« Yasmina Khadra » : différence entre les versions

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=== ''Ce que le jour doit à la nuit'', 2008 ===
=== ''Ce que le jour doit à la nuit'', 2008 ===

Version du 30 novembre 2014 à 18:02

Yasmina Khadra (en arabe ياسمينة خضراء), de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, né le 10 janvier 1955 dans le Sahara algérien, est un écrivain algérien francophone. Son œuvre est connue et saluée dans le monde entier, dont la trilogie Les Hirondelles de Kaboul, L’Attentat et Les Sirènes de Bagdad, et Ce que le jour doit à la nuit, classé meilleur livre de l’année 2008 pour le magazine LIRE.

Citations

L’Attentat, 2005

Celui qui t’a dit qu’un homme ne doit pas pleurer ignore ce qu’homme veut dire. […] Il n’y a pas de honte à pleurer, mon grand. Les larmes sont ce que nous avons de plus noble. […] [Mais ç]a ne sert à rien de rester ici. Les morts sont morts et finis, quelque part ils ont purgé leurs peines. Quant aux vivants, ce ne sont que des fantômes en avance sur leur heure.
  • L’Attentat, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2005, p. 11


Je voudrais qu’il disparaisse sur-le-champ, que les esprits frappeurs hantant ma maison se transforment en courant d’air, qu’un ouragan défonce mes fenêtres et m’emporte loin, très loin du doute en train de me dévorer les tripes, de brouiller mes marques et de remplir mon cœur de graves incertitudes...
  • L’Attentat, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2005, p. 47


LA BÊTE IMMONDE EST PARMI NOUS.
  • L’Attentat, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2005, p. 59


Je dévale un sentier jusqu’à la plage, occupe un rocher et me concentre sur la brèche infinitésimale en train de griffer les ténèbres. La brise fourrage sous ma chemise, ébouriffe mes cheveux. Je ceinture mes genoux avec mes bras, pose délicatement mon menton dessus et ne quitte plus des yeux la zébrure opalescente retroussant doucement les basques de l’horizon.
  • L’Attentat, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2005, p. 80-81


Laisse la rumeur des flots absorber celle qui chahute ton intérieur [...]. C’est la meilleure façon de faire le vide en soi.
  • L’Attentat, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2005, p. 81


Il faut toujours regarder la mer. C’est un miroir qui ne sait pas nous mentir. C’est aussi comme ça que j’ai appris à ne plus regarder derrière moi. Avant, dès que je jetais un coup d’œil par-dessus mon épaule, je retrouvais intacts mes chagrins et mes revenants. Ils m’empêchaient de reprendre goût à la vie, tu comprends ? Ils gâchaient mes chances de renaître de mes cendres... [...] C’est pour cette raison qu’à mon âge finissant j’ai choisi de mourir dans ma maison au bord de l’eau... Qui regarde la mer tourne le dos aux infortunes du monde. Quelque part, il se fait une raison.
  • L’Attentat, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2005, p. 81


Je ne comprendrai jamais pourquoi les survivants d’un drame se sentent obligés de faire croire qu’ils sont plus à plaindre que ceux qui y ont laissé leur peau.
  • L’Attentat, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2005, p. 84


Son regard court sur le sable de la plage, plonge au milieu des vagues et va se perdre au large tandis que sa main diaphane monte lentement vers celle de sa petite-fille.
Tous les trois, perclus chacun dans son silence, nous contemplons l’horizon que l’aurore embrase de mille feux, certains que le jour qui se lève, pas plus que ceux qui l’ont précédé, ne saurait apporter suffisamment de lumière dans le cœur des hommes.
  • L’Attentat, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2005, p. 84


Ce que le jour doit à la nuit, 2008

Ce n’était pas une vie ; on existait, et c’est tout.
Le fait de se réveiller le matin relevait du miracle, et la nuit, lorsqu’on s’apprêtait à dormir, on se demandait s’il n’était pas raisonnable de fermer les yeux pour de bon, convaincus d’avoir fait le tour des choses et qu’elles ne valaient pas la peine que l’on s’attardât dessus. Les jours se ressemblaient désespérément ; ils n’apportaient jamais rien, ne faisaient, en partant, que nous déposséder de nos rares illusions qui pendouillaient au bout de notre nez, semblables aux carottes qui font avancer les baudets.
En ces années 1930, la misère et les épidémies décimaient les familles et le cheptel avec une incroyable perversité, contraignant les rescapés à l’exode, sinon à la clochardisation. Nos rares parents ne donnaient plus signe de vie. Quant aux loques qui se silhouettaient au loin, nous étions certains qu’elles ne faisaient que passer en coup de vent, le sentier qui traînait ses ornières jusqu’à notre gourbi était en passe de s’effacer.
Mon père n’en avait cure.
  • Ce que le jour doit à la nuit, Yasmina Khadra, éd. Pocket, 2008, p. 12


