« Gilbert Keith Chesterton » : différence entre les versions
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Version du 22 août 2019 à 14:20
Gilbert Keith Chesterton, né à Kensington, Londres, le 29 mai 1874, et mort le 14 juin 1936, est l'un des plus importants écrivains anglais du début du XXe siècle. Son œuvre est extrêmement variée : il a été journaliste, poète, biographe, apologète du christianisme ; aujourd'hui, il est surtout connu pour la série de nouvelles dont le personnage principal est le Père Brown (The Wisdom Of Father Brown, The Incredulity Of Father Brown…)
Citations de Gilbert Keith Chesterton
Notebooks
- (en) Are we all dust? What a beautiful thing dust is, though.
- (fr) Gilbert Keith Chesterton, Maisie Ward (trad. Wikiquote), éd. Sheed & Ward, 1943, p. 59
Heretics, 1905
- (en) The aim of the sculptor is to convince us that he is a sculptor; the aim of the orator is to convince us that he is not an orator.
- (fr) Hérétiques, G. K. Chesterton (trad. Jenny S. Bradley), éd. Plon, 1930, p. 44
- Citation choisie pour le 13 février 2010.
Autour de la plus innocente table à thé nous entendons dire couramment que « la vie ne vaut pas d'être vécue ». Nous écoutons émettre cette opinion comme si on disait que la journée est belle. Personne ne songe que cela puisse avoir le moindre effet sur les hommes ou sur le monde. Et pourtant, si cette parole était réellement crue, le monde se trouverait renversé. Les meurtriers se verraient attribuer des médailles pour avoir sauvé des hommes de la vie ; les pompiers seraient dénoncés pour avoir arraché des hommes à la mort ; les poisons remplaceraient les remèdes ; les médecins seraient appelés auprès des personnes bien portantes et la Royal Humane Society serait exterminée comme une horde d'assassins. Cependant nous ne nous demandons jamais si le causeur pessimiste fortifie ou désorganise la société, parce que nous sommes convaincus que les théories sont sans importance.
- Hérétiques, G. K. Chesterton (trad. Jenny S. Bradley), éd. Editions Saint-Rémi, 2018 (ISBN 978-2-84519-741-1), p. 4
Aujourd'hui, la philosophie et la religion, c'est-à-dire notre doctrine des causes finales, ont été bannies presque simultanément des deux sphères ou s'exerçait leur influence. Les idées générales dominaient la littérature, elles ont été exclues au cri de « l'art pour l'art ». Les idées générales dominaient la politique, elles ont été rejetées au cri d'« efficacité », ce qui peut se traduire, à peu près, par la politique pour la politique.
- Hérétiques, G. K. Chesterton (trad. Jenny S. Bradley), éd. Editions Saint-Rémi, 2018 (ISBN 978-2-84519-741-1), p. 6, 7
Le politicien opportuniste ressemble à un homme qui abandonnerait le billard parce qu'il a été battu au billard, ou le golf parce qu'il a été battu au golf. Il n'est rien de plus nuisible à la réalisation des projets que cette importance démesurée que l'on attache à la victoire immédiate. Rien n'échoue comme le succès.
- Hérétiques, G. K. Chesterton (trad. Jenny S. Bradley), éd. Editions Saint-Rémi, 2018 (ISBN 978-2-84519-741-1), p. 11
Tous les lieux communs et les idéaux modernes sont autant de ruses pour éluder le problème du bien. Nous aimons parler de « liberté » et tout en causant nous évitons de discuter ce qui est le bien. Nous aimons discourir sur le « progrès », autre ruse pour éviter de discuter du bien. Nous aimons parler d'« éducation », échappatoire pour nous soustraire à la discussion du bien. L'homme moderne dit : « Laissons de côté toutes ces conventions arbitraires et embrassons la liberté », ce qui peut se traduire logiquement : « Ne décidons pas ce qu'est le bien, mais considérons comme le bien de ne pas en décider. » Il dit : « Assez de vos vieilles formules de morale. Je suis pour le progrès. » Logiquement rendu, cela équivaut à : « N'essayons pas de savoir ce qu'est le bien, mais essayons de savoir comment en avoir davantage. » Il dit : « l'avenir de la race, mon ami, ne dépend ni de la religion ni de la morale, mais de l'éducation. » Clairement exprimé, cela signifie : « Nous ne pouvons pas décider ce qu'est le bien, mais donnons-le à nos enfants. »
- Hérétiques, G. K. Chesterton (trad. Jenny S. Bradley), éd. Editions Saint-Rémi, 2018 (ISBN 978-2-84519-741-1), p. 21, 22
Quand le Christ, à une heure symbolique, établit sa grande Société, il ne choisit pas comme pierre angulaire de son édifice le brillant Paul, ni le mystique Jean, mais un fourbe, un snob, un lâche, en un mot, un homme. Et sur ce roc il bâtit son Église et les portes de l'Enfer n'ont pas prévalu contre Elle. Tous les Empires et les Royaumes sont tombés par cette faiblesse inhérente et perpétuelle, celle d'avoir était fondés par des hommes forts sur des hommes forts. Mais seule, l'Église chrétienne, historique, fut fondée sur un homme faible, et pour cette raison elle est indestructible, car aucune chaîne ne peut être plus forte que son chaînon le plus faible.
- Hérétiques, G. K. Chesterton (trad. Jenny S. Bradley), éd. Editions Saint-Rémi, 2018 (ISBN 978-2-84519-741-1), p. 55, 56
C'est l'homme humble à qui sont accordées les visions sensationnelles et cela pour trois raisons évidentes : premièrement, il tend ses yeux plus que n'importe quel autre homme pour les voir ; deuxièmement, il en est plus étonné et plus exalté quand elles viennent ; troisièmement, il les enregistre plus exactement et plus sincèrement sans les altérer par la platitude et l'amour-propre de sa personnalité journalière. Les aventures sont à ceux à qui elles sont le plus inattendues, c'est-à-dire le plus romanesques. Les aventures sont aux timides ; dans ce sens, les aventures sont à ceux qui ne sont pas aventureux.
