« Jour » : différence entre les versions

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Clelie Mascaret (discussion | contributions)
Clelie Mascaret (discussion | contributions)
Ligne 83 : Ligne 83 :


=== Roman ===
=== Roman ===
==== [[Charles Robert Maturin]], ''Melmoth — L'homme errant'', 1820 ====
{{citation|citation=Il parlait ensuite des superbes fêtes données par Louis XIV et décrivait avec une précision qui m'émerveillait le magnifique char sur lequel le monarque personnifiait le dieu du jour tandis que, figurant la racaille de l'Olympe, le suivaient tous les souteneurs et prostituées titrés de la cour.}}
{{Réf Livre|titre=Melmoth — L'homme errant|auteur=[[Charles Robert Maturin]]|traducteur=Jacqueline Marc-Chadourne|éditeur=Phébus|collection=''Libretto''|année=1996|année d'origine=1820|page=283|section=Récit de l'Espagnol|ISBN=978-2-85-940553-3}}

==== [[Pierre Louÿs]], ''Les Aventures du Roi Pausole'', 1900 ====
==== [[Pierre Louÿs]], ''Les Aventures du Roi Pausole'', 1900 ====
{{citation|citation=– Je me résume, dir M. Lebirbe. En combattant la licence des intérieurs, en répandant le discrédit sur les pavillons clandestins et sur les vieillards abjects qui ne dénigrent la nudité que pour la retrouver moins fade entre le corset et les bas noirs, nous faisons effort passionnément dans le sens du nu antique et pur, nous favorisons la vie au grand jour, la franchise des moeurs, l'exemple et l'enseignement direct de l'étreinte, en un mot l'expansion de la volupté publique sur le territoire de Tryphême.}}
{{citation|citation=– Je me résume, dir M. Lebirbe. En combattant la licence des intérieurs, en répandant le discrédit sur les pavillons clandestins et sur les vieillards abjects qui ne dénigrent la nudité que pour la retrouver moins fade entre le corset et les bas noirs, nous faisons effort passionnément dans le sens du nu antique et pur, nous favorisons la vie au grand jour, la franchise des moeurs, l'exemple et l'enseignement direct de l'étreinte, en un mot l'expansion de la volupté publique sur le territoire de Tryphême.}}

Version du 4 mars 2012 à 21:53

Hemera (déesse du Jour) William Bouguereau (1884)

Littérature

Manifeste

René Crevel, Note en marge du jeu de la vérité, 1934

La nuit, de son phosphore, nourrit le soleil du jour à naître. Déterminateur non moins que déterminé, le rêve, dans les labyrinthes de ses volutes les plus particulières, désigne leurs chemins aux vérités générales, aux décisions qu’elles commandent.
  • « Note en marge du jeu de la vérité », René Crevel, Documents 34, nº 20, Avril 1934, p. 23


Poésie

Paul Eluard , Capitale de la douleur, 1926

Paul Klee

Sur la pente fatale, le voyageur profite
De la faveur du jour, verglas et sans cailloux.


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958

Pierres éparses — Leçon de choses

Divinité olmèque
Les quatres points cardinaux
mènent à ton ombilic.
Et dans ton ventre frappe le jour, tout armé.

  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie I. CONDITION DE NUAGE (1939-1955), Pierres éparses — Leçon de choses, p. 38


Prose poétique

André Breton/Philippe Soupault, Les Champs Magnétiques, 1919

« Tu sais que ce soir il y a un crime vert à commettre. Comme tu ne sais rien, mon pauvre ami. Ouvre cette porte toute grande, et dis-toi qu'il fait complètement nuit, que le jour est mort pour la dernière fois. »


Robert Desnos, Deuil pour deuil, 1924

Un jour ou une nuit ou autre chose les portes se fermeront : prédiction à la portée de tous les esprits.


André Breton, Poisson soluble, 1924

A ma rencontre vinrent plusieurs servantes vêtues d'une combinaison collante de satin couleur du jour.


Il faut encore éveiller les frissons dans les broussailles de la chambre, lacer des ruisseaux dans la fenêtre du jour.


La lumière suivra ; le jour fera amende honorable, pieds nus, la corde des étoiles au cou, en chemise verte.


Je ne suis pas perdu pour toi : je suis seulement à l'écart de ce qui te ressemble, dans les hautes mers, là où l'oiseau nommé Crève-Coeur pousse son cri qui élève les pommeaux de glace dont les astres du jour sont la garde brisée.


Paul Eluard , Capitale de la douleur, 1926

Sous la menace rouge

Sous la menace rouge d'une épée, défaisant sa chevelure qui guide des baisers, qui montre à quel endroit le baiser se repose, elle rit. L'ennui, sur son épaule, s'est endormi. L'ennui ne s'ennuie qu'avec elle qui rit, la téméraire, et d'un rire insensé, d'un rire de fin du jour semant sous tous les ponts des soleils rouges, des lunes bleues, fleurs fanées d'un bouquet désenchanté.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Eluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Sous la menace rouge, p. 99


André Masson

Rampe des mois d'hiver, jour pâle d'insomnie, mais aussi, dans les chambres les plus secrètes de l'ombre, la guirlande d'un corps autour de sa splendeur.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Eluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, André Masson, p. 105


Robert Desnos, La liberté ou l'amour !, 1927

Un nombre considérable d’ampoules brisées gisait à ses pieds à l’apparition de la première étoile, depuis celle en verre blanc du Sénégalais jusqu’à celle jaune des Esquimaux dont l’essence ne supporte pas la lumière du jour, habitués qu’ils sont à n’aimer que durant les six mois de ténèbres polaires.
  • Il est ici question du Club des Buveurs de Sperme.


