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Octave Mirbeau

Octave Mirbeau, né le 16 février 1848, à Trévières (Calvados), et décédé le 16 février 1917, à Paris, est un écrivain français, journaliste, critique d'art, romancier et dramaturge.

Lettres de ma chaumière, 1885

Ne hais personne, pas même le méchant. Plains-le, car il ne connaîtra jamais la seule jouissance qui console de vivre : faire le bien.
  • Lettres de ma chaumière (1885), Octave Mirbeau, éd. Laurent, 1885, p. 5


Le Calvaire, 1886

Je comprenais que la loi du monde, c'était la lutte ; loi inexorable, homicide, qui ne se contentait pas d'armer les peuples entre eux, mais faisaient se ruer l'un contre l'autre les enfants d'une même race, d'une même famille, d'un même ventre. Je ne retrouvais aucune des abstractions sublimes d'honneur, de justice, de charité, de patrie dont les livres classiques débordent, avec lesquelles on nous élève, on nous berce, on nous hypnotise pour mieux duper les bons et les petits, les mieux asservir, les mieux égorger. Qu'était-ce donc que cette patrie, au nom de laquelle se commettaient tant de folies et tant de forfaits, qui nous avait arrachés, remplis d'amour, à la nature maternelle, qui nous jetait, pleins de haine, affamés et tout nus, sur la terre marâtre?...
  • Le Calvaire (1886), Octave Mirbeau, éd. du Boucher, 2003, chap. II, p. 74


On condamne à mort le meurtrier timide qui tue le passant d'un coup de surin, au détour des rues nocturnes, et l'on jette son tronc décapité aux sépultures infâmes. Mais le conquérant qui a brûlé les villes, décimé les peuples, toute la folie, toute la lâcheté humaines se coalisent pour le hisser sur des pavois monstrueux; en son honneur on dresse des arcs de triomphe, des colonnes vertigineuses de bronze, et, dans les cathédrales, les foules s'agenouillent pieusement autour de son tombeau de marbre bénit que gardent les saints et les anges, sous l'œil de Dieu charmé !...
  • Le Calvaire (1886), Octave Mirbeau, éd. du Boucher, 2003, chap. II, p. 75


L'Abbé Jules, 1888

Qu'est-ce que tu dois chercher dans la vie ?... Le bonheur... Et tu ne peux l'obtenir qu'en exerçant ton corps, ce qui donne la santé, et en te fourrant dans la cervelle le moins d'idées possible, car les idées troublent le repos et vous incitent à des actions inutiles toujours, toujours douloureuses, et souvent criminelles... Ne pas sentir ton moi, être une chose insaisissable, fondue dans la nature, comme se fond dans la mer une goutte d'eau qui tombe du nuage, tel sera le but de tes efforts... Je t'avertis que ce n'est point facile d'y atteindre, et l'on arrive plus aisément à fabriquer un Jésus-Christ, un Mahomet, un Napoléon, qu'un Rien... Écoute-moi donc... Tu réduiras tes connaissances du fonctionnement de l'humanité au strict nécessaire : 1° L'homme est une bête méchante et stupide ; 2° La justice est une infamie ; 3° L'amour est une cochonnerie ; 4° Dieu est une chimère...
  • L’Abbé Jules (1888), Octave Mirbeau, éd. du Boucher, 2003, chap. II, 3, p. 186


J'avais des organes, et l'on m'a fait comprendre en grec, en latin, en français, qu'il est honteux de s'en servir... On a déformé les fonctions de mon intelligence, comme celles de mon corps, et, à la place de l'homme naturel, instinctif, gonflé de vie, on a substitué l'artificiel fantoche, la mécanique poupée de civilisation, soufflée d'idéal... l'idéal d'où sont nés les banquiers, les prêtres, les escrocs, les débauchés, les assassins et les malheureux...
  • L’Abbé Jules (1888), Octave Mirbeau, éd. du Boucher, 2003, chap. II, 3, p. 187


Sébastien Roch, 1890

Les bourgeois détestent les ouvriers, les ouvriers détestent les vagabonds, les vagabonds cherchent plus vagabonds qu’eux pour avoir aussi quelqu’un à mépriser, à détester.
  • Sébastien Roch (1890), Octave Mirbeau, éd. du Boucher, 2003, chap. II, 2, p. 230


Les Mauvais bergers, 1897

Si pauvre qu'il soit, un homme ne vit pas que de pain. Il a droit, comme les riches, à la beauté.
  • Les Mauvais bergers (1897), Octave Mirbeau, éd. Eurédit, 2003, chap. III, 5, p. 99


Le Jardin des supplices, 1899

... le meurtre est la plus grande préoccupation humaine, et tous nos actes dérivent de lui...