- Hérétiques, G. K. Chesterton (trad. Jenny S. Bradley), éd. Editions Saint-Rémi, 2018 (ISBN 978-2-84519-741-1), p. 63
La faiblesse de toutes les Utopies réside en ce qu'elles considèrent comme surmontée la plus grande difficulté de l'homme et traitent ensuite savamment de la manière de surmonter les petites. Elles supposent d'abord qu'aucun être ne désirera plus que sa part et se montrent ensuite fort ingénieuses pour expliquer de quelle façon sa part lui sera remise, par automobile ou par ballon.
- Hérétiques, G. K. Chesterton (trad. Jenny S. Bradley), éd. Editions Saint-Rémi, 2018 (ISBN 978-2-84519-741-1), p. 68
Assurément il existe un culte du héros plus ancien et meilleur que celui-ci. Mais l'ancien héros était un être qui, comme Achille, était plus humain que l'humanité elle-même. Le surhomme de Nietzsche est froid et sans amis. Achille est si éperdument épris du sien qu'il immole des armées dans l'agonie de son deuil. Le triste César de M. Bernard Shaw s'écrit dans son orgueil désolé : « Qui n'a jamais connu l'espoir ne peut jamais désespérer. » L'Homme-Dieu d'autrefois répond du haut de la montagne tragique : « Y eut-il jamais une douleur semblable à la mienne ? » Un grand homme n'est pas un homme si fort qu'il sente moins que les autres hommes ; c'est un homme si fort qu'il sent davantage. Et, quand Nietzsche dit : « Je vous donne un nouveau commandement : « soyez durs », il dit en réalité : « je vous donne un nouveau commandement : soyez morts. » La sensibilité est la définition de la vie.
- Hérétiques, G. K. Chesterton (trad. Jenny S. Bradley), éd. Editions Saint-Rémi, 2018 (ISBN 978-2-84519-741-1), p. 77
Dans le cours de notre rationnelle et lugubre année, une fête subsiste de toutes les anciennes joies qui couvraient la terre entière. Noël demeure pour nous rappeler ces âges païens ou chrétiens, où tous faisaient la poésie au lieu de laisser à quelques-uns le soin de l'écrire. Pendant tout l'hiver, seul brillait dans nos bois les baies du houx.
- Hérétiques, G. K. Chesterton (trad. Jenny S. Bradley), éd. Editions Saint-Rémi, 2018 (ISBN 978-2-84519-741-1), p. 86, 87
La seule simplicité qui importe est la simplicité du cœur. Si elle disparaissait, ce n'est pas une diète de navets ou un vêtement de « cellular » qui la ramènerait, ce sont les larmes, la terreur, les feux inextinguibles. Si elle nous reste, peu importe que quelques fauteuils de l'époque victorienne nous reste avec elle. Tant que la Société ne s'en prendra pas à ma vie spirituelle, je lui permettrai, avec une soumission relative, de traiter à sa fantaisie ma vie matérielle. Je mettrai l'humilité d'un cœur simple à fumer des cigares, à boire une bouteille de Bourgogne, à prendre un fiacre si toutefois par ces moyens je peux me conserver la virginité de l'esprit qui se réjouit dans l'étonnement et la crainte. Je ne prétends pas que ce soient les seuls moyens de la conserver. J'incline à penser qu'il en existe d'autres. Mais je ne veux rien avoir à faire avec une simplicité qui ignore la crainte, l'étonnement, et la joie tout ensemble. Je ne veux rien avoir à faire avec la vision diabolique d'un enfant trop simple pour aimer les jouets.
- Hérétiques, G. K. Chesterton (trad. Jenny S. Bradley), éd. Editions Saint-Rémi, 2018 (ISBN 978-2-84519-741-1), p. 125, 126
Être mêlé à une aventure, c'est être dans un milieu antipathique. Être né dans ce monde, c'est être né dans un milieu antipathique, et par conséquent être né dans une aventure. De toutes ces grandes limitations et de ces cadres qui façonnent et créent la poésie et la variété de la vie, la famille est la plus définie et la plus importante. Aussi est-elle incomprise des modernes qui s'imaginent que le roman pourrait atteindre son apogée dans un état absolu de ce qu'ils appellent liberté. Ils pensent que si un homme faisait un geste et que le soleil tombât du ciel, il réaliserait une action étonnante et romanesque. Mais ce qu'il y a de réellement étonnant et romanesque dans le soleil, c'est qu'il ne tombe pas du ciel. Ils cherchent sous toute espèce de forme un monde sans limitations, c'est-à-dire un monde sans contours, c'est-à-dire un monde sans formes. Il n'y a rien de plus bas que cette infinité. Ils disent qu'ils désirent être aussi forts que l'univers, mais en vérité ils désirent que l'univers entier soit aussi faible qu'eux.
- Hérétiques, G. K. Chesterton (trad. Jenny S. Bradley), éd. Editions Saint-Rémi, 2018 (ISBN 978-2-84519-741-1), p. 180
Il va sans dire que l'union n'est pas plus en soi une bonne chose que la séparation n'est une bonne chose en soi. Il est aussi absurde d'avoir un parti en faveur de l'union et un parti en faveur de la séparation que d'avoir un parti en faveur de monter un escalier et un parti en faveur de descendre l'escalier. La question n'est pas de monter ou de descendre, mais de savoir où nous allons et pourquoi nous y allons. L'union fait la force, elle fait aussi la faiblesse.
- Hérétiques, G. K. Chesterton (trad. Jenny S. Bradley), éd. Editions Saint-Rémi, 2018 (ISBN 978-2-84519-741-1), p. 236
Les croyances religieuses et philosophiques sont en effet, aussi dangereuses que le feu et rien ne peut leur retirer cette beauté du danger. Il n'y a qu'un seul moyen de nous garantir efficacement contre leur danger excessif, c'est d'être saturés de philosophie est trempés de religion.
