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{{citation|Il n'y a de vraiment précieux dans la vie que le rare et le singulier, la minute d'attente et le pressentiment.}}
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{{citation|L'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui.}}

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{{citation|Et ce chaume croulant, au milieu des belles tuiles vernies, c'est encore un autre mendiant, un autre homme libre.}}


===''[[w:Journal d'un curé de campagne|Journal d'un curé de campagne]]'', 1936 ===
===''[[w:Journal d'un curé de campagne|Journal d'un curé de campagne]]'', 1936 ===

Version du 25 février 2009 à 01:43

Georges Bernanos né le 20 février 1888 à Paris, décédé le 5 juillet 1948 à Neuilly-sur-Seine, est un écrivain français.

Les Grands Cimetières sous la lune, 1938

Je ne crois qu'à ce qui me coûte. Je n'ai rien fait de passable en ce monde qui ne m'ait d'abord paru inutile, inutile jusqu'au ridicule, inutile jusqu'au dégoût.
  • Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 353


Je ne suis pas un écrivain. La seule vue d'une feuille de papier blanc me harasse l'âme. L'espèce de recueillement physique que m'impose un tel travail m'est si odieux que je l'évite autant que je puis.
  • Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 353-354


L'imbécile est d'abord un être d'habitude et de parti pris. Arraché à son milieu il garde, entre ses deux valves étroitement closes, l'eau du lagon qui l'a nourri. Mais la vie moderne ne transporte pas seulement les imbéciles d'un lieu à un autre, elle les brasse avec une sorte de fureur.
  • Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 358


La prière est, en somme, la seule révolte qui se tienne debout.
  • Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 364


[...] comprendre c'est déjà aimer.
  • Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 403


[...] les souvenirs de guerre ressemblent aux souvenirs de l'enfance.
  • Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 472


Les dictateurs font de la force le seul instrument de la grandeur.
  • Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 555


Scandale de la vérité, 1939

Pour être un héros, il faut avoir au moins une fois en sa vie senti l'inutilité de l'héroïsme et de quel poids infime pèse l'acte héroïque dans l'immense déroulement des effets et des causes, réconcilité son âme avec l'idée de la lâcheté, bravé par avance la faible, l'impuissante, l'oublieuse réprobation des gens de bien, senti monter jusqu'à son front la chaleur du plus sûr et du plus profond repaire, l'universelle complicité des lâches, toujours béante, avec l'odeur des troupeaux d'hommes. Qui n'a pas une fois désespéré de l'honneur ne sera jamais un héros.
  • Scandale de la vérité, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 580-581


Qui n'est pas sur le plan de l'honneur est au-dessous.
  • Scandale de la vérité, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1971, p. 582


Monsieur Ouine, 1943

Le diable, voyez-vous, c'est l'ami qui ne reste jamais jusqu'au bout.
  • Monsieur Ouine, dans Œuvres romanesques, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1947, p. 302


L'homme c'est bien malaisé à définir. Admettons que ça reste un enfant. Gentil et câlin à ses heures, mais plein de vices.
  • Monsieur Ouine, dans Œuvres romanesques, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1947, p. 315


La haine qu'on se porte à soi-même est probablement celle entre toutes pour laquelle il n'est pas de pardon.
  • Monsieur Ouine, dans Œuvres romanesques, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1947, p. 333


Le berceau est moins profond que la tombe.
  • Monsieur Ouine, dans Œuvres romanesques, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1947, p. 359


Dialogues des carmélites, 1949

La Prieure : Méfions-nous de tout ce qui pourrait nous détourner de la prière, méfions-nous même du martyre. La prière est un devoir, le martyre est une récompense. Lorsqu'un grand Roi, devant toute sa cour, fait signe à la servante de venir s'asseoir avec lui sur son trône, ainsi qu'une épouse bien-aimée, il est préférable qu'elle n'en croie d'abord ses yeux ni ses oreilles, et continue à frotter les meubles.
  • Dialogues des carmélites, dans Œuvres romanesques, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, acte III, scène 2, p. 1615


La Prieure : Quand les sages sont au bout de leur sagesse, il convient d'écouter les enfants.
  • Dialogues des carmélites, dans Œuvres romanesques, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, acte IV, scène 8, p. 1666


Mère Marie : Le malheur, ma fille, n'est pas d'être méprisée, mais de se mépriser soi-même.
  • Dialogues des carmélites, dans Œuvres romanesques, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, acte V, scène 8, p. 1701


Sous le soleil de Satan, 1926

Il n'y a de vraiment précieux dans la vie que le rare et le singulier, la minute d'attente et le pressentiment.
L'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui.
Que craindre au monde, sinon la solitude et l'ennui?
Et ce chaume croulant, au milieu des belles tuiles vernies, c'est encore un autre mendiant, un autre homme libre.

