« Viol » : différence entre les versions

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== Cinéma ==
== Cinéma ==
=== Ingmar Bergman, ''La Source'', 1960 ===
*Si vous faites toujours ce qu'il vous plait, le diable autant que les saints vous puniront en vous afflligeant de furoncles.
**Ingmar Bergman, ''La Source'', 1960

=== Sergio Leone, ''Et pour quelques dollars de plus'', 1965 ===
=== Sergio Leone, ''Et pour quelques dollars de plus'', 1965 ===
*Quand la musique s’arrêtera, ramasse ton fusil et essaie d’me tuer. Essaie...''
*Quand la musique s’arrêtera, ramasse ton fusil et essaie d’me tuer. Essaie...''

Version du 15 janvier 2014 à 16:46

Dans la bible

  • Alors Dinah — la fille de Leah qui l’avait enfanté à Jacob — sortit pour regarder les filles du pays. Chekhem, fils de ‘Hamor le Hévéen, le prince de du pays la vit ; il la prit ; coucha avec elle et lui fit violence. Il s’attacha profondément à Dinah, fille de Jacob ; il aimait la jeune fille et en appela au cœur de la jeune fille. Aussi Chekhem s’adressa à ‘Hamor son père, en disant : « Prends-moi cette fille pour femme.
    • Paracha Vayichla'h

Musique

Kurt Cobain

  • Rape me ! Rape me my friend ! Rape me ! Rape me, again !
    • Kurt Cobain, Nirvana, 1993

Politique

Clémentine Autain

  • « Je ne livre pas de confidences sur ce que j’ai ressenti, je n’ai pas envie de m’étaler sur les conséquences de ce viol dans ma vie privée. […] Cette part de l’intime m’appartient, elle restera à moi. […] Mais en parler, c’est être fidèle à mon engagement. Car se taire, c’est faire le jeu des violeurs. […] Mon exemple révèle à quel point le viol reste un sujet tabou. Mon violeur était multirécidiviste, il a avoué entre vingt et trente viols, mais seules trois plaintes ont été déposées. Le viol reste un phénomène d’une ampleur et d’une gravité considérables, largement passé sous silence ».
    • Anne Delabre, 2006
  • « Une femme forcée à une fellation développe un cancer de la bouche. »
    • Editions Indigènes

Marcella Iacub

  • ... si Clémentine Autain parle du cancer de la bouche comme étant l’une des conséquences du viol par fellation, c’est qu’elle n’est pas sûre que le consentement à la sexualité soit en lui-même aussi important et, si j’ose dire, sacré. En effet, aussi bien pour cette auteure que pour le courant féministe auquel elle appartient, le consentement à la sexualité ne devrait pas être la règle qui organise la vie sexuelle dans notre société. Pour ce courant féministe, le consentement d’une prostituée ou d’une actrice de films pornographiques est, en vérité, dominé par l’hégémonie que les hommes exercent sur les femmes.
    • Libération, 29 novembre 2011

Philosophie

Slavoj Zizek, Le sujet interpassif, 1998

  • Ma thèse est que l'impact traumatique de cette scène repose sur l'écart qui sépare l'univers symbolique public de son support fantasmatique. Si on attire l'attention sur le fait que, souvent, les femmes se laissent aller au fantasme d'être malmenées, voire violées, la réaction politiquement correcte standard est que l'on ouvre ainsi la voie à ces platitudes selon lesquelles quand une femme est violée, elle obtient ce qu'elle a voulu effectivement, et qu'elle n'a pas été suffisamment honnête pour l'admettre. Ma réponse à ce lieu commun est que le fait qu'une femme ait le fantasme d'être violée, d'être malmenée, ne légitime aucunement son viol en réalité: le fait que le viol touche au fantasme de sa victime ne rend pas l'acte plus acceptable, même, il rend l'acte encore plus violent. Pourquoi? Précisément à cause de l'écart nécessaire qui sépare les identifications imaginaires et symboliques du sujet du noyau fantasmatique de son être: il n'est jamais possible pour moi d'assumer pleinement (d'intégrer dans mon univers symbolique) le noyau fantasmatique de mon être; ce qui se passe quand je m'approche trop de ce noyau, c'est bien ce que Lacan a appelé l'aphanasis du sujet: le sujet perd sa consistance symbolique. L'actualisation forcée, extorquée, de ce noyau fantasmatique, son imposition de l'extérieur, entraîne, peut-être, la violence la plus humiliante, celle qui mène à la désintégration de l'identité symbolique. Une autre façon de faire la même démonstration est d'attirer l'attention sur l'asymétrie radicale qui existe entre le sadisme et le masochisme: le sadique et le masochiste ne forment jamais un couple complémentaire, dans la mesure où le masochiste demande une mise en scène détaillée dans laquelle le partenaire actif, celui qui lui inflige le mal, n'occupe nullement la position subjective du sadique. Pourquoi donc priver la femme du droit fondamental, humain d'avoir le fantasme d'être violée, malmenée? Ce droit-là, à mon sens, n'a, précisément, absolument rien à voir avec une quelconque légitimation du viol dans la réalité.
    • Slavoj Zizek, Le sujet interpassif[1]