- Hérétiques, G. K. Chesterton (trad. Jenny S. Bradley), éd. Editions Saint-Rémi, 2018 (ISBN 978-2-84519-741-1), p. 280
On allumera des feux pour attester que deux et deux font quatre. On tirera l'épée pour prouver que les feuilles sont vertes en été. Nous serons amenés à défendre non seulement les incroyables vertus de la vie humaine, mais quelque chose de plus incroyable encore, cet immense et impossible univers qui nous confronte. Nous combattrons pour des prodiges visibles comme s'ils étaient invisibles. Nous contemplerons l'herbe impossible et les cieux avec un étrange courage. Nous serons de ceux qui ont vu et qui pourtant ont cru.
- Hérétiques, G. K. Chesterton (trad. Jenny S. Bradley), éd. Editions Saint-Rémi, 2018 (ISBN 978-2-84519-741-1), p. 287
- Citation choisie pour le 21 août 2019.
Le Club des métiers bizarres, 1905
Rabelais, ou son illustrateur fantastique Gustave Doré, doivent avoir eu leur part dans l'invention de ce qu'on appelle en Angleterre et en Amérique « immeuble de rapport ». Il y a quelque chose d'absolument gargantuesque dans l'idée d'économiser l'espace en empilant les unes sur les autres, maisons, portes d'entrée… tout le tremblement. Dans le chaos et la complication de ces rues verticales, n'importe qui peut demeurer, n'importe quoi peut s'y passer.
C'est dans l'une d'elles, je crois, que se trouvent les bureaux du Club des Métiers bizarres.
- Incipit
- Le Club des métiers bizarres (1905), Gilbert Keith Chesterton (trad. K.Saint Clair Gray), éd. Gallimard, coll. « l'Imaginaire », 2015 (ISBN 978-2-07-076805-9), p. 11
— Non » dit Basil à voix haute et joyeusement au moment où nous pénétrions dans le salon rempli de monde.
- (en) "Do you know," said Lord Beaumont, with a sort of feverish entertainment, as he trotted after us towards the interior, "I can never quite make out which side you are on. Sometimes you seem so liberal and sometimes so reactionary. Are you a modern, Basil?"
"No," said Basil, loudly and cheerfully, as he entered the crowded drawing-room.
- Le Club des métiers bizarres (1937), G. K. Chesterton (trad. K. Saint Clair Gray), éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 2006 (ISBN 2-07-076805-8), p. 61
- (en) The Club of Queer Trades (1905), Gilbert K. Chesterton, éd. Penguin, 1946, p. 47
Mes chers amis, dit Basil, lançant une bouffée vers le plafond, rappelez-vous toujours deux choses. La première est que si, lorsque vous faites des suppositions au sujet de quelqu'un qui jouit de toute sa raison, la chose la plus raisonnable est la plus probable, lorsque vous faites des suppositions au sujet de quelqu'un d'un peu toqué comme notre hôte, c'est la chose la plus insensée qui est la plus probable.
- Le Club des métiers bizarres (1905), Gilbert Keith Chesterton (trad. K.Saint Clair Gray), éd. Gallimard, coll. « l'Imaginaire », 2015 (ISBN 978-2-07-076805-9), p. 136
Quand les gens parlaient du péché originel, ils savaient qu'ils parlaient d'un mystère, d'une chose qu'ils ne comprenaient pas. Maintenant qu'ils parlent de la survivance des plus aptes, ils croient qu'ils la comprennent tandis que, non seulement ils n'en ont aucune notion, mais encore ont une une idée absolument fausse de ce que les mots signifient. Le mouvement darwinien n'a rien changé dans l'humanité, sauf, peut-être, qu'au lieu de parler philosophie sans esprit philosophique, les hommes parlent maintenant science sans esprit scientifique.
- Le Club des métiers bizarres (1905), Gilbert Keith Chesterton (trad. K.Saint Clair Gray), éd. Gallimard, coll. « l'Imaginaire », 2015 (ISBN 978-2-07-076805-9), p. 183, 184
J'étais assis sur le siège des puissants, j'étais vêtu d'écarlate et d'hermine… néanmoins, je n'occupais qu'un poste inférieur et sans importance. J'étais obligé de suivre un règlement mesquin aussi bien que n'importe quel facteur et mon uniforme et mes dorures ne valaient pas plus que les siens. Chaque jour passaient devant moi des cas difficiles et passionnés dont je devais prétendre adoucir la rigueur par de stupides emprisonnements ou de stupides amendes alors que je voyais parfaitement, à la lumière de mon bon sens, qu'ils auraient été bien mieux réparés par un baiser, par une raclée, par quelques mots d'explication, par un duel ou par un petit voyage dans les West Highlands.
- Le Club des métiers bizarres (1905), Gilbert Keith Chesterton (trad. K.Saint Clair Gray), éd. Gallimard, coll. « l'Imaginaire », 2015 (ISBN 978-2-07-076805-9), p. 203
Orthodoxie, 1908
Le conte de fées envisage ce qu'un homme saint d'esprit ferait dans un monde de fous. Le roman réaliste et prudent d'aujourd'hui envisage ce qu'un homme essentiellement fou ferait dans un monde insignifiant.
- Orthodoxie (1908), Gilbert Keith Chesterton (trad. Lucien d'Azay), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2010 (ISBN 978-2-0812-2028-7), p. 27
La poésie est saine parce qu'elle flotte avec aisance sur une mer infinie ; la raison s’évertue à traverser cette mère infinie, et dès lors à la délimiter. Il en résulte un épuisement mental, pareil à l'épuisement mental de M. Hollbein. Tout accepter est un exercice ; tout comprendre est une rude épreuve. Le poète n'aspire qu'à l'exaltation et à l'expansion, à un monde où il puisse s'étendre. Le poète ne demande qu'à lever sa tête jusqu'aux cieux. C'est le logicien qui cherche à faire entrer le ciel dans sa tête. Et c'est sa tête qui se fend.
- Orthodoxie (1908), Gilbert Keith Chesterton (trad. Lucien d'Azay), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2010 (ISBN 978-2-0812-2028-7), p. 29
Le fou n'est pas un homme qui a perdu la raison. Le fou est un homme qui a tout perdu sauf sa raison.
