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{{Citation|citation=Tout droit vers la mer morte leurs pas les mènent boire, inassouvis et en d'horribles goulées, le flot dormant, salé, inépuisable. Et le prodige équestre de nouveau croît et se hausse dans le désert des cieux à la taille même des cieux jusqu'à recouvrir, démesuré, la maison de la Vierge. Et voici que, prodige de métempsychose, c'est elle, l'épouse éternelle, avant-courrière de l'étoile du matin, l'épouse, toujours vierge. C'est elle, Martha, douceur perdue, Millicent, la jeune, la très chère, la radieuse. Comme elle est à présent sereine à son lever, reine au milieu des Pléiades, à l'avant-dernière heure antélucienne, chaussée de sandales d'or pur, coiffée d'un voile de machinchose fils de la vierge ! Il flotte, il coule autour de sa chair stellaire et ondoie et ruisselle d'émeraude, de saphir, de mauve et d'héliotrope, suspendu dans des courants glacés de vent interstellaire, sinuant, se lovant, tournant nos têtes, tordant dans le ciel de mystétrieux caractères au point qu'après des myriades de métamorphoses il flamboie, Alpha, rubis, signe triangulé sur le front du Taureau.}}
{{Citation|citation=Tout droit vers la mer morte leurs pas les mènent boire, inassouvis et en d'horribles goulées, le flot dormant, salé, inépuisable. Et le prodige équestre de nouveau croît et se hausse dans le désert des cieux à la taille même des cieux jusqu'à recouvrir, démesuré, la maison de la Vierge. Et voici que, prodige de métempsychose, c'est elle, l'épouse éternelle, avant-courrière de l'étoile du matin, l'épouse, toujours vierge. C'est elle, Martha, douceur perdue, Millicent, la jeune, la très chère, la radieuse. Comme elle est à présent sereine à son lever, reine au milieu des Pléiades, à l'avant-dernière heure antélucienne, chaussée de sandales d'or pur, coiffée d'un voile de machinchose fils de la vierge ! Il flotte, il coule autour de sa chair stellaire et ondoie et ruisselle d'émeraude, de saphir, de mauve et d'héliotrope, suspendu dans des courants glacés de vent interstellaire, sinuant, se lovant, tournant nos têtes, tordant dans le ciel de mystétrieux caractères au point qu'après des myriades de métamorphoses il flamboie, Alpha, rubis, signe triangulé sur le front du Taureau.}}
{{Réf Livre|titre=Ulysse|auteur=[[James Joyce]]|traducteur=Auguste Morel|éditeur=Gallimard|collection=Folio|année=1957|année d'origine=1922|page=646|ISBN=2-07-040018-2}}
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== Psychologie ==
=== [[Mary Esther Harding]], ''Les Mystères de la femme'', 1953 ===
{{citation|citation=<poem>[Gauguin] raconte avec quelle facilité une femme se donnait à un étranger si elle se sentait attirée par lui, mais qu'elle ne se livrait pas à l'homme avec qui elle avait des rapports sexuels mais à son propre instinct, de sorte que, même après cet acte, elle continuait à être une. Elle ne dépendait pas de l'homme, elle ne s'accrochait pas à lui et n'exigeait pas que la liaison devint permanente. Elle était encore sa propre maîtresse, une vierge au sens originel et ancien du terme.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Les Mystères de la femme|auteur=[[Mary Esther Harding]]|traducteur=Eveline Mahyère|éditeur=Payot & Rivages|collection=Petite Bibliothèque Payot|année=2001|année d'origine=1953|page=171|chapitre=VII. La lune mère|ISBN=2-228-89431-1}}


[[Catégorie:Religion]]
[[Catégorie:Religion]]

Version du 24 mars 2012 à 15:19

Portrait of a woman as a Vestal Virgin — Angelica Kauffmann (1770)

Littérature

Nouvelle

Renée Vivien, La Dame à la Louve, 1904

Les Soeurs du silence

Comme un nid d’aigle, la pieuse demeure se blottissait parmi les rochers. Les passants craignaient la violence de ses parfums. Jadis, le souffle inexorable des fleurs d’oranger avait fait mourir une vierge.
  • La Dame à la Louve, Renée Vivien, éd. Alphonse Lemaire, 1904, Les Soeurs du silence, p. 54


Prose poétique

Robert Desnos, Deuil pour deuil, 1924

Sur la table, un verre et une bouteille sont disposés en souvenir d'une vierge blonde qui connut dans la pièce et pour la première fois l'inquiétante blessure menstruelle et qui, élevant le bras droit vers le plafond et tendant la gauche vers la fenêtre faisait, à volonté, voltiger des triangles de pigeons voyageurs.