Jacques Derrida, La différence sexuelle

  • En se déchirant dans l'antre de la femme, l'hymen se plie et s'accomplit. La pliure est un viol et aussi une auto-affection : par elle, la femme s'ouvre, dans son intimité, à l'extériorité. L'acte a lieu, il laisse une marque, mais le voile n'est pas déchiré. L'hymen est toujours là, inviolé, vierge, dans l'entre-deux. Le secret est intact. Telle est la matrice théorique à partir de laquelle on peut lire la différence des sexes.
    • Jacques Derrida, La différence sexuelle

Cédric Roos, La relation d'emprise dans le soin, 2006

La relation d'emprise (cadre psychanalytique)

L’obsessionnel influence l’autre insidieusement, par un contrôle permanent et des intrusions répétées qui brisent les limites de son espace personnel et violent son intimité. Son despotisme peut être autoritaire et actif ou prendre la forme d’une résistance passive quasi insurmontable, ces deux attitudes étant le plus souvent mêlées. Il a tendance à s’opposer ou à contrarier les projets autres que les siens propres, à argumenter à l’infini et à entraver toute initiative étrangère.
Incontestablement, son but est d’immobiliser le cours des évènements, de fixer, voire même de figer ou de pétrifier ce qui est vivant, de favoriser l’inertie et ainsi d’édifier avec l’autre ou plutôt en dépit de l’autre qu’il engloutit, un monde monolithique, sans faille, qui a toutes les apparences de la mort (Dorey, 1981).

  • La relation d'emprise dans le soin, 2006, La relation d'emprise (cadre psychanalytique) : Du point de vue de l'instigateur d'une relation d'emprise L'obsessionnel : détruire l'autre parce qu'il est différent, dans [2], paru Textes Psy, Cédric Roos.


Cinéma

Ingmar Bergman, La Source, 1960

  • Si vous faites toujours ce qu'il vous plait, le diable autant que les saints vous puniront en vous afflligeant de furoncles.
    • Ingmar Bergman, La Source, 1960

Sergio Leone, Et pour quelques dollars de plus, 1965

  • Quand la musique s’arrêtera, ramasse ton fusil et essaie d’me tuer. Essaie...
    • Sergio Leone, Et pour quelques dollars de plus, 1965

Luis Buñuel, Mon dernier soupir, 1983

  • Parfois, regarder un film est un peu comme se faire violer.
    • Luis Buñuel, Mon dernier soupir, 1983

Gaspard Noé, Irréversible, 2002

  • Le temps détruit tout.
  • Y’a pas de méfaits, y’a que des faits !
  • La vengeance c’est le droit de l’homme.
  • T’as vu tes yeux ? Qu’est ce qu’ils ont mes yeux ?
  • Tu contrôles même plus ta bouche...
  • T’as vu tes seins ? Tu contrôles même plus tes seins.
    • Irréversible, réalisé par Gaspard Noé avec Monica Bellucci

Clint Eastwood, Mystic River, 2003

  • Jimmy: We bury our sins here, Dave. We wash them clean.
    • Clint Eastwood, Mystic River, 2003