- Orthodoxie (1908), Gilbert Keith Chesterton (trad. Lucien d'Azay), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2010 (ISBN 978-2-0812-2028-7), p. 32
- Citation choisie pour le 4 septembre 2016.
L'éternité des fatalistes matérialistes, l'éternité des pessimistes orientaux, l'éternité des théosophes dédaigneux et des grands scientifiques contemporains est en effet fort bien représentée par un serpent dévorant sa queue, un animal dégradé qui va jusqu'à s'autodétruire.
- Orthodoxie (1908), Gilbert Keith Chesterton (trad. Lucien d'Azay), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2010 (ISBN 978-2-0812-2028-7), p. 40
Il est indéniable que l'autorité religieuse a souvent été oppressive ou déraisonnable, de même que tout système légal (en en particulier le système actuel) a été insensible et empreint d'une cruelle apathie. Il est rationnel de s'en prendre à la police, et c'est même honorable. Mais les critiques modernes de l'autorité religieuse ressemblent à des hommes qui s'en prendraient à la police sans jamais avoir entendu parler de cambrioleurs. Car l'esprit humain s'expose à un grand péril, un péril aussi concret qu'un cambriolage. L'autorité religieuse a été dressée contre lui à tort ou à raison, comme une barrière. Et il faut certainement dresser quelque barrière contre lui si on veut que notre race ne coure pas à sa perte.
Ce péril, c'est que l'intelligence humaine est libre de s'autodétruire.
- Orthodoxie (1908), Gilbert Keith Chesterton (trad. Lucien d'Azay), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2010 (ISBN 978-2-0812-2028-7), p. 54
L'homme révolté moderne ne sert pratiquement plus l'objet de sa révolte. En se rebellant contre tout, il a perdu le droit de se rebeller contre quoi que ce soit.
- Orthodoxie (1908), Gilbert Keith Chesterton (trad. Lucien d'Azay), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2010 (ISBN 978-2-0812-2028-7), p. 68
On pourrait définir la tradition comme une extension du droit de vote au passé. Elle consiste à accorder le droit de suffrage à la plus obscure de toutes les classes, celle de nos ancêtres. C'est la démocratie des morts. La tradition refuse de se soumettre à la petite oligarchie arrogante de ceux qui ne font que se trouver par hasard sur terre.
- Orthodoxie (1908), Gilbert Keith Chesterton (trad. Lucien d'Azay), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2010 (ISBN 978-2-0812-2028-7), p. 76
Pour nos objectifs titanesques de foi et de révolution, ce dont nous avons besoin n'est pas l'acceptation glaciale du monde comme un compromis, mais le moyen de passionnément le haïr et de l'aimer passionnément. Nous ne voulons pas que la joie et la colère se neutralisent l'une l'autre et produisent un contentement maussade ; nous voulons une délectation plus farouche et un mécontentement plus farouche. Il faut que nous percevions l'univers à la fois comme le château de l'ogre à assaillir et comme notre propre chaumière où nous pouvons rentrer à la tombée de la nuit.
- Orthodoxie (1908), Gilbert Keith Chesterton (trad. Lucien d'Azay), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2010 (ISBN 978-2-0812-2028-7), p. 114
Le courage est presque une contradiction dans les termes. C'est un puissant désir de vivre qui prend la forme d'un empressement à mourir. « Celui qui perdra sa vie la sauvera » n'est pas une sentence mystique à l'usage des saints et des héros. C'est le conseil quotidien aux marins et aux montagnards. On pourrait l'imprimer dans un guide des Alpes ou dans un manuel de manœuvres maritimes. Ce paradoxe est tout le principe du courage, même du courage tout à fait terrestre ou tout a fait brutal.
- Orthodoxie (1908), Gilbert Keith Chesterton (trad. Lucien d'Azay), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2010 (ISBN 978-2-0812-2028-7), p. 148
Le progrès devrait vouloir dire que nous transformons sans cesse le monde pour l'adapter à notre vision. Il signifie en réalité (à l'heure actuelle) que nous changeons sans cesse la vision. Il devrait vouloir dire que nous apportons lentement mais sûrement la justice et la charité aux hommes ; il signifie en réalité que nous avons tôt fait de douter des avantages de la justice et de la charité. […]
Nous ne modifions pas le réel pour l'adapter à l'idéal. Nous modifions l'idéal : c'est plus facile.
- Orthodoxie (1908), Gilbert Keith Chesterton (trad. Lucien d'Azay), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2010 (ISBN 978-2-0812-2028-7), p. 168, 169
L'essence de tout panthéisme, de tout évolutionnisme et de toute religion cosmique moderne se trouve en réalité dans cette proposition : la Nature est notre mère. Malheureusement, si vous considérez la Nature comme une mère, vous découvrirez qu'elle est une belle-mère. Le principal argument du christianisme était le suivant : La Nature n'est pas notre mère ; elle est notre sœur. Nous pouvons être fiers de sa beauté, puisque nous avons le même père ; mais elle n'a sur nous aucune autorité.
- Orthodoxie (1908), Gilbert Keith Chesterton (trad. Lucien d'Azay), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2010 (ISBN 978-2-0812-2028-7), p. 179
Nous n'avons aucun besoin de nous rebeller contre l'Antiquité ; il faut nous rebeller contre la nouveauté. Ce sont les nouveaux dirigeants, le capitaliste ou le rédacteur en chef, qui exercent réellement leur emprise sur le monde moderne.
