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{{Réf Livre|titre=La liberté ou l'amour !|auteur=[[Robert Desnos]]|éditeur=Gallimard|collection=L'Imaginaire|année=1962|année d'origine=1927|page=32|section=III. Tout ce qu'on voit est d'or|ISBN=978-2-07-027695-0}}
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{{citation|citation=La nuit de son incarnation approche où, ruisselant de neige et de lumière, il signifiera a ses premiers fidèles que le temps est venu de saluer le tranquille prodige des lavandières qui bleuissent l’eau des rivières et celui d’un dieu visible sous les espèces de la mousse de savon, modelant le corps d’une femme admirable, debout dans sa baignoire, et reine et déesse des glaciers de la passion rayonnant d’un soleil torride, mille fois réfléchi, et propices à la mort par insolation. Ah ! si je meurs, moi, nouveau Baptiste, qu’on me fasse un linceul de mousse savonneuse évocatrice de l’amour et par la consistance et par l’odeur.}}
{{Réf Livre|titre=La liberté ou l'amour !|auteur=[[Robert Desnos]]|éditeur=Gallimard|collection=L'Imaginaire|année=1962|année d'origine=1927|page=32|section=III. Tout ce qu'on voit est d'or|ISBN=978-2-07-027695-0}}


{{citation|citation=— Ainsi avons-nous voulu que fût pressée la grappe merveilleuse. Aucune idolâtrie n’entre en notre passion. Hâtez-vous de rire, religieux déifages, francs-maçons idiots. Un instant notre imagination trouve en ce festin une raison de s’élever plus haut que les neiges éternelles. À peine la saveur merveilleuse a-t-elle pénétré notre palais, à peine nos sens sont-ils émus qu’une image tyrannique se substitue à celle de l’ascension amoureuse : celle d’une route interminable et monotone, d’une cigarette immense qui dégage un brouillard où s’estompent les villes, celle de vingt mains tendant vingt cigarettes différentes, celle d’une bouche charnue.|précisions=Il est ici question du Club des Buveurs de Sperme.}}
{{citation|citation=— Ainsi avons-nous voulu que fût pressée la grappe merveilleuse. Aucune idolâtrie n’entre en notre passion. Hâtez-vous de rire, religieux déifages, francs-maçons idiots. Un instant notre imagination trouve en ce festin une raison de s’élever plus haut que les neiges éternelles. À peine la saveur merveilleuse a-t-elle pénétré notre palais, à peine nos sens sont-ils émus qu’une image tyrannique se substitue à celle de l’ascension amoureuse : celle d’une route interminable et monotone, d’une cigarette immense qui dégage un brouillard où s’estompent les villes, celle de vingt mains tendant vingt cigarettes différentes, celle d’une bouche charnue.|précisions=Il est ici question du Club des Buveurs de Sperme.}}

Version du 18 mai 2014 à 08:56

Autres projets:

En philosophie, une passion désigne une inclination non maîtrisable.


Paul Klee, Journal, 1957

Travail plutôt préparatoire. Un Oiseau Phénix. Un homme brandissant les poings serrés, en forme de ramure. Et un autre à qui pousse une denture de fauve dans un moment de passion.


Anaïs Nin, Henry et June — Les cahiers secrets, 1986

Janvier (1932)

Je ne peux rien avaler en sa présence. Extérieurement, je suis calme, avec cette placidité orientale si trompeuse. Elle boit et elle fume. En un sens, elle est complètement folle, sujette à des peurs et des passions incontrôlées. Sa conversation, essentiellement inconsciente, serait très révélatrice pour un analyste, mais je suis incapable d'analyse. Ce sont surtout des mensonges. Pour elle, tout ce qu'elle imagine devient réalité. Mais que construit-elle avec tant de soin ? Essaie-t-elle de gonfler, de fortifier, de glorifier sa personnalité ? Dans la douce chaleur de mon admiration, elle s'épanouit.
  • Henry et June — Les cahiers secrets (1986), Anaïs Nin (trad. Béatrice Commengé), éd. Stock, 2007  (ISBN 978-2-234-05990-0), Janvier (1932), p. 33


Robert Desnos, Rrose Sélavy, 1922

Rrose Sélavy propose que la pourriture des passions devienne la nourriture des nations.
  • « Rrose Sélavy », Robert Desnos, Littérature Nouvelle Série, nº 7, Décembre 1922, p. 17


Paul Eluard , Capitale de la douleur, 1926

Une couleur madame

Une couleur madame, une couleur monsieur,
Une aux seins, une aux cheveux,
La bouche des passions
Et si vous voyez rouge
La plus belle est à vos genoux.

