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{{Réf Livre|titre=Littératures|auteur=Vladimir Nabokov|éditeur=Robert Laffont|année=2010|année d'origine=1980|page=XXIV|collection=Bouquins|partie=|section=Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov}}
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{{citation|citation=Ce « ronronnement suprême de plaisir produit par l'impact d'une pensée voluptueuse qui est une autre façon de définir l'art authentique », Nabokov le nomme aussi « frisson ». A cet égard, ne jamais oublier que le mot se dit en italien ''capriccio'', d'où « caprice », fantaisie, liberté. L'inspiration de l'écrivain? Une «sorte de frisson spirituel», un « frisson de sauvage magie ». La lecture ? « S'il entend réellement baigner dans la magie d'un livre de génie, le lecteur avisé le lira non pas avec son coeur, non pas avec son esprit, mais avec sa moelle épinière: c'est là que se produit le frisson révélateur... »}}
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Version du 18 décembre 2011 à 15:59

Vladimir Nabokov (en russe Владимир Владимирович Набоков) est un romancier, poète et critique littéraire américain d'origine russe né à Saint-Pétersbourg le 23 avril 1899, mort à Montreux le 2 juillet 1977.

Citations propres à l'auteur

Lolita, 1955

Mon âme romanesque devenait moite et frissonnante à l'idée que je puisse être mêlé à quelque avanie scandaleuse.
  • Lolita (1955), Vladimir Nabokov (trad. E. H. Kahane), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1959, p. 86


La Transparence des choses, 1972

Pour des raisons optiques et animales, l'amour sexuel est moins transparent que beaucoup d'autres choses nettement plus compliquées.
  • La Transparence des choses (1972), Vladimir Nabokov (trad. Donald Harper et Jean-Bernard Blandenier), éd. Arthème Fayard, coll. « Folio », 1979, p. 31


D'autres auteurs le concernant

Tu aimes l'art parce que tu goûtes encore l'aventure, le jeu, les dieux, rire et jouir. Tu aimes l'art parce qu'il t'innocente du cauchemar collectif, révèle ton âme comme foyer vivant d'énergie et de désir vrais, cibles et flèches érotiques. Tu aimes l'art parce que tu hais la mort et d'ailleurs n'y crois pas, le problème du temps se résolvant en épiphanies dans ta solitude pensive.
Il va sans dire alors que ces cours sont pour toi — comme d'ailleurs toute l'oeuvre de Nabokov. Car véritables exercices de guerre défensive, ils retournent contre l'ennemi les armes mêmes que ce dernier entend liquider : raison, sensibilité, esprit critique, jouissance, luxe.

  • Cécile Guilbert préfaçant la réédition de 2010 des cours de littérature européenne de Vladimir Nabokov, professés entre 1941 et 1958 dans plusieurs universités américaines et réunis sous le titre Littératures.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. VIII


Fils préféré de parents adorés qui le gâtent outrageusement (« à l'excellent extrême », écrira-t-il), trilingue anglais-russe-français dès cinq ans à une époque où un Russe seulement sur quatre sait lire et écrire, lecteur précoce et vorace ayant acquis à l'adolescence une culture littéraire phénoménale grâce aux dix mille volumes de la bibliothèque paternelle, il développe surtout et dès son plus jeune âge une « passion innée pour l'indépendance ». A l'excellent gymnase Tenichev d'abord, où il refuse de partager groupes de travail, sorties en bande, et même les essuie-mains des lavabos communs. Mais surtout lors des fameuses villégiatures estivales passées dans le domaine familial de Vyra où ses premières extases — poésie, petites amoureuses, papillons — s'aimantent à jamais à travers bois et vergers. Des passions réclamant toutes cette « inviolable solitude » dont parle Proust au sujet de « la lecture, la rêverie, les larmes et la volupté » et dont Nabokov précisera, au sujet des « diverses facettes » de sa « fièvre entomologique », que « l'une d'elles était le désir aigu d'être seul, sans compagnon aucun, si tranquille fût-il, qui vînt s'immiscer dans ma façon de jouir avec concentration de ma passion. Son assouvissement, ajoute-t-il, ne souffrait aucun compromis ni aucune exception ».
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. X


