« Érotisme » : différence entre les versions

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{{citation|La beauté convulsive sera érotique-voilée, explosante-fixe, magique-circonstancielle ou ne sera pas.}}
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==== [[Virginia Woolf]], ''Les Vagues'', 1952 ====
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{{Réf Livre|titre= Les Vagues|auteur= [[Virginia Woolf]]|éditeur= Gallimard|Collection= Folio classique|traducteur=Michel Cusin|année=2012|année d'origine=1931|page=65|ISBN=978-2-07-044168-6}}


==== [[Dominique Fernandez]], ''Porporino ou les mystères de Naples'', 1974 ====
==== [[Dominique Fernandez]], ''Porporino ou les mystères de Naples'', 1974 ====

Version du 16 novembre 2012 à 19:32

Littérature

Roman

André Breton, L'Amour fou, 1937

La beauté convulsive sera érotique-voilée, explosante-fixe, magique-circonstancielle ou ne sera pas.


Virginia Woolf, Les Vagues, 1952

Le reflet pourpre, dit Rhoda, dans l'anneau de Miss Lambert va et vient sur la tache noire de la page blanche du missel. C'est un reflet lie-de-vin, c'est un reflet érotique.


Dominique Fernandez, Porporino ou les mystères de Naples, 1974

L'instinct sexuel, dont il ne méconnaissait pas la force, devait rester quelque chose d'obscur et d'anonyme, sans nom et sans figure — comme une aspiration confuse à se fondre dans la grandeur de l'univers — à l'exclusion de tout choix et de toute volonté sélective. En somme, dans sa vision des rapports érotiques, il n'y avait presque plus rien de ce qui fait qu'un homme et une femme se regardent face à face et s'affrontent. Il concevait l'amour comme l'occasion qui permet à deux être opposés par la nature d'abolir leurs différences et de reformer ensemble une totalité indivise.
  • Porporino ou les mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974  (ISBN 978-2-246-01243-6), partie I « San Donato », Une rue est une rue, p. 52


Feliciano, avec un talent musical plutôt moyen, était l'incarnation du chant érotisé. Dans sa voix, je sentais comme le contact d'une main, comme le frôlement d'une bouche — Dieu me pardonne, je sentais comme le don de sa chair, trouble et juteuse émanation de ce qu'il y avait de plus charmant dans son corps. Je finis par me taire, engourdi par cet épanchement liquoreux.
  • Porporino ou les mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974  (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Gourmandise, p. 171


Médias

Presse

H. R. Lenormand, Enquête — Pourquoi écrivez-vous ?, 1920

J'écris, comme tout écrivain, pour affirmer des tendances intimes refoulées dans la vie réelle. Je crois que l'oeuvre d'art pourrait être définie une compensation du réel. Nos instincts révolutionnaires et sexuels, nos instincts de domination et de connaissance ne peuvent se satisfaire pleinement au cours de la vie. Leur refoulement produit une sublimation qui donne naissance à l'oeuvre d'imagination. Celle-ci n'est donc que l'épanouissement de vélléités contrariées. Elle peut, dans les cas de refoulement excessifs, aboutir à une contradiction complète et magnifique de l'existence effective de l'écrivain.
Les atrocités sans frein des ouvrages du Marquis de Sade peuvent s'expliquer par le fait qu'il écrivit surtout en prison. L'outrance de ses inventions me ferait plutôt croire à la non-réalisation de ses tendances érotiques. C'est une revanche du rêve sur la réalité.
En ce qui me concerne, il n'y a pas lieu de douter que certaines de mes pièces, Poussière, les Possédés, Terres chaudes, entre autres, sont une tentative de compensations d'instincts révolutionnaires entravés et de désirs de voyages incomplètement satisfaits.

