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{{Citation|citation=Voici la servante de la lune. Dans le sommeil le signe liquide lui dit son heure, la fait lever. Lit nuptial, lit de parturition, lit de mort aux spectrales bougies. ''Omnis caro ad te veniet''. Et voici la vampire qui vient, ses yeux, perceurs de tempêtes, sa voilure de chauve-souris qui ensanglante la mer, bouche au baiser de sa bouche.}}
{{Citation|citation=Voici la servante de la lune. Dans le sommeil le signe liquide lui dit son heure, la fait lever. Lit nuptial, lit de parturition, lit de mort aux spectrales bougies. ''Omnis caro ad te veniet''. Et voici la vampire qui vient, ses yeux, perceurs de tempêtes, sa voilure de chauve-souris qui ensanglante la mer, bouche au baiser de sa bouche.}}
{{Réf Livre|titre=Ulysse|auteur=[[James Joyce]]|traducteur=Auguste Morel|éditeur=Gallimard|collection=Folio|année=1957|année d'origine=1922|page=76|ISBN=2-07-040018-2}}
{{Réf Livre|titre=Ulysse|auteur=[[James Joyce]]|traducteur=Auguste Morel|éditeur=Gallimard|collection=Folio|année=1957|année d'origine=1922|page=76|ISBN=2-07-040018-2}}

==== [[André Pieyre de Mandiargues]], ''La Marge'', 1967 ====
{{Citation|citation=Aucun goût de pain grillé ou de thé ne demeure en sa bouche, et son estomac est exempt de la plénitude qui suit habituellement les repas. Pourtant, le plateau, qui est par terre, à côté du lit, fut dégarni du manger et du boire ; la tasse est sale ; la serviette de papier est en boule. L'habitant de la chambre dix-sept a donc consommé (comme disent les serveurs en France) son déjeuner en un passé obscur, plus proche du temps du songe et de la lune que du présent où le soleil sévit.}}
{{Réf Livre|titre=La Marge|auteur=[[André Pieyre de Mandiargues]]|éditeur=Gallimard|collection=Folio|année=1967|page=189|chapitre=IV|ISBN=2-07-037294-4}}





Version du 15 mai 2014 à 20:15

Autres projets:

Anne Anderson

Littérature

Écrit intime

Paul Klee, Journal, 1957

Berne, 27-4-1898. « Asseyez-vous et tâchez de l'apprendre mieux », disait-on en mathématiques, mais voilà qui est passé et oublié. Pour l'instant se déroule au-dehors le premier orage de l'année. Un frais vent d'ouest m'effleure qui m'apporte une odeur de thym et des sifflets de chemin de fer, et se joue dans mes cheveux humides. La nature m'aime donc ! Consolatrice et prometteuse.
Pareil jour, je demeure invulnérable. Souriant à l'extérieur, riant plus libre au-dedans, une chanson dans l'âme, un gazouillant sifflotement sur les lèvres, je me jette sur le lit, me détends, préserve la sommeillante force.
Vers l'ouest, vers le nord, où que le sort m'entraîne : je crois !


Nouvelle

Prose poétique

Benjamin Péret, L'Auberge du cul volant, 1922

L'homme au nombril d'écaille, qui portait une main sur la tête, s'éveilla du long sommeil qu'il venait de faire en compagnie d'une négresse : celle qu'il avait ramenée d'un pays où les plantes se déplacent et font l'amour en marchant. Il sortit son revolver et tira sur le marchand, mais celui-ci avait prévu le coup et s'aplatit adoptant à peu près la forme d'une tortue.
En regardant les lampes électriques, il commença à s'enivrer. La petite marchande d'étoiles passa, et vendit à tout le monde sa petite marchandise parfumée, ainsi elle put dîner ce soir-là.
L'homme au nombril d'écaille, le premier s'éveilla de nouveau. Une colombe portant le rameau d'olivier, voltigeait au-dessus de sa tête. Il ouvrit la fenêtre, l'air était pur, le ciel était bleu, les oiseaux chantaient, mais tous les hommes mangeaient dans les arbres avec les oiselles, et les oiseaux étaient dans le lit des femmes.
C'était le matin du 2 avril 1922, et les machines souffraient comme des femmes en couches. Seul l'homme qui s'était aplati comme une tortue allongeait la tête vers la vulve qu'il apercevait à quelque distance de lui, mais à chaque mouvement qu'il faisait pour s'avancer, correspondait un mouvement de la vulve qui s'éloignait.