Le meurtre est la base même de nos institutions sociales, par conséquent la nécessité la plus impérieuse de la vie civilisée... S'il n'y avait plus de meurtre, il n'y aurait plus de gouvernements d'aucune sorte, par ce fait admirable que le crime en général, le meurtre en particulier sont, non seulement leur excuse, mais leur unique raison d'être... Nous vivrions alors en pleine anarchie, ce qui ne peut se concevoir... Aussi, loin de chercher à détruire le meurtre, est-il indispensable de le cultiver avec intelligence et persévérance... Et je ne connais pas de meilleur moyen de culture que les lois.


Le meurtre se cultive suffisamment de lui-même... À proprement dire, il n'est pas le résultat de telle ou telle passion, ni la forme pathologique de la dégénérescence. C'est un instinct vital qui est en nous... qui est dans tous les êtres organisés et les domine, comme l'instinct génésique... Et c'est tellement vrai que, la plupart du temps, ces deux instincts se combinent si bien l'un par l'autre, se confondent si totalement l'un dans l'autre, qu'ils ne font, en quelque sorte, qu'un seul et même instinct, et qu'on ne sait plus lequel des deux nous pousse à donner la vie et lequel à la reprendre, lequel est le meurtre et lequel est l'amour.


C'est que l'art ne consiste pas à tuer beaucoup... à égorger, massacrer, exterminer, en bloc, les hommes... C'est trop facile, vraiment... L'art, milady, consiste à savoir tuer, selon des rites de beauté dont nous autres Chinois connaissons seuls le secret divin... Savoir tuer !... Rien n'est plus rare, et tout est là... Savoir tuer !... C'est-à-dire travailler la chair humaine, comme un sculpteur sa glaise ou son morceau d'ivoire... en tirer toute la somme, tous les prodiges de souffrance qu'elle recèle au fond de ses ténèbres et de ses mystères... Voilà !... Il y faut de la science, de la variété, de l'élégance, de l'invention... du génie, enfin...


Hélas ! les Portes de vie ne s'ouvrent jamais que sur de la mort, ne s'ouvrent jamais que sur les palais et sur les jardins de la mort... Et l'univers m'apparaît comme un immense, comme un inexorable jardin des supplices... Partout du sang, et là où il y a plus de vie, partout d'horribles tourmenteurs qui fouillent les chairs, scient les os, vous retournent la peau, avec des faces sinistres de joie...


Le Journal d'une femme de chambre, 1900

... cette tristesse et ce comique d’être un homme. Tristesse qui fait rire, comique qui fait pleurer les âmes hautes.
  • Dédicace à Jules Huret


Ce n’est pas de ma faute si les âmes, dont on arrache les voiles et qu’on montre à nu, exhalent une si forte odeur de pourriture.


Ah ! dans les cabinets de toilette, comme les masques tombent !... Comme s’effritent et se lézardent les façades les plus orgueilleuses !...


Ah ! ceux qui ne perçoivent, des êtres humains, que l’apparence et que, seules, les formes extérieures éblouissent, ne peuvent pas se douter de ce que le beau monde, de ce que la “haute société” est sale et pourrie.


L’idée de la mort, la présence de la mort aux lits de luxure, est une terrible, une mystérieuse excitation à la volupté.


Un domestique, ce n'est pas un être normal, un être social... C'est quelqu'un de disparate, fabriqué de pièces et de morceaux qui ne peuvent s'ajuster l'un dans l'autre, se juxtaposer l'un à l'autre... C'est quelque chose de pire : un monstrueux hybride humain... Il n'est plus du peuple, d'où il sort ; il n'est pas, non plus, de la bourgeoisie où il vit et où il tend... Du peuple, qu'il a renié, il a perdu le sang généreux et la force naïve... De la bourgeoisie, il a gagné les vices honteux, sans avoir pu acquérir les moyens de les satisfaire...


Si infâmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens.


Chez moi, tout crime - le meurtre principalement - a des correspondances secrètes avec l’amour... Eh bien, oui, là !... un beau crime m’empoigne comme un beau mâle...


D’être domestique, on a ça dans le sang...


