« Jean de La Varende » : différence entre les versions

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Cadoudal
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'''[[w:Jean de La Varende|Jean de La Varende]]''', de son vrai nom Jean Balthazar Marie Mallard de La Varende Agis de Saint-Denis, baron Agis de Saint-Denis, « vicomte » de La Varende, est un écrivain français né le 24 mai 1887 au château de Bonneville à Chamblac (Eure), mort le 8 juin 1959 à Paris.
'''[[w:Jean de La Varende|Jean de La Varende]]''', de son vrai nom Jean Balthazar Marie Mallard de La Varende Agis de Saint-Denis, baron Agis de Saint-Denis, « vicomte » de La Varende, est un écrivain français né le 24 mai 1887 au château de Bonneville à Chamblac (Eure), mort le 8 juin 1959 à Paris.

== ''Cadoudal'' ==
{{citation|
Personnage de contrastes et d'antinomies, cet homme aux activités surhumaines a été soutenu par une âme d'une telle candeur, un esprit d'une clarté telle, que, semble-t-il, seule la méditation intense aurait pu le former. En lui, le rêve et l'action vont de pair. Impossible d'ignorer la délicatesse intime de l'énorme athlète ; impossible de ne pas affiner cette brutalité qu'on lui attribue ; de ne pas évoquer sa pureté, sa tendresse, sa dévotion. Une foi vivante accompagne ses cruautés et ses indulgences. Le chapelet des Chouans n'est pas pour lui un signe de ralliement, mais bien un ustensile vital ; ses doigts le malaxent. Quand tout est perdu, Georges accepte avec ce qui dépasse le courage : avec de l'indifférence. Son fatalisme est à base d'esprit chrétien, d'espoir en Dieu, d'attentisme céleste. La Mort, voici le Grand Repos, la Récompense, pour une vie qui, dans sa brièveté, fut plus remplie que trois autres.
}}
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En définitive, [[Napoléon]] fut très sensible à la puissance intime qui émanait de Cadoudal. Au moment de son exécution, il aurait dit à Bourienne : <br />
Celui-là est bien trempé ; entre mes mains un pareil homme eût fait de grandes choses. Je lui ai fait dire par Réal que s'il voulait s'attacher à moi, je lui aurais donné un régiment. Il a tout refusé : ''c'est une lame de fer !''
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{{citation|
Derrière les menées anglaises et les combinaisons, subsistait le vieux dévouement à la Couronne, la soumission d'âme au principe d'autorité reconnu par l'Onction religieuse, et sans ce côté égoïste qui allait devenir le mobile profond. Ce n'était pas pour une licence confortable et grasse que mouraient les Royaux, mais pour une sujétion. Ils ne luttaient pas pour ''s'affranchir'' mais pour se ''lier'' plus encore. En dehors de toutes les fadaises temporelles ou politiques, c'est de cette ABNEGATION qu'il faut se souvenir. Retrouver des places et leurs biens comptaient peu en face de l'idée purement monarchique, et cela, toute l'Angleterre le sentit.
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Thuriot le tracasse, l'accable de demandes pour l'ahurir sans y parvenir jamais ; mais non sans y recueillir des coups de boutoir. <br />
– Qu'avez-vous fait du portrait du ci-devant [[Louis XVI]], qui se trouvait en votre possession ? <br />
– Et toi, Tue-Roi [au lieu de Thuriot] qu'as-tu fait de l'original ?
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Quand vous ne vous sentirez pas assez forts en vous-mêmes, leur disait-il, tournez les yeux vers moi ; pensez que je suis à vos côtés et que je ne puis avoir un sort différent du vôtre. Oui, mes chers enfants, nous sommes destinés à avoir le même sort et c'est le beau côté de nos affaire !… Montrez à tout le monde dans votre contenance, dans vos discours, et sur votre visage, que vous avez beaucoup de courage, de cette résolution qui m'ont tant donné de confiance en vous, et qui auraient triomphé des ennemis de notre foi et de notre Roi, si nous n'avions pas été indignement trahis !
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Madame [[Juliette Récamier|Récamier]], cette mondaine étrange que Brillat-Savarin, le dégustateur amoureux, avait pu mener à l'audience, écrivait : <br />
Cet intrépide Georges […] on le contemplait avec la pensée que cette tête si librement, si énergiquement dévouée, allait tomber sur l'échafaud ; que seul peut-être, il ne serait pas sauvé car il ''ne faisait rien pour l'être''. J'entendais ses réponses toutes empreintes de cette foi antique pour laquelle, depuis si longtemps, il avait le sacrifice de sa vie…
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Le dimanche 10 juin seulement, à quatre heures du matin, les Chouans apprirent leur sort. Georges refusa de signer son recours en grâce : «Me promettez-vous, — répondit-il —, une plus belle occasion de mourir ?»
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On le lui accorda.<br />
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== Citations ==
== Citations ==

Version du 6 janvier 2019 à 20:12

Jean de La Varende
Jean de La Varende

Jean de La Varende, de son vrai nom Jean Balthazar Marie Mallard de La Varende Agis de Saint-Denis, baron Agis de Saint-Denis, « vicomte » de La Varende, est un écrivain français né le 24 mai 1887 au château de Bonneville à Chamblac (Eure), mort le 8 juin 1959 à Paris.

