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{{citation|citation=Qu’est-ce qu’un grand peintre, au-delà des hasards du talent personnel ? C’est quelqu’un sans doute dont le trop violent appétit d’élévation sociale s’est fourvoyé dans une pratique qui outrepasse les distinctions sociales, et que dès lors nulle renommée ne pourra combler : telle est l’aventure du peintre qui dans ces pages porte le nom de Goya.}}
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{{Réf Livre|titre= Maîtres et serviteurs
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|auteur= Pierre Michon
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{{citation|citation=Goya prit sur le tabouret où il l’avait jeté son tricorne, et s’assit doucement, ce tricorne entre les mains, qu’il regardait. Il se mit à penser doucement. Il pensa à un âne depuis longtemps sans doute mort et jeté aux chiens, à qui il avait parlé de Raphaël, honteux mais plié de rire sur les grandes oreilles ; il pensa à un chien borgne qui avait peur des saints boiteux de Francisco Goya ; il pensa à des paysans aragonais, les joues bleues, à des princes Habsbourg aux joues blondes, à des princes Bourbons, les joues bleues ; (…) Il pensa que les rois sont meilleurs ou pires que les autres hommes, s’il leur faut chaque matin au lever sur la tête une avalanche de spectres. Il pensa à beaucoup de chemin fait en pure perte. (…) Il fit le tour de cela, tandis que le tricorne entre ses mains machinalement tournait. Il releva pour finir la tête vers ces grandes choses emphatiques qui paraissaient des hommes. }}
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Version du 17 décembre 2016 à 19:39

Fichier:Michon bertini.jpg
Pierre Michon (2008).

Pierre Michon, né le 28 mars 1945 aux Cards, est un écrivain français.

Citations

Qu’est-ce qu’un grand peintre, au-delà des hasards du talent personnel ? C’est quelqu’un sans doute dont le trop violent appétit d’élévation sociale s’est fourvoyé dans une pratique qui outrepasse les distinctions sociales, et que dès lors nulle renommée ne pourra combler : telle est l’aventure du peintre qui dans ces pages porte le nom de Goya.
  • Maîtres et Serviteurs, Pierre Michon, éd. Verdier, 1990  (ISBN 2-86432-110-6), p. quatrième de couverture


Goya prit sur le tabouret où il l’avait jeté son tricorne, et s’assit doucement, ce tricorne entre les mains, qu’il regardait. Il se mit à penser doucement. Il pensa à un âne depuis longtemps sans doute mort et jeté aux chiens, à qui il avait parlé de Raphaël, honteux mais plié de rire sur les grandes oreilles ; il pensa à un chien borgne qui avait peur des saints boiteux de Francisco Goya ; il pensa à des paysans aragonais, les joues bleues, à des princes Habsbourg aux joues blondes, à des princes Bourbons, les joues bleues ; (…) Il pensa que les rois sont meilleurs ou pires que les autres hommes, s’il leur faut chaque matin au lever sur la tête une avalanche de spectres. Il pensa à beaucoup de chemin fait en pure perte. (…) Il fit le tour de cela, tandis que le tricorne entre ses mains machinalement tournait. Il releva pour finir la tête vers ces grandes choses emphatiques qui paraissaient des hommes.
  • Maîtres et Serviteurs, Pierre Michon, éd. Verdier, 1990  (ISBN 2-86432-110-6), p. 43-44


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