« J'ai toujours eu un certain nombre de rôles en réserve au cas où ma muse me ferait défaut », assentit Nabokov avec son humour habituel à un interviewer de la BBC venu l'interroger quelques semaines avant sa mort, en 1977 : « En tête venait le lépidoptériste, explorateur de célèbres jungles. Ensuite il y avait le grand maître aux échecs, puis le champion de tennis au revers implacable, enfin le goal qui arrête un but historique, et pour finir, l'auteur d'une pile d'ouvrages inconnus : Feu pâle, Lolita, Ada, que découvrent et publient mes héritiers. »
Or, bizarrement, il a omis de cette malicieuse déclaration son rôle de professeur. Un rôle qu'il a pourtant joué pendant presque vingt ans. Un rôle exécuté avec le soin et la fougue qu'il propulsait dans tout ce qu'il entreprenait. Un rôle interprété avec tant d'originalité que tous ses spectateurs s'en souviennent encore. Un rôle qui, à l'instar des autres et les diffractant tous, a laissé de volumineuses traces imprimées dans lesquelles on le retrouve tout entier.

  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XIV


« J'ai la mauvaise habitude (pas vraiment mauvaise, je dis cela par pure coquetterie) de choisir la voie la plus difficile dans mes aventures littéraires », écrit-il dès 1942 à l'éditeur James Laughlin, avec un sens certain de la litote. Fierté qui expliquera non seulement son insistance répétée toute sa vie à se distinguer d'un Conrad n'ayant pas débuté sa carrière littéraire dans sa langue maternelle, mais surtout sont indéfectible attachement pour Lolita, cet « énorme, mystérieux et déchirant roman » qui lui a coûté « cinq années de doutes monstrueux et de labeurs diaboliques », a échappé à l'autodafé grâce à Véra et représente non seulement sa grande histoire d'amour avec l'anglais, mais littéralement parlant, au sens entomologique, la nymphe délicate à travers laquelle toute larve se métamorphose en imago parfaite.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XV


Ce que Nabokov dispense à priori avec largesse à ses étudiants du haut de l'estrade de l'amphithéâtre Goldwin Smith, à partir de 1950, dans son célèbre cours 311-312 ? Pas moins que la crème de la littérature, les moyens critiques de la reconnaître et d'en jouir. Un don au sens du « talent » comme de l'« offrande », généreux et forcément aristocratique (generosus signifie « noblesse d'extraction » et « bonté de coeur ») d'un art littéraire entendu comme dépense inutile autant que désintéressée, « luxe pur et simple » dont il affirme bien haut qu'il n'a « aucune espèce de valeur pratique, sauf pour la personne qui présente la particularité très spéciale de vouloir être professeur de lettres ». Luxe de la jouissance, de la gratuité et de la connaissance pures qui concerne tout autant l'art d'écrire que celui de lire.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XVIII


« Le goût est la qualité fondamentale qui résume toutes les autres qualités. C'est le nec plus ultra de l'intelligence. Ce n'est que par lui seul que le génie est la santé suprême et l'équilibre de toutes les facultés. » Ces axiomes définitifs signés Isidore Ducasse dans Poésies I pourraient servir d'épigraphe à l'ensemble de cet ouvrage comme de devise à Nabokov qui ne l'a pas lu (pas plus que Lautréamont) mais use d'une formule proche dans « L'art de la littérature et le bon sens » : « la folie n'est qu'une maladie du bon sens, alors que le génie est le plein épanouissement de la santé de l'esprit ». Autant dire que si le goût constitue le principe discriminateur par excellence de jugement, de distinction, de séparation du bon grain de l'ivraie, il s'oppose au bon sens comme l'art à la pacotille, le grand écrivain à la nullité et le bon lecteur au mauvais. Or son individuation précoce et son expérience historique ont forgé en Nabokov la pensée indéracinable que l'ivraie s'incarne toujours et partout dans le philistin, cet « adulte dont les ambitions sont de nature matérialiste et ordinaire, et dont la mentalité épouse les idées toutes faites et les idéaux conformistes de son milieu et de son temps ».
  • Point de vue de Vladimir Nabokov sur le philistinisme.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XIII