Les Vingt et un Jours d'un neurasthénique, 1901

L’été, la mode, ou le soin de sa santé, qui est aussi une mode, veut que l’on voyage. Quand on est un bourgeois cossu, bien obéissant, respectueux des usages mondains, il faut, à une certaine époque de l’année, quitter ses affaires, ses plaisirs, ses bonnes paresses, ses chères intimités, pour aller, sans trop savoir pourquoi, se plonger dans le grand Tout.


Ce que je leur reproche le plus aux Pyrénées, c’est d’être des montagnes... Or, les montagnes, dont je sens pourtant, aussi bien qu’un autre, la poésie énorme et farouche, symbolisent pour moi tout ce que l’univers peut contenir d’incurable tristesse, de noir découragement, d’atmosphère irrespirable et mortelle.


Les lois sont toujours faites par les riches contre les pauvres.


Les affaires sont les affaires, 1903

Quand il y a quelque part un homme trop riche, il y a, par cela même, autour de lui, des gens trop pauvres. (I, 1)


Les décors peuvent varier où l'âme de l'homme habite, mais l'âme est la même... ou si peu différente... C'est la pauvre âme humaine, avec ses appétits, ses intérêts, ses passions destructives... ses incohérences... ses crimes... oui !... mais avec la lourde fatalité de ses misères aussi...Et il faut la plaindre... plus qu'il ne convient de la haïr.


Où il y a de l’argent... il n’y a pas d’honneur... Il y a une affaire... et ça se traite...


Les affaires sont des échanges... on échange de l’argent... de la terre... des titres... des mandats électoraux... de l’intelligence... de la situation sociale... des places... de l’amour... du génie... ce qu’on a contre ce qu’on n’a pas...


Les programmes !... Une fois nommé... les programmes sont loin... et ils courent encore...


La 628-E8, 1907

Voici donc le Journal de ce voyage en automobile à travers un peu de la France, de la Belgique, de la Hollande, de l'Allemagne, et, surtout, à travers un peu de moi-même. Est-ce bien un journal ? Est-ce même un voyage ? N'est-ce pas plutôt des rêves, des rêveries, des souvenirs, des impressions, des récits, qui, le plus souvent, n'ont aucun rapport, aucun lien visible avec les pays visités, et que font naître ou renaître en moi, tout simplement, une figure rencontrée, un paysage entrevu, une voix que j'ai cru entendre chanter ou pleurer dans le vent ?
  • La 628-E8 (1907), Octave Mirbeau, éd. du Boucher, 2003, chap. I, p. 50


Rembrandt et Beethoven... les deux ferveurs de ma vie.
  • La 628-E8 (1907), Octave Mirbeau, éd. du Boucher, 2003, chap. V, p. 197


Le Foyer, 1908

Rien n'est capital pour le maintien de l'ordre, comme de taire le mal... Il est beaucoup moins important de faire le bien que de taire le mal... Taire le mal... taire le mal... l'empêcher si l'on peut... mais, surtout, le taire...
  • Le Foyer (1908), Octave Mirbeau, éd. Eurédit, 2003, chap. I, 4, p. 61


Tout le monde a de l'argent... mais personne n'en donne...
  • Le Foyer (1908), Octave Mirbeau, éd. Eurédit, 2003, chap. III, 2, p. 121


On vit en travaillant... On ne s'enrichit qu'en faisant travailler.
  • Le Foyer (1908), Octave Mirbeau, éd. Eurédit, 2003, chap. II, 6, p. 142


Dingo, 1913

Hélas ! j’ai eu dans ma vie assez d’amis, d’excellents, fidèles et très chers amis, pour savoir que l’amitié humaine n’est le plus souvent que la culture d’une domination ou l’exploitation usuraire d’un intérêt, d’une candeur, d’une confiance.
  • Dingo (1913), Octave Mirbeau, éd. du Boucher, 2003, chap. IV, p. 97


Je ne lui demandais pourtant que peu de choses, je ne lui demandais, à ce chien, que de devenir un homme. C’était si facile, il me semble. Il s’y refusa obstinément.
  • Dingo (1913), Octave Mirbeau, éd. du Boucher, 2003, chap. VII, p. 165


Dans le ciel, 1989

Tout me fut une souffrance, car je n'avais pas encore le sentiment, si rassurant, si égoïste, de la beauté éparse dans les choses, de la beauté qui, seule, suffit à expliquer, à excuser ce malentendu, ce crime : l'univers.
  • Dans le ciel (1989), Octave Mirbeau, éd. du Boucher, 2003, chap. VI, p. 48


