221-08265-6), p. 11
Soudain, tout cet espace glacé s'adoucit, se réchauffa, se voila d'une petite ombre de brume. Tatiana sauta sur ses jambes et brandissant l'éclat d'où s'effaçait rapidement la buée légère du souffle, cria :
- La fille d'un héros de l'Union soviétique, Andreï Makine, éd. Robert Laffont, 1990 (ISBN 2-221-08265-6), p. 13
Confession d'un porte-drapeau déchu, 1992
– Iacha !
D'un banc, derrière les touffes humides des dahlias, un homme se levait, marquait la page dans son livre avec une brindille et se dirigeait vers l'entrée. Son crâne, absolument chauve et d'une pâleur incroyable, semblait transparent. Seuls quelques cheveux argentés frisaient au bas de sa nuque. En passant près de nous il nous lançait avec une douceur rieuse mais ferme :
- Confession d'un porte-drapeau déchu, Andreï Makine, éd. Belfond, 1992 (ISBN 2-7144-3419-3), p. 11
Le testament français, 1995
Car ces femmes savaient que pour être belles, il fallait, quelques secondes avant que le flash ne les aveugle, prononcer ces mystérieuses syllabes françaises dont peu connaissaient le sens : « pe-tite-pomme... » Comme par enchantement, la bouche, au lieu de s'étirer dans une béatitude enjouée ou de se crisper dans un rictus anxieux, formait ce gracieux arrondi. Le visage tout entier en demeurait transfiguré.
- Incipit du roman
- Le testament français, Andreï Makine, éd. Mercure de France, 1995 (ISBN 2-07152-1936-9[à vérifier : ISBN invalide]), p. 13
A travers ses larmes, elle regarda la pièce comme pour la première fois : une fenêtre au ras du sol, ce bouquet d'aneth venant déjà d'une autre époque de sa vie, un sac de soldat sur le tabouret près de l'entrée, des grosses bottes couvertes de poussière rousse. Et sous une ampoule nue et terne, au milieu de cette pièce à moitié enfouie dans la terre — ce corps méconnaissable, on eût dit déchiré par les rouages d'une machine. Des mots étonnés se formèrent en elle, à son insu : « Moi, Charlotte Lemonnier, je suis là, dans cette isba ensevelie sous l'herbe des steppes, avec cet homme, ce soldat au corps lacéré de blessures, le père des mes enfants, l'homme que j'aime tant... Moi Charlotte Lemonnier... »
- Le testament français, Andreï Makine, éd. Mercure de France, 1995 (ISBN 2-07152-1936-9[à vérifier : ISBN invalide]), p. 136
— Mais toi, tu pourrais aussi partir à l'étranger ! En France, par exemple... Ça te tenterait, hein ?
L'expression de ses traits ne changea pas. Elle baissa simplement les yeux. J'entendis la mélodie sifflante de la bouilloire, le tintement des cristaux de neige contre la vitre noire.
— Tu sais, me dit-elle enfin avec un sourire fatigué, quand en 1922 j'allai en Sibérie, la moitié, ou peut-être le tiers de ce voyage, je l'ai fait à pied. C'était comme d'ici à Paris. Tu vois, je n'aurais même pas besoin de vos avions...
Elle sourit de nouveau, me regardant dans les yeux. Mais malgré cette intonation enjouée, je devinai dans sa voix un accent profond d'amertume. Confus, je pris une cigarette, je sortis sur le balcon...
- Le testament français, Andreï Makine, éd. Mercure de France, 1995 (ISBN 2-07152-1936-9[à vérifier : ISBN invalide]), p. 262
Le crime d'Olga Arbélina, 1998
- Incipit
- Le crime d'Olga Arbélina, Andreï Makine, éd. Mercure de France, 1998 (ISBN 2-7152-2090-1), p. 13
– Pourriez-vous me parler de cette femme ?
Le regard du vieux gardien semble traverser de longues étendues d'obscurité, des villes nocturnes peuplées depuis longtemps par des ombres. On voit qu'il tente de comprendre à qui il a affaire : à l'un de ces curieux qui viennent pour emporter deux ou trois anecdotes. Ou bien à un fugitif qui s'est évadé d'un déjeuner familial et s'est réfugié ici pour retrouver son souffle. Ou peut-être à celui dont il n'espérait plus la venue ?
Il se met à parler en se dirigeant lentement vers la grille du portail qui aurait dû être fermée il y a au moins une heure. Dans ses paroles perce une très grande lassitude.
