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Version du 9 décembre 2013 à 20:33

Albert Gelin, né à Amplepuis en 1902, est un prêtre sulpicien français, exégète de renom. Il décède le 7 février 1960.


Les idées maîtresses de l'Ancien Testament, coll. « Lectio Divina » n°2, Cerf, 1949 :

Le Dieu de la Bible, comme le notait Pascal, n'est pas le Dieu des philosophes, mais le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu qui se révèle dans l'histoire comme Sauveur et dont toute une lignée de personnages privilégiés, de mystiques, expérimente la présence. La souffrance a souvent été, chez eux, le grand aiguillon de la découverte, comme il est facile de le constater dans le cas d'Osée, de Jérémie et des « anawims ».
  • Les idées maîtresses de l'Ancien Testament, Albert Gelin, éd. Cerf, 1949, p. 12


« Notre Père » et « Celui qui est aux cieux » sont deux appellations qui ne forment pas tautologie. La première rapproche, la seconde éloigne. Elle n'éloigne pas seulement dans les hauteurs infinies, mais en même temps dans le domaine du « tout autre », radicalement différent de ce qui existe ici-bas. ... Être mystérieux et terrible, étrange, inaccessible, qui est « aux cieux », ... en même temps volonté de grâce et s'approche de nous pour nous visiter...
  • Les idées maîtresses de l'Ancien Testament, Albert Gelin, éd. Cerf, 1949, p. 24


Lucrèce a comparé le progrès humain à un flambeau que se passent successivement les générations terrestres : ici le flambeau a commencé par être une torche fumante où l'élément proprement lumineux a fini par prédominer. La promesse qui visait apparemment la postérité de Canaan et l'établissement terrestre s'est mué en promesse de biens spirituels (Mt 5,5 ; Rm 4,16) ; l'Alliance mosaïque s'est mué en Nouvelle Alliance (1Co 3) ; le Royaume davidique s'est mué en Royaume des Cieux (Mt 5,3) ; et le Salut des exilés est devenu la justice inhérente à l'âme (Rm 1,16-17). Merveilleux développement, qu'a guidé la main de Dieu, admirable pédagogie qui conduisait les âmes à comprendre peu à peu la nature des « biens messianiques », c'est-à-dire l'ensemble des valeurs éternelles pénétrant dans notre monde par le Christ Jésus.
  • Les idées maîtresses de l'Ancien Testament, Albert Gelin, éd. Cerf, 1949, p. 36


« Il semble qu'à l'époque de Jésus la croyance soit largement répandue que le Messie n'est pas à chercher parmi les puissants du monde, parmi les rois, mais bien parmi les hommes de Dieu, ceux qu'anime l'esprit des prophètes. » Cette opinion d'un incroyant (Guignebert), qui s'appuie sur des indices fournis par les deux premiers chapitres de saint Luc, mérite d'être notée.
  • Les idées maîtresses de l'Ancien Testament, Albert Gelin, éd. Cerf, 1949, p. 45


... les prophètes furent aussi les pionniers de l'individualisme religieux. Leur expérience religieuse, étudiée chez les plus représentatifs, apparaît comme une communion personnelle avec Dieu. Les « Confessions » de Jérémie, qui alternent si souvent avec ses oracles[1] en sont la preuve ; il a pris l'habitude de converser continuellement avec Yahvé ; monologues douloureux et dialogues émouvants, prières et plaintes se succèdent, préludant à la piété si caractéristique des anawim. Yahvé n'est pas seulement le Dieu du groupe, mais celui de l'âme humaine. N'est-ce pas d'ailleurs à la conversion individuelle que visent les appels prophétiques : « Revenez chacun de votre mauvaise voie », dit le même Jérémie (18,11 ; 25,5 ; 35,15), faisant écho à de semblables appels qui parsèment le Deutéronome et qui, s'adressant au cœur, visent donc l'individu.
  • Les idées maîtresses de l'Ancien Testament, Albert Gelin, éd. Cerf, 1949, p. 52


Après l'Exil, la nation en tant que telle n'existe plus. On rêve, il est vrai, de son rétablissement. Mais, en attendant, on vit une vie quasi ecclésiale, un peu fermée : c'est l'expérience de l'Assemblée de Dieu (Qehal Yahvé, ἐϰϰλησία θεοῦ) religieusement groupée autour du Temple. ... Voici trouvé le lieu de l'épanouissement spirituel, où les valeurs individuelles sont sauvées, où chaque homme utilise les moyens d'approcher Dieu : la méditation de la Torah, la piété des psaumes, les sacrifices du Temple, l'éthique des Sages, la fraternité des piétistes, l'émulation de tous.
  • Les idées maîtresses de l'Ancien Testament, Albert Gelin, éd. Cerf, 1949, p. 53


L'Église est le groupe ouvert à tout homme en tant qu'homme ; il est le lieu propre de la vie rachetée, le lieu des charismes et de la charité, le lieu du tout pénétré de l'influence d'en haut ; l'institution est au service de la personne qui s'y enrichit et s'y édifie. (...) jadis le groupe était essentiellement limitatif : en soutenant l'individu, il l'emprisonnait. Maintenant il le libère. La communauté et la personne sont ordonnées l'une à l'autre.
  • Les idées maîtresses de l'Ancien Testament, Albert Gelin, éd. Cerf, 1949, p. 53-54