  • H. R. Lenormand donne suite à une enquête concernant son statut d'écrivain menée par le mensuel surréaliste Littérature, ce sur plusieurs numéros.
  • « Notre enquête — Pourquoi écrivez-vous ? », H. R. Lenormand, Littérature, nº 11, Décembre 1920, p. 24


Jacques Abeille, Premières réponses à l'enquête sur les représentations érotiques, 1964

Les représentations érotiques sont l'image de l'acte d'amour (en même temps elles en constituent le nerf), c'est-à-dire la transmutation de deux éléments en une unité par le rythme. Il va de soi que ce rythme demeure enfoui en moi pour affleurer à chaque occasion favorable, c'est-à-dire à l'occasion de toute représentation imaginaire. Il structure entièrement le spectacle intérieur. Je n'ai jusqu'à présent pas pu trouver d'autre fondement à ce rythme que celui du désir, de l'érotique, de l'amour. Au reste il m'a toujours semblé difficile de trouver une séquence du spectacle intérieur qui puisse prétendre échapper totalement à l'érotisme.
  • Réponse de Jacques Abeille à l'interrogation suivante : Le spectacle intérieur conserve-t-il dans la vie quotidienne la trace des représentations qui s'offrent à vous dans l'acte d'amour ? — Il est clairement question d'une enquête initiée par la revue surréaliste La Brèche en décembre 1964.
  • « Premières réponses à l'enquête sur les représentations érotiques », Jacques Abeille, La Brèche, nº 7, Décembre 1964, p. 84


Psychanalyse

Alberto Eiguer, Psychanalyse du libertin, 2010

Conclusions

On se trouve en clinique devant des énigmes qui sont celles de la société contemporaine. La libéralisation sexuelle en cours nous amène à redéfinir l'érotisme. La répression sexuelle est derrière nous. C'était clair et net à l'époque où il fallait se battre puis se cacher pour réaliser ses orientations. La clandestinité apportait un plus de plaisir. Ce qui s'opposait à notre bonheur érotique était bien repéré et visible, à l'extérieur. Aujourd'hui, nos seuls ennemis ou presque sont en nous.

  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie II. Libertinage et prédation, chap. Destins de l'érotisme, p. 188


Psychologie

Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, Les Perversions sexuelles et narcissiques, 2005

Caractéristiques des perversions

Pour R.J Stoller (1975), la perversion est une forme érotique de la haine. Elle est liée à un trouble de l'identité sexuelle (du développement de la masculinité) issu de trois formes d'hostilité : la colère de devoir abandonner le bien-être primordial (dyade mère-enfant, prime enfance), la peur de ne pas arriver à échapper à l'emprise maternelle, et le besoin de vengeance vis-à-vis de la mère qui a provoqué cette situation. Pour lui la première identification de l'homme est féminine, l'identification masculine se faisant dans un second temps ; l'homme abandonne la position protoféminine au moment de la séparation-individuation. Aussi, la perversion est-elle un des aléas de cette phase, l'enjeu étant la projection de la haine. Il établit la perversion comme meurtre de la mère perçue comme une menace à l'identité sexuelle de l'homme. L'acte place alors le pervers dans une position triomphale de vainqueur, « triomphe illusoire à répéter à l'infini », qui explique la compulsion de répétition.
  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie II. Caractéristiques des perversions, chap. 3. Invariants psychopathologiques, 3.1 L'Oedipe et la castration b) Problématiques pré-oedipiennes du pervers, p. 51


Perversions narcissiques

On désigne par [le terme de perversion transitoire] des pratiques perverses qui apparaissent pendant des périodes comme l'adolescence, lors de réorganisations ou de moments pathologiques : après des phases délirantes ou dissociatives, des moments d'errances et de passages, voire d'une thérapie... A l'adolescence, par exemple, la pulsion sexuelle, qui s'accompagne d'une quête objectale, représente un réel enjeu anti-narcissique : après la puberté, l'érotisme passe en effet de l'auto-érotisme à l'amour d'objet (sexuel), ce qui oblige l'adolescent à certaines « négociations » avec son narcissisme. De ce fait, la « perversion transitoire » peut représenter une régression à partir de points de fixation permettant de retrouver une omnipotence (déni de castration) (Ladame, 1992). [...] dans une autre logique, il est envisageable que la relation amoureuse puisse momentanément engager un fonctionnement pervers défensif contre le risque d'aliénation produit par le désir et l'investissement affectif de l'autre.
  • Les Perversions sexuelles et narcissiques, Gérard Pirlot/Jean-Louis Pedinielli, éd. Armand Colin, coll. « 128 Psychologie », 2005  (ISBN 2-200-34042-7), partie IV. Perversions narcissiques, chap. 1. Pourquoi l'extension du terme ?, 1.1 Perversion « transitoire », p. 101