Littérature

Essai

Choderlos de Laclos, Traité sur l'éducation des femmes, 1903

Des femmes et de leur éducation

[...] le sujet qui existe trop tôt n'existe jamais pleinement. Si surtout il se presse d'user de sa jouissance, s'il s'y livre avec trop peu de ménagement, il n'a bientôt plus qu'une vie languissante et faible ; en vain cherche-t-il des ressources dans des aphrodisiaques, souvent illusoires, et toujours dangereux, il ne fait qu'empirer son mal. Le plaisir s'obstine à le fuir ; si même il le rencontre quelquefois, ce plaisir lui semble imparfait, il n'a plus la force de le goûter ; semblable à ces fruits précoces, que l'art arrache à la nature, il n'a ni qualité ni saveur, ce n'est qu'une apparence vaine : ainsi se venge la nature de l'être imprudent qui ose violer ses lois.
  • Traité sur l'éducation des femmes précédé (1903), Choderlos de Laclos, éd. Pocket, coll. « Agora », 2009  (ISBN 978-2-266-18855-5), partie Des femmes et de leur éducation, chap. V. De la puberté, p. 45

Honoré de Balzac, La physiologie du mariage, 1829

La physiologie du mariage

Ne commencez jamais un mariage par un viol.
  • La physiologie du mariage (.), Honoré de Balzac, éd. Levavasseur et Urbain Canel, coll. « Études analytiques », 1829, p. .

Virginie Despentes, King-Kong Theorie, 2004

La prostitution a été une étape cruciale, dans mon cas, de reconstruction après le viol. Une entreprise de dédommagement, billet après billet, de ce qui m'avait été pris par la brutalité.
  • King-Kong Theorie (.), Virginie Despentes, éd. Grasset, coll. « . », 2004, p. 72


Nouvelle

Renée Vivien, La Dame à la Louve, 1904

Les Soeurs du silence

« Puis-je savoir?… » commençai-je avec embarras et maladresse.
« Ne m’interrogez point, » interrompit la Femme Grise, non sans douceur. « Car la question est un viol brutal du droit et du devoir de se taire. Regardez et observez, apprenez par vous-même, sans jamais rien demander à un être aussi faillible, aussi incertain que vous. »

  • La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, Les Soeurs du silence, p. 35


La Chasteté paradoxale

Je m’approchai d’elle, les sens exaspérés jusqu’au viol. Ma main chercha les seins farouches que soulevait impétueusement un souffle irrité.
Plus prompte qu’un essor d’hirondelle, elle saisit un stylet, merveille de niellure et de pierreries, qui ornait sa ceinture, et me le plongea dans la poitrine… Je tombai… Une douleur suraiguë me trouait le cœur… Je sombrai au fond d’une nuit rouge…. [...]
Je ne franchis plus le seuil de la proxénète, de cette étrange femme, perverse et pure, impudique et inaccessible…

  • La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, La Chasteté paradoxale, p. 109


Prose poétique

Ovide, Les Métamorphoses

Lui, le père et le maître des dieux prend l'apparence d'un taureau ; mêlé au jeune troupeau, il mugit et de sa belle allure, il foule l'herbe tendre. C'est qu'en effet, sa couleur est celle de la neige (...)

De son cou, les muscles sont saillants, (...) jusqu'à ses épaules pend son fanon ; ses cornes sont petites (...) Sur son front, aucune menace et rien à redouter dans ses yeux ; la paix resplendit sur sa face. La fille d'Agénor s'étonne de voir un animal si beau et si peu enclin aux combats ; mais en dépit de sa douceur, elle craint d'abord de le toucher. Bientôt elle s'approche de l'animal et offre des fleurs à sa bouche d'une blancheur éclatante. Tantôt l'animal folâtre et bondit dans l'herbe verte, tantôt il pose son flanc de neige sur le sable fauve ; et quand il a peu à peu fait disparaître la peur de la jeune fille, il lui présente tantôt son poitrail à flatter de la main, tantôt ses cornes à entourer de fraîches guirlandes. La jeune princesse osa même, ignorant qui la poursuivait de ses assauts, s'asseoir sur le dos du taureau. (...) Et il emporte sa proie en pleine mer.

