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Clelie Mascaret (discussion | contributions)
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{{Citation|citation=Je me replie. Je rentre en moi par mon oreille gauche. Mes pas retombent dans la solitude de mon crâne qu'illumine seule une constellation grenat. Je parcours à tâtons l'énorme salle démantelée. Portes murées, fenêtres condamnées.}}
{{Citation|citation=Je me replie. Je rentre en moi par mon oreille gauche. Mes pas retombent dans la solitude de mon crâne qu'illumine seule une constellation grenat. Je parcours à tâtons l'énorme salle démantelée. Portes murées, fenêtres condamnées.}}
{{Réf Livre|titre=Liberté sur parole|auteur=[[Octavio Paz]]|traducteur=Jean-Clarence Lambert|éditeur=Gallimard|collection=Poésie|année=1966|année d'origine=1958|page=52|partie=II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950)|section=''Travaux du poète'' — VII|ISBN=2-07-031789-7}}
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{{Citation|citation=[...] après m'être jugé et m'être condamné à l'attente perpétuelle et à la perpétuelle solitude, j'ai écouté contre les pierres de mon cachot de syllogismes l'attaque humide, tendre et insistante du printemps.}}
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=== Roman ===
=== Roman ===

Version du 28 janvier 2012 à 11:01

Littérature

Critique

Charles-Augustin Sainte-Beuve, Mes Poisons, 1926

Au fond, qu'aimerais-je mieux ? ou passer la fin de mes jours dans la solitude raffinée, égoïste et pensive de Sieyès, ou vieillir et mourir dans la prostitution banale de La Fayette ?


Annie Le Brun, Les châteaux de la subversion, 1982

Qu'une telle affirmation de la criminalité soit liée à la solitude monacale, n'est pas sans importance au moment où la représentation révolutionnaire ne retient que ce qui se passe sur la scène éclairée de l'histoire. L'« inconvenance majeure » du roman noir est précisément d'exposer par cet artifice la solitude terrible de l'individu affronté à sa propre violence intérieure, solitude que l'idéologie révolutionnaire nie en la rejetant dans l'ancien monde et en inaugurant, sous le prétexte de fonder la « nation », une complicité de fait qui se referme sur la criminalité de chacun.
  • Les châteaux de la subversion, Annie Le Brun, éd. Garnier Frères, coll. « Folio Essais », 1982  (ISBN 2-07-032341-2), partie III, Sans lieu ni date, p. 238


Cécile Guilbert, Les ruses du professeur Nabokov, 2010

Tu aimes l'art parce que tu hais la mort et d'ailleurs n'y crois pas, le problème du temps se résolvant en épiphanies dans ta solitude pensive.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. VIII


Fils préféré de parents adorés qui le gâtent outrageusement (« à l'excellent extrême », écrira-t-il), trilingue anglais-russe-français dès cinq ans à une époque où un Russe seulement sur quatre sait lire et écrire, lecteur précoce et vorace ayant acquis à l'adolescence une culture littéraire phénoménale grâce aux dix mille volumes de la bibliothèque paternelle, il développe surtout et dès son plus jeune âge une « passion innée pour l'indépendance ». A l'excellent gymnase Tenichev d'abord, où il refuse de partager groupes de travail, sorties en bande, et même les essuie-mains des lavabos communs. Mais surtout lors des fameuses villégiatures estivales passées dans le domaine familial de Vyra où ses premières extases — poésie, petites amoureuses, papillons — s'aimantent à jamais à travers bois et vergers. Des passions réclamant toutes cette « inviolable solitude » dont parle Proust au sujet de « la lecture, la rêverie, les larmes et la volupté » et dont Nabokov précisera, au sujet des « diverses facettes » de sa « fièvre entomologique », que « l'une d'elles était le désir aigu d'être seul, sans compagnon aucun, si tranquille fût-il, qui vînt s'immiscer dans ma façon de jouir avec concentration de ma passion. Son assouvissement, ajoute-t-il, ne souffrait aucun compromis ni aucune exception ».
  • Cécile Guilbert préfaçant la réédition de 2010 des cours de littérature européenne de Vladimir Nabokov, professés entre 1941 et 1958 dans plusieurs universités américaines et réunis sous le titre Littératures.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. X


Écrit intime

Jean-Jacques Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire, 1782

C'est de cette époque que je puis dater mon entier renoncement au monde et ce goût vif pour la solitude qui ne m'a plus quitté depuis ce temps-là. L'ouvrage que j'entreprenais ne pouvait s'exécuter que dans une retraite absolue ; il demandait de longues et paisibles méditations que le tumulte de la société ne souffre pas. Cela me força de prendre pour un temps une autre manière de vivre dont ensuite je me trouvai si bien que ne l'ayant interrompue depuis lors que par force et pour peu d'instants, je l'ai reprise de tout mon coeur et m'y suis borné sans peine aussitôt que je l'ai pu, et quand ensuite les hommes m'ont réduit à vivre seul, j'ai trouvé qu'en me séquestrant pour me rendre misérable, ils avaient plus fait pour mon bonheur que je n'avais su faire moi-même.
  • Rêveries du promeneur solitaire (1782), Jean-Jacques Rousseau, éd. Le Livre de Poche, coll. « Classiques », 2001  (ISBN 978-2-253-160991), Troisième Promenade, p. 71