- Orthodoxie (1908), Gilbert Keith Chesterton (trad. Lucien d'Azay), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2010 (ISBN 978-2-0812-2028-7), p. 184
Le monde comme il ne va pas, 1910
- Le monde comme il ne va pas, 1910 (1910), G. K. Chesterton (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. L'Age D'Homme, 1994 (ISBN 2-8251-0482-5), p. 30
- Le monde comme il ne va pas, 1910 (1910), G. K. Chesterton (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. L'Age D'Homme, 1994 (ISBN 2-8251-0482-5), p. 36
- Le monde comme il ne va pas, 1910 (1910), G. K. Chesterton (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. L'Age D'Homme, 1994 (ISBN 2-8251-0482-5), p. 39
- Le monde comme il ne va pas, 1910 (1910), G. K. Chesterton (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. L'Age D'Homme, 1994 (ISBN 2-8251-0482-5), p. 40
- Le monde comme il ne va pas, 1910 (1910), G. K. Chesterton (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. L'Age D'Homme, 1994 (ISBN 2-8251-0482-5), p. 43
- Le monde comme il ne va pas, 1910 (1910), G. K. Chesterton (trad. Marie-Odile Fortier-Masek), éd. L'Age D'Homme, 1994 (ISBN 2-8251-0482-5), p. 148
L’innocence du Père Brown, 1911
La croix bleue (The Blue Cross)
- (en) The most incredible thing about miracles is that they happen.
- Father Brown Stories (1911), G. K. Chesterton (trad. Wikiquote), éd. Penguin Books, coll. « Penguin Popular Classics », 1994 (ISBN 0-14-062259-4), p. 7
- Citation choisie pour le 5 janvier 2009.
- (en) "I know that people charge the Church with lowering reason, but it is just the other way. Alone on earth, the Church makes reason really supreme. Alone on earth, the Church affirms that God himself is bound by reason."
- Father Brown Stories (1911), G. K. Chesterton (trad. Wikiquote), éd. Penguin Books, coll. « Penguin Popular Classics », 1994 (ISBN 0-14-062259-4), p. 21
Utopie des usuriers, 1917
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 35
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 38
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 45
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 46
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 49
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 49
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 51
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 59
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 71
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 80
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 86
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 110
Voici la dernière insulte des fiers à l'endroit des humbles. Ils les gouvernent par la terreur souriante d'un ancien secret. Ils sourient et sourient, mais ils ont oublié le secret.
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 149
Soyez les bienvenus, camarades-citoyens,
Cœurs creux et têtes vides.
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 160
Si bien que le lecteur de journal reçoit toutes ses informations et ses mots d'ordre politiques de ce qui à l'heure qu'il est constitue plus ou moins consciemment une sorte de société secrète, composée d'un très petit nombre de membres disposant de beaucoup d'argent.
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 178
- Utopie des usuriers, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-31-4), p. 181
L'homme éternel, 1925
Quoi qu'il en soit de l'édifice humain, il est sous nos yeux, et la famille en constitue indiscutablement la cellule centrale, autour de laquelle, comme une garde d'honneur, veillent les saintes vertus domestiques qui nous distinguent de l'abeille et de la fourmi. La pudeur est le rideau de cette tente, et la liberté le rempart de cette cité ; la propriété n'est que l'enclos de la famille, l'honneur son blason. L'histoire s'ouvre avec un père, une mère et leur enfant, et, si nous ne sommes pas de ceux qui invoquent une divine Trinité, il nous faudra pourtant invoquer une trinité humaine, dont le triangle se répète à l'infini dans la trame de l'univers.
- L'homme éternel (1925), Gilbert Keith Chesterton (trad. Maximilien Vox), éd. Éditions Saint Rémy, 2013 (ISBN 2-84519-779-9), chap. Le pithécanthrope et les professeurs, p. 36
Ce centre est la Méditerranée. Monde, plutôt que mer, mais fait à l'image de la mer, où se jettent et s'unifient les courants les plus disparates ; comme le Nil et le Tibre mêlent leurs eaux dans celles de la Méditerranée, l'Égypte et l'Étrurie se fondent dans une commune culture. Le rayonnement de la mer auguste franchit les déserts, les montagnes et les forêts, s'étend aux Arabes et aux Gaulois ; mais c'est le long de ses rives que s'accomplit la tâche première de l'antiquité et que s'élabore la civilisation qu'elle devait donner au monde ; c'est dans le cercle de l'orbis terrarum que se poursuit le combat du meilleur et du pire ; la lutte sans fin de l'Europe et de l'Asie, depuis la fuite des Perses à Salamine jusqu'à la fuite des Turcs à Lépante ; le duel à mort où s'affrontèrent selon la chair et selon l'esprit les deux formes parfaites du paganisme, latine et punique. Royaume de la guerre et de la paix, du juste et de l'injuste, royaume de toutes nos haines et de tous nos amours… toute révérence gardée, Aztèques et Mongols, mes frères, vous n'avez rien donné au monde de comparable à la tradition méditerranéenne.
- L'homme éternel (1925), Gilbert Keith Chesterton (trad. Maximilien Vox), éd. Éditions Saint Rémy, 2013 (ISBN 2-84519-779-9), chap. Antiquité de la civilisation, p. 52
Cette culture méridionale, quand elle étendit ses conquêtes vers le nord et vers l'ouest, produisit d'étonnants résultats, dont nous-autres, Anglais, ne sommes pas les moins étonnants ; quand elle gagna, de là, les terres nouvelles au delà des mers, elle continua d'agir aussi longtemps qu'elle demeura culture. Mais toutes les réalités profondes dont elle est faite appartiennent aux rives de la mer d'Ulysse et de saint Paul : la République et l'Église, la Bible et Homère, Israël, l'Islam et la mémoire des empires abolis, Aristote et la mesure de toute chose. Et c'est parce qu'elle est la lumière véritable de notre journée terrestre, non l'obscure clarté qui tombe des étoiles, que j'ai tenu à marquer le lieu où elle se posa d'abord, au fronton des palais et des temples qui bornent la Méditerranée vers l'Orient.