[...] la vierge blonde trempe ses cheveux dans mon café ; il est midi, le vin devient colombe dans le litre légal déposé sur la table à côté d'un verre à côtes.


La vierge blonde se penche sur le premier mort, c'est Roméo, le second c'est Juliette. Elle arrête alors sa mélancolique promenade et regarde sans dire un mot chacun des boutons d'uniformes. Les uns sont maculés de sang, les autres de terre glaise. (Terre glaise jamais sculpteur ne te fera prendre la forme adorable d'un coeur.)


André Breton, Poisson soluble, 1924

Au bout de chaque branche il y a une étoile et ce n'est pas assez, non, chicorée de la Vierge.


Mes mains ce sont des Vierges dans la petite niche à fond bleu du travail : que tiennent-elles ? je ne veux pas le savoir, je ne veux savoir que la pluie comme une harpe à deux heures de l'après-midi dans un salon de la Malmaison, la pluie divine, la pluie orangée aux envers de feuille de fougère, la pluie comme des oeufs entièrement transparentes d'oiseaux-mouches et comme des éclats de voix rendus par le millième écho.


Récit de voyage

Guy de Maupassant, La Vie errante, 1890

La Côte italienne

On pénètre dans l’avant-port, énorme bassin admirablement abrité où circulent, cherchant pratique, une flotte de remorqueurs, puis, après avoir contourné la jetée Est, c’est le port lui-même, plein d’un peuple de navires, de ces jolis navires du Midi et de l’Orient, aux nuances charmantes, tartanes, balancelles, mahonnes, peints, voilés et mâtés avec une fantaisie imprévue, porteurs de madones bleues et dorées, de saints debout sur la proue et d’animaux bizarres, qui sont aussi des protecteurs sacrés.
Toute cette flotte à bonnes vierges et à talismans est alignée le long des quais, tournant vers le centre des bassins leurs nez inégaux et pointus. Puis apparaissent, classés par compagnies, de puissants vapeurs en fer, étroits et hauts, avec des formes colossales et fines. Il y a encore au milieu de ces pèlerins de la mer des navires tout blancs, de grands trois-mâts ou des bricks, vêtus comme les Arabes d’une robe éclatante sur qui glisse le soleil.

  • Il est ici question de la ville de Gênes.
  • La Vie errante, Guy de Maupassant, éd. P. Ollendorff, 1890, La Côte italienne, p. 33


Roman

Gabriele D'Annunzio, Le Feu, 1900

L’allégresse de la vierge guerrière sur la roche cerclée de flammes atteignait les plus hauts sommets ; le cri de volupté et de liberté montait jusqu’au cœur du soleil.
  • Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 269


James Joyce, Ulysse, 1922

Tout droit vers la mer morte leurs pas les mènent boire, inassouvis et en d'horribles goulées, le flot dormant, salé, inépuisable. Et le prodige équestre de nouveau croît et se hausse dans le désert des cieux à la taille même des cieux jusqu'à recouvrir, démesuré, la maison de la Vierge. Et voici que, prodige de métempsychose, c'est elle, l'épouse éternelle, avant-courrière de l'étoile du matin, l'épouse, toujours vierge. C'est elle, Martha, douceur perdue, Millicent, la jeune, la très chère, la radieuse. Comme elle est à présent sereine à son lever, reine au milieu des Pléiades, à l'avant-dernière heure antélucienne, chaussée de sandales d'or pur, coiffée d'un voile de machinchose fils de la vierge ! Il flotte, il coule autour de sa chair stellaire et ondoie et ruisselle d'émeraude, de saphir, de mauve et d'héliotrope, suspendu dans des courants glacés de vent interstellaire, sinuant, se lovant, tournant nos têtes, tordant dans le ciel de mystétrieux caractères au point qu'après des myriades de métamorphoses il flamboie, Alpha, rubis, signe triangulé sur le front du Taureau.


Psychologie

Mary Esther Harding, Les Mystères de la femme, 1953

[Gauguin] raconte avec quelle facilité une femme se donnait à un étranger si elle se sentait attirée par lui, mais qu'elle ne se livrait pas à l'homme avec qui elle avait des rapports sexuels mais à son propre instinct, de sorte que, même après cet acte, elle continuait à être une. Elle ne dépendait pas de l'homme, elle ne s'accrochait pas à lui et n'exigeait pas que la liaison devint permanente. Elle était encore sa propre maîtresse, une vierge au sens originel et ancien du terme.

  • Les Mystères de la femme (1953), Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 2-228-89431-1), chap. VII. La lune mère, p. 171