Ce que j'ai voulu, c'est, en donnant à ces souvenirs une forme animée et familière, rendre plus sensible une des plus prodigieuses tyrannies, une des plus ravalantes oppressions de la vie, dont je n'ai pas été seul à souffrir, hélas ! – c'est-à-dire l'autorité paternelle. Car tout le monde en souffre, tout le monde porte en soi, dans les yeux, sur le front, sur la nuque, sur toutes les parties du corps où l'âme se révèle, où l'émotion intérieure afflue en lumières attristées, en spéciales déformations, le signe caractéristique et mortel, l'effrayant coup de pouce de cette initiale, ineffaçable éducation de la famille.
  • Dans le ciel (1989), Octave Mirbeau, éd. du Boucher, 2003, chap. VIII, p. 57


Exagéré... mais l'art, imbécile, c'est une exagération... L'exagération c'est une façon de sentir, de comprendre.

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  • Dans le ciel (1989), Octave Mirbeau, éd. du Boucher, 2003, chap. XV, p. 88


Un paysage... une figure... un objet quelconque, n'existent pas en soi... Un paysage, c'est un état de ton esprit, comme la colère, comme l'amour, comme le désespoir...
  • Dans le ciel (1989), Octave Mirbeau, éd. du Boucher, 2003, chap. XVI, p. 93


Combats politiques, 1990

On ne soulage pas un peuple qui souffre par des aumônes distribuées de temps en temps, et la charité, si ingénieuse et si dévouée soit-elle, est impuissante contre la misère publique.
  • Combats politiques (1990), Octave Mirbeau, éd. Séguier, 2003, p. 85


Les moutons vont à l'abattoir. Ils ne disent rien, et ils n'espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit.
  • Combats politiques (1990), Octave Mirbeau, éd. Séguier, 2003, p. 112


Surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est d’ailleurs pas en son pouvoir de te donner.
  • Combats politiques (1990), Octave Mirbeau, éd. Séguier, 2003, p. 113-114


Un peuple ne vit pas seulement de son ventre, il vit aussi de son cerveau. Il a droit à la beauté comme il a droit au pain.
  • Combats politiques (1990), Octave Mirbeau, éd. Séguier, 2003, p. 124


Le vieux monde croule sous le poids de ses propres crimes. C'est lui-même qui allumera la bombe qui doit l'emporter. Et cette bombe sera d'autant plus terrible qu'elle ne contiendra ni poudre, ni dynamite. Elle contiendra de l'Idée et de la Pitié, ces deux forces contre lesquelles on ne peut rien.
  • Combats politiques (1990), Octave Mirbeau, éd. Séguier, 2003, p. 124-125


L'anarchie est la reconquête de l'individu, c'est la liberté du développement de l'individu, dans un sens normam et harmonique. On peut la définir d'un mot : l'utilisation spontanée de toutes les énergies humaines, criminellement gaspillées par l'État.
  • Combats politiques (1990), Octave Mirbeau, éd. Séguier, 2003, p. 129


Combats esthétiques, 1993

L'art consiste surtout à exprimer un sentiment, une émotion, un frisson de la vie. Et je préfèrerai toujours un tableau avec des incorrections de dessin, mais devant lequel j'aurai une émotio, au tableau impeccable et qui ne dira rien à mon esprit et à mon imagination.
  • Combats esthétiques, Octave Mirbeau, éd. Séguier, 1993, p. I, 106


Un peintre qui n’a été qu’un peintre ne sera jamais que la moitié d’un artiste.
  • Combats esthétiques, Octave Mirbeau, éd. Séguier, 1993, p. I, 143


Chaque fois que j'apprends qu'un artiste que j'aime, qu'un écrivain que j'admire viennent d'être décorés, j'éprouve un sentiment pénible, et je me dis aussitôt : Quel dommage !
  • Combats esthétiques, Octave Mirbeau, éd. Séguier, 1993, p. I, 344


Toute la nature, même celle réputée hideuse, est, pour celui qui sent, qui est ému sincèrement, une source d'éternelle, de toujours neuve beauté.
  • Combats esthétiques, Octave Mirbeau, éd. Séguier, 1993, p. I, 367


Les théories, c'est la mort de l'art, parce que c'en est l'impuissance avérée. [...] Il faut posséder la science de ce que l'on fait. Telle est la théorie ; il n'y en a pas d'autre.
  • « Botticelli proteste », Le Journal, 11 octobre 1896
  • Combats esthétiques, Octave Mirbeau, éd. Séguier, 1993, p. II, 159-160