  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Eluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Les petits justes, IV. Une couleur madame, p. 80


Cachée

Le jardinage est la passion, belle bête de jardinier.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Eluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Cachée, p. 100


Joyce Mansour, Le Désir du désir sans fin, 1963

Ici un lapin passait naguère
Sa vie errante souple et flottante
Sur le candélabre de l'inaction
Aux sept branches de supplices
Aux homélies anciennes
Sauvez-moi cria-t-il du haut de sa passion.

  • « Le désir du désir sans fin », Joyce Mansour, La Brèche, nº 5, Octobre 1963, p. 5



Marie d'Agoult, Nélida, 1866

{Citation|citation=Ô vous qui avez bu à la coupe d'ivresse, vous vous plaignez qu'elle se soit brisée dans vos mains, et que les éclats de son pur cristal vous aient fait des blessures inguérissables ! Âmes lâches ! coeurs pusillanimes ! n'insultez pas à votre infortune, elle est sacrée. Vous êtes les élus du destin ; vous avez approché Dieu autant qu'il est donné à la faiblesse humaine ; vous avez sondé, dans vos joies et dans vos douleurs, dans vos désespoirs et dans vos extases, tout le mystère de la vie.}}


Novalis, Hymne à la nuit, 1800

Je sens en moi une grande fatigue, mon pélerinage jusqu’au saint tombeau a été long et pénible ; mais celui qui a une fois goûté la boisson salutaire que l’homme sensuel ne peut connaître, celui qui s’est assis aux limites du monde, et qui a porté les yeux dans la nouvelle contrée, dans le domaine de la nuit, celui-là ne retournera plus au milieu des passions qui occupent les hommes, dans la terre où la lumière ramène toujours l’inquiétude. Il se bâtit sa demeure à lui, sa demeure où la paix habite, où il garde ses désirs et son amour, et d’où il élève ses regards en haut jusqu’à ce que la dernière heure sonne pour lui.
  • « Hymne à la nuit », Novalis, Nouvelle revue germanique, nº 14, 1833, p. 235


Comte de Lautréamont, Poésies, 1870

Décrire les passions n'est rien ; il suffit de naître un peu chacal, un peu vautour, un peu panthère.


Robert Desnos, La liberté ou l'amour !, 1927

Dans le couloir, ce fut le piétinement du garçon d’hôtel relevant pour les cirer, paire par paire, les chaussures à talons Louis XV. Quel Père Noël attendu depuis des siècles déposera l’amour dans ces chaussures, objet d’un rite journalier et nocturne de la part de leur propriétaire, en dépit de la désillusion du réveil ? Quel sinistre démon se borne à les rendre plus brillantes qu’un miroir à dessein de refléter, transformées en négresses, les stationnantes et sensibles femmes à passion.
  • La liberté ou l'amour ! (1927), Robert Desnos, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1962  (ISBN 978-2-07-027695-0), III. Tout ce qu'on voit est d'or, p. 32



— Ainsi avons-nous voulu que fût pressée la grappe merveilleuse. Aucune idolâtrie n’entre en notre passion. Hâtez-vous de rire, religieux déifages, francs-maçons idiots. Un instant notre imagination trouve en ce festin une raison de s’élever plus haut que les neiges éternelles. À peine la saveur merveilleuse a-t-elle pénétré notre palais, à peine nos sens sont-ils émus qu’une image tyrannique se substitue à celle de l’ascension amoureuse : celle d’une route interminable et monotone, d’une cigarette immense qui dégage un brouillard où s’estompent les villes, celle de vingt mains tendant vingt cigarettes différentes, celle d’une bouche charnue.
  • Il est ici question du Club des Buveurs de Sperme.


L’éponge sacrée qui s’aplatit au creux des omoplates et à la naissance des seins, sur le cou et sur la taille, à la naissance des reins et sur le triangle des cuisses, qui disparaît entre les fesses musclées et dans le ténébreux couloir de la passion, qui s’écrase et sanglote sous les pieds nus des femmes.


Littérature, Enquête — Pourquoi écrivez-vous ?, 1919

Pourquoi j'écris ? Pour essayer de voir plus clair en moi et pour regarder avec plus de passion attentive les spectacles de beauté. Par besoin de formuler pour soi-même mes émotions et de combattre pour mes idées, par amour des mots vivants clairs et colorés de la langue francaise, par goût de l'action libre. Car il n'est aucun mode d'expression qui donne aussi bien le sentiment de la pleine liberté. Devant son papier blanc, l'écrivain a la joie et la fierté de sentir qu'il ne dépend que de lui-même. Et c'est une des plus nobles joies.
  • George Lecomte, Président de la Société des Gens de Lettres, donne suite à une enquête concernant son statut d'écrivain menée par le mensuel surréaliste Littérature, ce sur plusieurs numéros.
  • « Notre enquête — Pourquoi écrivez-vous ? », George Lecomte, Littérature, nº 10, Décembre 1919, p. 23


