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Version du 16 janvier 2012 à 21:21

L'écriture est un système de représentation graphique d’une langue, au moyen de signes inscrits ou dessinés sur un support, et permet l'échange d'informations sans le support de la voix.

Art

Propos de théoriciens

Nicolas Schöffer, La Théorie des miroirs, 1981

Écrire, c'est se révéler, ou encore révéler les images renvoyées par nos propres miroirs découvrant à la fois nos trésors cachés – c'est-à-dire nous-même – et les reflets de notre environnement tels que nous les captons.
  • La Théorie des miroirs, Nicolas Schöffer, éd. Belfond, 1982  (ISBN 2-7144-1466-4), p. 123


Enseignement

Cours de littérature européenne

Vladimir Nabokov, Littératures, 1941-1958

L'art d'écrire est un art très futile s'il n'implique pas avant tout l'art de voir le monde comme un potentiel de fiction.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, Bons lecteurs et bons écrivains, p. 36


Discours

Propos de romanciers

Orhan Pamuk, Discours de réception du prix Nobel de littérature, 2006

Pour moi, être écrivain, c'est découvrir patiemment, au fil des années, la seconde personne, cachée, qui vit en nous, et un monde qui sécrète notre seconde vie : l'écriture m'évoque en premier lieu, non pas les romans, la poésie, la tradition littéraire, mais l'homme qui, enfermé dans une chambre, se replie sur lui-même, seul avec les mots, et jette, ce faisant, les fondations d'un nouveau monde.
  • Orhan Pamuk, 7 décembre 2006, à Stockholm, dans Le Monde.


Littérature

Critique

Roland Barthes, L'empire des signes,1970

L'écriture est précisément cet acte qui unit dans le même travail ce qui ne pourrait être saisi ensemble dans le seul espace plat de la représentation.
  • L'empire des signes (1970), Roland Barthes, éd. Flammarion, coll. « Champs », 1980, p. 22


[...] le trait excluant ici la rature ou la reprise (puisque le caractère est tracé alla prima), aucune invention de la gomme ou de ses substituts (la gomme, objet emblématique du signifié que l'on voudrait bien effacer ou dont, tout au moins, on voudrait bien alléger, amincir la plénitude ; mais en face de chez nous, du côté de l'Orient, pourquoi des gommes, puisque le miroir est vide ?).
  • L'empire des signes (1970), Roland Barthes, éd. Flammarion, coll. « Champs », 1980, p. 116


Michel Leiris, Langage tangage ou Ce que les mots me disent, 1985

La Règle du jeu : dont les quatres tomes, si longs à rédiger que leur établissement m'occupa depuis les approches de l'âge mûr jusqu'à un point déjà avancé de ma vieillesse, illustrent à merveille cette ironie : avoir prétendu écrire pour arriver à mieux vivre et n'avoir au bout du compte mené à peu près rien d'autre qu'une vie d'écrivain.


Pas de plaisir d'écrire si, sachant d'avance ce que l'on a à dire et n'ayant pas à inventer la manière de le dire, on procède à coup sûr.


Cécile Guilbert, Les ruses du professeur Nabokov, 2010

Après tout, si aucune activité n'est plus individualisée, asociale et « séparée » que l'écriture ou la lecture, c'est précisément en quoi celles-ci communiquent : par cette nervure intime d'un échange proprement érotique s'instaurant entre un auteur et un lecteur dont désirs et solitudes dialoguent, s'infusent, rêvassent à travers du langage chargé de sens tandis que des délices de sensations et d'émotions s'échangent entre eux dans le silence. D'ailleurs, un grand écrivain est toujours un grand lecteur, et l'excellent lecteur est aussi rare que lui. La seule différence, c'est que si le style suppose une singularité d'expression unique prohibant par définition l'enseignement de normes et canons sous peine de déchoir dans cette contradiction vivante qu'indique le vocable d'« art officiel », lire s'apprend. Mieux encore : l'art littéraire est ce miroir d'excellence par lequel le lecteur peut devenir une sorte d'artiste lui-même en tant que recréateur de l'oeuvre.
  • Cécile Guilbert préfaçant la réédition de 2010 des cours de littérature européenne de Vladimir Nabokov, professés entre 1941 et 1958 dans plusieurs universités américaines et réunis sous le titre Littératures.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXII


Écrits intimes

Sei Shōnagon, Notes de chevet, 1001-1010

Quand j'aperçois un encrier malpropre, poudreux, un bâton d'encre que l'on a frotté sans soin et usé d'un seul côté, cela me fait une impression désagréable. Je déteste également voir une personne prendre, avec une pince de bambou, un bâton d'encre qui a beaucoup servi.
  • Notes de chevet (1001-1010), Sei Shōnagon (trad. André Beaujard), éd. Gallimard/Unesco, 2007, p. 243-244


Poésie

Georges De Brebeuf, La Pharsale de Lucain, 1670

C'est de lui que nous vient cet art ingénieux
De peindre la parole et de parler aux yeux,
Et par les traits divers de figures tracées,
Donner de la couleur et du corps aux pensées.

  • En parlant du [peuple] Phénicien, inventeur de l'écriture.
  • La Pharsale de Lucain, Georges De Brebeuf, éd. Jean Ribou, 1670, p. 85


André Gide, Les Caves du Vatican, 1914

— Savez-vous ce qui me gâte l'écriture ? Ce sont les corrections, les ratures, les maquillages qu'on y fait.
— Croyez-vous donc qu'on ne se corrige pas, dans la vie ? demanda Julius allumé.
— Vous ne m'entendez pas : Dans la vie, on se corrige, à ce qu'on dit, on s'améliore ; on ne peut corriger ce qu'on a fait. C'est ce droit de retouche qui fait de l'écriture une chose si grise et si... (il n'acheva pas). Oui ; c'est là ce qui me paraît si beau dans la vie ; c'est qu'il faut peindre dans le frais. La rature y est défendue.