- L'homme éternel (1925), Gilbert Keith Chesterton (trad. Maximilien Vox), éd. Éditions Saint Rémy, 2013 (ISBN 2-84519-779-9), chap. Antiquité de la civilisation, p. 53
Certes, les deux grands sages de l'antiquité nous paraissent les puissants champions de tout ce qu'il y a de sain et de saint, et leurs sentences sonnent souvent comme des réponses définitives à des questions que du même coup elles ont effacées à jamais. Aristote, en définissant l'homme : un animal politique, a confondu une fois pour toute la séquelle des naturistes et des anarchisants ; Platon a donné raison d'avance au réalisme catholique contre le nominalisme hérétique en attribuant aux concepts une existence non moins réelle que la nôtre. Plus réelle même, semble-t-il parfois ; il faut reconnaître qu'il tient volontiers l'homme pour négligeable à côté de l'idée, et que l'étatisme socialiste lui est grandement redevable de son idéal actuel du citoyen adapté aux besoins de la cité, du monsieur dont on passe la tête au conformateur pour la faire entrer dans son chapeau. il est par là le père de tous les idéologues, et Aristote a mieux vu dans l'équilibre sacramentel de l'esprit et de la matière, en insistant sur la nature de l'homme autant que sur celle de la pensée : les yeux, pour lui, comptent autant que la lumière.
- L'homme éternel (1925), Gilbert Keith Chesterton (trad. Maximilien Vox), éd. Éditions Saint Rémy, 2013 (ISBN 2-84519-779-9), chap. Démons et philosophes, p. 94, 95
La théorie matérialiste de l'histoire, selon laquelle l'éthique et le politique ne sont que des sous-produits de l'économique, est une sottise ; elle consiste à confondre les conditions de la vie avec son objet propre, c'est-à-dire à s'imaginer que l'homme, du moment qu'il n'a que ses jambes pour marcher, ne marche jamais que pour aller s'acheter des souliers et des chaussettes. L'humanité, en effet, s'appuie sur le boire et sur le manger, comme sur deux jambes, mais vouloir qu'ils aient été la cause de toute ses actions, c'est s'engager à soutenir que toutes les expéditions militaires et tous les pèlerinages religieux qui ont eu lieu depuis que le monde est monde n'avaient d'autre but que les développements des muscles du mollet.
- L'homme éternel (1925), Gilbert Keith Chesterton (trad. Maximilien Vox), éd. Éditions Saint Rémy, 2013 (ISBN 2-84519-779-9), chap. La guerre des dieux et des démons, p. 105
Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste, 1926
- Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste (1926), G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-28-4), p. 14
- Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste (1926), G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-28-4), p. 15
- Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste (1926), G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-28-4), p. 19
- Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste (1926), G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-28-4), p. 28
- Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste (1926), G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-28-4), p. 29
- Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste (1926), G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-28-4), p. 56
- Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste (1926), G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-28-4), p. 64
En ces deux occasions il me refusa la liberté d'expression parce que j'avais écrit que les grands magasins qui bénéficient de la publicité que l'on sait étaient en réalité pires que les petits magasins. C'est là une des choses, et elle est digne d'être relevée, qu'un homme n'a désormais plus le droit de dire ; peut-être même la seule chose qui lui soit réellement interdite. Si j'avais attaqué le gouvernement, on aurait trouvé cela très bien ; si j'avais attaqué Dieu, on aurait trouvé cela encore mieux. Si j'avais critiqué le mariage, le patriotisme ou la morale publique, j'aurais eu droit à la première page de la presse dominicale. Mais un grand journal ne peut se payer le luxe de critiquer les grands magasins, étant un grand magasin à sa manière et en passe de devenir lui-même un monopole.
- Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste (1926), G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-28-4), p. 71
- Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste (1926), G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-28-4), p. 95
- Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste (1926), G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-28-4), p. 96
- Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-28-4), p. 142
- Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-28-4), p. 203
- Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-28-4), p. 214
Ce sera un monde d'organisation et de standardisation. Tout sera standardisé, chapeaux, maisons, loisirs, alimentation, habillement, éducation, soins de santé, tout sera rouage d'une vaste et monstrueuse machine…
- Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste, G.K. Chesterton (trad. Gérard Joulié), éd. éditions de l'Homme Nouveau, 2010 (ISBN 978-2-915988-28-4), p. 221
La Chose, 1929
Tous ces mots ridicules comme Service, Efficacité, Sens Pratique, etc., échouent parce qu'ils vénèrent les moyens et non la fin. Et tout revient donc à la question de savoir si nous proposons de vénérer la fin et, de préférence, la fin juste.
- La Chose, Gilbert Keith Chesterton (trad. Pierre Guglielmina), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2015 (ISBN 978-2-0813-0087-3), chap. Le sceptique en tant que critique, p. 18
Il serait bien plus vrai de dire que la foi rend à un homme son corps, son âme, sa raison, sa volonté et même sa vie. Il serait encore plus vrai de dire que l'homme qui a accueilli la foi accueille toutes les anciennes fonctions humaines que toutes les autres philosophies lui ont déjà retirées. Il serait plus proche de la réalité d'affirmer qui lui seul connaîtra la liberté, lui seul aura une volonté, parce que lui seul croira au libre arbitre ; lui seul aura une raison dans la mesure où le doute ultime dénie toute raison comme toute autorité ; lui seul pourra vraiment agir, puisque l'action est menée envers une fin. Il est du moins assez probable que tout ce désespoir brutal et sans avenir de l'intellect fera de lui pour finir le seul citoyen capable de marcher et de parler dans une ville de paralytiques.
- La Chose, Gilbert Keith Chesterton (trad. Pierre Guglielmina), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2015 (ISBN 978-2-0813-0087-3), chap. Le sceptique en tant que critique, p. 26
Le point essentiel, c'est que le monde à l'extérieur du foyer est désormais soumis à une discipline et à une routine rigides, et c'est seulement à l'intérieur du foyer qu'il y a véritablement une place pour l'individualité et la liberté. Quiconque franchit le seuil de la maison est obligé de s'engager dans une procession, tout le monde marchant dans la même direction et, dans une large mesure, étant obligé de porter le même uniforme. L'entreprise, en particulier la grande entreprise, est aujourd'hui organisée comme une armée.