L’Olympe des Infortunes, 2010

Le soleil s’enlise inexorablement dans la mer. Il a beau s’agripper aux nuages, il ne parvient pas à empêcher la dégringolade. On voit bien qu’il déteste se prêter à cet exercice de mise en abîme, mais il n’y peut rien. Toute chose en ce monde a une fin et aucun règne n’échappe à son déclin.
  • L’Olympe des Infortunes, Yasmina Khadra, éd. Julliard, 2010, p. 25


Parfois aussi, il se prend la tête à deux mains et éclate en sanglots ; ses gémissements alors recouvrent la rumeur des flots et font douter la nuit des réels desseins des insomniaques... Mille fois la culpabilité lui suggère de marcher dans la mer jusqu’aux portes du ciel, et mille fois la froideur de l’eau l’en dissuade.
Ach se sent dépérir à vue d’œil.
Il est le remords dans son obsession absolue ; il est l’otage de tous les reproches qu’on lui fait ; il est la peine qui se substitue aux fibres de sa chair et à ses moindres pensées...
  • L’Olympe des Infortunes, Yasmina Khadra, éd. Julliard, 2010, p. 216


Et ils se jettent dans les bras l’un de l’autre, comme deux fleuves nés d’une même montagne et qui, après avoir été écartelés par monts et vallées, se rejoignent à un même point de chute et fusionnent dans une formidable trombe de larmes et de chants.
  • L’Olympe des Infortunes, Yasmina Khadra, éd. Julliard, 2010, p. 217


Y a pas de doute, t’es un as. Faut être un as pour rester si longtemps en ville et revenir. Ça s’est jamais vu, avant.
  • L’Olympe des Infortunes, Yasmina Khadra, éd. Julliard, 2010, p. 218


Un Horr n’a pas besoin de sous [...] Il prend ce que le hasard lui propose.
  • L’Olympe des Infortunes, Yasmina Khadra, éd. Julliard, 2010, p. 219


[La ville, c’]était formidable, les gars, c’était épatant. Y a tellement de gens dans les rues qu’ils sont obligés de se marcher sur les pieds... [...] Les maisons sont si hautes que ça vous donne le tournis... [...] Un « fourroir », les gars. [...] C’est à peine si t’as une bouffée d’air pour toi. Souvent, il te faut aller la pomper sous le nez de ton prochain. Le bon Dieu, en ville, il doit se sentir vachement dans ses p’tits souliers. [...] Ça ne ressemble à rien d’autre, la ville. Je ne peux pas vous faire une comparaison. La ville, c’est « comment dire... ». J’étais à deux doigts de me déboîter la mâchoire tant j’en revenais pas. Des feux partout, des écritures qui s’allumaient sur les murs, des bagnoles comme des dauphins, des bus pareils à des accordéons, et des trains, et des bruits à vous fissurer les tempes, et des lampadaires alignés comme des oignons le long des boulevards, et des vitrines tellement limpides qu’elles vous surprennent le nez dedans, et des squares plus grands que notre terrain vague, et de la bouffe à perte de vue, et des nanas partout, les cheveux au vent, belles à choper l’insolation... mais, Ach, j’ai regardé dans les jardins, j’ai regardé dans le port, j’ai regardé dans tous les coins, et pas la moindre trace de la femme dont tu me parlais.
  • L’Olympe des Infortunes, Yasmina Khadra, éd. Julliard, 2010, p. 220-221


Je me suis réveillé dans un endroit sinistre qui n’était ni une ville ni un terrain vague. C’était peut-être l’enfer.
  • L’Olympe des Infortunes, Yasmina Khadra, éd. Julliard, 2010, p. 221


C’était plus que l’enfer, les gars, pire que la folie... Tu crois que c’est fini, et ça repart... Hop ! on remet ça... Les gardiens, ils s’arrangent pour te trouver un merdier à ta pointure et ils te travaillent à petit feu en attendant que d’autres carrières s’ouvrent. Ça les divertit, vu qu’ils n’ont pas grand-chose à foutre sauf à nous arranger le portrait... Des monstres ! Ils ont pas de pitié, et plus tu râles, plus ils sont fiers de ce qu’ils te font subir... [...] Quant aux forçats, ils sont plus vilains encore. Tu dis « bonjour » et ils te rétorquent « et puis quoi encore ?... » comme si t’avais proféré une grossièreté... T’avais raison à cent pour cent, Ach. Au terrain vague, on est dans le meilleur des mondes. Ici, on est NOUS. Horr ou pas, on se serre les coudes. On fait avec, on fait sans, c’est pas important. Ici, il suffit de se lever le matin pour se retrouver en plein dans la vie. Là-bas, que tu dormes ou que tu veilles, t’es toujours à deux doigts de te faire zigouiller...
  • L’Olympe des Infortunes, Yasmina Khadra, éd. Julliard, 2010, p. 222-223