Je connais peu d'hommes aussi réfractaires, aux jouissances de l'art que les hommes de lettres.
  • « Le Peintre de la vie ! », Le Gaulois, 26 juin 1897
  • Combats esthétiques, Octave Mirbeau, éd. Séguier, 1993, p. II, 196


Un critique ne peut pas dire pourquoi une chose est belle ; il peut dire seulement qu'elle est belle, sans plus, car la beauté est indémontrable en soi. Elle échappe au théorème, on ne l'explique pas, on ne la codifie pas.
  • « Aristide Maillol », La Revue, 1er avril 1905
  • Combats esthétiques, Octave Mirbeau, éd. Séguier, 1993, p. II, 386


On n'explique pas une œuvre d'art comme on démontre un problème de géométrie. [...] Comment faire ? Le mieux serait donc d'admirer ce qu'on est capable d'admirer, et de se taire. Mais nous ne pouvons pas nous taire. Il nous faut crier notre enthousiasme ou notre dégoût.
  • Combats esthétiques, Octave Mirbeau, éd. Séguier, 1993, p. II, 496


On n'atteint un peu de la signification, du mystère et de l'âme des choses que si l'on est attentif à leurs apparences.
  • « Renoir », Les Cahiers d'aujourd'hui, février 1913
  • Combats esthétiques, Octave Mirbeau, éd. Séguier, 1993, p. II, 521


Combats littéraires, 2006

En art, l’exactitude est la déformation et la vérité est le mensonge. Il n’y a rien là d’absolument vrai, ou plutôt il existe autant de vérités humaines que d’individus.
  • Combats littéraires, Octave Mirbeau, éd. L’Âge d’Homme, 2006, p. 110


Ainsi nous en sommes là en ce siècle de la Réclame. Le talent n’est plus rien, l’art ne compte pas, le génie reste à terre, impuissant, rampant tristement sur les moignons de ses ailes coupées, s’il ne s’est pas promené à travers les rues par les pitres, affublé de costumes grotesques, comme un queue-rouge.
  • Combats littéraires, Octave Mirbeau, éd. L’Âge d’Homme, 2006, p. 117


Avez-vous réfléchi à ce qu’il y a de profondément comique, d’extraordinairement incohérent dans la situation d’un homme dont le devoir, sur la terre, consiste à inspecter les Beaux-Arts ? Moi, cela me fait l’effet de ces métiers burlesques que nous révèlent les chansons des cafés-concerts. Il me semble que celui qui “inspecte les Beaux-Arts” exerce une fonction aussi improbable que celle du monsieur qui “ramassait le crottin des chevaux de bois”.
  • Combats littéraires, Octave Mirbeau, éd. L’Âge d’Homme, 2006, p. 287-288


Il ne s’agit plus de créer une belle œuvre, il faut savoir s’organiser une belle réclame.
  • Combats littéraires, Octave Mirbeau, éd. L’Âge d’Homme, 2006, p. 291


Le public veut de l’amour et ne veut que de l’amour. Les littérateurs sont bien forcés d’en vendre. Ils en vendent en boîte, en sac, en flacon, en bouteille […]. Si la littérature est restée en arrière des sciences, dans la marche ascensionnelle vers la conquête de l’idée, c’est que, plus avide de succès immédiats et d’argent, elle a davantage incarné les routines, les vices, l’ignorance du public, qui veut qu’on le berce et qu’on le berne avec des histoires de l’autre monde.
  • Combats littéraires, Octave Mirbeau, éd. L’Âge d’Homme, 2006, p. 306-308


Les symbolistes ont méconnu la première loi, qui est d’exprimer la vie. Ces gens-là ne la voient pas, leurs paysages ont les racines en l’air, ils peignent la mer avec du vermicelle. Ils ont la vie en horreur. Tout l’effort humain doit tendre vers la conquête de la vie. Tous ceux qui s’en écartent, poètes, peintres, romanciers, sont condamnés à disparaître.
  • Combats littéraires, Octave Mirbeau, éd. L’Âge d’Homme, 2006, p. 511


Il n’y a pas de pires ignorants, de pires imbéciles, de pires réactionnaires, par conséquent de plus dangereuses bêtes que ce qu’on appelle les hommes d’esprit.
  • Combats littéraires, Octave Mirbeau, éd. L’Âge d’Homme, 2006, p. 535


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