« Anatole France » : différence entre les versions

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Version du 28 juin 2021 à 16:08

Anatole France.

Anatole France, né le à Paris, quai Malaquais, mort le à Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire), de son nom exact François-Anatole Thibault, est un écrivain français. Il est considéré comme l'un des plus grands auteurs de la Troisième République dont il fut également l'un des plus importants critiques littéraires, et comme l'une des consciences les plus significatives de son temps, s’engageant en faveur de nombreuses causes sociales et politiques du début du XXe siècle.

Œuvres

Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881

[J]'ai toujours préféré la folie des passions à la sagesse de l'indifférence.


Monsieur Bergeret à Paris , 1901

Je ne connais ni juifs ni chrétiens. Je ne connais que des hommes, et je ne fais de distinction entre eux que de ceux qui sont justes et de ceux qui sont injustes. Qu'ils soient juifs ou chrétiens, il est difficile aux riches d'être équitables. Mais quand les lois seront justes, les hommes seront justes.


Les dieux ont soif, 1912

Les dieux ont soif

Il passa par les Champs-Elysées, où des femmes en robes claires, cousaient ou brodaient, assises sur des chaises en bois, tandis que leurs enfants jouaient sous les arbres. Une marchande de plaisirs, portant sa caisse en forme de tambour, lui rappela la marchande de plaisirs de l'allée des Veuves, et il lui sembla qu'entre ces deux rencontres tout un âge de sa vie s'était écoulé. Il traversa la place de la Révolution. Dans le jardin des Tuileries, il entendit gronder au loin l'immense rumeur des grands jours, ces voix unanimes que les ennemis de la Révolution prétendaient s'être tues pour jamais. Il hâta le pas dans la clameur grandissante, gagna la rue Honoré et la trouva couverte d'une foule d'hommes et de femmes qui criaient "Vive la République ! Vive la Liberté !" Les murs des jardins, les fenêtres, les balcons, les toits étaient pleins de spectateurs qui agitaient des chapeaux et des mouchoirs.


Après les politesses ordinaires, le citoyen Brotteaux reprit le fil de son discours :

« Il est rare que ceux qui font métier de prédire l’avenir s’enrichissent. On s’aperçoit trop vite de leurs supercheries. Leur imposture les rend haïssables. Mais il faudrait les détester bien davantage s’ils annonçaient vraiment l’avenir. Car la vie d’un homme serait intolérable, s’il savait ce qui lui doit arriver. Il découvrirait des maux futurs, dont il souffrirait par avance, et il ne jouirait plus des biens présents, dont il verrait la fin. L’ignorance est la condition nécessaire du bonheur des hommes, et il faut reconnaître que, le plus souvent, ils la remplissent bien. Nous ignorons de nous presque tout ; d’autrui, tout. L’ignorance fait notre tranquillité ; le mensonge, notre félicité. »


J'ai l'amour de la raison, je n'en ai pas le fanatisme, répondit Brotteaux. La raison nous guide et nous éclaire ; quand vous en aurez fait une divinité, elle vous aveuglera et vous persuadera des crimes.


Jean-Jacques Rousseau, dit-il, qui montra quelques talents, surtout en musique, était un jean-fesse qui prétendait tirer sa morale de la nature et qui la tirait en réalité des principes de Calvin. La nature nous enseigne à nous entre-dévorer et elle nous donne l’exemple de tous les crimes et de tous les vices que l’état social corrige ou dissimule. On doit aimer la vertu ; mais il est bon de savoir que c’est un simple expédient imaginé par les hommes pour vivre commodément ensemble. Ce que nous appelons la morale n’est qu’une entreprise désespérée de nos semblables contre l’ordre universel, qui est la lutte, le carnage et l’aveugle jeu de forces contraires. Elle se détruit elle-même, et, plus j’y pense, plus je me persuade que l’univers est enragé.


- L’auguste tribunal où vous allez bientôt siéger, lui dit-il une fois, a été institué par le sénat français pour le salut de la République ; et ce fut certes une pensée vertueuse de nos législateurs que de donner des juges à leurs ennemis. J’en conçois la générosité, mais je ne la crois pas politique. Il eût été plus habile à eux, il me semble, de frapper dans l’ombre leurs plus irréconciliables adversaires et de gagner les autres par des dons ou des promesses. Un tribunal frappe avec lenteur et fait moins de mal que de peur : il est surtout exemplaire. L’inconvénient du vôtre est de réconcilier tous ceux qu’il effraie et de faire ainsi d’une cohue d’intérêts et de passions contraires un grand parti capable d’une action commune et puissante. Vous semez la peur : c’est la peur plus que le courage qui enfante les héros ; puissiez-vous, citoyen Gamelin, ne pas voir un jour éclater contre vous des prodiges de peur !


- [Gamelin] éleva l'enfant de huit ou neuf ans brusquement dans ses bras : « Enfant ! Tu grandiras libre, heureux, et tu le devrais l'infâme Gamelin. Je suis atroce pour que tu sois heureux. Je suis cruel pour que tu sois bon, je suis impitoyable pour que demain tous les français s'embrassent en versant des larmes de joie. »


La Vie en fleur, 1922

M. Dubois demanda une fois à Madame Nozière quel était le jour le plus funeste de l'histoire.

Madame Nozière ne le savait pas.
— C'est, lui dit M. Dubois, le jour de la bataille de Poitiers, quand, en 732, la science, l'art et la civilisation arabes reculèrent devant la barbarie franque.

  • Œuvres IV, La vie en Fleur (1922), Anatole France, éd. Gallimard, 1994, p. 1118


Trente ans de vie sociale, 1897-1924

Qu'on le veuille ou non, l'heure est venue ou d'être citoyen du monde ou de voir périr toute civilisation.
  • « Contre les Pogroms » (1919), dans Trente ans de vie sociale, Anatole France, éd. Émile-Paul frères, 1973, t. 4, p. 95


Correspondance

Lettre ouverte à Marcel Cachin

On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels.
  • Après avoir cité un extrait des Hauts Fourneaux de Michel Corday.
  • « Une lettre d'Anatole France : « On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels » », Anatole France, L'Humanité, vol. 18 nº 6688, 18 juillet 1922, p. 1 (lire en ligne)


Sur Anatole France

Selon Anatole France, un martyr d'hier cesse d'avoir raison dès l'instant où son corps a revêtu la chemise du bourreau. Et vice versa.
  • L'archipel du goulag, Alexandre Soljénitsyne (trad. Melle J. Lafond et MM. J. Johannet, R. Marichal, S. Oswald et N. Struve), éd. Seuil, 1974  (ISBN 978-2020021180), t. I, p. 197


Signature

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