La Bible a donné peu d'explication sur l'origine du péché. Si elle esquisse des théories, c'est avec le souci de maintenir à la fois la faiblesse de l'homme et sa liberté dans son option. (...) si des cercles s'intéressaient surtout à l'origine psychologique du péché, fruit d'une inclination (yéser), on n'oubliait pas que l'introduction du péché dans le monde était le fait d'Adam. Le vieux récit de la Genèse expliquait l'origine du mal sur la terre, notamment de la mort. (...) Le thème traité dans les apocalypses de Baruch et d'Esdras, au 1er siècle de notre ère, est toujours celui d'Adam cause de mort. Il n'est jamais question, dans l'Ancien Testament et le judaïsme, de péché hérité d'Adam.
  • Les idées maîtresses de l'Ancien Testament, Albert Gelin, éd. Cerf, 1949, p. 68-69


... l'homme est comme le lieu d'une lutte, mais s'il y succombe, en péchant « le péché semble venir de plus loin que lui[2] ». Cette page qui fixe un fait dogmatique a été commentée par le Livre de la Sagesse : « C'est pas l'envie du Diable, y lit-on (2.24), que la mort est entrée dans le monde. ». Le Diable (en hébreu le Satan) est l'adversaire de l'humanité : spécialisé dans une œuvre de perversion, il est l'ennemi de l'homme plus que l'antagoniste de Dieu.
  • Les idées maîtresses de l'Ancien Testament, Albert Gelin, éd. Cerf, 1949, p. 69-70


Les livres prophétiques postérieurs

« Le phénomène prophétique est le cœur de l'Ancien Testament. »
Que sont donc les prophètes classiques ? les "troubleurs d'Israël" (Darmester), les guides spirituels de la théocratie, les mainteneurs de l'Alliance, les fondateurs de l'avenir. Hommes d'un message (dabar), homme de l'esprit (ruah), ces inspirés sont en avance sur leur temps, ils pressentent la religion de demain qu'ils relient à celle d'hier. Ils sont les confidents et les porte-parole d'un Dieu qui se révèle dans l'histoire. Ils vibrent à l'unisson d'un "pathos" d'un Dieu vivant, ont horreur de tout ce qui est atténuation de la Parole de Dieu : casuistique, diplomatie. Enfin, la perception et la délivrance de leur message sont favorisées par les bouleversements de l'histoire et le climat catastrophique où ils trouvent leurs thèmes de prédication. Le phénomène prophétique est le cœur de l'Ancien Testament.
  • « Le prophétisme israélite », Albert Gelin, dans Introduction à la Bible. Tome I, Introduction générale, Ancien Testament (1957), A. Robert et A. Feuillet, éd. Desclée & Cie, 1959, t. 1, partie IIIe Les livres prophétiques postérieurs, chap. 1 Les prophètes, p. 471


C'est un fait qu'Osée et Michée nous renvoient à Moïse, l'homme de l'Alliance, c'est-à-dire d'une religion historique centrée sur un Être personnel, moral et exclusif. Cette transcendance du Yahvisme est la raison du fait prophétique que déjà l'Élohiste a prolongé jusqu'aux origines du peuple choisi. En effet le terme nabî eut une telle aura qu'on hésita pas à dénommer ainsi Abraham (Gn 20,7 : E), les patriarches (Ps 104,105), le païen Balaam (Nb 22 - 24 : E) et surtout Moïse, le prototype des prophètes (Dt 34,10-12 ; Ex 12,2 : E). Mais c'est à partir de l'installation en Canaan que le prophète est considéré comme permanent (Dt 18,9-22). A partir de là, la continuité prophétique est assurée jusqu'à ce que le personnage-prophète, au niveau du Second-Isaïe, soit messianisé.
  • « Le prophétisme israélite », Albert Gelin, dans Introduction à la Bible. Tome I, Introduction générale, Ancien Testament (1957), A. Robert et A. Feuillet, éd. Desclée & Cie, 1959, t. 1, partie IIIe Les livres prophétiques postérieurs, chap. 1 Les prophètes, p. 474


Même les incroyants ne ménagent pas leur admiration pour ce que les prophètes ont apporté au patrimoine de l'humanité. On reprend volontiers le thème de Renan sur les trois civilisations "providentielles" : la Grèce, au service de la raison ; Rome qui fait progresser le droit ; Jérusalem qui assure l'avènement de la conscience et de la justice. Les variations "laïques" abondent sur ce dernier point.
  • « Le prophétisme israélite », Albert Gelin, dans Introduction à la Bible. Tome I, Introduction générale, Ancien Testament (1957), A. Robert et A. Feuillet, éd. Desclée & Cie, 1959, t. 1, partie IIIe Les livres prophétiques postérieurs, chap. 1 Les prophètes, p. 482


Notes

  1. Ce joyau jérémien se trouve en 11,18 à 12,6 ; 15,10-21 ; 17,12-18 ; 18, 18-23 ; 20,7-18.
  2. HUBY, Épître aux Romains, Paris, 1940, p.188.


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