Je sens des extases, des ravissements inexprimables à me fondre pour ainsi dire dans le système des êtres, à m'identifier avec la nature entière. Tant que les hommes furent mes frères, je me faisais des projets de félicité terrestre ; ces projets étant toujours relatifs à tout, je ne pouvais être heureux que de la félicité, et jamais l'idée d'un bonheur particulier n'a touché mon coeur que quand j'ai vu mes frères ne chercher le leur que dans ma misère. Alors pour ne les pas haïr il a bien fallu les fuir ; alors me réfugiant chez la mère commune j'ai cherché dans ses bras à me soustraire aux atteintes de ses enfants, je suis devenu solitaire, ou, comme ils disent, insociable et misanthrope, parce que la plus sauvage solitude me paraît préférable à la société des méchants, qui ne se nourrit que de trahisons et de haine.


Jean Genet, Journal du voleur, 1949

La solitude ne m'est pas donnée, je la gagne. Je suis conduit vers elle par un souci de beauté. J'y veux me définir, délimiter mes contours, sortir de la confusion, m'ordonner.
  • Journal du voleur, Jean Genet, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1949  (ISBN 2-07-036493-3), p. 277


Nouvelle

Gérard de Nerval, Les Filles du feu, 1834

Quelquefois j'ai besoin de revoir ces lieux de solitude et de rêverie. J'y relève tristement en moi-même les traces fugitives d'une époque où le naturel était affecté ; je souris parfois en lisant sur le flanc des granits certains vers de Roucher, qui m'avaient paru sublimes, — ou des maximes de bienfaisance au-dessus d'une fontaine ou d'une grotte consacrée à Pan. Les étangs, creusés à si grands frais, étalent en vain leur eau morte que le cygne dédaigne.
  • Les Filles du feu (1834), Gérard de Nerval, éd. Maxi-Livres, coll. « Maxi-Poche Classiques Français », 1997  (ISBN 2-8771-4348-1), partie Sylvie — Souvenir du valois, XIV. Dernier feuillet, p. 142


Prose poétique

André Breton, Poisson soluble, 1924

La guêpe, dont l'approche m'avait néanmoins plongé dans un grand malaise (il était à nouveau question depuis quelques jours des exploits de piqueurs mystérieux qui ne respectaient ni la fraîcheur du métropolitain ni les solitudes des bois), la guêpe n'avait pas cessé complètement de se faire entendre.


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958

Je me replie. Je rentre en moi par mon oreille gauche. Mes pas retombent dans la solitude de mon crâne qu'illumine seule une constellation grenat. Je parcours à tâtons l'énorme salle démantelée. Portes murées, fenêtres condamnées.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — VII, p. 52


[...] après m'être jugé et m'être condamné à l'attente perpétuelle et à la perpétuelle solitude, j'ai écouté contre les pierres de mon cachot de syllogismes l'attaque humide, tendre et insistante du printemps.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — XI, p. 57


Roman

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932

Être seul c'est s'entraîner à la mort.


Philosophie

Blaise Pascal, Pensées, 1669

[...] tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre.


Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, 1885

Où cesse la solitude commence le marché ; et où commence le marché, commence aussi le vacarme des grands comédiens et le bourdonnement des mouches venimeuses.
Dans le monde, les choses les meilleures ne valent rien sans quelqu'un pour les mettre en scène : le peuple appelle ces metteurs en scène : de grands hommes [...].
A cause de ces esprits hâtifs, retourne à ta sécurité : ce n'est qu'au marché que l'on est assailli par oui ou par non ! [...]
C'est à l'écart du marché et de la gloire que se passe tout ce qui est grand : c'est à l'écart de la place du marché et de la gloire qu'ont, de tout temps, habité les inventeurs de valeurs nouvelles.

  • Ainsi parlait Zarathoustra (1885), Friedrich Nietzsche (trad. Georges-Arthur Goldschmidt), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1972  (ISBN 978-2-253-00675-6), partie I, chap. « Des mouches du marché », p. 69


Friedrich Nietzsche, Par-delà bien et mal, 1886

Tout homme d'élite aspire instinctivement à sa tour d'ivoire, à sa retraite mystérieuse, où il est délivré de la masse, du vulgaire, du grand nombre, où il peut oublier la règle « homme », étant lui-même une exception à cette règle.

  • Par-delà le bien et le mal (1886), Friedrich Nietzsche (trad. Henri Albert), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1991  (ISBN 978-2-253-05614-0), partie II, chap. « Le libre esprit », § 26, p. 93


Friedrich Nietzsche, Ecce Homo, 1888-1908

[...] j'ai besoin de solitude, je veux dire de guérison, de retour à moi, du souffle d'un air pur qui circule librement... Tout mon Zarathoustra n'est qu'un dithyrambe en l'honneur de la solitude, ou, si l'on m'a compris, en l'honneur de la pureté... Heureusement, pas en l'honneur de la pure niaiserie ! — Qui sait voir les couleurs l'appellera adamantine... Le dégoût de l'homme, de la « canaille », fut toujours mon plus grand péril...
  • L’Antéchrist suivi de Ecce Homo (1888-1908), Friedrich Nietzsche, éd. Gallimard, coll. « Folio Essais », 2006  (ISBN 978-2-07-032557-3), partie Pourquoi je suis si sage, Ecce Homo, p. 110


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