Europe enlevée tremble d'effroi et regarde en arrière le rivage qu'elle a quitté ; de sa main droite, elle tient une corne ; sa main gauche, elle l'a posée sur la croupe de l'animal ; ses vêtements frissonnent et ondulent sous le souffle du vent.


Robert Desnos, Deuil pour deuil, 1924

Amour, me condamnes-tu à faire de ces ruines une boule d'argile où je sculpterai mon image, ou dois-je la faire sortir en arme de mes yeux ? Dans ce cas, de quel oeil dois-je faire usage et n'est-il pas de mon intérêt d'employer les deux à la récréation d'un couple d'amoureux que je violerai aveuglément, nouvel Homère au pont des Arts dont je devrai à tâtons miner les piles sinistres, au risque d'être abandonné sans pouvoir guider mes pas dans ces grandes étendues jaunes et ensoleillées où les fusils montent la garde des sentinelles mortes.


Ecoutez, c'est, ce n'est pas le cri enfantin d'un viol nocturne ni les pleurs d'un félin, c'est le chant sinistre de l'eau dans les conduites et mon robinet qui pleure lentement sur la salle funéraire qui me sert d'évier.)


Roman

André Breton, L'Amour fou, 1937

Comment ne pas espérer faire surgir à volonté la bête aux yeux de prodiges, comment supporter l'idée que, parfois pour longtemps, elle ne peut être forcée dans sa retraite ? C'est toute la question des appâts. Ainsi, pour faire apparaître une femme, me suis-je vu ouvrir une porte, la fermer, la rouvrir, – quand j'avais constaté que c'était insuffisant glisser une lame dans un livre choisi au hasard, après avoir postulé que telle ligne de la page de gauche ou de droite devait me renseigner d'une manière plus ou moins indirecte sur ses dispositions, me confirmer sa venue imminente ou sa non-venue, – puis recommencer à déplacer les objets, chercher les uns par rapport aux autres à leur faire occuper des positions insolites, etc. Cette femme ne venait pas toujours mais alors il me semble que cela m'aidait à comprendre pourquoi elle ne viendrait pas, il me semble que j'acceptais mieux qu'elle ne vînt pas.


J'ai à peine besoin de te toucher pour que le vif-argent de la sensitive incline sa harpe sur l'horizon. Mais, pour peu que nous nous arrêtions, l'herbe va reverdir, elle va renaître, après quoi mes nouveaux pas n'auront d'autre but que te réinventer. Je te réinventerai pour moi comme j'ai le désir de voir se recréer perpétuellement la poésie et la vie. D'une branche à l'autre de la sensitive – sans craindre de violer les lois de l'espace et bravant toutes les sortes d'anachronismes – j'aime à penser que l'avertissement subtil et sûr, des tropiques au pôle, suit son cours comme du commencement du monde à l'autre bout. J'accepte, sur mon passage, de découvrir que je n'en suis que la cause insignifiante. Seul compte l'effet universel, éternel : je n'existe qu'autant qu'il est réversible à moi.


Toni Morrison, The bluest eye, 1970

Never did he once consider directing his hatred toward the hunters. Such an emotion would have destroyed him ... His subconscious knew what his min did not guess-that hating them would have consumed him, burned him up like a piece of soft coal, leaving only flakes of ash and a question mark of smoke.


Franz-Olivier Giesbert, L'américain, 2006

Je sais que cela va choquer, mais je dis bien dans ce livre que ma mère n'était pas une victime même si elle était battue, et que mon enfance à la campagne a été merveilleuse. Et tant qu'à choquer jusqu'au bout, je raconte également que j'ai été victime d'un viol, et que je l'ai vécu comme un événement entre autres. Mais c'est comme ça, j'en ai toujours parlé sans complexe, sans tabou. Cet événement ne m'a pas bouleversé, n'a pas changé ma vie.


Régis Jauffret, Claustria, 2012

Angelika devenue un affreux trésor humain décati enfermé dans cette épouvantable caverne qui comme celle d’Ali Baba s’ouvrait avec un sésame.


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