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== Antoine Compagnon,'' La seconde main, ou le travail de la citation'' (1979) ==

{{citation|Lorsque je cite, j'excise, je mutile, je prélève.}}

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{{citation|Le fragment élu se convertit lui-même en texte, non plus morceau de texte, membre de phrase ou de discours, mais morceau choisi, membre amputé; point encore greffe, mais déjà organe découpé et mis en réserve. Car ma lecture n'est ni monotone ni unifiante; elle fait éclater le texte, elle le démonte, elle l'éparpille. C'est pourquoi, même si je ne souligne quelque phrase ni la déporte dans mon calepin, ma lecture procède déjà d'un acte de citation qui désagrège le texte et détache du contexte.}}

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{{citation|Tandis que l'énonciation est un procès d'appropriation de la langue, la citation est un procès d'appropriation du discours, du Fonds littéraire comme l'appelait Mallarmé. Or, si la langue est du domaine public et n'appartient à personne, le discours relève de la propriété privée.}}

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Version du 19 novembre 2010 à 18:53

Une citation est un passage emprunté à un auteur qui peut faire autorité.

Raymond Queneau, Les Fleurs bleues (1965)

Une bande de nomades, venant du camp, s’arrêtent pour demander quelque chose à Cidrolin ; ils savent dire en français métro. C’est ça ce qu’ils lui demandent. Il répond par gestes.
— Ils commencent à migrer, dit Cidrolin en les regardant s’éloigner. L’automne approche. Mon automne éternel, ô ma saison mentale.
— Pardon ? demanda un passant.
— Je faisais une citation, dit Cidrolin.
— De qui ?
— D’un poète, bien sûr. Vous n’avez pas entendu les douze pieds ?
— Je n’ai pas fait très attention. J’ai cru que vous vouliez me demander un renseignement. L’heure peut-être.
  • Les Fleurs bleues (1965), Raymond Queneau, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1978, p. 165


Érik Orsenna, Grand Amour (1993)

Les citations sont les pilotis de l'écrivain fantôme : sans elles, il s'enfoncerait doucement dans le néant.
  • Grand Amour, Érik Orsenna, éd. Seuil, 1993  (ISBN 2020208407), p. 142


Pierre-Yves Bourdil, Faire la philosophie (1996)

Une citation est une figure particulière, inaccomplie mais indispensable. Elle ouvre un écart entre ce qu'on vient de dire et ce qu'on va dire. [...] Elle suggère une incomplétude tant il lui manque de contexte, et elle complète le sens au sein duquel elle s'inscrit. […] La citation met de l'intrigue dans la pensée. Elle signale. Elle oblige au dialogue.
  • Faire la philosophie, Pierre-Yves Bourdil, éd. Les Éditions du Cerf, 1996  (ISBN 2-204-05438-0), p. 37


Michel Onfray, Contre-histoire de la philosophie I. Les sagesses antiques (2006)

La citation obéit toujours à un principe d’enrégimentement. Utilisée à des fins hagiographiques, critiques ou dépréciatives, elle illustre, témoigne à charge ou à décharge, mais toujours elle bénéficie à l’usager.
  • Contre-histoire de la philosophie I. Les sagesses antiques, Michel Onfray, éd. Grasset, 2006  (ISBN 2246647916), p. 31


Antoine Compagnon, La seconde main, ou le travail de la citation (1979)

Lorsque je cite, j'excise, je mutile, je prélève.
  • La seconde main, ou le travail de la citation, Antoine Compagnon, éd. Seuil, 1979  (ISBN 2020050587), p. 17


Le fragment élu se convertit lui-même en texte, non plus morceau de texte, membre de phrase ou de discours, mais morceau choisi, membre amputé; point encore greffe, mais déjà organe découpé et mis en réserve. Car ma lecture n'est ni monotone ni unifiante; elle fait éclater le texte, elle le démonte, elle l'éparpille. C'est pourquoi, même si je ne souligne quelque phrase ni la déporte dans mon calepin, ma lecture procède déjà d'un acte de citation qui désagrège le texte et détache du contexte.
  • La seconde main, ou le travail de la citation, Antoine Compagnon, éd. Seuil, 1979  (ISBN 2020050587), p. 17-18


Répétition, mémoire, imitation : une constellation sémantique où il conviendra de cerner la place de la citation.
  • La seconde main, ou le travail de la citation, Antoine Compagnon, éd. Seuil, 1979  (ISBN 2020050587), p. 18


Toute citation est – au fond ou de surcroît ? – une métaphore.
  • La seconde main, ou le travail de la citation, Antoine Compagnon, éd. Seuil, 1979  (ISBN 2020050587), p. 19


L'objet assignable que j'expulse du texte afin de le conserver en souvenir d'une passion (celle de la sollicitation), cet objet n'est lui-même qu'un déchet, un rejeton, un leurre, un fétiche et un simulacre qui s'adjoint à mon magasin de couleurs.
  • La seconde main, ou le travail de la citation, Antoine Compagnon, éd. Seuil, 1979  (ISBN 2020050587), p. 24-25


L'élément formel de la citation, libre de ses fonctions éventuelles, est la répétition des mots d'autrui. Comme telle, elle dépend, selon les catégories platoniciennes, de la mimesis, et ne peut être assimilée qu'au simulacre.
  • La seconde main, ou le travail de la citation, Antoine Compagnon, éd. Seuil, 1979  (ISBN 2020050587), p. 125


Tandis que l'énonciation est un procès d'appropriation de la langue, la citation est un procès d'appropriation du discours, du Fonds littéraire comme l'appelait Mallarmé. Or, si la langue est du domaine public et n'appartient à personne, le discours relève de la propriété privée.
  • La seconde main, ou le travail de la citation, Antoine Compagnon, éd. Seuil, 1979  (ISBN 2020050587), p. 360


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