Là-bas, non seulement on sait pas qui on est, en plus on n’a pas la plus petite idée de ce qu’on va devenir. Même ton pote de cellule, il te blaire pas. Quand il a fini de chialer sous le fouet des gardiens, il vient te chercher noise en te tenant rigueur pour les raclées qu’il a reçues... À la cantine, je vous dis pas. C’est carrément la loi de la jungle. Ta ration, il faut mordre profond dans le voisin pour la garder. La bouffe est infecte. Avec des asticots flottant dans leur jus et des bouts de pain plus durs qu’un caillou. Tu crois que ça tente personne, et c’est là que tu goures car il y a toujours un gros bras qui s’amène et qui crache dans ta soupe ; si t’es pas content, il te la renverse sur la trogne, et t’as pas intérêt à faire la fine bouche parce que t’as pas fini de geindre que déjà tes chicots sont par terre...
  • L’Olympe des Infortunes, Yasmina Khadra, éd. Julliard, 2010, p. 225


C’est pas un bled, le bagne, c’est un délire. Là-bas, c’est chacun pour soi, et sauve qui peut. Quand t’as besoin d’aide, personne n’est là...
  • L’Olympe des Infortunes, Yasmina Khadra, éd. Julliard, 2010, p. 226


— Comment t’as fait pour t’en sortir ? lui demande Einstein éberlué.
— J’sais pas. Là-bas, on se pose pas ce genre de question. On est là, et c’est tout. Tu t’y habitues. Tu crois que le plus dur est passé, mais t’es jamais au bout de tes surprises. C’est comme si tu marchais dans la vallée des ténèbres. Plus tu avances, plus tu t’enfonces. Et plus tu relèves, et plus tu te dis c’est pas possible, j’suis mort, c’sont d’autres diables qui prennent possession de mon corps. Je vous jure que c’est la vérité. Tu te dis je me connais, je connais mes limites, j’peux pas avoir parcouru tout ce chemin et rester vivant. C’est dingue. C’est ainsi que j’ai appris qu’un homme est capable d’aller au-delà de la mort et de revenir. Ça m’est arrivé. Vous savez ce qu’est le mitard ? Eh bien, ça n’a rien à voir avec ce que l’on imagine, car il dépasse l’imagination. Toucher le fond, ça a du sens, au mitard. Quelqu’un qui a pas échoué au mitard peut pas savoir ce que c’est, toucher le fond. T’es au bas de l’échelle, et tu es absorbé par le sol comme une rinçure. Tu disparais de la surface de la Terre. T’es tellement mal que tu cesses de souffrir. Les minutes deviennent des jours, et les jours des éternités. Tu te mets à voir des choses incroyables, et le mur, dans le noir total, a soudain des oreilles et des yeux. C’est au mitard que j’ai senti la présence du Seigneur. Il était si près que je percevais son souffle sur mon visage. Il avait de la peine pour moi...
  • L’Olympe des Infortunes, Yasmina Khadra, éd. Julliard, 2010, p. 227-228


Et c’est à ce moment-là que les saintes paroles d’Ach me rattrapaient et je voyais nettement qu’il y a rien de plus beau que notre cher terrain vague, et qu’aucun paradis n’arrive à la cheville de ces soirées que l’on partageait autour d’un feu quand, soûls comme des bourriques, on se fichait du monde comme d’une teigne.
  • L’Olympe des Infortunes, Yasmina Khadra, éd. Julliard, 2010, p. 228


Bibliographie sélective

  • Les Agneaux du Seigneur (1998)
  • À quoi rêvent les loups (1999)
  • L’Écrivain (2001)
  • L’Imposture des mots (2002)
  • Les Hirondelles de Kaboul (2002)
  • Cousine K (2003)
  • La Part du mort (2004)
  • L’Attentat (2005)
  • Les Sirènes de Bagdad (2006)
  • Ce que le jour doit à la nuit (2008)
  • L’Olympe des infortunes (2010)
  • L’Équation africaine (2011)
  • Les anges meurent de nos blessures (2013)
  • Qu’attendent les singes ? (2014)

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