« Charles Robert Maturin » : différence entre les versions

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Clelie Mascaret (discussion | contributions)
Clelie Mascaret (discussion | contributions)
Ligne 102 : Ligne 102 :
|année=1996
|année=1996
|année d'origine=1820
|année d'origine=1820
|page=130
|page=146
|section=Récit de l'Espagnol
|ISBN=978-2-85-940553-3}}

{{citation|citation=<poem>Ils se nourrissent d'un poison d'illusions délicieuses. Ils rêvent qu'un tremblement de terre réduira les murs en atomes, qu'un volcan entrera en éruption au milieu du jardin. Ils imaginent une révolution, une attaque de bandits, les circonstances les plus improbables... Puis ils se réconfortent en envisageant la possibilité d'un incendie (si le feu éclate dans un couvent on ouvre en grand les portes et «''sauve qui peut''» est le mot d'ordre). Cette pensée leur fait concevoir le plus ardent espoir: ils pourraient se précipiter au-dehors, dans les rues et à la campagne ; en fait, où n'iraient-ils pas pour s'échapper ?</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Melmoth — L'homme errant
|auteur=Charles Robert Maturin
|traducteur=Jacqueline Marc-Chadourne
|éditeur=Phébus
|collection=''Libretto''
|année=1996
|année d'origine=1820
|page=155
|section=Récit de l'Espagnol
|ISBN=978-2-85-940553-3}}

{{citation|citation=<poem>— Et c'est cela, alors, la vie monastique?
— C'est cela ; à deux exceptions près : pour ceux qui, par l'imagination, peuvent renouveler chaque jour l'espoir de s'échapper et chérissent cet espoir jusqu'à leur lit de mort ; pour ceux qui, comme moi, diminuent leur misère en la divisant et, semblables à l'araignée, se soulagent du poison dont ils sont gonflés en en instillant une goutte à chaque insecte qui, comme vous, peine et agonise dans leur toile.</poem>}}
{{Réf Livre|titre=Melmoth — L'homme errant
|auteur=Charles Robert Maturin
|traducteur=Jacqueline Marc-Chadourne
|éditeur=Phébus
|collection=''Libretto''
|année=1996
|année d'origine=1820
|page=156
|section=Récit de l'Espagnol
|section=Récit de l'Espagnol
|ISBN=978-2-85-940553-3}}
|ISBN=978-2-85-940553-3}}

Version du 10 décembre 2011 à 22:12

Charles Robert Maturin

Charles Robert Maturin, né le 25 septembre 1782 à Dublin et décédé le 30 octobre 1824 en ce même lieu, fut un auteur de romans gothiques.

Citations

Melmoth — L'homme errant, 1820

— Pendant combien de temps, Seigneur, s'exclama-t-il, pendant combien de temps tes ennemis insulteront-ils ton sanctuaire et moi, ton prédicateur consacré, ici même dans cette prison où j'ai été placé pour parler aux âmes ? Ouvre les vannes de ton pouvoir et au milieu des vagues et des tempêtes qui me submergent laisse-moi rendre témoignage comme celui qui, à la dérive, peut encore lever un bras pour prévenir son compagnon qu'il va couler.

  • Melmoth — L'homme errant (1820), Charles Robert Maturin (trad. Jacqueline Marc-Chadourne), éd. Phébus, coll. « Libretto », 1996  (ISBN 978-2-85-940553-3), Histoire de Stanton, p. 81


J'aperçois des barreaux à travers lesquels le soleil lui comme une marâtre, et le zéphyr, pour votre tourment, semble vous apporter les soupirs de la bouche dont vous ne devez plus sentir les doux baisers.

  • Melmoth — L'homme errant (1820), Charles Robert Maturin (trad. Jacqueline Marc-Chadourne), éd. Phébus, coll. « Libretto », 1996  (ISBN 978-2-85-940553-3), Histoire de Stanton, p. 87


Un temps viendra où, par ennui, vous éprouverez autant de désir d'entendre ces cris qu'ils vous inspirent aujourd'hui d'horreur ; vous guetterez le délire de votre voisin, comme vous feriez d'une représentation théâtrale. Tout sentiment d'humanité sera éteint en vous ; les fureurs de ces misérables seront à la fois pour vous une torture et un divertissement.

  • Melmoth — L'homme errant (1820), Charles Robert Maturin (trad. Jacqueline Marc-Chadourne), éd. Phébus, coll. « Libretto », 1996  (ISBN 978-2-85-940553-3), Histoire de Stanton, p. 87


Je faisais seul de longues promenades dans le jardin du couvent. J'inventais des conversations imaginaires. Les pensionnaires me regardaient et, conformément à leurs instructions, ils se disaient entre eux : «Il médite sur sa vocation. Il supplie que la grâce vienne l'illuminer. Ne le troublons pas.»
Je ne jugeai pas convenable de les détromper mais je méditais avec une horreur accrue sur un système qui poussait aussi précocement à l'hypocrisie et faisait si tôt éclore, parmi la jeunesse conventuelle, l'un des derniers vices de la vie.

