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{{citation|citation=Lagny m'accuse enfin d'''obscénité''. C'est une promotion. Jusqu'ici j'ai langui dans l'ignominie inférieure. Je n'étais que scatologue.}}
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{{citation|citation=Ce matin, désastre. Je trouve la fosse ouverte, ma fosse à moi, les vidangeurs ayant omis de la refermer après l'avoir vidée. Aspect horrible et puanteur épouvantable, démocratique.}}
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{{citation|citation=On peut tout contre moi, excepté me décevoir. Avec ou sans mérite, je suis trop établi dans la vie surnaturelle pour que le démon de l'Illusion puisse avoir sur mon âme un pouvoir quelconque.}}
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{{citation|citation=[Sur l'automobile] On sait l'abus atroce de cette hideuse et homicide machine, destructive des intelligences autant que des corps, qui fait nos délicieuses routes de France aussi dangereuses que les quais de l'enfer et qu'on ne pourra jamais suffisamment exécrer.}}
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{{citation|citation=Chaque fois que la République ôte sa chemise, c'est pour en mettre une plus merdeuse. Le maître, cette fois, le dictateur, c'est Clémenceau, environné de ses domestiques, parmi lesquels Briand le souteneur et la fille Picquart. A quelle cuvée vont se livrer encore ces chiens ?}}
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{{citation|citation=Je pense qu'il n'ya jamais eu d'époque aussi dénuée d'intérêt. Uniformité désespérante de la platitude et de l'ordure, attestée par les sécrétions du journalisme.}}
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{{citation|citation=Le retour sur le passé ne donne que de la poussière. On est étonné de voir le peu d'importance, la vanité parfaite de tout ce qui avait agité le coeur.}}
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{{citation|citation=Je crois fermement que le Sport est le moyen le plus sûr de produire une génération d'infirmes et de crétins malfaisants. (...) Ceux qui m'ont lu savent que l'unique sport qui "m'a particulièrement séduit depuis mon adolescence" est la trique sur le dos de mes contemporains et le coup de pied dans leur derrière.}}
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{{citation|citation=Je reviens de la basilique, saturé de tristesse, ayant vu quelques touristes... Puis je me suis dit que l'irrévérence de ces animaux est moins offensante pour Dieu que la médiocrité des dévots qui baisent la terre ostensiblement.}}
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== Correspondance ==
== Correspondance ==

Version du 5 septembre 2009 à 23:43

Léon Bloy, né à Périgueux le 11 juillet 1846 et mort à Bourg-la-Reine le 21 novembre 1917, est un romancier et essayiste français.

La Femme pauvre, 1897

[...] la folie des Croisades est ce qui a le plus honoré la raison humaine.
  • La Femme pauvre, Léon Bloy, éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1980, p. 234


[Sur le 14 Juillet] Cette fête, vraiment nationale, comme l'imbécillité et l'avilissement de la France, n'a rien qui l'égale dans l'histoire de la sottise des hommes et ne sera certainement jamais surpassée par aucun délire.
  • La Femme pauvre, Léon Bloy, éd. Union Générale d'Editions, coll. « 10-18 », 1983, p. 283


[La Marianne] (...) le buste plâtreux d'une salope en bonnet phrygien (...).
  • La Femme pauvre, Léon Bloy, éd. Union Générale d'Editions, coll. « 10-18 », 1983, p. 283


Éxégèse des lieux communs, 1902

Obtenir enfin le mutisme du Bourgeois, quel rêve !
  • Éxégèse des lieux communs, Léon Bloy, éd. Rivages, coll. « Rivages poche / Petite Bibliothèque », 2005, p. 9


Le vrai Bourgeois [...] l'authentique et indiscutable bourgeois est nécessairement borné dans son langage à un très petit nombre de formules.
  • Éxégèse des lieux communs, Léon Bloy, éd. Rivages, coll. « Rivages poche / Petite Bibliothèque », 2005, p. 9-10


Il est inutile de respecter les vivants, à moins qu'ils ne soient les plus forts. Dans ce cas, l'expérience suggère plutôt de lécher leurs bottes, fussent-elles merdeuses. Mais les morts doivent toujours être respectés.
  • Éxégèse des lieux communs, Léon Bloy, éd. Rivages, coll. « Rivages poche / Petite Bibliothèque », 2005, p. 101