Cadoudal

Personnage de contrastes et d'antinomies, cet homme aux activités surhumaines a été soutenu par une âme d'une telle candeur, un esprit d'une clarté telle, que, semble-t-il, seule la méditation intense aurait pu le former. En lui, le rêve et l'action vont de pair. Impossible d'ignorer la délicatesse intime de l'énorme athlète ; impossible de ne pas affiner cette brutalité qu'on lui attribue ; de ne pas évoquer sa pureté, sa tendresse, sa dévotion. Une foi vivante accompagne ses cruautés et ses indulgences. Le chapelet des Chouans n'est pas pour lui un signe de ralliement, mais bien un ustensile vital ; ses doigts le malaxent. Quand tout est perdu, Georges accepte avec ce qui dépasse le courage : avec de l'indifférence. Son fatalisme est à base d'esprit chrétien, d'espoir en Dieu, d'attentisme céleste. La Mort, voici le Grand Repos, la Récompense, pour une vie qui, dans sa brièveté, fut plus remplie que trois autres.

  • Cadoudal, Jean de La Varende, éd. Nouvelles Editions Latines, 1970, p. 13


En définitive, Napoléon fut très sensible à la puissance intime qui émanait de Cadoudal. Au moment de son exécution, il aurait dit à Bourienne :
Celui-là est bien trempé ; entre mes mains un pareil homme eût fait de grandes choses. Je lui ai fait dire par Réal que s'il voulait s'attacher à moi, je lui aurais donné un régiment. Il a tout refusé : c'est une lame de fer !

  • Cadoudal, Jean de La Varende, éd. Nouvelles Editions Latines, 1970, p. 163


Derrière les menées anglaises et les combinaisons, subsistait le vieux dévouement à la Couronne, la soumission d'âme au principe d'autorité reconnu par l'Onction religieuse, et sans ce côté égoïste qui allait devenir le mobile profond. Ce n'était pas pour une licence confortable et grasse que mouraient les Royaux, mais pour une sujétion. Ils ne luttaient pas pour s'affranchir mais pour se lier plus encore. En dehors de toutes les fadaises temporelles ou politiques, c'est de cette ABNEGATION qu'il faut se souvenir. Retrouver des places et leurs biens comptaient peu en face de l'idée purement monarchique, et cela, toute l'Angleterre le sentit.

  • Cadoudal, Jean de La Varende, éd. Nouvelles Editions Latines, 1970, p. 173


Thuriot le tracasse, l'accable de demandes pour l'ahurir sans y parvenir jamais ; mais non sans y recueillir des coups de boutoir.
– Qu'avez-vous fait du portrait du ci-devant Louis XVI, qui se trouvait en votre possession ?
– Et toi, Tue-Roi [au lieu de Thuriot] qu'as-tu fait de l'original ?

  • Cadoudal, Jean de La Varende, éd. Nouvelles Editions Latines, 1970, p. 260


Quand vous ne vous sentirez pas assez forts en vous-mêmes, leur disait-il, tournez les yeux vers moi ; pensez que je suis à vos côtés et que je ne puis avoir un sort différent du vôtre. Oui, mes chers enfants, nous sommes destinés à avoir le même sort et c'est le beau côté de nos affaire !… Montrez à tout le monde dans votre contenance, dans vos discours, et sur votre visage, que vous avez beaucoup de courage, de cette résolution qui m'ont tant donné de confiance en vous, et qui auraient triomphé des ennemis de notre foi et de notre Roi, si nous n'avions pas été indignement trahis !

  • Cadoudal, Jean de La Varende, éd. Nouvelles Editions Latines, 1970, p. 270, 271


Madame Récamier, cette mondaine étrange que Brillat-Savarin, le dégustateur amoureux, avait pu mener à l'audience, écrivait :
Cet intrépide Georges […] on le contemplait avec la pensée que cette tête si librement, si énergiquement dévouée, allait tomber sur l'échafaud ; que seul peut-être, il ne serait pas sauvé car il ne faisait rien pour l'être. J'entendais ses réponses toutes empreintes de cette foi antique pour laquelle, depuis si longtemps, il avait le sacrifice de sa vie…

  • Cadoudal, Jean de La Varende, éd. Nouvelles Editions Latines, 1970, p. 277


Le dimanche 10 juin seulement, à quatre heures du matin, les Chouans apprirent leur sort. Georges refusa de signer son recours en grâce : «Me promettez-vous, — répondit-il —, une plus belle occasion de mourir ?»

  • Cadoudal, Jean de La Varende, éd. Nouvelles Editions Latines, 1970, p. 283


La première voiture contenait Georges. Il descendit et, parlant avec animation à son confesseur, il réclama l'honneur de mourir le premier pour que tous les autres le vissent et fussent sûrs qu'on ne lui avait pas accordé de grâce. Aussi pour les précéder La-Haut et les recevoir.
On le lui accorda.

  • Cadoudal, Jean de La Varende, éd. Nouvelles Editions Latines, 1970, p. 292


Oui, avec Georges, mouraient les dernières puissances rurales, les suprêmes et sublimes mouvements populaires : l'âme loyale, fervente et paysanne ; l'âme des longues rêveries, des ténacités que rien n'abat. L'âme d'acceptation chrétienne et de candide révolte ; l'âme des pâtres, des forestiers, des laboureurs ; l'âme des mains jointes ou rivées sur l'outil ; les âmes que nous avions, mon dieu, et faites pour votre gloire ; ces âmes hélas, que nous avons lentement perdues, seigneur, devant votre inexorable, votre incompréhensible sévérité…

  • Cadoudal, Jean de La Varende, éd. Nouvelles Editions Latines, 1970, p. 293


Citations

Nous aurons les derniers poètes par un phénomène curieux ; le Normand est tellement assuré de sa force raisonnable qu'il semble pouvoir se permettre toutes les plus folles imaginations sans crainte, il retrouvera le sens quand il faudra ; il est d'une inépuisable richesse d'intelligence, il peut donc laisser, à sa sensibilité, la bride sur le cou. [Lettre de 1931]
  • La Varende, l'ami - présentation de passages de lettres [de La Varende], Hermann Quéru, éd. Éditions Notre-Dame, 1966, p. 158