- Le crime d'Olga Arbélina, Andreï Makine, éd. Mercure de France, 1998 (ISBN 2-7152-2090-1), p. 25
Non, elle pleurera à l'instant où son voisin, mine émaciée, regard mort, hésitera une seconde, puis partagera avec elle son pain…
- Le crime d'Olga Arbélina, Andreï Makine, éd. Mercure de France, 1998 (ISBN 2-7152-2090-1), p. 140
Le voyage d'une femme qui n'avait plus peur de vieillir, 2001
- Makine a signé ce roman sous le nom de Gabriel Osmonde
- Le voyage d'une femme qui n'avait plus peur de vieillir, Gabriel Osmonde, éd. Albin Michel, 2001 (ISBN 2-226-12721-6), p. 21
- Makine a signé ce roman sous le nom de Gabriel Osmonde
- Le voyage d'une femme qui n'avait plus peur de vieillir, Gabriel Osmonde, éd. Albin Michel, 2001 (ISBN 2-226-12721-6), p. 214
- Makine a signé ce roman sous le nom de Gabriel Osmonde
- Le voyage d'une femme qui n'avait plus peur de vieillir, Gabriel Osmonde, éd. Albin Michel, 2001 (ISBN 2-226-12721-6), p. 223
- Makine a signé ce roman sous le nom de Gabriel Osmonde
- Le voyage d'une femme qui n'avait plus peur de vieillir, Gabriel Osmonde, éd. Albin Michel, 2001 (ISBN 2-226-12721-6), p. 264
La musique d'une vie, 2001
Je me dis qu'une telle mentalité a un nom. un terme que j'ai entendu récemment dans la bouche d'un ami, auditeur clandestin des radios occidentales. une appellation que j'ai sur le bout de la langue et que seule la fatigue m'empêche de reproduire. Je me secoue et le mot, lumineux et définitif, éclate : « Homo sovieticus ! ».
- La musique d'une vie, Andreï Makine, éd. Seuil, 2001 (ISBN 2-02-048343-2), p. 21
Il n'avait pas l'impression de jouer. Il avançait à travers une nuit, respirait sa transparence fragile d'infinies facettes de glace, de feuilles, de vent. Il ne portait plus aucun mal en lui. Pas de crainte de ce qui allait arriver. Pas d'angoisse ou de remords. La nuit à travers laquelle il avançait disait et ce mal, et cette peur, mais tout cela était déjà devenu musique et n'existait que par sa beauté.
- La musique d'une vie, Andreï Makine, éd. Seuil, 2001 (ISBN 2-02-048343-2), p. 119
La terre et le ciel de Jacques Dorme, 2003
- La terre et le ciel de Jacques Dorme, Andreï Makine, éd. Éditions du Rocher, 2006 (ISBN 2-268-05900-6), p. 54
La femme qui attendait, 2004
J'ai écrit cette phrase à ce moment singulier où la connaissance de l'autre (de cette femme-là , Véra) nous semble acquise. Avant, c'est la curiosité, la divination, la soif d'aveux.
- La femme qui attendait, Andreï Makine, éd. Seuil, 2004 (ISBN 2-02-063743-X), p. 9
- La femme qui attendait, Andreï Makine, éd. Seuil, 2004 (ISBN 2-02-063743-X), p. 72
- La femme qui attendait, Andreï Makine, éd. Seuil, 2004 (ISBN 2-02-063743-X), p. 102
La vie d'un homme inconnu, 2009
- La vie d'un homme inconnu, Andreï Makine, éd. Seuil, 2009 (ISBN 978-2-02-098296-2), p. 44
- La vie d'un homme inconnu, Andreï Makine, éd. Seuil, 2009 (ISBN 978-2-02-098296-2), p. 99
- La vie d'un homme inconnu, Andreï Makine, éd. Seuil, 2009 (ISBN 978-2-02-098296-2), p. 104
- La vie d'un homme inconnu, Andreï Makine, éd. Seuil, 2009 (ISBN 978-2-02-098296-2), p. 110
- La vie d'un homme inconnu, Andreï Makine, éd. Seuil, 2009 (ISBN 978-2-02-098296-2), p. 162
- La vie d'un homme inconnu, Andreï Makine, éd. Seuil, 2009 (ISBN 978-2-02-098296-2), p. 222
Le livre des brèves amours éternelles, 2011
- Le livre des brèves amours éternelles, Andreï Makine, éd. Seuil, 2011 (ISBN 978-2-02103365-6), p. 44
- Le livre des brèves amours éternelles, Andreï Makine, éd. Seuil, 2011 (ISBN 978-2-02103365-6), p. 46
- Le livre des brèves amours éternelles, Andreï Makine, éd. Seuil, 2011 (ISBN 978-2-02103365-6), p. 81
- Le livre des brèves amours éternelles, Andreï Makine, éd. Seuil, 2011 (ISBN 978-2-02103365-6), p. 89
- Le livre des brèves amours éternelles, Andreï Makine, éd. Seuil, 2011 (ISBN 978-2-02103365-6), p. 102
Une femme aimée, 2013
– Partir ! »
- Une femme aimée, Andreï Makine, éd. Seuil, 2013 (ISBN 978-2-02-109551-7), p. 154
« Ce qu'ils vivaient était si étranger au monde que pour s'aimer, ils devaient effacer ce monde-là. Partir. Renaître... »
- Une femme aimée, Andreï Makine, éd. Seuil, 2013 (ISBN 978-2-02-109551-7), p. 207
- Une femme aimée, Andreï Makine, éd. Seuil, 2013 (ISBN 978-2-02-109551-7), p. 347
Le pays du lieutenant Schreiber, 2014
- Le pays du lieutenant Schreiber, Andreï Makine, éd. Grasset, 2014 (ISBN 978-2-246-81037-7), p. 32
- Le pays du lieutenant Schreiber, Andreï Makine, éd. Grasset, 2014 (ISBN 978-2-246-81037-7), p. 104
- Le pays du lieutenant Schreiber, Andreï Makine, éd. Grasset, 2014 (ISBN 978-2-246-81037-7), p. 105