Par nature, le Bourgeois est haïsseur et destructeur de paradis. Quand il aperçoit un beau Domaine, son rêve est de couper les grands arbres, de tarir les sources, de tracer des rues, d'instaurer des boutiques et des urinoirs. Il appelle ça monter une affaire.
  • Éxégèse des lieux communs, Léon Bloy, éd. Rivages, coll. « Rivages poche / Petite Bibliothèque », 2005, p. 141


L'universelle supériorité de l'homme qui n'est pas plus bête qu'un autre est ce que je connais de plus écrasant.
  • Éxégèse des lieux communs, Léon Bloy, éd. Rivages, coll. « Rivages poche / Petite Bibliothèque », 2005, p. 184


Les moralistes ont toujours remarqué depuis longtemps qu'on a toujours assez de force pour supporter les peines d'autrui.
  • Éxégèse des lieux communs, Léon Bloy, éd. Rivages, coll. « Rivages poche / Petite Bibliothèque », 2005, p. 212


Il faudrait n'avoir aucune expérience de la vie pour ignorer que plus on est riche, plus les charges sont pesantes parce qu'on a moins de prétextes pour s'en plaindre, et il faudrait être sourd et bien insensible pour ne pas entendre, à cet égard, les gémissements des riches et n'en avoir pas le cœur déchiré.
  • Éxégèse des lieux communs, Léon Bloy, éd. Rivages, coll. « Rivages poche / Petite Bibliothèque », 2005, p. 256/257


On devrait fonder une chaire pour l'enseignement de la lecture entre les lignes.
  • Éxégèse des lieux communs, Léon Bloy, éd. Rivages, coll. « Rivages poche / Petite Bibliothèque », 2005, p. 298


Le Mendiant ingrat, 1892-1895

[A propos du Christ aux outrages d’Henry de Groux] La renommée devait donc emboucher toutes ses trompettes et crever pour lui tous ses tambours.
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 7


Il n’est rien au monde que je vomisse autant que le pessimisme, qui représente à la fois, pour l’horreur de ma pensée, toutes les impuissances imaginables (…). Je n’estime que le courage sans mesure et je n’accepterai jamais d’être vaincu, - moi !
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 21


Surtout, je ne veux pas être le pamphlétaire à perpétuité.
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 30


Aperçu Gustave Guiches dans le mauvais lieu. J’ai regardé ce drôle bien de face. L’expression de ses yeux fuyants est abominable. Élégance de propriétaire cadurcien. Allure de chat mouillé. Il a toujours l’air d’avoir été rossé avec ses propres échalas, par un métayer sans douceur.
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 52


M’en a-t-on assez servi du « grand pamphlétaire » ! Quand messieurs les journalistes sont forcés de me nommer, de rompre, une minute, le silence concerté qu’ils croient si mortel, ils n’ont à dire que cela et ils le disent le plus fort qu’ils peuvent. (…) Ah ! je suis autre chose, pourtant, et on le sait bien. Mais quand je le fus, c’était par indignation et par amour, et mes cris, je les poussais, dans mon désespoir, sur mon Idéal saccagé !
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 64


[Sur Rodin] Ce grand sculpteur, dont les œuvres suent la force, paraît être un homme quelconque. On pourrait le croire pharmacien ou chef de bureau.
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 66


[Sur le Protestantisme] Pour discuter, il faut descendre dans un marécage. Les paroles dépensées en vain reviennent, aussitôt, comme un jusant de boue fétide, sur le cœur de l’homme qui les à proférées.
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 75


J’ai l’air de parler à la foule pour l’amuser. En réalité, je parle à quelques âmes d’exception qui discernent ma pensée et l’aperçoivent sous le voile.
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 78


Je suis pour l’intolérance parfaite et j’estime que qui n’est pas avec moi est contre moi.
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 118


Étonnante médiocrité intellectuelle de Napoléon. Ce grand homme est le père de tous les lieux communs du XIXe siècle et plus ils sont abjects, plus leur extraction est sensible.
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 133