Tristan Tzara, Maison Flake, 1919

arc distendu de mon coeur machine à écrire pour les étoiles
  • « Maison Flake », Tristan Tzara, Littérature, nº 2, Avril 1919, p. 16


Albert Bensoussan, Confessions d'un traître, 1995

La parole est nomade, aérienne, supérieure, l'écriture la fige, la ramène à terre, l'emprisonne. Ainsi cette historiette arabe :
Qu'est-ce que la parole ? Demande l'un
Un vent qui passe, dit le sage
Et qui peut l'enchaîner ? Interroge l'autre
L'écriture

  • Confessions d'un traître, Albert Bensoussan, éd. Presses Universitaires de Rennes, 1995, p. 107


Roman

Charles Robert Maturin, Melmoth — L'homme errant, 1820

D'un côté, l'on voyait des colonnes chargées de caractères hiéroglyphiques ; de l'autre, des pierres qui portaient les marques d'un pouvoir irrésistible. Mortels, disait ce pouvoir, vous tracez avec le ciseau, je n'écris qu'avec le feu.

  • Melmoth — L'homme errant (1820), Charles Robert Maturin (trad. Jacqueline Marc-Chadourne), éd. Phébus, coll. « Libretto », 1996  (ISBN 978-2-85-940553-3), Histoire des Indiens, p. 334


Marcel Proust, Le temps retrouvé, 1927

Le devoir et la tâche d'un écrivain sont ceux d'un traducteur.
  • Le temps retrouvé, Marcel Proust, éd. Pléiade, 1957, t. III, p. 895


Fred Vargas, L'Homme aux cercles bleus, 1991

Pour quoi faire, écrire ? Pour séduire ? C'est ça ? Pour séduire les inconnus, comme si les connus ne te suffisaient pas ? Pour t'imaginer rassembler la quintessence du monde en quelques pages ? Quelle quintessence à la fin ? Quelle émotion du monde ? Quoi dire ? Même l'histoire de la vieille musaraigne n'est pas intéressante à dire. Écrire, c'est rater.


Paul Auster, Leviathan, 1993

J'ai toujours été un bûcheur, un type qui s'angoisse et se débat à chaque phrase, et même les meilleurs jours je ne fais que me traîner, ramper à plate perdu dans le désert. Le moindre mot est pour moi entouré d'arpents de silence et lorsque j'ai enfin réussi à le tracer sur la page, il a l'air de se trouver là comme un mirage, une particule de doute scintillant dans le sable. [...]. Un mur me sépare de mes propres pensées, je me sens coincé dans un no man's land entre sentiment et articulation, […]. Pour moi [les choses et les mots] ne cessent de se séparer, de voler en éclats dans toutes les directions. Je passe presque tout mon temps à ramasser les fragments et à les recoller ensemble.
  • Dans la bouche du narrateur, en contraste avec ce qu'il pense (en bien) d'un ami lui aussi écrivain.
  • Leviathan, Paul Auster (trad. Christine Le Boeuf), éd. Le livre de Poche, 1993, p. 73


Médias

Journaux

J. M. G. Le Clézio, Interview, 2011

A la question « Pourquoi écrivez vous ? », la plus belle réponse à mes yeux est celle que fit Pa Kin : « Parce que la belle vie est trop courte. » J'avais trouvé cela merveilleux, car écrire, c'est vivre d'autres vies, ajouter des vies à la belle vie, qui n'est plus si courte que ça...
  • « Le Clézio : « Je suis un indigné de l'Afrique » », Interview par Valérie Marin la Meslée, Le Point, nº 2041, 27 Octobre 2011, p. 101


Télévision

Clara et Robert Kuperberg, Emission, 2006

La morale en écriture n'est que l'esquisse de nos propres actes immoraux.
  • Clara et Robert Kuperberg, American Dog, Arte, 16 novembre 2006


Philosophie

Voltaire, Dictionnaire philosophique, 1764

L'écriture est la peinture de la voix.
  • (Voir la parenté de cette citation avec celle de Brébeuf).
  • « Dictionnaire philosophique » (1764), dans Œuvres complètes, Voltaire, éd. Elibron Classics, 2004, t. 26, article « Orthographe », p. 109


Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, 1885

De tout ce qui est écrit, je ne lis que ce que quelqu'un écrit avec son sang. Ecris avec ton sang : et tu verras que le sang est esprit.
Il n'est guère facile de comprendre le sang d'autrui : je hais les oisifs qui lisent [...].
Que tout un chacun ait le droit d'apprendre à lire, voilà qui à la longue va gâter non seulement l'écriture mais aussi la pensée.
Jadis l'esprit était dieu, puis il s'est fait homme et maintenant il se fait même plèbe.

  • Ainsi parlait Zarathoustra, Friedrich Nietzsche (trad. Georges-Arthur Goldschmidt), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1972  (ISBN 978-2-253-00675-6), partie I, chap. « Lire et écrire », p. 55


Propos de moralistes

Joseph Joubert, Pensées

Quand on écrit avec facilité, on croit toujours avoir plus de talent qu’on n’en a. Pour bien écrire, il faut une facilité naturelle et une difficulté acquise.


Quand un ouvrage sent la lime, c’est qu’il n’est pas assez poli ; s’il sent l’huile, c’est qu’on a trop peu veillé.


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