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Version du 10 avril 2015 à 21:36

Andreï Makine

Andreï Makine, né le 10 septembre 1957 à Krasnoïarsk, en Sibérie, est un écrivain d'origine russe et de langue française. Il a également publié des romans sous le pseudonyme de Gabriel Osmonde.

La musique d'une vie

Si je les réveillais et les interrogais sur leur vie, ils déclareraient san broncher que le pays est un paradis, à quelques retards de train près. Et si soudain le haut-parleur annonçait d'une voix d'acier le début d'une guerre, toute cette masse s'ébranlerait, prête à vivre cette guerre comme allant de soi, prête à souffrir, à se sacrifier, avec une acceptation toute naturelle de la faim, de la mort ou de la vie dans la boue de cette gare, dans le froid des plaines qui s'étendent derrière les rails.
Je me dis qu'une telle mentalité a un nom. un terme que j'ai entendu récemment dans la bouche d'un ami, auditeur clandestin des radios occidentales. une appellation que j'ai sur le bout de la langue et que seule la fatigue m'empêche de reproduire. Je me secoue et le mot, lumineux et définitif, éclate : « Homo sovieticus !  ».
  • La musique d'une vie, Andreï Makine, éd. Seuil, 2001  (ISBN 2-02-048343-2), p. 21


Quand il laissa retomber ses mains sur le clavier, on put croire encore au hasard d'une belle harmonie formée malgré lui. Mais une seconde après la musique déferla, emportant par sa puissance les doutes, les voix, les bruits, effaçant les mines hilares, les regards échangés, écartant les murs, dispersant la lumière du salon dans l'immensité nocturne du ciel derrière les fenêtres.
Il n'avait pas l'impression de jouer. Il avançait à travers une nuit, respirait sa transparence fragile d'infinies facettes de glace, de feuilles, de vent. Il ne portait plus aucun mal en lui. Pas de crainte de ce qui allait arriver. Pas d'angoisse ou de remords. La nuit à travers laquelle il avançait disait et ce mal, et cette peur, mais tout cela était déjà devenu musique et n'existait que par sa beauté.
  • La musique d'une vie, Andreï Makine, éd. Seuil, 2001  (ISBN 2-02-048343-2), p. 119


Une femme aimée

« Elle a vécu à la limite extrême des jeux humains, au sommet de ce que nous imaginons comme pouvoir, richesse, plaisir charnel. Cette limite était son quotidien. Donc elle devait certainement vouloir la franchir et ...
– Partir ! »


Oleg se rappelle Eva Sander. Elle tenait passionnément à cette version. Un amour tardif que Catherine découvre enfin, une tendresse inattendue de la part d'une femme qui a toujours su organiser sa vie charnelle, tel un département de ministère.
« Ce qu'ils vivaient était si étranger au monde que pour s'aimer, ils devaient effacer ce monde-là. Partir. Renaître... »


Oleg comprend que l'amour peut être aussi cette tendresse qui protège, qui suspend la douleur, qui rend essentiel le reflet neigeux venant de la fenêtre jusqu'à cette main féminine dont les doigts frémissent dans le sommeil. Une certitude très simple : leur voyage avait pour destination cette ville assoupie, cette chambre donnant sur les grands arbres blancs, ce reflet bleuté de la nuit que ses lèvres effleurent sur la main de la femme.


Le pays du lieutenant Schreiber

Les hommes dont me parlera le lieutenant Schreiber me feront souvent penser à ce soldat qui s'est tourné brièvement vers nous en espérant ne pas être rejeté dans l'oubli.


Les colis que les biens nommés « valisards » font acheminer de la campagne supportent mal la chaleur printanière, ce qui provoque une scène d'anthologie à laquelle assistent, effondrés, Simone de Beauvoir et Jacques-Laurent Bost : Sartre, en lanceur de grenade, jette par la fenêtre un lapin impropre à la consommation...


... C'est cette nuit-là, je crois, qu'un officier américain criera à ses hommes débarqués sur les plages normandes et qui essayaient de s'accrocher aux falaises criblées de balles : « Mourrez le plus loin possible, les gars ! »...


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