- La Chose, Gilbert Keith Chesterton (trad. Pierre Guglielmina), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2015 (ISBN 978-2-0813-0087-3), chap. La dérive loin de la vie domestique, p. 55
Ce que nous observons à propos de l'ensemble de la culture courante du journalisme et de ce qui se discute en général, c'est que les gens ne savent pas encore comment commencer à penser. Non seulement leur pensée n'est que de troisième ou quatrième main, mais elle démarre toujours aux trois quarts du processus. Les hommes ne savent pas d'où viennent leurs propres pensées. Ils ne savent pas ce que leurs propres mots impliquent. Ils débarquent à la fin de chaque controverse et ne savent rien de l'endroit où elle a commencé et de quoi elle retourne. Ils comptent constamment sur certains absolus qui, une fois définis correctement, leur feraient l'effet, même à eux, d'être des absurdités plutôt que des absolus.
- La Chose, Gilbert Keith Chesterton (trad. Pierre Guglielmina), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2015 (ISBN 978-2-0813-0087-3), chap. Logique — et tennis sur gazon, p. 62, 63
La psychanalyse, c'est le confessionnal sans les protections du confessionnal, le communisme, c'est le mouvement franciscain sans l'influence modératrice de l'Église ; et les sectes américaines qui ont hurlé pendant trois siècles contre la théâtralité pontificale et l'appel au sens, « égaient » désormais leurs messes grâce à des films d'une théâtralité extravagante et à des projecteurs de lumière rose braqués sur la tête de leur ministre du culte. Si nous avions un rayon de lumière à braquer quelque part, nous ne devrions pas le braquer sur le ministre.
- La Chose, Gilbert Keith Chesterton (trad. Pierre Guglielmina), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2015 (ISBN 978-2-0813-0087-3), chap. Pourquoi je suis catholique, p. 98
Ces gens modernes entendent simplement par activité mentale un train express roulant de plus en plus vite le long des mêmes rails en direction de la même gare ; ou bien de plus en plus de wagons accrochés pour être conduits à la même destination. La notion qui a disparu de leurs esprits est celle du mouvement volontaire, même pour atteindre le même but. Ils ont fixé non seulement les fins, mais les moyens. Ils ont imposé non seulement les doctrines, mais les mots.
- La Chose, Gilbert Keith Chesterton (trad. Pierre Guglielmina), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2015 (ISBN 978-2-0813-0087-3), chap. Sur le courage et l'indépendance, p. 231
Le monde, particulièrement le monde moderne, est parvenu à un curieux état de rituel ou de routine, dans lequel il a tort même lorsqu'il a raison, pourrions-nous pratiquement dire. Dans une large mesure, il continue à faire des choses raisonnables, mais il cesse rapidement d'avoir le moindre mobile raisonnable de les faire. Il nous sermonne inlassablement sur le caractère moribond de la tradition ; et il ne se soutient encore que de la vie de la tradition.
- La Chose, Gilbert Keith Chesterton (trad. Pierre Guglielmina), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2015 (ISBN 978-2-0813-0087-3), chap. Les sources de l'esprit sain, p. 249
La Chute est une vision de la vie. C'est non seulement l'unique vision éclairante de la vie, c'est aussi la seule qui soit encourageante. Elle maintient, contre les seules philosophies réelles alternatives que sont celles du bouddhiste, du pessimiste et du prométhéen, que nous avons fait un mauvais usage d'un monde bon et non simplement été pris au piège dans un monde mauvais. Elle renvoie le mal à un mauvais usage de la volonté et, par conséquent, implique qu'il peut être réparé grâce à un bon usage de la volonté. Tout autre croyance est une forme de reddition à la fatalité.
- La Chose, Gilbert Keith Chesterton (trad. Pierre Guglielmina), éd. Flammarion, coll. « Climats », 2015 (ISBN 978-2-0813-0087-3), chap. L'esquisse de la chute, p. 306
À bâtons rompus, propos débridés, 2010
Je n'ai aucun goût personnel pour la discipline excessive ou pour la répression ; c'est pourquoi je n'ai jamais écrit de roman sur l'Utopie, contrairement à la quasi-totalité de la race humaine pécheresse qui, de notre temps, a écrit n'importe quoi. Utopie me paraît toujours signifier discipline excessive plutôt qu'émancipation, répression plutôt que développement.
- À bâtons rompus, propos débridés, Gilbert Keith Chesterton (trad. Maurice Le Péchoux), éd. L'Age d'Homme, 2010 (ISBN 978-2-8251-4011-6), chap. V, à propos de la radiodiffusion, p. 33
Mais depuis qu'il est tellement à la mode de s'emparer d'une lubie et de la présenter comme une mesure sociale, je ne vois pas pourquoi je n'en suggérerais pas une que je crois être beaucoup plus sensée que la plupart. Je crois devoir suggérer qu'une société vraiment raisonnable, au lieu de continuer de développer ces communications envahissantes devrait plutôt les restreindre, en les limitant à ceux qui ne peuvent vraiment pas s'en passer.
- À bâtons rompus, propos débridés, Gilbert Keith Chesterton (trad. Maurice Le Péchoux), éd. L'Age d'Homme, 2010 (ISBN 978-2-8251-4011-6), chap. V, à propos de la radiodiffusion, p. 34, 35
On dit que les gouvernements modernes rendent la vie plus sûre et que l'on peut très facilement introduire une réclamation. Mais il est du moins certain que les gouvernements modernes rendent plus sûre la vie des classes dirigeantes et jamais, dans toute l'histoire du monde, gouverner n'a présenté moins de risques.
- À bâtons rompus, propos débridés, Gilbert Keith Chesterton (trad. Maurice Le Péchoux), éd. L'Age d'Homme, 2010 (ISBN 978-2-8251-4011-6), chap. IX, à propos du pilori, p. 82
Quant à la troisième forme de loisir, la plus précieuse, la plus consolante, la plus pure et la plus sacrée : la noble habitude de ne rien faire du tout… c'est celle qui se trouve négligée à un point qui me paraît menacer toute la race de dégénérescence. C'est parce que les artistes ne pratiquent pas, que les patrons ne patronnent pas, que les foules ne s'assemblent pas pour adorer avec révérence le grand oeuvre de Ne Rien Faire, que le monde a perdu sa philosophie et a même échoué à inventer une nouvelle religion.