  • Melmoth — L'homme errant (1820), Charles Robert Maturin (trad. Jacqueline Marc-Chadourne), éd. Phébus, coll. « Libretto », 1996  (ISBN 978-2-85-940553-3), Récit de l'Espagnol, p. 120


[...] la dissimulation nous enseigne toujours la dissimulation, et la seule question est de savoir si nous serons les maîtres ou les victimes de cet art. Question à laquelle l'amour de soi a tôt fait de répondre.

  • Melmoth — L'homme errant (1820), Charles Robert Maturin (trad. Jacqueline Marc-Chadourne), éd. Phébus, coll. « Libretto », 1996  (ISBN 978-2-85-940553-3), Récit de l'Espagnol, p. 121


J'étais amateur de musique ; je chantais souvent involotairement pendant l'office ; ma voix était belle, et ma profonde mélancolie lui donnait une expression peu ordinaire : ils en profitèrent pour m'assurer que mes chants étaient comme inspirés.

  • Melmoth — L'homme errant (1820), Charles Robert Maturin (trad. Jacqueline Marc-Chadourne), éd. Phébus, coll. « Libretto », 1996  (ISBN 978-2-85-940553-3), Récit de l'Espagnol, p. 129


Je ne m'aperçus pas que l'on me traitait comme un homme dont la raison était aliénée, et pourtant ces expressions que je répétais si follement pouvaient bien justifier un pareil soupçon.
Le directeur venait souvent me voir et ces misérables hypocrites l'accompagnaient à ma cellule. Par manque d'autre occupation ils me trouvaient généralement en train d'arranger mes fleurs ou de regarder les estampes et disaient :
— Vous voyez, il est aussi heureux qu'il le désire, il ne manque de rien ; il est très occupé à contempler ces roses.
— Non, je ne suis pas occupé, répliquai-je. C'est d'occupation que j'ai besoin.

  • Melmoth — L'homme errant (1820), Charles Robert Maturin (trad. Jacqueline Marc-Chadourne), éd. Phébus, coll. « Libretto », 1996  (ISBN 978-2-85-940553-3), Récit de l'Espagnol, p. 130


Un être humain nu et couvert de sang passa comme un éclair près de moi en poussant des cris de rage et de douleur ; quatres moines portant des lumières le poursuivaient. J'avais fermé la porte au bout de la galerie et je savais qu'ils devaient revenir sur leurs pas et passer près de moi. Toujours agenouillé, je tremblais de la tête aux pieds. La victime atteignit la porte, la trouva close et s'arrêta hors d'haleine. Je me retournai et vis une scène digne de Murillo. Jamais forme humaine ne fut plus parfaite que celle de cet infortuné jeune homme. Il se tenait là, dans une attitude de désespoir, ruisselant de sang. Les moines avec leurs lumières, leurs fouets et leurs robes sombres ressemblaient à un groupe de démons faisant leur proie d'un ange errant — on eût dit les furies infernales poursuivant un Oreste fou. Et vraiment aucun sculpteur de l'Antiquité ne dessina jamais forme plus parfaitement exquise que celle de cet infortuné si sauvagement mutilé par les moines. Ce spectacle d'horreur et de cruauté éveilla en un instant mon esprit du long engourdissement dans lequel il s'était affaibli. Je me précipitai au secours de la victime ; je luttai avec les moines en proférant certaines paroles dont j'étais à peine conscient mais dont ils se souvinrent et qu'ils exagérèrent avec toute la précision de la méchanceté.

  • Melmoth — L'homme errant (1820), Charles Robert Maturin (trad. Jacqueline Marc-Chadourne), éd. Phébus, coll. « Libretto », 1996  (ISBN 978-2-85-940553-3), Récit de l'Espagnol, p. 146


Ils se nourrissent d'un poison d'illusions délicieuses. Ils rêvent qu'un tremblement de terre réduira les murs en atomes, qu'un volcan entrera en éruption au milieu du jardin. Ils imaginent une révolution, une attaque de bandits, les circonstances les plus improbables... Puis ils se réconfortent en envisageant la possibilité d'un incendie (si le feu éclate dans un couvent on ouvre en grand les portes et «sauve qui peut» est le mot d'ordre). Cette pensée leur fait concevoir le plus ardent espoir: ils pourraient se précipiter au-dehors, dans les rues et à la campagne ; en fait, où n'iraient-ils pas pour s'échapper ?

  • Melmoth — L'homme errant (1820), Charles Robert Maturin (trad. Jacqueline Marc-Chadourne), éd. Phébus, coll. « Libretto », 1996  (ISBN 978-2-85-940553-3), Récit de l'Espagnol, p. 155


— Et c'est cela, alors, la vie monastique?
— C'est cela ; à deux exceptions près : pour ceux qui, par l'imagination, peuvent renouveler chaque jour l'espoir de s'échapper et chérissent cet espoir jusqu'à leur lit de mort ; pour ceux qui, comme moi, diminuent leur misère en la divisant et, semblables à l'araignée, se soulagent du poison dont ils sont gonflés en en instillant une goutte à chaque insecte qui, comme vous, peine et agonise dans leur toile.

  • Melmoth — L'homme errant (1820), Charles Robert Maturin (trad. Jacqueline Marc-Chadourne), éd. Phébus, coll. « Libretto », 1996  (ISBN 978-2-85-940553-3), Récit de l'Espagnol, p. 156