Autant que je puis voir, toute la fonction de ces magistrats est résumée dans le mot si bête et si lâche de conciliation. (…) le juge mécanique (…) s’applique invariablement à établir une balance, une sorte de mitoyenneté entre la demande injuste et le refus indigné.
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 134


Fortifiez-vous à la pensée que j’ai l’ambition de vous déplaire et laissez-moi l’espérance d’y parvenir.
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 138


Léon Bloy ?... Connais pas ! Belle réponse d’Alphonse Daudet à qui on parlait de moi chez des millionnaires.
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 139


Seigneur Jésus, vous priez pour ceux qui vous crucifient, et vous crucifiez ceux qui vous aiment !
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 150


[Sur Pasteur et la vaccination.] J’exprime fortement, quoique inutilement, mon horreur pour cette ordure, dont l’humanité s’est si bien passée, jusqu’au dernier siècle, et dont l’Angleterre nous gratifia. Le courant moderne est, d’ailleurs, aux inoculations de tout genre. On finira par putréfier les petits enfants de quarante sortes de vaccins.
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 164


Pourquoi, à de certaines heures, sommes-nous assaillis d’une tristesse noire et mauvaise, toute semblable à celle que déterminerait en nous le remords de quelque crime ?
  • Le Mendiant ingrat – 1892-1895, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 166


Mon journal, 1896-1900

Depuis une dizaine de siècles, au moins, il n'y a jamais eu qu'une Question d'Orient, question à triple face et à triple tour. Extermination ou du moins expulsion des Musulmans, extermination des Grecs et conquête du Saint-Sépulcre. Tout le reste est imbécillité et mensonge.
  • Mon journal, Léon Bloy, éd. Mercure de France, 1904, p. 41


On veut à toute force que je sois un très grand et très haut artiste, dont la principale affaire est d'agiter l'âme de ses contemporains, alors que je suis bonnement un pauvre homme qui cherche son Dieu, en l'appelant avec des sanglots par tous les chemins. J'ai écrit cela de bien des façons et personne n'a voulu me croire...
  • Mon journal, Léon Bloy, éd. Mercure de France, 1904, p. 124


Lorsque les hommes se réunissent, ils ne font ordinairement rien de noble.
  • Mon journal, Léon Bloy, éd. Mercure de France, 1904, p. 201


Tout chrétien qui ne regarde pas chaque pauvre comme pouvant être Jésus-Christ doit être tenu pour un protestant.
  • Mon journal, Léon Bloy, éd. Mercure de France, 1904, p. 269


Voulez-vous savoir ce qu'il y a de vital, de tout à fait essentiel dans l'Église de Jésus-Christ ? Regardez ce que les protestants exècrent.
  • Mon journal, Léon Bloy, éd. Mercure de France, 1904, p. 293


Le Tsar a passé tout près de moi avec toute la chie-en-lit, sans que je pusse l'apercevoir, tant la haie de viande patriote était compacte entre moi et cet avorton.
  • Mon journal, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 187


Avantage de la laideur sur la beauté. La beauté finit et la laideur ne finit pas.
  • Mon journal, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 213


Une preuve bien certaine de l'infirmité de notre mémoire, c'est notre ignorance de l'avenir.
  • Mon journal, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 218


Les riches environnent Paris comme une circonvallation de fumier autour d'une porcherie monstrueuse.
  • Mon journal, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 227


Je ne suis et ne veux être ni dreyfusard, ni antidreyfusard, ni antisémite. Je suis anticochon, simplement, et, à ce titre, l'ennemi, le vomisseur de tout le monde, à peu près. (...) Avec moi on est sûr de ne prendre parti pour personne, sinon pour moi contre tout le monde et d'écoper immédiatement de tous les côtés à la fois.
  • Mon journal, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 288


(...) je me fous de la politique d'autant mieux que je suis installé, depuis des lustres, sur un pic intellectuel d'où le grouillement contemporain est à peine discernable.
  • Mon journal, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 300


Il est intolérable à la raison qu'un homme naisse gorgé de biens et qu'un autre naisse au fond d'un trou à fumier.
  • Mon journal, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 310


Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne, 1900-1904

Qu'est-ce que le suffrage universel ? C'est l'élection du père par les enfants.
  • Mon journal, t. I, Léon Bloy, éd. Mercure de France, 1935, p. 19


Les damnés n'ont d'autre rafraîchissement, dans le gouffre de leurs tortures, que la vision des épouvantables faces des démons. Les amis de Jésus voient autour d'eux les chrétiens modernes et c'est ainsi qu'ils peuvent concevoir l'enfer.
  • Mon journal, t. I, Léon Bloy, éd. Mercure de France, 1935, p. 161


Le vers libre est, à mes yeux, l'une des pires aberrations modernes, l'une de celles qui proclament avec des éclats de fanfare, l'affaiblissement de la Raison. Remplacer le mystère tout à fait surnaturel du Rythme et du Nombre par des alinéas et des signes de ponctuation, ce n'est pas seulement de la sottise, c'est de la perversité.
  • Mon journal, t. II, Léon Bloy, éd. Mercure de France, 1935, p. 19


Il y a aussi les automobiles. Espèce de délire homicide et démoniaque. Aucune sécurité. Ce matin, le cocher de notre voiture me montrait une de ces machines qui a tué récemment une vieille femme et qui semble prête à recommencer. Aucun châtiment. L'écraseur a donné un peu d'argent et tout est dit.
  • Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 388


A propos des automobiles et des trains électriques, (...) les inventions modernes tendent de plus en plus à donner aux hommes les moyens de fuir.
  • Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 396


J'ai l'âme ankylosée, rouillée, immobile. Je suis comme une vieille horloge pleine de poussière.
  • Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 398


[Après la destruction, le 8 mai 1902, de Saint-Pierre de la Martinique par l'éruption de la montagne Pelée.] On a récolté près d'un million, pour la Martinique. Les malheureux en recevront-ils seulement un quarantième ? J'imagine que les secours en argent iront surtout à quelques millionnaires dont l'opulence a été plus ou moins entamée par le volcan et qui ont besoin de se refaire. Pour ce qui est des mourants de faim, on leur expédiera de la morue invendable, des farines avariées, des conserves en putréfaction, tous les rebuts et déchets des entrepôts de la France ou de l'Angleterre. Les fournisseurs nageront dans l'allégresse et les tenanciers de la Compassion publique achèteront des immeubles situés à d'énormes distances de tout cratère.
  • Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 413


Il y a environ vingt-cinq ans que j'ai commencé ma vie d'écrivain, vie qui a été infiniment dure, ayant toujours préféré l'indigence et même le décri aux vacheries ou prostitutions littéraires qui ont porté plusieurs de mes anciens camarades à l'Académie et au Pouvoir.
  • Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 419


On peut être un imbécile et pratiquer tout de même l'imparfait du subjonctif, cela s'est vu. Mais la haine de l'imparfait du subjonctif ne peut exister que dans le coeur d'un imbécile.
  • Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 419


Un des inconvénients les moins observés du suffrage universel, c'est de contraindre des citoyens en putréfaction à sortir de leurs sépulcres pour élire ou pour être élus. Le Président de la République est probablement une charogne.
  • Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 468


A force d'avilissement, les journalistes sont devenus si étrangers à tout sentiment d'honneur qu'il est absolument impossible, désormais, de leur faire comprendre qu'on les vomit et qu'après les avoir vomis, on les réavale avec fureur pour les déféquer. La corporation est logée à cet étage d'ignominie où la conscience ne discerne plus ce que c'est que d'être un salaud.
  • Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 472


[Après une course automobile Paris-Madrid] Cette chose moderne paraît démoniaque, de plus en plus. Se représente-t-on l'horreur de ces deux ou trois cents voitures hideuses lancées comme des boulets et triturant, chacun à son tour, d'un bout de l'horizon à l'autre, les mêmes lambeaux sanglants ! Il y a des consolations. Une des voitures a pris feu et le chauffeur a été heureusement carbonisé.
  • Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 482