Journal d'un curé de campagne, 1936

Quand un homme - ou un peuple - a engagé sa parole, il doit la tenir, quel que soit celui auquel il l'a engagée.

(Préface)

C'est que notre joie intérieure ne nous appartient pas plus que l’œuvre qu'elle anime, il faut que nous la donnions à mesure, que nous mourions vides, que nous mourions comme des nouveau-nés (…) avant de se réveiller, le seuil franchi, dans la douce pitié de Dieu, comme dans une aube fraîche et profonde.

(Ibid)

Nouvelle Histoire de Mouchette, 1937

Qu'un niais s'étonne du brusque essor d'une volonté longtemps contenue, qu'une dissimulation nécessaire, à peine consciente, a déjà marqué de cruauté, revanche ineffable du faible, éternelle surprise du fort, et piège toujours tendu !
Les sentiments les plus simples naissent et croissent dans une nuit jamais pénétrée, s'y confondent ou s'y repoussent selon de secrètes affinités, pareils à des nuages électriques, et nous ne saisissons à la surface des ténèbres que les brèves lueurs de l'orage inaccessible.

Monsieur Ouine, 1943

Pour moi, le passé ne compte pas. Le présent non plus d'ailleurs, ou comme une petite frange d'ombre, à la lisière de l'avenir.
Ah ! c'était bien là l'image que j'ai caressée tant d'années, une vie, une jeune vie humaine, tout ignorance et tout audace, la part réellement périssable de l'univers, seule promesse qui ne sera jamais tenue, merveille unique! (…) Une vraie jeunesse est aussi rare que le génie, ou peut-être ce génie même un défi à l'ordre du monde, à ses lois, un blasphème !
Il n'y a pas de pente dans la vie d'un gosse.
-Moi, je me méfie. D'une manière ou d'une autre, monsieur Ouine, je me méfie de Dieu -telle est ma façon de l'honorer.
Souffrir, croyez-moi, cela s'apprend.
Quand je mesure le temps que nous avons perdu à chercher des héros dans nos livres, j'ai envie de nous battre, Guillaume. Chaque génération devrait avoir ses héros bien à elle, des héros bien à elle, des héros selon son cœur. On ne nous a peut-être pas jugés dignes d'en avoir des neufs, on nous repasse ceux qui ont déjà servi.

La liberté, pour quoi faire ?, 1947

La démocratie signifie beaucoup moins liberté qu'égalité, la démocratie est infiniment plus égalitaire que libertaire. Chaque victoire de l'égalité paraissait à l'homme de 1900 une victoire de la liberté. Il ne se rendait pas compte qu'elle était d'abord et avant tout une victoire pour l'Etat. De chaque victoire de l'égalité, chaque citoyen pouvait tirer quelques avantages et une satisfaction d'amour propre, mais le profit réel n'allait qu'à l'Etat. Ramener tout à un dénominateur commun facilite énormément le problème des dictatures. Les régimes totalitaires sont les plus égalitaires de tous. La totale égalité dans la servitude totale.
LA menace qui pèse sur le monde est celle d'une organisation totalitaire et concentrationnaire universelle qui ferait, tôt ou tard, sous un nom ou sous un autre, qu'importe ! de l'homme libre une espèce de monstre réputé dangereux pour la collectivité toute entière, et dont l'existence dans la société future serait aussi insolite que la présence actuelle d'un mammouth sur les bords du Lac Léman. Ne croyez pas qu'en parlant ainsi je fasse seulement allusion au communisme. Le communisme disparaîtrait demain, comme a disparu l'hitlérisme, que le monde moderne n'en poursuivrait pas moins son évolution vers ce régime de dirigisme universel auquel semblent aspirer les démocraties elles-mêmes. Aucun homme raisonnable ne saurait se faire illusion sur ce point.
L'optimisme est une fausse espérance à l'usage des lâches et des imbéciles. L'espérance, est une vertu, virtus, une détermination héroïque de l'âme. La plus haute forme de l'espérance, c'est le désespoir surmonté.

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