« Maurice Druon » : différence entre les versions

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'''[[w:Maurice Druon|Maurice Druon]]''', né le 23 avril 1918 dans le 13e arrondissement de Paris et mort le 14 avril 2009, est un écrivain et homme politique français.
'''[[w:Maurice Druon|Maurice Druon]]''', né le 23 avril 1918 dans le 13{{e}} arrondissement de Paris et mort le 14 avril 2009, est un écrivain et homme politique français.


== ''La volupté d'être'', 1954 ==
== ''La Volupté d'être'', 1954 ==
{{citation|citation=Comme elle se sentait flattée, Carmela, qu'une si grande dame, même ruinée, même bizarre par moments, consentît à s'intéresser à elle de la sorte ! « Quel dommage, se disait la petite, que je ne sois pas assez instruite pour tout comprendre... Et si elle n'était pas un peu bizarre, est-ce qu'elle accepterait de parler avec moi ? »<br />
{{citation|citation=Comme elle se sentait flattée, Carmela, qu'une si grande dame, même ruinée, même bizarre par moments, consentît à s'intéresser à elle de la sorte ! « Quel dommage, se disait la petite, que je ne sois pas assez instruite pour tout comprendre… Et si elle n'était pas un peu bizarre, est-ce qu'elle accepterait de parler avec moi ? »<br />
Carmela la regardait avec une déférence inquiète. La Sanziani avec ses velours noirs et son miroir de vermeil était comme la gardienne d'un monde fabuleux où l'enfant rêvait de pénétrer et dont on lui entrouvrait les grilles.}}
Carmela la regardait avec une déférence inquiète. La Sanziani avec ses velours noirs et son miroir de vermeil était comme la gardienne d'un monde fabuleux où l'enfant rêvait de pénétrer et dont on lui entrouvrait les grilles.}}
{{Réf Livre|titre=La volupté d'être
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|auteur=Maurice Druon
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|éditeur=Le livre de poche
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{{citation|citation=« Le temps n'est qu'une convention, une espèce d'alphabet pour aveugles sur lequel nos doigts en tâtonnant ne découvrent qu'un signe après l'autre. Nous avons toujours en même temps six ans, vingt ans, et soixante-dix. Toutes les cartes sont dans le sabot ! Quand je pense à cela j'éprouve une sorte d'illumination, et puis tout aussitôt je suis saisie d'un affreux sentiment de solitude. J'ai l'impression que rien n'existe au monde que moi, et j'ai envie de mourir. Les mystiques ont de la chance, qui peuvent se faire contempler de Dieu. Tu vois où j'en suis. Plains-moi, chérie. Je t'embrasse. » }}
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{{citation|citation=« Jeanne, suis-je comme eux, suis-je comme elles, et sont-elles comme moi, avec des âmes inchangées dans des corps qui meurent... Et regarde, regarde, les filles des nouvelles générations qui me dévisagent comme une ancêtre... Vous ne savez pas, mes petites ; vous ne savez pas comme cela ira vite. Vous aurez quelques amants, quelques drames ; vous userez quelques robes ; vous vous retournerez et vous vous trouverez à ma place, sans savoir comment, et vous aurez vécu moins ardemment que moi. »}}
{{citation|citation=« Jeanne, suis-je comme eux, suis-je comme elles, et sont-elles comme moi, avec des âmes inchangées dans des corps qui meurent… Et regarde, regarde, les filles des nouvelles générations qui me dévisagent comme une ancêtre… Vous ne savez pas, mes petites ; vous ne savez pas comme cela ira vite. Vous aurez quelques amants, quelques drames ; vous userez quelques robes ; vous vous retournerez et vous vous trouverez à ma place, sans savoir comment, et vous aurez vécu moins ardemment que moi. »}}
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{{citation|citation=« Vois-tu Jeanne, dit-elle, il y a une affreuse injustice à notre égard. Quand nous ne pouvons plus inspirer le désir des hommes, nous ne sommes plus rien. On continue d'honorer des écrivains qui ne peuvent plus écrire, des médecins qui n'ont plus la force de soigner, des hommes d'État qui ne peuvent plus gouverner. Mais nous qui avons apporté aux hommes le sentiment de vivre pleinement leur destin, qui avons inspiré leurs œuvres, qui avons été leur rêve, leur orgueil et leur récompense, et qui avons été célèbres à cause de cela, que nous reste-t-il lorsque notre corps nous trahit et que nous ne pouvons plus tenir notre rôle ? Nous sommes comme des héros qui ne sont pas morts. On devrait s'enfermer dans une chambre, murer les fenêtres... »}}
{{citation|citation=« Vois-tu Jeanne, dit-elle, il y a une affreuse injustice à notre égard. Quand nous ne pouvons plus inspirer le désir des hommes, nous ne sommes plus rien. On continue d'honorer des écrivains qui ne peuvent plus écrire, des médecins qui n'ont plus la force de soigner, des hommes d'État qui ne peuvent plus gouverner. Mais nous qui avons apporté aux hommes le sentiment de vivre pleinement leur destin, qui avons inspiré leurs œuvres, qui avons été leur rêve, leur orgueil et leur récompense, et qui avons été célèbres à cause de cela, que nous reste-t-il lorsque notre corps nous trahit et que nous ne pouvons plus tenir notre rôle ? Nous sommes comme des héros qui ne sont pas morts. On devrait s'enfermer dans une chambre, murer les fenêtres… »}}
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Version du 22 juillet 2017 à 22:30