Il est évident que tout automobiliste ambitieux est un assassin avec préméditation, puisque un tel sport implique, à son escient et à peu près nécessairement, le massacre de toute créature animée qui pourra se rencontrer sur son chemin. Cela est formel, absolu, indiscutable et l'avachissement inouï des contemporains est seul capable d'expliquer l'ignoble patience qui encourage ce meurtrier.
  • Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 484


L'Invendable, 1904-1907

Audience du propriétaire. Cet ami du démon appartient à la famille des oraculaires. Impossible de s'en faire écouter, le trait caractéristique du crétin étant de parler sans relâche en admirant les lieux communs qu'il éjacule.
  • L'Invendable, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 545


Qu'est-ce que le Bourgeois ? C'est un cochon qui voudrait mourir de vieillesse.
  • L'Invendable, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 548


Lagny m'accuse enfin d'obscénité. C'est une promotion. Jusqu'ici j'ai langui dans l'ignominie inférieure. Je n'étais que scatologue.
  • L'Invendable, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 567


Ce matin, désastre. Je trouve la fosse ouverte, ma fosse à moi, les vidangeurs ayant omis de la refermer après l'avoir vidée. Aspect horrible et puanteur épouvantable, démocratique.
  • L'Invendable, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 571


On peut tout contre moi, excepté me décevoir. Avec ou sans mérite, je suis trop établi dans la vie surnaturelle pour que le démon de l'Illusion puisse avoir sur mon âme un pouvoir quelconque.
  • L'Invendable, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 572


J'ai fait mes plus beaux voyages sur des routes mal éclairées.
  • L'Invendable, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 583


La Misère est le manque du nécessaire, la Pauvreté est le manque du superflu.
  • L'Invendable, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 592


[Sur l'automobile] On sait l'abus atroce de cette hideuse et homicide machine, destructive des intelligences autant que des corps, qui fait nos délicieuses routes de France aussi dangereuses que les quais de l'enfer et qu'on ne pourra jamais suffisamment exécrer.
  • L'Invendable, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 607


Chaque fois que la République ôte sa chemise, c'est pour en mettre une plus merdeuse. Le maître, cette fois, le dictateur, c'est Clémenceau, environné de ses domestiques, parmi lesquels Briand le souteneur et la fille Picquart. A quelle cuvée vont se livrer encore ces chiens ?
  • L'Invendable, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 620


Je pense qu'il n'ya jamais eu d'époque aussi dénuée d'intérêt. Uniformité désespérante de la platitude et de l'ordure, attestée par les sécrétions du journalisme.
  • L'Invendable, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 640


Le retour sur le passé ne donne que de la poussière. On est étonné de voir le peu d'importance, la vanité parfaite de tout ce qui avait agité le coeur.
  • L'Invendable, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 649


Je crois fermement que le Sport est le moyen le plus sûr de produire une génération d'infirmes et de crétins malfaisants. (...) Ceux qui m'ont lu savent que l'unique sport qui "m'a particulièrement séduit depuis mon adolescence" est la trique sur le dos de mes contemporains et le coup de pied dans leur derrière.
  • L'Invendable, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 650


Je reviens de la basilique, saturé de tristesse, ayant vu quelques touristes... Puis je me suis dit que l'irrévérence de ces animaux est moins offensante pour Dieu que la médiocrité des dévots qui baisent la terre ostensiblement.
  • L'Invendable, Léon Bloy, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1999, p. 651


Correspondance

À Georges Landry

Il y a une loi d'équilibre divin, appelée la communion des Saints, en vertu de laquelle le mérite ou le démérite d'une âme, d'une seule âme est réversible sur le monde entier. Cette loi fait de nous absolument des dieux et donne à la vie humaine des proportions du grandiose le plus ineffable. Le plus vil des goujats porte dans le creux de sa main des millions de cœurs et tient sous son pied des millions de têtes de serpents. Cela il le saura au dernier jour. Un homme qui ne prie pas fait un mal inexprimable en tout langue humaine ou angélique. Le silence des lèvres est bien autrement épouvantable que le silence des astres.
  • Lettre du 16 octobre 1878 (?).
  • Lettres de jeunesse (1870-1893), Léon Bloy, éd. Édouard-Joseph, 1920, p. 98


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