Maxime Rovere, La joie, mode d'emploi, 2010

Un affect n'apparaît comme une passion que si et seulement si l'Esprit qui le considère (autrement dit, le soi-disant observateur) ne connaît pas la cause qui produit en lui cet affect. Autrement dit, les passions que décrit Spinoza n'existent positivement pas, elles n'ont de sens que relativement à celui qui les pense. La force de L'Ethique n'est donc pas d'énoncer des vérités sur la nature et les passions humaines, mais de suivre leur mécanique subjective pour faire progressivement évoluer le lecteur. Car, si l'on commence à comprendre comment fonctionne une passion, elle deviendra une action (L'Ethique, V, 3) !

  • Cette citation provient d'un dossier coordonné par Maxime Rovere concernant la philosophie spinozienne.
  • « La joie, mode d'emploi », Maxime Rovere, Le Magazine Littéraire, nº 493, Janvier 2010, p. 68


Pour être heureux, il faut nous libérer de la passion. Et, comme il n'y a de passion que par erreur, il faut nous libérer de l'erreur.

  • Cette citation provient d'un dossier coordonné par Maxime Rovere concernant la philosophie spinozienne.
  • « La joie, mode d'emploi », Maxime Rovere, Le Magazine Littéraire, nº 493, Janvier 2010, p. 69


Marthe Robert, La Révolution psychanalytique, 1964

Éros et la mort

Le Moi est la partie la plus superficielle de l'appareil, une portion du Ça modifiée par la proximité et l'influence du monde extérieur, organisé pour percevoir les excitations et s'en défendre. Il est ce qui conçoit le temps et l'espace, possède une aptitude à prévoir et à opérer des synthèses. Bref, il est doué d'un haut degré d'organisation qui lui permet d'accomplir précisément ce dont le Ça est incapable. Si ce dernier est le royaume des passions déchaînées, il est, lui, celui de la prudence et de la raison.
  • La révolution psychanalytique — La vie et l'oeuvre de Freud (1964), Marthe Robert, éd. Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 1989  (ISBN 2-228-88109-0), 25. Éros et la mort, p. 362


Mary Esther Harding, Les Mystères de la femme, 1953

[...] la femme ne peut devenir une que lorsqu'elle a pleinement conscience des possibilités qui sommeillent dans sa propre nature, qu'elle a éprouvé ce que c'est que d'être enflammée par la passion charnelle et spirituelle et qu'elle a consacré ses facultés au service du dieu de l'instinct. Alors, lorsque l'énergie divine, impersonnelle s'est éveillée en elle, elle parvient à la chasteté de l'âme, à l'unicité ou intégrité de son être, en dédiant son émotion la plus profonde aux dieux de l'instinct, quel que soit le nom qu'elle leur donne.
  • Les Mystères de la femme (1953), Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 2-228-89431-1), chap. X. Le mariage sacré, p. 234


Dans l'initiation aux mystères d'Isis, le candidat devait prendre la forme de l'âne Set ou Typhon pour devenir conscient de toute sa luxure et concupiscence et éprouver l'aspect négatif de l'Éros, de sa propre libido, non pas en se livrant à une débauche effective, mais en passant par l'épreuve rituelle de l'initiation. On l'isolait de ses compagnons pour qu'il se sente abandonné, car quelque chose en lui était hostile à la « participation ». On le battait, le maltraitait, on l'exposait à la faim et aux tentations sexuelles.
Car Typhon n'est pas foncièrement différent d'Éros. C'est Éros sous une forme implacable, l'inverse, le contraire de la « participation ». Lorsque le candidat à l'initiation avait traversé cette épreuve, lorsqu'il avait pleinement éprouvé cet aspect de la vie, ressenti son vide et sa stérilité et résolu d'y renoncer pour toujours, lorsqu'il se montrait capable de castration volontaire, alors seulement il voyait Isis la déesse et retrouvait sa forme humaine en mangeant ses roses. Ces roses d'Isis sont les fleurs de la pure passion, et symbolisent l'amour libéré de la luxure.

  • Les Mystères de la femme (1953), Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 2-228-89431-1), chap. XIII. Le sacrifice du fils, p. 296


Interview de Michel Tournier

C'est un processus courant : les êtres jeunes et vierges peuvent avoir un certain dégoût, mêlé de curiosité, à l'égard de l'érotisme et de la sexualité. Et puis ça se transforme peu à peu en une véritable passion.
  • Michel Tournier, Comment l'entendez-vous ?, Claude Maupomé, France Musique, 25 décembre 1980