Philistin ? L'homme qui vit à travers tout ce qui est général, social, familial, grégaire : partis politiques, écoles de pensées, mouvements artistiques, communautés. Synonyme de « bourgeois » ou « comme il faut », le philistin peuple également la mauvaise planète où prolifèrent les « ismes » de tous les grégarismes et de tous les suivismes : journalisme, sociologisme, naturalisme, académisme, réalisme, symbolisme, etc. Par définition majoritaire, traversant tous les peuples, toutes les classes sociales et tous les régimes politiques, le philistin est l'homme des lieux communs, des généralités, de stéréotypes de pensée et d'un langage où ne prédominent pas seulement les slogans politiques ou publicitaires, mais ce bas idiome communicationnel de tout un chacun, langue de bois à la base « d'expresions toutes faites, de clichés, de banalités exprimés par des mots usés ». Un équivalent russe du contenu du philistinisme est inclus dans le fameux pochlost qui sert à Nabokov de « scie critique », vaste concept impliquant les notions de « médiocre, trompe-l'oeil, banal, fade, ampoulé, de mauvais goût », mais aussi d'« inférieur, trivial, camelote, bas, toc, pacotille », et qui finira par désigner pour lui tout ce qui est « faussement important, faussement beau, faussement intelligent, faussement attrayant ».
  • Point de vue de Vladimir Nabokov sur le philistinisme.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XIX


Symétriques et identiquement contaminés par la morne règle : les mauvais lecteurs qui lisent n'importe quoi sans rien savoir juger ni hiérarchiser, pollués par la mode, le mauvais goût, le conformisme social. « Un philistin ne connaît rien à l'art ni à la littérature, dit Nabokov. D'ailleurs il s'en moque. Par nature il est anti-artistique mais il veut se tenir au courant et il a appris à lire des revues. »
  • Point de vue de Vladimir Nabokov sur le philistinisme.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XX


Le sel de l'histoire, bien sûr, c'est que toutes ces virulentes paroles sont prononcées devant un auditoire dont Nabokov ne doute pas une seconde qu'il appartient majoritairement au camp de la règle : spécimen de l' homo americanus abreuvés de stéréotypes et de slogans, esprits petits-bourgeois à qui il aime répéter que « Ph.D. » (doctorat) signifie « département de philistins », et dont il s'échine, quelques heures par semaine, à décrotter la tête, ouvrir les yeux, réveiller l'esprit critique. « Mon problème, attaque-t-il en piqué dans son cours sur Dostoïevski, est que les lecteurs auxquels je m'adresse dans ces cours ou dans d'autres ne sont pas tous avertis. Je dirais qu'un bon tiers d'entre eux ignorent la différence entre la vraie et la pseudo-littérature, et que les oeuvres de Dostoïevski peuvent leur sembler plus importantes et d'un art plus achevé que nos ineptes romans historiques américains ou des fadaises telle que Tant qu'il y aura des hommes... »
  • Point de vue de Vladimir Nabokov sur le philistinisme.
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXI


[...] toute règle possédant son exception, il lui arrive d'évoquer dans sa correspondance « 146 étudiants morts d'ennui et 4 enthousiastes ». Et au fond, c'est à ces quatre-là seulement qu'il s'adresse.
Car à l'opposé du philistin, à toutes les époques et dans tous les milieux, se dresse l'individu particulier, singulier, solitaire, spirituellement différent. Forcément rare et minoritaire, c'est l'artiste, mais aussi l'opposant politique, le dissident, le scissionniste, le résistant. C'est lexicalement parlant le libertin [En « fauconnerie, se dit de l'oiseau de proie qui s'écarte et ne revient pas » (Littré).], mais aussi l'excentrique, le décalé. Nul n'a été plus sensible que Nabokov à la fragilité de cette différence, de cette discordance toujours menacée, étouffée ou combattue. Pas seulement par la dictature mais par le ressentiment démocratique. Pas seulement par la censure mais par l'indifférence, l'insensibilité, voire la cruauté. « Quiconque dont l'esprit est assez fier pour ne pas se développer suivant un schéma invariable, dit-il, a en secret une bombe derrière la tête. » Mais aussi : « Plus l'individu est brillant, plus il est près du bûcher. Etranger rime toujours avec danger. »
Ce « brillant étranger » (suivez son regard) est bien sûr au premier chef le grand écrivain, mais aussi l'excellent lecteur communiquant avec lui dans la jouissance de l'art.

  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXII


[...] « toute oeuvre d'art est toujours création d'un monde nouveau », d'une « entité flambant neuve ». Car la prétendue « réalité », affirme-t-il dans son cours sur Don Quichotte, est « l'épithète commune, l'émotion moyenne, l'apologie de la multitude, l'univers du plat bon sens ». A l'inverse, le matériau de base est un chaos auquel « l'auteur dit Va! et le monde vacille et entre en fusion ».
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXIV


Ce « ronronnement suprême de plaisir produit par l'impact d'une pensée voluptueuse qui est une autre façon de définir l'art authentique », Nabokov le nomme aussi « frisson ». A cet égard, ne jamais oublier que le mot se dit en italien capriccio, d'où « caprice », fantaisie, liberté. L'inspiration de l'écrivain ? Une «sorte de frisson spirituel», un « frisson de sauvage magie ». La lecture ? « S'il entend réellement baigner dans la magie d'un livre de génie, le lecteur avisé le lira non pas avec son coeur, non pas avec son esprit, mais avec sa moelle épinière: c'est là que se produit le frisson révélateur... »
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXX


Attention, lenteur et patience sont nécessaires. « Un livre est une malle bourrée de quantité de choses, dit-il. A la douane, le préposé y fourrage négligemment pour la forme, mais le chercheur de trésors examine le moindre fils. » Ce n'est que par une longue fréquentation des oeuvres qu'on peut espérer en découvrir les secrets à travers les lieux, les personnes et les objets. « Assez curieusement, on ne peut pas lire un livre, assène Nabokov, on ne peut que le relire. Un bon lecteur, un lecteur actif et créateur est un re-lecteur. »
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXX


Sensuel aussi, Nabokov régale ses étudiants de métaphores gourmandes où, comme il le dit lui-même de la langue de Stevenson, « tout est dit de façon appétissante », évoquant de ce dernier « la merveilleuse saveur de vin vieux » comme le « miel » et l'« huile » des phrases gracieuses de Tourgueniev, le « goût d'un lait crémeux » de sa prose, le « caramel mou » de ses poèmes, tandis que même l'abominable Gorki se compare à un « bonbon rose saupoudrée de juste assez de suie pour le rendre alléchant ». Une opération digne d'une transsubstantiation proprement érotique si l'on en croit cette phrase inouïe : « La littérature dit être émiettée, disséquée, triturée ; vous devez sentir son parfum délicieusement âcre dans le creux de votre main, vous devez la mastiquer, la rouler sur votre langue avec délices ; alors, et seulement alors, vous apprécierez son incomparable saveur à sa juste valeur, et ces fragments, ces miettes redeviendront un tout dans votre esprit, révélant la beauté d'une unité à laquelle vous avez donné un peu de votre propre sang. »
  • Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXXI


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