« Bernard Maris » : différence entre les versions

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.
Contenu supprimé Contenu ajouté
→‎Houellebecq économiste : typo, coquilles
catégorisation
Ligne 123 : Ligne 123 :


{{DEFAULTSORT:Maris, Bernard}}
{{DEFAULTSORT:Maris, Bernard}}

[[Catégorie:Économiste]]
[[Catégorie:Économiste]]
[[Catégorie:Journaliste]]
[[Catégorie:Journaliste]]
[[Catégorie:Écrivain]]
[[Catégorie:Romancier]]
[[Catégorie:Personnalité française]]
[[Catégorie:Écrivain français]]
[[Catégorie:Naissance en 1946]]
[[Catégorie:Naissance en 1946]]
[[Catégorie:Décès en 2015]]
[[Catégorie:Décès en 2015]]

Version du 8 mars 2015 à 19:12

Bernard Maris est un économiste, écrivain et journaliste français, né le 23 septembre 1946 à Toulouse (Haute-Garonne) et assassiné le 7 janvier 2015 à Paris lors de l'attentat au siège du journal Charlie Hebdo.

Houellebecq économiste

Pour comprendre la vie, les économistes ne cessent d'en chasser le sel, l'amour, le désir, la violence, la peur, l'effroi, au nom de la rationalité des comportements. Ils traquent pour la détruire cette émotion qui abolit la chaine causale.


Ses livres relèvent de la santé publique. Voir que notre époque est quadrillée par la science et la statistique, laquelle est étymologiquement au cœur de la raison d'État et de sa volonté de normer par la « loi normale » le monde est une chose ; approcher ensuite les deux raisons de vivre, ou survivre, houellebecquiennes – la bonté et l'amour – en est une autre, autrement oxygénante.


En France, le décret d'Allarde et la loi Le Chapelier abolirent les corporations et les corps intermédiaires, de sorte que, disait le législateur, il n'est permis à personne de séparer les citoyens de la chose publique par un esprit de coopération. En haut l'État, en bas une poussière d'individu. Entre les deux : l'économie.


Tout, dans l'économie, est fait pour briser les liens qui pouvaient unir les individus à leur famille, leurs géniteurs, des proches. Houellebecq conte ce processus d'individualisation, d'atomisation des sociétés, qui, déjà, avait fasciné Marx. L'économie libérale brise tout ce qui est collectif : l'équipe au travail, la famille, le couple. En ce sens, la libération sexuelle relève d'une explosion de l'individualisme et a pour effet la destruction de ces communautés intermédiaires, les dernières à séparer l'individu du marché. C'est dans Les Particules élémentaires notamment qu'est décrite – poétisée serait plus juste – cette détestable tendance à l'atomisation sociale.


On retrouve ici la fonction fondamentale de l'argent, selon Georg Simmel : l'argent est ce qui permet de ne plus regarder les hommes dans le yeux. Et nous ne les regardons plus jamais, les yeux vissés sur nos ordinateurs ou nos Smartphones, attentifs à préserver notre solitude égoïste. Chacun pour soi. Tout dans la guerre. Tout dans cette guerre économique permanente qui est la toile de fond des romans de Houellebecq depuis Extension du domaine de la lutte et qui est devenu un état de nature.


Mais la destruction créatrice, l'essence du capitalisme, cache sous sa pseudo-nouveauté et son clinquant quelque chose de beaucoup plus terrible : elle cache la terreur que le changement perpétuel fait vivre aux subalternes, en même temps que le contrôle de fer qu'il leur impose. La destruction créatrice, c'est le fouet et la peur.


Car la pub est violente. Les publicités des marques sont les acouphènes d'un monde violent qui n'est jamais muet. La pub vise à susciter, à provoquer, à être le désir. Elle met en place un surmoi terrifiant et dur, beaucoup plus impitoyable qu'aucune loi ou coutume ayant jamais existé, qui colle à la peau et répète sans cesse : Tu dois désirer. Tu dois être désirable. Tu dois participer à la lutte, à la compétition, à la vie du monde. Si tu t'arrêtes, tu n'existes plus. La pub est l'aiguillon qui pousse les bœufs ou les moutons, les oblige à bouger. Elle clignote et change sans cesse. Elle est la perpétuité du provisoire, la négation de toute éternité, la destruction créatrice permanente, le renouvellement impitoyable et saccadé. D'une cruauté inimaginable, elle transforme l'être en fantôme obéissant, sans lieu, sans lien, dans la vanité et la superficialité absolues.


Promenez-vous dans le Mirail de Toulouse, conçu par un imbécile du nom de Candilis, qui a fabriqué ex-nihilo une zone sauvage et de non-droit, et observez la gare d'Orsay à Paris, architecture utilitaire puisque destinée à des trains... Vous comprendrez toute l'horreur architecturale conçue par les créateurs des années cinquante. Ces gens ont délibérément souillé l'espace vital des humains.


La fin de La Carte et le Territoire offre un éloge de l'artisanat préindustriel, marqué au sceau du christianisme médiéval, emprunté à William Morris. Les travailleurs sont vraiment libres. La conception et l'exécution ne sont plus distinctes.


Lorsque le nénuphar, à force de grossir, a occupé la surface de l'étang, il finit par étouffer et crever. C'est donc la transformation du monde en vaste zone de misère qui est l'avenir de l'humanité.


Zone euro

Moi-même, je pense qu'il y aura une nouvelle crise financière, que la zone euro éclatera, que l'Europe se balkanisera — elle est déjà balkanisée. Mais un certain nombre d'événements surgis depuis dix ans n'étaient pas prévisibles : la méga-crise financière, qui pouvait vraiment la prévoir ? Les Twin Towers ?
  • « Crise », Bernard Maris, Charlie Hebdo (ISSN 1240-0068), nº 965, 15 décembre 2010, p. 10


Patrons

Toujours les patrons se sont mal comportés. Depuis leur infâme participation à la collaboration jusqu'au dépeçage du capital public organisé par Chirac puis les socialistes. toujours le secret, les coups tordus, les caisses noires, l'influence sur les médias, sur les politiques.
  • « Pleurons sur les patrons », Bernard Maris, Charlie Hebdo (ISSN 1240-0068), nº 1175, 24 décembre 2014, p. 6


Vous pouvez également consulter les articles suivants sur les autres projets Wikimédia :