  • « L'Auberge du cul volant », Benjamin Péret, Littérature Nouvelle Série, nº 3, Mai 1922, p. 16


André Breton, Poisson soluble, 1924

Dites à votre maîtresse que le bord de son lit est une rivière de fleurs.


Il y a une chambre aquatique construite sur le modèle d'un sous-sol de banque, avec ses lits blindés, ses coiffeuses innovation où la tête est vue droite, renversée, couchée sur l'horizontale droite ou gauche.


Robert Desnos, La liberté ou l'amour !, 1927

Il arriva dans une ville de chercheurs d’or. Dans un bal dansait une Espagnole vêtue de façon excitante. Il la suivit dans une chambre soupentée où l’écho des querelles et de l’orchestre arrivait assourdi. Il la déshabilla lui-même, mettant à détacher chaque vêtement une lenteur sage et fertile en émotion. Le lit fut alors le lieu d’un combat sauvage, il la mordit, elle se débattit, cria et l’amant de la danseuse, un redoutable sang-mêlé, heurta à la porte.
  • La liberté ou l'amour ! (1927), Robert Desnos, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1962  (ISBN 978-2-07-027695-0), III. Tout ce qu'on voit est d'or, p. 28


La nuit s’en va abandonnant sur le lit individuel un bouquet de nénuphars. Au matin, le gardien voit le bouquet. Il questionne le fou qui ne répond pas et dès lors, aux bras de la camisole de force, le malheureux ne sortira plus de sa cellule.


La voici, tempête conventionnelle sous des nuages immobiles. La voici, femme virile coiffée du bonnet phrygien, aux tribunes de la Convention et à la terrasse des Feuillants. Mais déjà femme est-ce encore elle cette merveilleuse, encore ce mot prédestiné dans l’olympe de mes nuits, femme flexible et séduite et déjà l’amour ? L’amour avec ses seins rudes et sa gorge froide. L’amour avec ses bras emprisonneurs, l’amour avec ses veillées mouvementées, à deux, sur un lit tendu de dentelles.


— La sœur de qui ? demanda Corsaire Sanglot.
— Le cœur décis, décor ce lit.
— Feux intellectuels vulgaires.


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958

Jeté sur mon lit, je demande le sommeil brut, le sommeil de la momie.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — IV, p. 49


Il est quatre heures trente, quatre heures trente. Le jour m'assaille avec sa sentence : il faudra se lever et affronter le travail quotidien, les saluts matinaux, les sourires crispés, les amours dans des lits d'aiguilles, les peines et les diversions qui laissent des cicatrices ineffaçables. Et tout cela sans s'être reposé un seul instant, car maintenant que je suis mort de sommeil, et que je ferme les yeux pesamment, la montre m'appelle : il est huit heures, c'est l'heure.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — VII, p. 53


Roman

Charles Robert Maturin, Melmoth — L'homme errant, 1820

— Et c'est cela, alors, la vie monastique ? — C'est cela ; à deux exceptions près : pour ceux qui, par l'imagination, peuvent renouveler chaque jour l'espoir de s'échapper et chérissent cet espoir jusqu'à leur lit de mort ; pour ceux qui, comme moi, diminuent leur misère en la divisant et, semblables à l'araignée, se soulagent du poison dont ils sont gonflés en en instillant une goutte à chaque insecte qui, comme vous, peine et agonise dans leur toile.


James Joyce, Ulysse, 1922

Voici la servante de la lune. Dans le sommeil le signe liquide lui dit son heure, la fait lever. Lit nuptial, lit de parturition, lit de mort aux spectrales bougies. Omnis caro ad te veniet. Et voici la vampire qui vient, ses yeux, perceurs de tempêtes, sa voilure de chauve-souris qui ensanglante la mer, bouche au baiser de sa bouche.