René Char, Fureur et mystère, 1948

Partage formel

Un être qu'on ignore est un être infini, susceptible, en intervenant, de changer notre angoisse et notre fardeau en aurore artérielle.
Entre innocence et connaissance, amour et néant, le poète étend sa santé chaque jour.

  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie SEULS DEMEURENT (1938-1944), Partage formel, p. 74


Feuillets d'Hypnos

Le peuple des prés m'enchante. Sa beauté frêle et dépouvue de venin, je ne me lasse pas de me la réciter. Le campagnol, la taupe, sombres enfants perdus dans la chimère de l'herbe, l'orvet, fils du verre, le grillon, moutonnier comme pas un, la sauterelle qui claque et compte son linge, le papillon qui simule l'ivresse et agace les fleurs de ses hoquets silencieux, les fourmis assagies par la grande étendue verte, et immédiatement au-dessus les météores hirondelles...
Prairie, vous êtes le boîtier du jour.

  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944), p. 132


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958

Travaux du poète

Il est quatre heures trente, quatre heures trente. Le jour m'assaille avec sa sentence : il faudra se lever et affronter le travail quotidien, les saluts matinaux, les sourires crispés, les amours dans des lits d'aiguilles, les peines et les diversions qui laissent des cicatrices ineffaçables. Et tout cela sans s'être reposé un seul instant, car maintenant que je suis mort de sommeil, et que je ferme les yeux pesamment, la montre m'appelle : il est huit heures, c'est l'heure.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — VII, p. 53


Majuscule

Elle n'a pas de saveur, elle n'a pas d'odeur, l'aube, l'enfant encore sans nom, encore sans visage. Elle arrive, elle avance, elle titube, elle s'éloigne. Elle laisse une traîne de rumeurs qui ouvrent les yeux. Elle se perd en elle-même. Et le jour en colère écrase de son pied une petite étoile.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ? — Majuscule, p. 90


Apparition

L'inconnue apparaît comme une aube en plein jour, soleil rival du soleil, et fait irruption parmi les blancs et les noirs du poème. Elle crie dans la forêt de mon étonnement. Elle se pose sur ma poitrine avec la douceur inexorable de la lumière qui appuie le front sur une pierre abandonnée.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ? — Apparition, p. 102


Roman

Charles Robert Maturin, Melmoth — L'homme errant, 1820

Il parlait ensuite des superbes fêtes données par Louis XIV et décrivait avec une précision qui m'émerveillait le magnifique char sur lequel le monarque personnifiait le dieu du jour tandis que, figurant la racaille de l'Olympe, le suivaient tous les souteneurs et prostituées titrés de la cour.


Pierre Louÿs, Les Aventures du Roi Pausole, 1900

– Je me résume, dir M. Lebirbe. En combattant la licence des intérieurs, en répandant le discrédit sur les pavillons clandestins et sur les vieillards abjects qui ne dénigrent la nudité que pour la retrouver moins fade entre le corset et les bas noirs, nous faisons effort passionnément dans le sens du nu antique et pur, nous favorisons la vie au grand jour, la franchise des moeurs, l'exemple et l'enseignement direct de l'étreinte, en un mot l'expansion de la volupté publique sur le territoire de Tryphême.
  • Les Aventures du Roi Pausole (1900), Pierre Louÿs, éd. GF, 2008  (ISBN 978-2-0807-1214-1), partie Livre troisième, VI. Où M. Lebirbe et le roi Pausole s'aperçoivent avec surprise qu'ils ne s'entendent pas sur tous les points, p. 226


James Joyce, Ulysse, 1922

Donne-nous, dieu du jour, dieu-vautour, Horhorn, fécondation et fruit du ventre. Donne-nous, dieu du jour, dieu-vautour, Horhorn, fécondation et fruit du ventre. Donnes-nous, dieu du jour, dieu-vautour, Horhorn, fécondation et fruit du ventre.


Dominique Fernandez, Porporino et les mystères de Naples, 1974

On n'aimait pas tellement à San Donato ces nuits qui n'étaient pas de vraies nuits : d'abord parce que l'alternance bien tranchée du jour et de la nuit, du travail et du sommeil, constituait une des rares certitudes sur lesquelles on pouvait compter, sauf justement quand la lune, entrant dans les maisons à travers les fentes des portes, empêchait de dormir ; ensuite parce qu'il fallait toujours craindre qu'une couleuvre ne réussît à se faufiler dans l'étable. Elle se pendait aux mamelles de la chèvre pour lui pomper, outre le lait, jusqu'à la dernière goutte de sang.
  • Porporino ou les mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974  (ISBN 978-2-246-01243-6), partie I « San Donato », Du sang sous la lune, p. 105