- À bâtons rompus, propos débridés, Gilbert Keith Chesterton (trad. Maurice Le Péchoux), éd. L'Age d'Homme, 2010 (ISBN 978-2-8251-4011-6), chap. XIX, à propos du loisir, p. 123
En d'autres termes, quand nous considérons ce que les hommes ont fait, nous regardons ce qu'ils ont choisi de faire. Mais quand nous considérons ce qu'ils feront, il n'est pas possible de tenir compte de ce qu'ils choisiront de faire. Nous pouvons seulement examiner ce qu'ils doivent faire. À moins que ce soit quelque chose d'inévitable, nous ne pouvons prévoir ce que ce sera. Et ainsi notre prédiction, qu'elle soit vraie ou fausse, ne peut envisager la société humaine que sous son côté servile. Pour autant que la génération suivante soit libre, elle est libre de contrecarrer notre prophétie.
- À bâtons rompus, propos débridés, Gilbert Keith Chesterton (trad. Maurice Le Péchoux), éd. L'Age d'Homme, 2010 (ISBN 978-2-8251-4011-6), chap. XXIII, à propos des l'archéologie, p. 145, 146
En matière de langage, qui est l'objet principal de la littérature, il est clair que les mots se dégradent perpétuellement. Ils cessent de dire ce qu'ils signifient ou de signifier ce qu'ils disent ; ils commencent toujours par signifier quelque chose qui non seulement est tout à fait différent, mais encore beaucoup moins défini et beaucoup moins fort. Et dans cette chute des symboles choisis par l'homme, pourrait bien se trouver un symbole de sa propre chute. Il a une difficulté à maîtriser sa langue, non seulement en tant qu'organe de la parole, mais dans le sens de langage parlé. Presque toujours s'il n'y prête pas attention, ce langage s'affole ou, pire encore, s'affaiblit.
- À bâtons rompus, propos débridés, Gilbert Keith Chesterton (trad. Maurice Le Péchoux), éd. L'Age d'Homme, 2010 (ISBN 978-2-8251-4011-6), chap. XXXIV, à propos des mots maltraités, p. 152, 153
Les anciens esthètes avaient coutume d'expliquer que l'Art est amoral plutôt qu'immoral. Il serait plus vrai de dire que l'Art peut être immoral mais qu'il ne peut être amoral. Une comédie amorale cesse rapidement d'être comique.
- À bâtons rompus, propos débridés, Gilbert Keith Chesterton (trad. Maurice Le Péchoux), éd. L'Age d'Homme, 2010 (ISBN 978-2-8251-4011-6), chap. XXX, à propos de l'esprit comique, p. 152, 153
Citations sur Gilbert Keith Chesterton
Leonardo Castellani
Saint Gilbert du Bon Sens, toi qui fus sur terre le sens commun hors-la-loi et la sagesse qui dansait libre et dionysiaque,
Gilberto Chesterton, toi qui pour être encore plus grand-breton que la Grande-Bretagne portais le nom d'un bourg de Cambridge-County,
Falstaff dévot, toi qui eus vocation d'apprendre le catéchisme illustré aux Anglais
En leur démontrant par là-même que Dieu n'avait pas précisément intérêt à leur laisser l'empire du monde
(et sans avoir d'objection per se contre leur bacon frit, leur steak argentin, leur golf et leur bridge, et encore moins contre la liberté et la joie),
Sinon le souci d'offrir à tous, coûte que coûte, l'empire du ciel,
Avec la croix cachée de Thomas More au prix du marché
Et un peu plus de lumière sous la peau…
Gargantua des lettres, Titan subtil, Robin des Bois des pubs et Sherlock Holmes prêcheur,
Plus exquis que Rabelais, trop brutal pour Benvenuto et la moniale Hrotsvita,
Toi qui pouvais réciter tout Shakespeare et la Bible itou en dialecte cockney à l'envers, dans l'ordre et dans le désordre,
Toi qui jamais ne pus résister à la tentation de l'espièglerie et du whisky glacé,
Saint Gilbert qui es au ciel entre saint Simon le Fou, Marie Stuart et le Bembo,
Saint Gilbert du Bon Sens, souviens-toi de nous face au trône de l'Éternelle Sagesse,
Et rends-lui grâce de t'avoir fait naître à notre époque,
À notre sale, sale, bien sale époque.
- Le Verbe dans le sang, Leonardo Castellani (trad. Érick Audouard), éd. PGDR, 2017 (ISBN 978-2-36371-217-2), p. 71, 72
Simon Leys
Quand on lit Chesterton aujourd'hui, on est constamment saisi par la troublante justesse d'un grand nombre de ses analyses, par la qualité prophétique d'un grand nombre de ses avertissements — et pourtant certains d'entre eux ont été formulés il y a bientôt un siècle. Ses écrits ont une actualité, une pertinence, une pressante urgence que nous ne trouvons chez aucun de ses illustres contemporains.
- Le Studio de l'inutilité, Simon Leys, éd. Flammarion, 2012 (ISBN 978-2-0812-6995-8), chap. G. K. Chesterton (1874-1936), p. 60
Pour Chesterton, le seul fait d'être est tellement miraculeux en soi, que nul malheur ne saurait ensuite nous dispenser d'éprouver une sorte de gratitude cosmique. Dès le temps de sa jeunesse agnostique, il avait déjà exprimé ce sentiment dans un petit poème en prose, noté dans un carnet qui ne fut retrouvé qu'après sa mort. Le voici :
Soir
Voici que s'achève ce jour
Durant lequel j'ai eu des yeux, des oreilles, des mains
Et tout le vaste monde autour de moi.
Et demain commencera un autre jour.
Mais qu'ai-je donc fait pour en mériter un second ?
- Le Studio de l'inutilité, Simon Leys, éd. Flammarion, 2012 (ISBN 978-2-0812-6995-8), chap. G. K. Chesterton (1874-1936), p. 67