Maurice Druon (2003).

Maurice Druon, né le 23 avril 1918 dans le 13e arrondissement de Paris et mort le 14 avril 2009, est un écrivain et homme politique français.

La Volupté d'être, 1954

Comme elle se sentait flattée, Carmela, qu'une si grande dame, même ruinée, même bizarre par moments, consentît à s'intéresser à elle de la sorte ! « Quel dommage, se disait la petite, que je ne sois pas assez instruite pour tout comprendre… Et si elle n'était pas un peu bizarre, est-ce qu'elle accepterait de parler avec moi ? »
Carmela la regardait avec une déférence inquiète. La Sanziani avec ses velours noirs et son miroir de vermeil était comme la gardienne d'un monde fabuleux où l'enfant rêvait de pénétrer et dont on lui entrouvrait les grilles.
  • La Volupté d'être (1954), Maurice Druon, éd. Le livre de poche, 1985  (ISBN 2-253-00520-7), p. 57


« Le temps n'est qu'une convention, une espèce d'alphabet pour aveugles sur lequel nos doigts en tâtonnant ne découvrent qu'un signe après l'autre. Nous avons toujours en même temps six ans, vingt ans, et soixante-dix. Toutes les cartes sont dans le sabot ! Quand je pense à cela j'éprouve une sorte d'illumination, et puis tout aussitôt je suis saisie d'un affreux sentiment de solitude. J'ai l'impression que rien n'existe au monde que moi, et j'ai envie de mourir. Les mystiques ont de la chance, qui peuvent se faire contempler de Dieu. Tu vois où j'en suis. Plains-moi, chérie. Je t'embrasse. »
  • La Volupté d'être (1954), Maurice Druon, éd. Le livre de poche, 1985  (ISBN 2-253-00520-7), p. 86


« Jeanne, suis-je comme eux, suis-je comme elles, et sont-elles comme moi, avec des âmes inchangées dans des corps qui meurent… Et regarde, regarde, les filles des nouvelles générations qui me dévisagent comme une ancêtre… Vous ne savez pas, mes petites ; vous ne savez pas comme cela ira vite. Vous aurez quelques amants, quelques drames ; vous userez quelques robes ; vous vous retournerez et vous vous trouverez à ma place, sans savoir comment, et vous aurez vécu moins ardemment que moi. »
  • La Volupté d'être (1954), Maurice Druon, éd. Le livre de poche, 1985  (ISBN 2-253-00520-7), p. 92


« Vois-tu Jeanne, dit-elle, il y a une affreuse injustice à notre égard. Quand nous ne pouvons plus inspirer le désir des hommes, nous ne sommes plus rien. On continue d'honorer des écrivains qui ne peuvent plus écrire, des médecins qui n'ont plus la force de soigner, des hommes d'État qui ne peuvent plus gouverner. Mais nous qui avons apporté aux hommes le sentiment de vivre pleinement leur destin, qui avons inspiré leurs œuvres, qui avons été leur rêve, leur orgueil et leur récompense, et qui avons été célèbres à cause de cela, que nous reste-t-il lorsque notre corps nous trahit et que nous ne pouvons plus tenir notre rôle ? Nous sommes comme des héros qui ne sont pas morts. On devrait s'enfermer dans une chambre, murer les fenêtres… »
  • La Volupté d'être (1954), Maurice Druon, éd. Le livre de poche, 1985  (ISBN 2-253-00520-7), p. 95


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